Vos parents vous parlent-ils de leur travail ?

Une question me turlupine depuis quelques années, et comme je sais que la plupart d’entre-vous sont encore des écoliers ou des étudiant(e)s, voire de tous jeunes adultes qui débutent dans la vie active, et que donc une partie d’entre-vous habite encore chez ses parents, je voudrai vous demander, à vous, pas à vos parents, donc pour avoir votre avis et votre sentiment sur la question, est-ce que vos parents discutent avec vous de leur travail ?

Si je pose cette question, c’est parce que durant les dernières années, et d’autant plus lorsque nous allons régulièrement visiter la famille de mon épouse en France, on remarque une perte de valeur et d’intérêt pour le travail. J’ai l’impression que la réduction du temps de travail, les RTT et autres jours de récupération, ont provoqué un changement dans les mentalités en France, et j’ai parfois l’impression que le travail ne représente plus qu’une corvée, un truc annexe, qu’on fait parce qu’il faut bien, mais qu’en dehors de ça on n’accorde plus vraiment de valeur au travail.

Est-ce que chez vous, dans vos familles, avec vos parents, vous parlez de ce genre de choses ? Est-ce que vos parents vous parlent de leur boulot ? en vous racontant ce qu’ils font, etc ?

J’ai un peu l’impression, à chaque fois que je discute avec les oncles ou tantes ou cousins ou cousines de mon épouse, qui habitent donc en France, que les gens se plaignent de plus en plus. Bon, ok, on sait que le peuple français aime se plaindre constamment, c’est connu. Mais quand je vois la chance qu’ils ont de travailler 30 ou 35 heures par semaines, et surtout de pouvoir récupérer des journées de libre tout au long de l’année, je me demande ce qu’ils trouvent à se plaindre… A la limite, si cela fait du bien aux gens de se plaindre, tant mieux. Mais là où je trouve que c’est plus grave, et que c’est regrettable, c’est que j’ai l’impression que cela a déteint sur la nouvelle génération, donc la vôtre. J’ai l’impression que le travail a énormément perdue de sa valeur en France. Et que les gens en parlent de moins en moins. On ne parle plus de son boulot, qu’on est fier d’avoir réussi ceci ou cela dans son travail. Qu’on est content de tel ou tel aspect dans son travail. J’ai l’impression que tout ce qui est positif est complètement étouffé, et qu’on ne parle plus que des quelques rares aspects négatifs. Donc, vous concernant, comment percevez-vous le travail de vos parents ? Déjà, vous en parlent-ils ? Car s’ils vous en parlent pas, c’est déjà pas bon. Mais, s’ils vous en parlent, vous en parlent-ils en termes positifs, négatifs, mitigés ? Cela vous donne-t-il envie de faire le même boulot que eux en les écoutant ? Ou au contraire, cela ne vous donne pas du tout envie de faire le même travail que vos parents ? Bref, toutes vos réactions, remarques, etc, sont les bienvenues.

Chez moi, dans ma famille, les gens s’attachent beaucoup à la valeur du travail (une petite précision : nous sommes d’origine asiatique). Moi qui a été très marqué par l’influence judéo-chrétienne, je voyais dans le travail quelque chose de mal, de très négatif ; travail venant du latin trepalium qui est un instrument de torture, tandis que dans la langue maternelle de mes parents, le terme voulant dire travail signifie aussi nécessité. Sans me vanter, j’ai toujours été un très bon élève à l’école et l’idée de devoir fournir les mêmes efforts physiques que mes parents pour arriver aux mêmes résultats me répugnais, à tel point que je devenais arrogant. Mes parents, surtout ma mère n’apprécient pas beaucoup les « intellectuels ». D’ailleurs, ils ont été un peu marqué par le communisme où ces gens-là dont les artistes ont été les premiers à passer à l’échafaud car jugés « inutiles ». Donc dans ma famille, un « entreprise », j’étais jugé comme inutile et aujourd’hui encore. Moi qui ne voulais pas devenir un ouvrier, c’était pour moi une raison de plus pour réussir mes études, après avoir goûter à ce qui était pour moi une « misère ».

En général, mes parents ne me parlent jamais de leur boulot. Ma mère se plaint souvent du fait qu’elle fait les 35 heures. Ce qui me fait rire… jaune. :unamused: A la maison, elle ne fait vraiment rien. Par contre, mon beau-père travaille sans répit aussi bien au boulot qu’à la maison.
Mes parents se contentent de m’inculquer la valeur du travail

Récemment, j’ai eu un petit déclic après avoir regarder un reportage sur une ville en plein essort en Chine. Dans ce reportage, un maire ou un architecte, je ne sais plus, fait constater que dans le parc qu’il a aménagé dans la ville, on ne trouve que des personnes âgées (genre 80 ans), et pas un seul jeune dans les parages, pour dire que chez eux, tous les jeunes travaillent, qu’une fois qu’ils ont un emploi stable, ils ne pensent jamais aux vacances comme ici en France. Et là, il a commencé à dénoncer l’inefficacité du système social en France où le fait qu’on ne travaille ou pas revient au même à cause du RMI etc. Moi, je pense qu’il a raison, la France est un pays trop gentil, trop généreux. Puis cela m’a fait beaucoup réfléchir sur le CPE, les réformes pour faire baisser le chômage en France.

