Je ne trouve pas. Il n’y a aucune vie intellectuelle en dialecte, le besoin de référence au haut allemand est permanent dans les discussion politiques ou culturelles. Il est d’ailleurs plus facile de comprendre un débat de Arena (émission qui discute les référendums à venir) que les gens dans la rue. Je trouve que le dialecte joue en fait le même rôle que le français parlé un peu populaire ou un peu djeuns en France. C’est une stricte scission oral/écrit, avec incapacité de faire passer l’écrit à l’oral dans une langue soignée de plus en plus marquée, chose que certains regrettent aussi en France.
De plus (ça c’est une porte ouverte), l’unité est encore à faire. Le jeu ici consiste à se différencier de ce que l’on croit être le dialecte des autres. Pour faire une norme écrite unie avec un dictionnaire de référence, il faut faire des compromis linguistiques sur des formes médianes, et c’est justement ce qui est impossible dans un contexte de guerre des clochers et de rivalité religieuse. Comment décider du mot « Abend » en suisse-allemand ? Les formes sont variées: Obe, Aabig, Abnd, Abed, Abu, Oubig, Oubet, Aobet, Abent, Abit, Abe… et certainement d’autres.
Les Hollandais l’ont fait en bas-allemand : ils ont fait leur norme supra-dialectale à eux dans leur coin sans rien demander au reste de l’immense domaine bas-allemand qui était politiquement et culturellement passé sous influence du haut allemand. Leur langue est une forme normée de bas-allemand de l’ouest. Les Suisse pourrait faire théoriquement la même chose, mais le temps qu’ils s’acceptent et s’écoutent les uns les autres, le soleil aura explosé en supernova.