Actuellement, elle ne vit pas sans en argent. Elle voyage à vélo (coût = zéro), elle loge soit en se faisant héberger (faible coût), soit au camping (faible coût) soit en camping sauvage (coût zéro). Elle achète essentiellement sa nourriture, même si elle pratique aussi la cueillette. Elle ne travaille pas mais elle vit sur ses économies : pour payer sa nourriture, ses outils (vélo, vêtements, ordinateur, cartes, etc.) et elle a également une assurance maladie.
Quant aux systèmes d’échanges, je crois qu’il faut le pratiquer pour le comprendre. Il est nécessaire de les quantifier (avec des « barèmes » comme vous dites) quand on est dans un système capitaliste où on utilise l’échange occasionnellement, parce que sans ça on aboutit rapidement à la situation où certains profitent des autres.
Mais quand l’échange est un mode de vie, ce problème se pose beaucoup moins. D’abord, on n’échange pas forcément 1:1. C’est-à-dire qu’on ne donne pas quelque chose pour avoir en retour. Mon invitée par exemple mène des actions publiques qui ne lui donnent rien en retour directement, si ce n’est la reconnaissance des quelques personnes qui savent ce qu’elle fait. Pour ceux qui connaissent le couchsurfing, c’est également le principe : il s’agit d’héberger/se faire héberger gratuitement, mais on n’est pas dans l’échange 1:1. On peut uniquement surfer sans héberger, uniquement héberger sans surfer, ou faire les deux, et même quand on fait les deux, on ne fait pas nécessairement un échange avec la même personne. C’est un grand troc global où tout le monde trouve son compte.
Enfin, on n’a pas que des choses matérielles à se donner pour échanger. Si je tire le bilan de l’hébergement de mon invitée, voici ce que nous lui avons donné :
le gîte
le couvert
nous l’avons emmenée visiter les environs et l’avons fait participer à des activités qu’elle ne connaissait pas
nous lui avons donné 2 conseils de lecture
je lui ai offert un petit cadeau utile à son départ
Et elle nous a apporté :
un petit cadeau très précieux (pas tellement en prix (quoique…) mais surtout en rareté)
participation à la nourriture
beaucoup de participation à la vie de la maison : vaisselle, rangement, préparation des repas
de superbes compositions de fleurs qu’elle a réalisées avec les fleurs sauvages ou du jardin
des conseils de développement commercial à mon mari
des conseils de jardinage
des conseils de voyage à mon père qui se rend bientôt dans son pays d’origine
et surtout beaucoup de discussions intéressantes avec une personne au parcours très riche
Ca ne m’intéresse pas de faire un calcul, mais je ne crois pas du tout être perdante au change. Ne sont perdants dans une telle transaction que ceux qui n’accordent de valeur qu’au matériel. Mais je pense que l’immatériel a beaucoup plus de valeur. Tout le monde peut acheter du fromage au magasin du coin, mais tout le monde n’a pas les connaissances qu’a mon invitée.
Tout est dit.
En gros, pour changer nos modes de vie, il faut pouvoir se le permettre…
En fait, je crois que ce « mode de vie » n’est possible que parce qu’il est extrêmement marginal. Ils se font héberger, nourrir, aider etc pour les raisons que Sonka a citées : échanges spirituels de valeurs etc… Mais s’ils étaient nombreux, et que chaque jour qqn venait frapper à notre porte « bonjour, je vis d’amour et d’eau fraiche, je peux entrer ? », je pense qu’il n’y aurait vite plus personne pour participer à leurs échanges de quelque nature que ce soit. Désolé d’être terre à terre, mais ce ne sont pas des compositions de fleurs ou des conseils de voyage qui remplissent un frigo… et pour beaucoup, malheureusement, c’est une préoccupation quotidienne qui passe avant les considérations d’ordre spirituel… eh oui, tout le monde ne peut pas vivre sur ses économies…
Je comprends mieux !
C’est une autre démarche que ce que j’ai compris la première fois à ta description.
