réunification allemagne

bonjour tout le monde.
je suis nouvelle sur ce forum, et je voulais vous demander quelquechose a propos de la réunification de l’allemagne.
pourquoi est-ce que lorsque l’allemagne a été réunifié, on a gardé le nom de Bundes Republik Deutschland et pas celui de Deutsche Democratische Republik ???
j’espère que vous pourrez me répondre. merci d’avance.
voila, je conais pas du tout la situation politique de l’ancienne RDA et DDR, alors si vous savez, pouvz vous expliquer clairement svp.

Attention, ce message va mettre le foutoir dans vos têtes. Ne continuez la lecture que si vous accepter de devenir fou.

… sûr, on continu?..

bon, alors voilà : A la fin de la guerre, l’Allemagne s’est retrouvée partagée en zones d’occupation au nombre de quatre. En 1949, les trois zones occidentales forment une fédération et fondent la République Fédérale, mais avec une subtilité : tout le territoire de l’Allemagne est considéré dans la loi fondamentale comme territoire de cette fédération. Comme les Soviétiques en tirent les conclusions qui s’imposent, ils fondent une République Démocratique Socialiste avec une constitution socialiste définissant la zone d’occupation soviétique comme son territoire. Du coup, la zone de l’est était à la fois considéré par le monde occidental comme faisant partie de la fédération de l’ouest et de la république de l’est. A cette époque, on utilisait à l’ouest tout une série d’expressions pour éviter d’employer les termes officiels du bloc de l’est, afin de ne pas reconnaitre la RDA dans les faits. Il faut se souvenir que pour les pays occidentaux, la RDA était illégitime. On l’appelait die Zone, Gebiete ausserhalb des Verfassungsschutzes, Gebiete unter sowjetischer Verwaltung

Lors de la réunification, seule la république de l’est a disparu, et les territoires en question ont retrouvé de facto dans la définition de la République Fédérale de l’ouest telle qu’elle a été définie depuis le début. Ainsi, on peut même dire que l’Allemagne n’a jamais été divisée d’un point de vue du droit constitutionnel, mais divisée politiquement. C’est pourquoi la loi fondamentale de 1949 n’avait pas besoin d’être remplacée… elle était déjà la constitution de l’Allemagne entière mais sans que la zone de l’Est ne puisse en profiter pour des raisons politiques !

De même, tant que la frontière Oder-Neisse n’était pas reconnue officiellement avec la Pologne, les provinces anciennement allemandes de Prusse Orientale, Silésie et Poméranie étaient désignées par les périphrases Gebiete unter polnischer/russicher Verwaltung. Même dans les années 90, j’ai entendu dire Ostprovinzen ou Ostgebiete pour désigner ces territoires perdus après la guerre dans la bouche d’Allemands tout à fait démocrates et issus du babyboom.

L’Allemagne actuelle, République fédérale, est celle de 1949. C’est fou, non !?

Un petit détail me chagrine, dans les différents traités signés dans le cadre de l’Ostpolitik dans les années 70, la Bundesrepublik a reconnu les frontières de la RDA, et même la « ligne Oder-Neiße » comme étant frontières ouest de la Pologne…

De plus, la constitution ne valait pas pour les territoires de l’Est. Il est bien précisé qu’elle n’entrerait en vigueur dans ces territoires qu’après leur entrée dans la BRD. « Dieses Grundgesetz gilt zunächst im Gebiete der Länder Baden, Bayern, Bremen, Groß-Berlin, Hamburg, Hessen, Niedersachsen, Nordrhein-Westfalen, Rheinland-Pfalz, Schleswig-Holstein, Württemberg-Baden und Württemberg-Hohenzollern. In anderen Teilen Deutschlands ist es nach deren Beitritt in Kraft zu setzen. » (art 23 dans la version de 1949)

Oui pour l’entrée en vigueur, mais la loi fondamentale était déjà prévue pour ces régions. La RDA n’a jamais été reconnue comme pays indépendent par la RFA. Les affaires germano-allemandes étaient traitées par une cellule spéciale du ministère des affaires intérieures. Dans l’article que tu cites, la RDA est désignée par la prériphrase « die anderen Teile Deutschlands », ce qui prouve bien que l’unité de l’Allemagne était déjà une évidence qui traverse tout le texte de la loi fondamentale.

La ligne Oder-Neisse reconnue dans des traités? La question était pourtant en suspend dès fin 89. Il a fallu que Kohl confirme.

