Viribus unitis

Une anecdote de Roda Roda (écrivain austro-hongrois) sur les rapports interalliés côté Empires centraux pendant la 1ère Guerre mondiale:

Kam da im April 1915 das deusche Korps von der Marwitz in die Karpathen - langsam, Eisenbahnzug auf Zug.
Sprang zu Kaschau der Oberst aus dem Abteil, der schneidige Oberst v. Pritzow, versammelte seine Offiziere in einem engen Kreis um sich und sprach scharf, doch mit gedämpfter Stimme:
« M-e Herr’n! Wa wern nu Schultanschulter mit unsan östreichischen Vabündten kämpfen. Ick vabitte mir alle dahinjehenden Bemerkungen. -'ck danke, m-e Herr’n!! »

Il semblerait, c’est le moins qu’on puisse dire, que les « alliés » allemands et austro-hongrois aient nourri une certaine défiance les uns pour les autres, au moins dans le sens allemands-autrichiens.

Je me permets de traduire, oschpele.

En avril 1915, le corps (d’armée) von der Marwitz (général de cavalerie prussien) arriva, lentement, train après train,dans les Carpathes.A Kaschau, le fringant colonel von Pritzow, descendit de son compartiment, réunit autour de lui ses officiers dans un cercle restreint et leur déclara de façon tranchante, mais néammons à voix feutrée: « Messieurs!Nous allons nous battre côte-à-côte avec nos alliés autrichiens.Epargnez-moi, je vous prie, toute remarque à ce sujet!Messieurs, je vous remercie! »
:wink: …J’espère ne pas avoir trahi Roda Roda.

Je n’aurais pas fait mieux michelmau! :sunglasses: (sauf que j’aurais traduit Kaschau par Kassa, mais c’est un détail qui n’engage que moi). Et puis le « je vous prie » n’entre pas tellement dans la ligne d’un langage énergique de chef prussien! Sans doute parce que dans « verbitten », il y a « bitte »? :wink: Non, « ich verbitte mir » est très sec en allemand, très énergique, et un « s’il vous plaît » lui ruinerait ses effets. Comme on le voit (et l’entend), le colonel von Pritzow est un pète-sec de la meilleure eau, sans paroles inutiles! Pas comme ces bavards d’Autrichiens!

Il faut dire que, comme je l’écris dans ma signature du moment, la double monarchie danubienne était assez hétéroclite (raison pour laquelle Bismarck avait préféré la solution de la « petite Allemagne » à celle de la « grande Allemagne » incluant l’Autriche avec tous ses éléments allogènes (pour ne pas dire « hordes », selon le mot de Beust) qui manifestaient plus ou moins des velléités d’indépendance ou de rattachement à d’autres nations. La Prusse protestante avait suffisamment de problèmes avec ses Polonais catholiques et ses catholiques rhénans!
En l’occurrence, les Autrichiens passaient aux yeux des Allemands pour de joyeux rigolos pas très efficaces (surtout depuis qu’ils avaient été vaincus à Sadowa en 1866, et contraints de conclure le compromis (« Ausgleich ») avec le royaume de Hongrie).