C’est la démarche de quelqu’un qui part en année sabatique, sauf que son année est censée durer plus longtemps qu’une année.
En fait cela se rapproche de certains voyages que l’on fait quand on est étudiants, non ?
Ce n’est pas une année sabbatique, car il n’y a pas de retour. Elle n’a plus de chez elle et n’a jamais l’intention de reprendre le travail. Enfin le travail rémunéré au sens classique du terme, j’entends, puisqu’elle travaille bénévolement ou éventuellement contre logement et nourriture.
Mislep, je déplore ton cynisme… Oui, ce mode de vie peut être difficile… surtout à cause de ceux qui le critiquent aussi amèrement que toi ! En fait le problème est comme je le disais plus haut l’adéquation avec le capitalisme. Je pense que le point le plus problématique est effectivement la santé. Et en effet il est difficile de généraliser un tel mode de vie… à moins que tout le monde renonce entièrement à l’argent.
Je ne comprends pas ton amertume, tu es jaloux ? Je pense que ta critique devrait plutôt se porter sur les grandes fortunes qui ne font rien d’autre de leur argent que d’entretenir leur propre plaisir. Mon invitée avait une fortune assez importante, elle en a donné 90% à des bonnes oeuvres et n’a gardé que le strict minimum pour les postes que j’ai cités. Et maintenant qu’elle a donné son argent, elle donne sont temps et ses compétences, justement au profit de ceux qui sont trop dans la mouise pour se permettre le même mode de vie qu’elle. En quoi trouves-tu cela répréhensible ?
même si j’ai du mal à comprendre le mode de vie de ton amie Sonka, je comprends parfaitement l’échange qui existe, et l’enrichissement que l’on peut récupérer au contact des personnes rencontrées.
Ceci dit, ton amie ne rencontre-t-elle pas des problèmes pour se faire héberger gratuitement par exemple ?? Personnellement je me vois mal ouvrir ma porte pour une nuit à une étrangère qui vit « sur les routes »…
Autant je lui offrirai un verre de limonade si elle sonnait à ma porte morte de soif, autant l’héberger… je ne sais pas… je serai sur la défensive toute la nuit… (mais il est vrai que je ne fais pas facilement confiance)…
Ceci dit j’ai passé l’année dernière 3 heures avec mes cousins, qui m’ont demandé si l’on pouvait aller chercher à 2 km, un de leur copain SDF avec son chien… Ce jeune homme est resté chez nous 3 heures, et c’est fou ce que j’ai appris sur la vie « au grand air » en l’écoutant ! Pourtant, il ne monopolisait pas l’attention, ni la conversation… Mais quand il participait aux discussions, c’était vraiment une découverte… ! (au passage, bravo pour l’éducation de son chien… mes chats ont même fini par s’endormir à 4 ou 5 m du chien… qui dormait aussi !! )…
alors forte de cette rencontre, je comprends Sonka et tout ce qu’elle a pu tirer (et donner) de la rencontre avec son amie…
bien que restant sceptique sur le fait que dans la société actuelle, on puisse vivre sans argent… ou presque…
Il est quand même assez rare qu’une telle situation ne soit pas subie mais voulue.
c’est certainement ce qui nous interroge.
Mais je ne pense pas que nous puissions à longueur d’année vivre de cette façon car nécessité fait loi.
Oui, je suis cynique, mais avoue qu’il y a de quoi. Cette dame dit garder le strict minimum d’argent, mais elle se paye quand même un ordi…
Ma critique se porte plus généralement sur les grandes fortunes qui vivent en total décalage avec la réalité des fameux gens « d’en bas », qu’ils vivent dans le luxe ou en nomade.
Après le couchsurfing dont tu as déjà parlé, ton amie devrait essayer le wwoofing dont le principe est d’être hébergé et nourri chez des agriculteurs bio en échange de quelques heures de travail ou bien encore le foodsurfing qui consiste a déguster les petits plats de la gastronomie locale préparés par des passionnés moyennant une participation modique.
Et pourquoi ne pas faire partie d’une association de Greeters qui consiste à faire découvrir sa ville gratuitement à des inconnus ?
