Vingt et un ans après la réunification allemande, de nombreuses rues et places de l’ex-RDA continuent de porter les grands noms du communisme. Une tolérance difficile à comprendre pour certains anciens dissidents et un journaliste de Gazeta Wyborzca.
Notre société n’est que partiellement décommunisée", affirme le dissident est-allemand Wolfgang Templin. Cette dénonciation va au-delà du simple fait que dans des villes allemandes, depuis l’époque de la RDA, de nombreuses rues portent encore le nom de Rosa Luxemburg, la célèbre révolutionnaire tuée lors du soulèvement ouvrier de Berlin en 1919.
Le véritable problème est posé avec des personnages tels qu’Ernst Thälmann, chef du Parti communiste allemand, fusillé en 1944 dans le camp de concentration de Buchenwald, ou Wilhelm Pieck, le premier président de la RDA.
[i]« Je suis prêt à tolérer Rosa Luxemburg, parce que sa biographie comporte aussi des pages glorieuses. Mais Thälmann était un fidèle apparatchik de Staline et Pieck a contribué à la fondation de l’Etat de terreur qu’a été la RDA. C’est comme si en Pologne existaient aujourd’hui les rues Wanda Wasilewska [écrivain polonaise puis soviétique, colonel de l’Armée rouge] et Bolesław Bierut [le premier chef de la Pologne communiste après la guerre] », ajoute-t-il.
Combien compte-t-on de rues communistes sur le territoire de l’ancienne RDA ? Ni les autorités des Länder ni les municipalités ne tiennent de statistiques. En 2006 les chercheurs du musée de la Stasi à Berlin, tentant d’estimer l’ampleur du phénomène, ont conclu que des milliers de noms de rue avaient en effet échappé à la décommunisation. Ainsi le nom de Thälmann figure sur 613 places et rues et celui de Pieck dans 90 lieu municipaux. Ces deux personnages sont accompagnés par des dizaines d’apparatchiks de second plan de la même époque. Sans oublier, bien sûr , Marx et Engels qui, outre des dizaines de rues qui portent leurs noms, possèdent aussi un monument dans le centre de Berlin.[/i]
[i]Plusieurs centaines de rues commémorent encore « l’amitié » et « la paix » entre les pays socialistes. Environ 90 rues sont toujours dédiées aux pionniers du communisme et une cinquantaine à la Société de l’amitié germano-soviétique, pourtant disparue il y a 21 ans…
Pire encore, plusieurs rues baptisées Otto Grotewohl et Walter Ulbricht, les dirigeants de la RDA responsables notamment de la répression sanglante de l’insurrection ouvrière à Berlin-Est en 1953, ont survécu à l’unification de l’Allemagne.
Pour Hubertus Knabe, le directeur du musée de la Stasi, c’est un vrai scandale que dans toute l’ex-RDA, il n’y ait pratiquement pas de rues dédiées aux dissidents qui ont payé de leur vie l’opposition au régime.[/i]
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Et moi qui ne peut pas supporter l’armée j’habite une rue qui porte le nom d’un militaire.