Schengen : Sarkozy tonne, Merkel tousse

[mamath]

L’Allemagne a accueilli fraîchement lundi la menace, brandie par Nicolas Sarkozy au meeting de Villepinte, de sortir de l’espace Schengen si celui-ci n’était pas réformé.

Nicolas Sarkozy menace de suspendre la participation française à l’espace Schengen si les frontières européennes ne sont pas mieux surveillées ? Angela Merkel a beau soutenir le candidat UMP, l’idée a fait tousser la Chancelière allemande lundi. D’autant plus que l’Allemagne avait été très sévère l’an dernier contre la décision du Danemark de rétablir ses contrôles douaniers.

Soutien de la Chancelière au président-candidat oblige, le ton est toutefois resté très diplomatique à Berlin. La libre circulation dans l’espace Schengen constitue pour l’Allemagne « un bien précieux », a donc rappelé un porte-parole du gouvernement allemand, interrogé sur des déclarations de Nicolas Sarkozy dimanche au meeting de Villepinte.

« Ton populiste »

« La libre circulation des personnes compte parmi les réalisations les plus concrètes et les plus importantes de l’intégration européenne et constituent une liberté fondamentale », a expliqué Georg Streiter. Mais « nous ne souhaitons toutefois pas nous exprimer en détail » sur ces « thèmes de campagne électorale très spécifiquement français », a-t-il prudemment ajouté.

La presse allemande, elle, est pour le moins sceptique devant le discours de Villepinte. Le quotidien conservateur Die Welt a surtout vu dans cet appel à « plus de protectionnisme » la marque d’un « président en mauvaise posture dans les sondages » qui « renforce le ton populiste de sa campagne ». D’ailleurs, il n’est désormais plus question dans les discours du candidat UMP du « modèle allemand » tant vanté ces dernières semaines, regrette le quotidien libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Une réforme déjà en cours à Bruxelles

A Bruxelles, les propositions de Nicolas Sarkozy ont également été accueillies fraîchement. Sur Schengen en particulier, « ce qu’il demande c’est une paraphrase de ce qu’on discute déjà depuis l’automne dernier », a souligné à l’AFP un diplomate spécialiste du sujet. Car une réforme de fond est en effet déjà en cours en Europe, en vue de renforcer les contrôles en cas d’immigration massive. Elle avait été engagée à la demande de… la France, avec l’appui de l’Italie et de l’Allemagne, lors de l’afflux de clandestins à l’occasion du Printemps arabe en 2011, en particulier des Tunisiens qui venaient en France via l’Italie. Une réunion sur Schengen a du reste eu lieu jeudi à Bruxelles, à laquelle le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant n’a pas participé.

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