En réclamant un droit de veto sur les budgets des pays membres, la Commission de Bruxelles met en cause la souveraineté des peuples et entend franchir un nouveau pas vers une politique autoritaire et ruineuse de superaustérité réclamée par Angela Merkel et soutenue par Nicolas Sarkozy.
Hier, dans plusieurs pays européens, des « fuites » ont été organisées dans la presse confirmant le durcissement des plans d’austérité des gouvernements. Plusieurs quotidiens italiens ont révélé qu’un gel d’un an des salaires des fonctionnaires serait à l’étude. La presse espagnole a de son côté commenté les mesures d’austérité annoncées mercredi par le gouvernement : baisse des salaires pour les fonctionnaires, gel de la revalorisation de certaines retraites, suppression de projets d’investissement… Au Portugal, les journaux ont annoncé le matin des mesures que le gouvernement a présentées l’après-midi et qui s’illustrent par une hausse généralisée des impôts.
Cette volonté de durcir les politiques publiques est aussi au cœur de la demande, mercredi, de la Commission de Bruxelles de pouvoir exercer un contrôle préalable des budgets des États. Il s’agirait d’imposer que les projets de budgets nationaux soient chaque année d’abord soumis à la Commission, puis examinés par les ministres des Finances de la zone euro qui donneraient leur avis, avant qu’ils soient soumis aux parlements. Pour la chancelière allemande, qui s’est exprimée mercredi, cette proposition constitue « un pas important dans la bonne direction ». La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a pour sa part indiqué que la France est ouverte à un débat sur le sujet.
Il y a là beaucoup d’hypocrisie. En effet, la demande de la Commission ne tombe pas du ciel, elle formalise une exigence avancée par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy dans leur lettre datée du 6 mai dernier adressée au président du Conseil européen et au président de la Commission à la veille du dernier sommet des pays de l’Union. Dans ce texte, les deux dirigeants exigent « un renforcement de la surveillance budgétaire dans la zone euro comportant des sanctions plus efficaces pour les procédures de déficit public excessif et renforçant la cohérence entre les procédures budgétaires nationales et le pacte de stabilité et de croissance ». Á l’issue d’ailleurs de ce conseil de l’Union européenne de vendredi dernier, 7 mai, les dirigeants de la zone euro précisaient dans leur déclaration qu’ils demandaient expressément « à la Commission et au Conseil » des ministres de l’économie et des Finances de veiller « à l’application rigoureuse des recommandations adressées aux États membres dans le cadre du pacte de stabilité » impliquant une « accélération » de « l’assainissement des finances publiques ». Il apparaît bien que la Commission n’a fait que mettre en musique les exigences qui lui ont été adressées et qui mettent gravement en cause la souveraineté des peuples.
Comment expliquer une telle fuite en avant autoritaire et antisociale ? La mise sur pied d’une union économique, financière et politique autour d’une monnaie unique destinée à soutenir les capitaux et les marchés financiers a abouti à un désastre économique et social. Les traités européens se révèlent inadaptés pour faire face à la crise qui secoue l’Europe. Mais plutôt que d’en tirer les conséquences, les dirigeants européens, allemands et français particulièrement, veulent surenchérir, rajouter de l’austérité à l’austérité, renforcer le carcan institutionnel bureaucratique, antipopulaire qui a contribué à la crise et mis le feu à l’Europe. Ils espèrent, en faisant payer aux peuples la crise et les spéculations des banques et de la finance, permettre à ces dernières de retrouver une forte rentabilité. La crainte d’une résistance populaire à cette politique explique aussi cette dérive autoritaire.
Cet acharnement met en cause le modèle social européen, il est dangereux pour la démocratie et les conditions de vie des Européens. Comme l’indiquent les résultats économiques du premier trimestre 2010 en France et en Europe, il ne permet pas d’assurer la reprise économique. Au contraire, il étouffe la croissance, nourrit le chômage, met en cause les services publics, écrase les salaires. Il est pourtant nécessaire de réorienter vraiment la construction européenne. Cela suppose une remise en question des traités et une réorientation en profondeur. Seules une relance sociale et une démocratisation de l’Union peuvent permettre d’éviter l’implosion de l’Europe. Cela suppose à cette fin de changer le rôle de l’euro et de la BCE. L’avenir de ce nouveau mariage entre l’économie, le social, le politique se joue dans les luttes populaires.
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Jean luc
Vous y croyait encore á la lutte des classes.