Schwyzerdütsch ou allemand? Vote identitaire à Bâle et Zurich
Langue d’enseignement | Bâlois et Zurichois se prononcent ce dimanche sur la langue que doivent utiliser les maîtres à l’école enfantine.
«Rübeli oder Karotten?» Cette épineuse question agite régulièrement les esprits en Suisse alémanique. Depuis quelques semaines, la bataille entre suisse allemand et allemand standard reprend de plus belle dans les cantons de Bâle-Ville et Zurich. Tous deux voteront dimanche sur des initiatives exigeant que les maîtres de l’école enfantine enseignent en schwyzerdütsch et non plus en hochdeutsch. Des votations davantage identitaires que pédagogiques.
Dans ces cantons, les cours ont longtemps été dispensés en dialecte. En 2001 pourtant, l’étude PISA crée un électrochoc. Elle montre que les Suisses alémaniques sont moins bons que les autres, surtout en littérature. Plusieurs cantons, dont Bâle et Zurich, imposent alors le hochdeutsch comme langue principale à l’école primaire et comme langue partielle à l’école enfantine.
Depuis 2009, les profs de l’école enfantine zurichoise doivent ainsi parler l’allemand standard un tiers du temps et ceux de Bâle-Ville 50% du temps. Si les bambins restent autorisés à parler le dialecte, ces mesures ne plaisent pas à tous les enseignants.
Soutenus par des partis de tous bords, ils lancent deux initiatives pour revenir à l’ancien système. Leur argument se veut pédagogique: les bambins étant trop jeunes pour faire la différence entre le schwyzerdütsch et le hochdeutsch, ils mélangent les deux et ne savent du coup parler ni l’un ni l’autre.
Mais les gouvernements cantonaux, appuyés par la majorité des partis, rejettent ce point de vue. «Les élèves doivent avoir des notions de bon allemand quand ils arrivent au primaire, lance Pierre Felder, directeur de la formation obligatoire à Bâle-Ville. Cela leur permet de s’intégrer, surtout quand ils sont étrangers, et d’obtenir de meilleurs résultats.»
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« Tribune de Genève » 09/05/2011:
tdg.ch/node/337570
Et ils font comment, les bambins luxembourgeois, hein? Luxembourgeois à la maternelle, allemand au CP (c’est normal, le luxembourgeois est un dialecte allemand), et français pour le reste. Et voilà comment on a des enfants quadrilingues (avec l’anglais), quoique bien souvent, c’est l’allemand qui l’emporte dans l’expression écrite, même si le français est la langue officielle. A noter que sur le site de la police, les avis de recherche et les appels à témoins se font presque exclusivement en allemand.
Le Luxembourgeois a un statut officiel et une norme officielle dans le territoire concerné. Ce n’est pas le cas du suisse-allemand. Les Suisses allemands veulent juste se rendre intéressants. Ils revoteront sur la même question dans dix ans. En attendant, ceux qui parlent le haut-allemand correctement sont largement avantagés au travail. C’est pour ça qu’ils discriminent discrètement mais efficacement les Allemands d’Allemagne à la tête du client, sinon, il n’y aurait plus aucun suisse dans les bureaux. Les Dürrenmatt qui parlent mieux l’allemand que la plupart des écrivains allemands après relecture sont rarissimes. Et tous morts. Le fait que le dialecte n’ait jamais empêché de maitriser par ailleurs la langue normée, allemande ou autre, échappe totalement aux initiateurs à l’allemand d’ailleurs parfois douteux de ces initiatives car leur esprit limité et leur inculture générale se bornent à saboter le haut-allemand plus que de renforcer les vrais dialectes. Qu’on se le disent, les vrais dialectes suisses disparaissent au profit d’une bouillie colorée localement qui se contente de singer le vocabulaire haut-allemand sans aucun respect pour l’héritage linguistico-culturel local. Les jeunes sont nuls en allemand, certes, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont bons en dialecte.
Et puis de quoi je me plains : plus les Suisses-allemands renforcent leurs dialectes, plus cela fait de moi un génie de la langue allemande.
P.S. En plus, je peux me venger quand ils arrivent au lycée… j’adore les parents d’élèves qui tremblent de peur devant un prof allemand ou qu’ils prennent pour un Allemand, terrorisés de faire des fautes. D’ailleurs, je corrige les parents d’élèves qui me font chier (ah, vous voulez dire…!). Comme les plus intelligents ne sont jamais les plus chiants, c’est une vraie justice divine.
"La surprise est de taille. Alors que le Conseil d’Etat et le Grand Conseil prônaient le non, les Zurichois ont soutenu hier l’initiative populaire «Oui au dialecte au jardin d’enfants». Actuellement, la flexibilité est de mise: le dialecte ( Schwyzerdütsch ) et l’allemand standard ( Hochdeutsch ) cohabitent. L’idiome le moins utilisé doit l’être au moins durant un tiers du temps. Avec le texte adopté hier par près de 54% des votants, pour «les deux premières années de scolarisation la langue standard est en principe le dialecte».
La campagne de votations a été très émotionnelle. Le débat scolaire est devenu identitaire. Pour les partisans de l’initiative, le Schwyzerdütsch est notamment «la langue de l’intégration, des sentiments et de l’identité culturelle». Il a aussi été question de migrations, avec la présence accrue d’Allemands parlant Hochdeutsch.
La moitié des cours sont en allemand standard
A Bâle-Ville, une solution médiane a été choisie. Bien que l’initiative, similaire à celle des bords de la Limmat, ait obtenu 55% des suffrages, un contre-projet a passé la rampe de justesse. Actuellement, au moins la moitié des cours est donnée en allemand standard. Les élèves s’expriment dans la langue de leur choix. Avec le contre-projet, le plan d’étude du jardin d’enfants met au même niveau le dialecte et l’allemand standard, avec des objectifs d’apprentissage similaires."
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