Dans la presse Suisse, c’est sein qui règne, et je l’ai aussi remarqué dans le Stuttgarter Zeitung. Il me semble que le Schwyzerdütsch aussi utilise toujours [i]sii /i - sans garantie.
Cette garantie là - je peux te la donner
Pour confirmer les dires d’Elie et de nebenstelle dans ce sens,le vieux Goethe,qui n’hésitait pas à taquiner parfois la muse helvètique,écrit dans son poëme « Schweizerlied »:
Uf’m Bergli
Bin i gesässe,
Ha de Vögle
Zugeschaut;
Hänt gesunge,
Hänt gesprunge,
Hänt 's Nästli
Gebaut.
In ä Garte
Bin i gestande,
Ha de Imbli
Zugeschaut;
Hänt gebrummet,
Hänt gebrummet,
Hänt Zelli
Gebaut
Le poëme n’est pas fini,il y a encore deux autres strophes.
Vu le contexte,(brummen,Zelle),je pense que le mot « Imbli » doit être à rapprocher de « Imke »,le vieux mot pour « Biene »,que l’on retrouve encore en Alld moderne dans « Imker=apiculteur »,oder?
ici le vieux Goethe en allemand
Auf dem Berglein bin ich gesessen und hab den Vögeln zugeschaut.
Sie sangen, sie sprangen und sie bauten das Nestlein.
In einem Garten bin ich gestanden und hab den Bienen zugeschaut.
Sie brummten, sie summten, sie bauten Waben.
Auf der Wiese bin ich gegangen und habe Schwetterlinge angeschaut.
Sie zogen, sie flogen, sie taten so schön.
Und da kommt der Hansel und ich zeig ihm froh
wie sie es machen, und wir lachen und machen es auch so.
le vieux mot en (haut)-allemand pour Biene c´est « Imme ». On demande le mot souvent dans le mots croises. Mais « Imker » c´est juste!
Je prends note.
Texte très intéressant, c’est un allemand helvétisé, en suisse allemand que j’entends tous les jours, ça donnerait un truc du genre:
Uf’m Bärgli
Bin i gsässe,
Han d Vögli
Zuegschaut;
Hänt gsunge,
Hänt gsprunge,
Hänt 's Nästli
Paut.
In äm Garte
Bin i gstande,
Han d Imbli
Zuegschaut;
Hänt prummet,
Hänt prummet,
Hänt Zälli
Paut
Féliciations pour tes connaissances approfondies en Schwyzerdütsch, Elie! Le vieux Goethe et vraiment nul en comparaison…- malgré ses séjours en Suisse…
Juste quelques remarques:
- schauen n’existe (presque) pas: c’est luege - zuegluegt
- springen: comme en all. avec sein - sind gsprunge
- Biene: Imbi (Bâle-Campagne), Beii (Berne), Bi(e)nli (Zurich)
- Zelle: Zälle, pl: Zälle/Zällene, dim: Zälleli
Sur ça une pensée pour notre pauvre Kalom, qui voulait de l’aide en allemand mais je ne pouvais pas résister au plaisir de continuer notre petit hors sujet
Oups, embarqué par la poésie, j’ai oublié de corriger sind gsprunge, on en a même fait un fil entier
Ta remarque sur zuegschaut/zuegluegt est intéressante, je suis assez sûr de l’avoir entendu. C’est soi une influence de l’Allemagne proche, soit des gens qui modèrent leur dialect avec moi. Je vais faire attention pour tirer ça au clair.
Pour les terminaisons allemandes en -e, personnellement en suisse allemand, j’entends un -i à la fin. C’est surement juste une impression, mais elle est tenace. Ca doit être une sorte de é fermé qui ressemble plus ou moins à un -i selon les coins ou les gens. Les affiches de l’UDC en dialect mettent des -i partout, mais évidemment, y’a pas Zälle/Zälli dessus.