Une telle association existe à Lyon.
Pas vraiment. Il existe des tonnes de réseaux d’hébergement, y compris en dehors de CS. Elle m’a parlé par exemple de la liste Warm Shower, qui concerne plus précisément les cyclistes et consiste le plus généralement uniquement à donner accès à son jardin et à sa douche. Mais elle est loin de se faire héberger tout le temps. Quand je l’ai hébergée, elle n’avait pas été hébergée depuis un mois, notamment parce que c’était la saison où tous les cyclistes de Warm Shower étaient eux-mêmes sur les routes !
La veille de son arrivée chez moi, elle s’est fait héberger par quelqu’un à l’arrache, elle cherchait désespérément un camping ou une auberge et finalement un couple rencontré sur un parking l’a hébergée et elle a passé une soirée merveilleuse.
Depuis qu’elle est partie de chez moi, elle a été hébergée chez un homme dont elle s’est méfiée : elle m’a envoyé un mail me disant qu’elle allait dormir chez ce type de son âge et célibataire qui semblait un peu insistant, bien qu’elle lui ait mis les points sur les i, et elle m’indiquait son nom, sa qualité et son adresse. Et le lendemain matin, elle m’a envoyé un autre mail pour dire que tout s’était bien passé. Mais elle n’a presque pas dormi cette nuit-là et depuis elle dort au camping, où elle fait des tas de rencontres intéressantes. Le but n’est pas tant d’être hébergé gratuitement que de faire des rencontres enrichissantes.
Elle fait souvent du camping sauvage et s’en tiendrait bien à ça s’il n’y avait la nécessité de se laver.
Merci pour ta réponse Sonka,
donc dans le cas de ton amie, si elle dort au camping, elle paye, donc elle se sert de son argent ?? ou bien arrive-t-elle à « planter sa tente » dans un camping en échange de quelques menus services ???
Pour le camping sauvage… Le seul risque c’est de se faire expulser manu militari par des policiers… ce n’est pas très agréable… mais il y a pire…
c’est bizarre… j’aurai quand même du mal à autoriser une étrangère à venir dormir une nuit chez moi… D’accord pour l’enrichissement culturel, mais j’aurai la trouille de me faire piller "mes candélabres en argent "(allusion à Jean Valjean dans les misérables… )
Oui, oui, elle paie. Je l’ai dit plus haut, elle ne vit pas sans argent, elle souhaite seulement évoluer vers la vie sans argent.
Bah, t’as peur si tu veux. Personnellement, je ne suis pas quelqu’un de froussard, et je pense que j’ai pris beaucoup plus de risques hier en faisant 150 km d’autoroute qu’en hébergeant quelqu’un chez moi.
Par contre, il est vrai aussi que je vis en couple. Je surfe donc à 2 et héberge à 2. Je ne ferais sans doute pas les choses exactement de la même façon si j’étais seule.
pas plus que ceux qui passent leur temps… au RSA Jean-Luc…qui débarquent chez le toubib en te disant « j’ai la CMU je paye pas la consult » avant même de dire « Bonjour Madame »… des comme ça, j’en voie 2 ou 3 par semaine…
et puis…La copine à Sonka, (comme l’allemande cité en début de sujet) elle vit de petits moyens… elle s’est habituée à vivre de cette façon… elle ne demandera donc pas grand chose à la société…
Tout à fait. De toute façon, elle est originaire d’un pays où la retraite est en tout cas privée (donc aux crochets de personne) et elle a déjà l’âge de la retraite et ne l’a pas prise.
Jean-Luc… y’a une chose que tu as zappé… pour avoir droit à ta retraite faut la demander… non???
si tu ne la demande jamais… tu ne l’as jamais…
on a autant le droit de la prendre (la retraite) que de ne pas la prendre…
Si l’amie de Sonka, ou bien la femme allemande, ne demandent jamais leur retraite, elles ne la toucheront jamais…
et ne seront donc pas aux crochets de la société (si on en suit ton raisonnement… )