so ein ... au pluriel ?

En feuilletant , hier soir, les « Kalendergeschichten » de Brecht , je tombe sur le très célèbre poëme :« der Schneider von Ulm » (qui évoque une tentative de traversée du Danube à l’aide d’ailes construites par Albrecht Ludwig Berblinger, tailleur de son état, en 1811, qui d’ailleurs se solda par un échec).Brecht, prenant quelque libertés avec l’histoire, situe l’anecdote à la fin du XVIème siècle.
Je tombe sur une formulation à laquelle je n’avais jusque là, pas prêté vraiment attention.Il s’agit d’une expression qui se trouve dans la première strophe:

C’est précisément ce « mit so nen Dingen » qui m’intrigue."Mit so nem Ding " ne m’aurait pas étonné, mais bien sûr, là, il est question de 2 ailes. :open_mouth:
Ne pensant pas que Brecht ait délibèrément fait une faute de grammaire, je me pose plusieurs questions, ayant toujours appris que l’expression « so ein… » n’avait pas de pluriel:
-langage populaire (est-ce que cela peut s’entendre dans l’Umgangsprache ?). Je ne l’ai, pour ma part, jamais entendu, ou peut-être n’y ai-je fait jamais attention.)
-« brechtisme » ? Pardonnez ce néologisme disgracieux, mais Brecht était spécialiste de ce genre d’exercice.

  • ou encore autre chose.
    Mes recherches sur le sujet ne m’ont pas donné grand-chose de satisfaisant ; il me semble que la réponse se trouve davantage au niveau du Sprachgefühl, non ?

En faisant une recherche mot à mot sur google on ne trouve cette expression presque que cité à partir du texte de Brecht.

La seule autre alternative « non-brechtienne » trouvée est un commentaire sur Youtube :

Brechtisme. Et comme toute création d’auteur, l’expression a fait fortune aussi en dehors de son contexte originel. C’est d’ailleurs le lot de pas mal d’expressions populaires ou de créations d’auteurs orfèvres de la langue, comme San-Antonio par exemple.

j’aurai jamais osé comparer Brecht et San-A… mais si tu le dis Andergassen… :laughing: :laughing:

Pourquoi pas ? Si on les compare au niveau du travail sur la langue! :wink:

Merci pour vos réponses. :smiley:

J’ajoute que c’est sans doute une question de métrique ? En poésie, tout est permis !

J’avais aussi envisagé cette hypothèse, mais, en y regardant de plus près, si Brecht avait voulu « faire grammaticalement correct », il aurait tout aussi bien pu écrire « mit solchen Dingen » et la métrique aurait été exactement la même, non ?

Quelqu’un aurait la possibilité d’aller trainer dans les bars de quartiers populaires de Berlin ? Ce serait pour vérifier l’hypothèse que so’n/soeen est devenu totalement synonyme de solch dans le parler urbain prolétaire.

Bien d’accords concernant la différence de registre entre so ein (so’n, soeen) et solch ein.Ce qui m’intrigait dans le poëme de Brecht, c’étaitsurtout le " so nen Dingen."

Justement, si les locuteurs perdent la conscience du ein dans so’n, il remplace non plus solch ein mais solch- singulier comme pluriel. Mais j’en sais rien, je demande…

Ah, d’accord ! Je t’avais mal compris.