Bien sur qu’est l’idée qu’ils avaient derriere la tête. Néanmoins,
art 2 du Grundlagenvertrag de 1972
« Die Bundesrepublik Deutschland und die Deutsche Demokratische Republik werden sich von den Zielen und Prinzipien leiten lassen, die in der Charta der Vereinten Nationen niedergelegt sind, insbesondere der souveränen Gleichheit aller Staaten, der Achtung der Unabhängigkeit, Selbständigkeit und territorialen Integrität, dem Selbstbestimmungsrecht, der Wahrung der Menschenrechte und der Nichtdiskriminierung. »

art3, 2e§
« Sie bekräftigen die Unverletzlichkeit der zwischen ihnen bestehenden Grenze jetzt und in der Zukunft und verpflichten sich zur uneingeschränkten Achtung ihrer territorialen Integrität. »

En 73, les deux entrent à l’ONU…

Quant à la Pologne, art1 du Warschauer Vertrag de 1970
« (1) Die Bundesrepublik Deutschland und die Volksrepublik Polen stellen übereinstimmend fest, daß die bestehende Grenzlinie, deren Verlauf im Kapitel IX der Beschlüsse der Potsdamer Konferenz vom 2. August 1945 von der Ostsee unmittelbar westlich von Swinemünde und von dort die Oder entlang bis zur Einmündung der Lausitzer Neiße und die Lausitzer Neiße entlang bis zur Grenze mit der Tschechoslowakei festgelegt worden ist, die westliche Staatsgrenze der Volksrepublik Polen bildet.
(2) Sie bekräftigen die Unverletzlichkeit ihrer bestehenden Grenzen jetzt und in der Zukunft und verpflichten sich gegenseitig zur uneingeschränkten Achtung ihrer territorialen Integrität.
(3) Sie erklären, daß sie gegeneinander keinerlei Gebietsansprüche haben und solche auch in Zukunft nicht erheben werden. »

J’insiste sur le fait qu’il faut distinguer l’ONU et les affaires allemandes. Que la RDA soit reconnue comme pays indépendant par les trois quart de la planète est un fait. Mais la RFA l’a-t-elle fait avec échange d’ambassadeurs? D’un point de vue allemand, la chose était un cas spécial. Idem pour la ligne Oder-Neisse, car les frontière de la Pologne étaient reconnues par le monde entier… avec les accrobaties sémantiques de Bonn qui considérait cette frontière comme une frontière allemande, sans préciser de quelle Allemagne. Dans le texte que tu cites, c’est même la Bundesrepublik qui reconnait la frontière de la Volksrepublik… bonjour les accrobaties. D’où l’invitation pressante de la Pologne à Kohl de préciser les pensées de la RFA version unifiée.

C’est sur qu’il y a une part d’ambiguité, en ce qui concerne la rda, c’etait meme le but, histoire que tout le monde tombe d’accord.
S’il n’y avait pas d’ambassadeurs proprement dits, et si la « deutsch-deutsche Frage » etait traitée de maniere particuliere, ca ne signifie pas que la rda n’était pas reconnue, juste qu’elle avait une place à part et que la rfa ne renoncait pas a l’unification. C’etait la « politique des petits pas ». On s’approche de plus en plus pour arriver plus facilement a ses fins… Difficile de ne pas admettre l’énorme progrès fait depuis 49…
L’entrée à l’ONU des deux constituent en soi une reconaissance mutuelle, car l’onu n’accepte pas des membres qui ne se reconnaissent pas entre eux, d’ou l’entrée tardive des Allemagnes.

En ce qui concerne la Pologne, le texte est sans ambiguité, je trouve. Mais en se réunifiant, les deux Allemagnes auraient pu créer un nouvel état, et donc le traité signé entre Pologne et RFA n’aurait plus était valable. D’ou la crainte des Polonais (surement renforcée par une mauvaise conscience de s’etre retrouvé sur un territoire qui n’etait pas le leur au départ…)

Le texte sur la Pologne est très ambigu, car c’est la RFA qui reconnait une frontière de la RDA. Moyen comme preuve de reconnaissance mutuelle. A l’ONU, les Allemagnes y sont entrées car tout le monde voulait qu’elles y entre, et comme il n’y avait pas d’hostilité ouvertement revendiquée, tout le monde pouvait faire comme si tout était simple (ce qui n’est pas possible pout Taiwan, vu la position officielle de la Chine RPC). Mais je crois qu’il faut garder à l’esprit que les Allemagnes n’étaient que moyennement autonomes en matière de politique étrangères.

Comme tu le dis, tout ça est un compromis avec plein de zones d’ombres et de brillantes ambiguité pour que tout le monde puisse formellement en sortir sans y laisser des plumes. Et la morale de l’histoire, sens de la question de départ, c’est que l’Allemagne réunifiée n’est pas une nouvel état formé des deux anciennes Allemagnes, mais la RFA de l’ouest étendue aux régions de l’Est, ce qui assure la continuité institutionnelle et celle du nom de Bundesrepublik (République Fédérale).

euh, merci pour la réponse, j’ai pas tout compris alors je vais éssaier de la relire.
merci de votre aide.
a+

Merci pour ses éclairsissements, même si c’est tout de même bien compliqué :laughing: Cette « réunification » est vraiment un fait marquant de l’Histoire d’Europe et du Monde…
Je trouve en effet bien préciser qu’il ne s’est pas agi d’une « union de 2 Etats » mais bien d’ une « extension » de la RFA (son système, sa politique, son économie, modèle de société) vers les régions de l’Est.
J’aurais quelques petites questions, si vous vous sentez motivés :wink:

-Est-ce que cette réunification a été initiée, réalisée et « imposée » par Kohl et les dirigeants de la RFA ou y a t’il eu un consensus et accord général de l’ensemble des Allemands et de la société allemande?
-Y a t’il eu des réelles « oppositions » à cette réunification de la part des populations et dirigeants de la RFA et RDA?
-La population de la RDA n’a t’elle pas été rétiscente ou contrariée d’« abandonner » toutes ses institutions, symboles de la RDA?
-Est-ce que la RDA était perçue par sa population comme une institution dépendante de la Russie Communiste ou avait-elle acquis une certaine « indépendance » par rapport à Moscou?
-Les Allemands de l’Est étaient-ils attachés à cette RDA? Y avait-il une sorte de « patriotisme » pour cette institution?

