Scharkow et Perwissen noms de lieux d'ex Prusse orientale?)

J’ai besoin de parler dans un contexte particulier de la situation des déplacés.
Je vous fais suivre le début d’un témoignage tiré du journal collectif publié par Walter Kempowski « das Echolot » cité en prologue du livre d’Ingo von Münch - « Frau komm ».
J’ai mis en gras les deux points qui me chagrinent:

Le texte n’est pas un problème je l’ai mis pour vous laisser le contexte.
« Divers compagnons d’infortune connaissaient des bribes de russe, ainsi savions nous que notre départ pour Scharkow était décidé. Le 7 février 1945 nous partions »
J’ai doute sur les données gégographiques. Mes connaissances sur la Prusse Orientale ne sont pour l’instant qu’embryonnaires : …

J’ai cherché bien sûr et voici ce que j’ai trouvé
sur Perwissen
Roschkowo (en allemand Perwissau), fait partie de l’oblast russe de Kaliningrad. En allemand elle a été connue sous le nom de
Prewissen après 1540 et de Perwissen avant 1785, de Königlich Perwissau autour de 1900 puis de Perwissau jusqu’en 1946.

Donc plutôt que de parler de Perwissen, je préférerais rester dans le flou et me contenter de dire au nord-est de Königsberg. Si c’est bien de cet endroit dont il s’agit, ce qui a priori me semblerait logique.

Quant à Scharkow, il semblerait que cela soit le nom allemand donné à la ville polonaise de Czarków et que cette ville s’appelait Sandhuben du temps de la Prusse.

Je ne comprends pas pourquoi la ville d’où vient cette dame est nommée Perwissen et non Perwissau, s’il s’agit bien de la même ville et pourquoi cette dame situe Scharkow en Russie. A ce qu’il me semble avoir compris Czarkow est une étape avant leur déplacement définitif hors des anciens territoires de la Prusse Orientale pour la partie encore allemande occupée par les Soviétiques… Enfin, un grand merci pour votre aide.

Aïe aïe aïe !! :astonished:
Un peu de jugeote, quand on part pour une course d’orientation, on ne démarre pas sans réfléchir, on prend cinq minutes pour étudier le terrain, la ligne droite, c’est bon pour ceux qui se retrouveront dans les marais en à peine dix minutes. Eliminés d’office. :stuck_out_tongue:
Bon, de quelles données disposons-nous ?
On consulte son stock de cartes du Reich :
maps.mapywig.org/m/German_maps/s … n_1937.jpg
Bingo, on a trouvé Perwissau. Ouf ! Les données recueillies sur Goût-Gueule sont bonnes !
Le cas Perwissen : En Prusse Orientale, les noms de lieu sont souvent dérivés de langues baltes, lituanien ou vieux-prussien, avec une terminaison fréquente germanisée en « en ». Au fil du temps, certains noms de lieu en « en » ont pris la terminaison « au », ce qui est le cas pour Perwissen —> Perwissau. En 1938, les nazis ont fait une grande opération de nettoyage, c’est ainsi que par exemple, la gare-frontière d’Eydtkuhnen avec l’empire russe et après la PMG avec la Lituanie est devenue Eydtkau, mais on a toujours continué de dire Eydtkuhnen. Il en était certainement de même pour Perwissen. C’est un peu comme avec les noms de rues et de places historiques en France ou au Luxembourg, on a continué de dire l’ancien nom après la Libération. « Place du Pont » est plus parlant que « Gabriel Péri », ou « Bottermaart » se situe mieux que « Place de la Résistance ».
Bon, maintenant, voyons la situation militaire en Prusse Orientale en février 1945 :
Les troupes soviétiques ont occupé la majeure partie de la province dès janvier 1945, à l’exception de Königsberg encerclée. Des colonnes de déportés se forment, elles marcheront jusqu’à la frontière, d’où partent des trains russes à voie large. Il va de soi que les transports en Prusse Orientale sont complètement désorganisés, les voies sont détruites.
Et « Scharkow », compris ainsi par une personne ignorant le russe, ne peut être logiquement que « Kharkov », grande ville de Russie, ex-capitale de l’Ukraine, où l’on a besoin de main-d’oeuvre, juste retour des choses. On oublie donc le politiquement correct, on ne dit pas « l’Union soviétique », ou « l’Ukraine », mais tout simplement la Russie, dans le langage courant, surtout dans les mentalités de l’époque. Les déplacements de la population restante auront lieu progressivement, une fois que les frontières auront été définies et l’Etat polonais reconstruit (signalons au passage que l’Etat polonais n’existe plus depuis septembre 1939).
Donc, inutile de chercher un quelconque village du nom de Czarnow, qui est en Haute-Silésie qui plus est, et quel intérêt auraient les Russes d’organiser un transport à travers le Reich (d’autant plus que l’axe de percée principal, direction Berlin, a déjà atteint l’Oder à la fin de janvier, à Kienitz, près de Francfort). Il faut faire la distinction entre ville et village, et ne pas employer ces expressions à la légère !

Un grand merci pour tes explications Andergassen. :respect: :respect: … l’exemple de l’orientation est bien trouvé, car j’en suis totalement dépourvue, heureusement mon chemin, je peux le demander en plusieurs langues.
En fait je n’avais pas pensé que le nom était mal orthographié et qu’il s’agissait de Kharkov et non de Scharkow". L’auteur citant cet extrait en prologue n’ayant mis que pour explication que ce témoignage faisant partie d’un journal collectif publié par Walter Kempowski « das Echolot »… Si j’avais été encore à Francfort/Oder, j’aurais pu trouvé facilement ce journal, et sans doute y aurais-je trouvé une annotation. C’est clair entre grande ville soviétique et un village ayant repris son nom polonais qu’en 1945 :blush:

Tu sais, ce sont des témoignages de gens simples, qui pour la plupart ne sont jamais sortis de leur village ou de leur canton, et qui, souvent, ne parlent que le dialecte. Jetés dans le grand maëlstrom de la guerre, ils sont totalement déboussolés !