A propos « luege »;dans sa célèbre pièce de théatre ;« Enfin…rede m’r nimm devun! »,Germain Muller,l’écrivain alsacien et fondateur du cabaret strasbourgeois « Barabli » ,prend congé,à l’alsacienne de son visiteur allemand en uniforme en lui disant :« au revoir »,ou plutôt « au rwoir »,à quoi son interlocuteur répond en alémannique,pour le rappeler à l’ordre:« Uf Wiederlüege! »
PS;un célèbre chant des « Studentenverbindungen » a pour titre :« Wir lugen hinaus in die sonnige Welt. »
Plutôt des Schöfli*, d’après ce que j’ai pu entendre…
*petits moutons (noirs) - campagne électorale ouvertement xenophobe
Pour les -i, en effet, ils ne manquent pas…
- déjà pour cette manie qu’on partage avec nous cousins alémaniques en Allemagne (en Alsace aussi?) de mettre tout (et n’importe quoi) au diminutif: chen/lein: -li
- il me semble qu’en règle générale, tous les adjéctifs au pluriel indéfini « changent » du -e final en allemand au -i final: kleine, grosse: chlini/khlaini, grossi
- existent des « abréviations » (on revient au diminutif), qui se terminent en -i, comme chez les allemands d’ailleurs (Gorbatchev-Gorbi, Wowereit-Wowi): Kirchweihe: Chöubi/Chilbi/Khilbi, Gemeindeversammlung: Gmeini
- pour les substantifs avec -e me viennent à l’esprit des exemples et des contre-exemples: Zelle, Welle, Kirche, Bürste - Zälle/Zäue, Wälle/Wäue, Chile, Bürschte; par contre: Kälte, Wärme - Chäuti/Chelti/Khelti, Wermi, et pour completer la confusion, il y en a, qui laissent tomber le -e au singulier: Stelle: Stöu/Stell(-), Gmeinde: Gmeind(-) et reprennent le -e au pluriel: zwänzg (vingt) Stelle, drüü/dre-i (trois) Gmeinde…
Tu es de Bâle campagne, non?
p.s. Haut-allemand -en correspond toujours à -e en suisse allemand, aussi bien pour les pluriels qu’à l’accusatif masculin, c’est une autre affaire.
On dit ça en alsacien
… Ich hab(e) gestanden veut aussi dire « j’ai avoué »
Ich hab gestanden dass ich dort gestanden hab
Oh que oui, en Alsace aussi. Mais avec des terminaisons différentes d’un village à l’autre.
Exemple dans quatre villages voisins (de ma comcom) avec le mot Wagen :
1/ Wagalé
2/ Wagali
3/ Wagala
4/ Wajala
Bien vu!! Mais quand-même faux
Je connais bien la région (Bâle et « sa » Campagne) et plus haut j’ai effectivement utilisé plusieures références qui pourraient être « tirées » du dialecte de Bâle-Campagne, surtout une, qui me semble-t-il, n’existe que dans ce canton: Gmeini pour Gemeindeversammlung.
Mais je viens de plus au sud, d’ « Outre-Jura » - ce qui linguistiquement reste pourtant plus proche du dialecte de Bâle-Campagne que de celui, unique en Suisse, non?, de Bâle-Ville.
C’était qoui déjà: Niederalemannisch vs. Hochalemanisch/Höchstalemanisch?
Ciel, un Soleurois !
Bof, le dialect de Bâle, c’est surtout du bâlois. C’est du nieder ou du [i]hoch /i selon les isoglosses choisies. Les consonnes sont hoch, les voyelles sont désarondies à la nieder. En tout cas, le sud du Jura soleurois, c’est assez rapidement bernisant. J’aime bien la dialectologie. J’ai passé des années à deviner l’origine des Norvégiens à Oslo, maintenant, c’est les Suisses.
Ne t’inquiètes pas nebenstelle, un peu de culture ne fait pas de mal
@Kalom: ça me rassure … pour continuer
Je ne veux pas croire que tu es déjà tellement basler-isé que tu regardes la Suisse comme mes amis bâlois. Pour eux en haut à gauche dans leur petit coin derrière la « montagne » (Jura), tout* le reste du pays est un terrain vaguement « Innerschweiz » où les gens parlent un truc à la Soleuroise
Mais j’accepte volontiers cette identité soleuroise ne serait-ce que pour garder mon anonymat: un suisse qui habite Paris qui ne vient ni de Bâle ni de Soleure - vue la taille du pays le compte risquerait d’être vite fait
*hormis Zurich bien sûr, où vivent les ennemis jurés des balois