Quand Volker Schlöndorff et Marguerethe von Trotta, deux énormes cinéastes allemands francophiles, militants engagés se penchent sur un roman de Marguerite Yourcenar, ce roman s’appelle le Coup de Grâce.
Cela a donné lieu à un film intitulé du même nom en 1976,, Le Coup de Grâce, der Fangschuss en allemand. Dont voici les références d’une critique, à mon avis, très intéressante et informative.
http://www.dvdclassik.com/critique/le-coup-de-grace-schlondorff
Je ne pense pas qu’il s’agisse de l’un des films les plus connus de ce cinéaste, mondialement salué quelques années plus tard par Le Tambour (Die Blechtrommel), c’est pourquoi j’ai souhaité en parler.
Ce film conte l’histoire d’une jeune femme, Sophie (Margarethe von Trotta). Elle et son frère, sont des propriétaires terriens d’une région de la Lettonie. Ils ont accueilli en 1919 un groupe de soldats du Corps Franc (Freikorps), décidé à continuer leur mission de sécuriser les territoires allemands contre le Bolchévisme, bien que la guerre soit finie. Parmi ces soldats elle retrouve son ami d’enfance, Erich von Lhomond (Matthias Habbich ) dont elle s’éprend mais lui se refuse à elle jusqu’au « coup de grâce ».
Voilà pour l’amorce du film, mais rien de plus. Car malgré les apparences, ce n’est ni un film de guerre, ni un film d’amour à la « Autant n’ Emporte le Vent », c’est une histoire de femme. De plus, à la différence du roman de Marguerite Yourcenar qui s’articule autour Erich von Lhommond, le scénario du film réécrit par, en autre Margarethe von Trotta et Françoise Dormann fait basculer le centre de gravité sur Sophie interprétée par Maguarethe Von Trotta elle-même. Cela sera d’ailleurs le dernier rôle de comédienne de la réalisatrice.
Les acteurs :
Outre Margarethe von Trotta bien sûr, je saluerai en autre
Matthias Habich, acteur de théâtre, connu aussi à l’époque pour un rôle dans une série télévisée. Il a été choisi par Schlöndorff par sa grande sensibilité francophile. Et il est, en effet, très convaincant et imposant dans le rôle d’Erich von Lhommond. Ce junker très francophile, droit dans ses convictions à la sexualité très ambivalente
Marc Eyraud, je crois est le seul acteur français du film, dans le rôle du médecin ami de Erich Von Lhommond. Un vrai clin d’œil à l’aspect sympathique de la franchouillardise, je veux dire débrouillard, dévoué et franc de caractère. Dans un environnement où malgré la guerre, il reste de bon ton de parfumer ces paroles de quelques mots en français, ce médecin militaire nous ramène à la réalité, avec ces « si j’ai plus assez de médicaments, je suis dans la merde »
Valeska Gert : Elle joue cette tante énigmatique semblant sortie d’un film expressionniste allemand. C’est de là que vient cette dame du cinéma allemand, dont les prestations sont un régal
Mathieu Carrière : Il joue le rôle d’un des prétendants de Sophie. A ma grande surprise, bien que l’acteur soit parfaitement francophone, il est seul personnages des officiers junkers du film à ne s’exprimer qu’en allemand dans sa version allemande.
Dans le bonus -entretien avec Volker Schlöndorff et Margarethe Von Trotta, Volker Schlöndorff décrit le rôle de Matthieu Carrière, comme celui de l’Ange Annonciateur de la Mort. En effet, se voyant rejeter par Sophie, son personnage, lui fera la terrible révélation de l’ambiguïté de l’homme qu’elle aime.
Pour terminer, on apprend par le bonus joint au film que :
Margarethe von Trotta et Volker Schlöndorff on longtemps cherché à s’entretenir avec Marguerite Yourcenar au sujet de l’adaptation qu’ils ont fait de son roman. Cette dernière tout en approuvant leur travaux, s’est refusée à les rencontrer. La raison du refus, les deux cinéastes l’ont su longtemps après. Coup de Grâce est un roman en partie en partie biographique. Le titre du roman est un jeu de mots sur avec le prénom d’une femme Grace, dont le roman s’inspire de la vie. Cette femme, amie intime de Marguerite Yourcenar était gravement malade, lorsque M. von Trotta et V. Schlöndorff voulurent prendre contact avec l’écrivaine.