En tout cas, j’ai une ptite pensée pour une situation un peu « similaire » dans le monde, et malheureusement toujours d’actualité: la Corée, toujours divisée en deux Etats :confused: …L’Allemagne, avec son expérience, a t’elle des liens privilégiés avec la Corée?

Je ne peux pas dire, mais je pense que la population de la RDA se considérait comme indépendante, au moins relativement, car en fait, la RDA n’a jamais été officiellement dépendante de Moscou. Enfin, le territoire correspondant à la RDA était dépendant de Moscou pendant l’occupation bien sûr, mais à partir du moment où la RDA a été créée (1949 si mes souvenirs sont bons), eh bien c’était un Etat indépendant. Bon, on est d’accord, c’était une zone d’influence, même de très forte influence de Moscou, mais elle était très formellement indépendante, donc y’a pas de raison que ses citoyens se soient sentis dépendants.

Je n’ai pas de connaissances historiques précises là-dessus mais il me semble qu’il y avait une telle euphorie autour de la chute du Mur que c’est passé comme une lettre à la poste. Les réticences ne sont venues que plus tard, quand le processus était déjà bien engagé. Non ? :unamused:

La réunification était dans le sens de l’histoire, la question était plus la manière et la vitesse d’exécution. Les partis de gauche voulaient se donner le temps de trouver des solutions sociales alors que la droite voulait tout privatiser le plus rapidement possible pour que rien ne puisse être remis en question. Mais au bout du compte, je ne me souviens pas avoir vu ni entendu de résistance à la réunification en tant que telle. En fait, seule Thatcher était contre.
La population de la RDA ne pouvait pas se rendre compte de la révolution, les gens ont surtout compris que la crise permanente prenait fin, sans penser au lendemain. Les critiques dont je me souviens dans les années juste après la réunification (j’étais étudiant) pourtaient surtout sur les conséquences sociales.
Les Allemands de l’Est s’identifiaient tout à fait à la nation est-allemande, et on voyait même quelques grafitti « DDR meine Heimat » dans les années qui suivirent. Mais les liens sociaux sont restés intacts, les ponts entre les Allemands de l’est et de l’ouest se sont construits très progressivement, et très lentement.
La RDA était indépendante de Moscou, dans le sens où le plan se décidait à Berlin et que la RDA faisait plutôt figure de bonne élève du bloc de l’est. Moscou a aussi gardé une certaine prudence sur les affaires germano-alemandes et a laissé les Allemands entre eux.
Je crois qu’il est difficile de saisir à quel point la réunification était évidente dès le début. On se souvient de DeMaizière, en RDA, qui fut élu avec pour seul programme la réunification. Ayant gagné très largement les premières élections multipartites, la réunification était tout simplement évidente.

Il y a eu des oppositions a l’unité, essentiellement à l’étranger, et pas que de la part de Thatcher… Mitterand était contre aussi au départ. A cette époque, il y avait bcp de caricatures dans les journaux étrangers qui exprimaient la peur d’une allemagne réunifiée trop puissante. « J’aime tellement l’Allemagne que je préfère en voir 2 » disait je-ne-sais-plus-qui… Rappelons que Kohl a du sortir le chéquier en URSS en aout 90 pour que Gorbatchev donne son accord… (il fallait l’accord des anciens Alliés pour que l’unité ait lieu)

La RDA était bien indépendante de Moscou, mais dans un sens, c’est quand meme Moscou qui tirait les ficelles, car les partis communistes des états de l’Est étaient calqués sur celui d’Urss, et lorsque l’un n’allait pas dans le droit chemin, Moscou prenait les décisions qui s’imposaient. Cf le remplacement d’Ulbricht qui s’eloignait trop du PC soviétique, obtenait de trop bons résultats et représentait un début de menace. Cf le remplacement de Honecker qui n’appliquait ni Glastnosk ni Perestroika. « Wer zu spät kommt, der bestraft das Leben »…

L’attachement des allemands de l’Est à la rda s’exprime encore aujourd’hui : l’Ostalgie.

Malraux, mais pas dans le contexte de la réunification. Les oppositions de style Mitterand n’ont pas duré longtemps. Même les Hollandais n’ont pas bronché, alors qu’ils étaient morts de trouille. Je me demande si les Polonais n’étaient pas les plus acharnés contre la réunification, finalement…

Juste une petite correction;la phrase « j’aime tellement l’Allemgne que… »,n’est pas de Malraux,mais de François Mauriac. :wink:

Oh pardon, j’ai répondu trop vite sans vérifier.