Pour ma part mes parents travaillent tous les deux et me parlent régulièrement de leur travail sans que je leurs demandent. Ce n’est pas du tout un sujet « à éviter » chez nous bien au contraire! C’est quand même ce qui occupent leurs journées.
Ma mère est assez contente de son travail (proffession libéralle) et ne m’en a jamais parlé comme d’une énorme corvée, sauf peut-être quand elle se dit qu’elle a encore plus de 20 ans à travailler en dépis du fait qu’elle a commencé à 16-18 ans!
Du côté de mon père c’est un peu plus mitigé vu qu’il est infirmier et que c’est une proffession assez maltraitée aussi bien par les patients qui leurs en font voir des vertes et des pas mûres que par l’assistance publique !
Enfin je ne vais pas ouvrir un débat maintenant! lol

Mais je comprend très bien ton interrogation Gaston Lagaffe vu que je l’avais déjà moi même remarqué lorsque j’interroge mes amis sur la proffession de leurs parents, bon nombre d’entre eux ont l’air de pas en savoir grand chose, ce qui doit signifier que ce n’est pas un sujet de discussion chez eux!

Et sinon quand est-t-il chez nos amis outre Rhin? Comment le travail est-il perçu??

Bis Gleich

Je suis un p’tit jeune, je viens d’entrer dans la vie active depuis 1 an et je vis encore chez ma moman pour 3/4 mois.

Ma mère me parle rarement de son travail sauf… pour se plaindre ! Et si elle ne râle pas, elle parle de ses collègues, des relations humaines dans la boîte… Depuis 3/4 mois, elle a un nouveau patron qui est beaucoup plus cool que l’ancien donc ça va de mieux en mieux pour elle ! Il arrive même qu’elle parle de son boulot en bien. Mais si elle pouvait rester à la maison le matin, prendre son temps, lire un bon bouquin, elle le ferai !

Mais c’est vrai que le fonctionnement de sa boite est assez compliqué ! Elle bosse dans une boite allemande où l’anglais est la langue commune entre les français et les allemands.
Les allemands aimerai que ce soit leur langue qui soit « langue officiel » de l’entreprise et ça se frite un peu entre les employés. Mais ça ne passera jamais puisque le boss est danois et refuse de parler allemand.

Sinon c’est vrai que son travail ne la passionne pas spécialement. Et c’est un sentiment général. J’ai le même sentiment que toi, qui est que les gens commence à vivre lorsqu’ils sortent du boulot !

Pour ce que tu dis des RTT et réduction du temps de travail, il ne faut pas oublier que dans beaucoup de boites, ça ne s’applique pas. Pour ma part, je suis aux 39 heures et ses avantages n’existe pas !
Quant à ma mère, son entreprise a réussi a ne pas les faire appliquer alors qu’elle est aux 35 heures… Et je ne compte pas le nombre d’employés qui sont aux 35 heures et qui en font 45… Je le vois où je bosse (dans un tour opérateur) les employés font en général 4 à 5 heures de plus par semaine et tout le monde est au 39 heures.
Si quelqu’un est aux 35 heures et qu’il en fait 10 de plus par semaine, je peux comprendre pourquoi il râle ! Lorsqu’on a des avantages sociaux, c’est un rien rageant de voir qu’il ne s’applique pas !

En tout cas, le travail n’est plus source de fierté. C’est ce que je ressent…

Edit : J’ai oublié de préciser que ma mère est assistante de direction.

dans mon cas… ma mère est à la retraite… mon père lui bosse encore… pour au moins 2 ans (le pauvre !!! :astonished: )

ben oui le pauvre… il ne se plaint pas trop… mais il faut savoir qu’il est ouvrier dans une verrerie… et qu’il passe environ 7 h 30 par jour… avec une température de 70°C en moyenne !!! :astonished: :astonished: :astonished: :astonished: juste à côté des machines qui reçoivent le verre en fusion…
Donc quand il se plaint… je peux le comprendre !!! :laughing:

Sinon… mon amie allemande se plaint ENORMEMENT de ses collègues de boulot… pourtant elle ne travaille que 2 jours par semaine !!! :astonished: mais j’ai toujours droit à « Une telle elle ne n’aime pas » « une telle elle dit que je ne vais pas assez vite » « une telle elle veut ma place » etc etc… ça me fait rire… jaune…

je fais partie des gens qui souffrent en silence à ce niveau là… j’ai un boulot (dans mon cas je cumule les temps partiels !!! )… et j’évite de me plaindre… je pourrai être au chomage… et ça c’est pas évident du tout ! :cry:

Moi aussi dans ma famille on en parle pas mal.Ma mère est ouvrière et quand elle rentre du boulot,elle nous dit ce qu’elle a fait.Mon père lui est couvreur,il travail environ 10 heures par jour du lundi au dimanche,jours fériés inclus du coup avec ma mère on en parle beaucoup mais pour se plaindre!!

J’ai surtout l’impression qu’en France, la génération de nos parents qui s’est investie corps et âme dans un boulot unique déchante aujourd’hui de voir que le travail qu’ils ont fourni pour leur entreprise n’a plus de valeur aux yeux de dirigeants qui, de fusion en fusion, s’intéressent beaucoup plus à la rationalisation des coûts qu’aux efforts consentis pendant toute une vie pour son métier.

Du coup, effectivement, pourquoi parler travail et soucis alors qu’on peut parler des joies du temps libre qu’offre les allègements du temps de travail ?

Mais alors comment ça se passe en Allemagne ? Et dans le reste de l’Europe ?

J’imagine que la situation se ressemble un peu partout !

S’il y a des différences, elles peuvent peut-être apparaitre entre le nord et le sud de l’Europe avec des visions latine ou plus germanique (ou scandinaves)…

J’ai le même sentiment concernant les aspects négatifs du travail en France. Alors que c’est censé être normalement un lieu d’épanouissement personnel, de reconnaissance, de socialisation également, on a perdu avec le temps ces valeurs. Mais paradoxalement, on se définit dans notre société par le biais de notre travail. L’une des premières que l’on pose à une personne que l’on rencontre est inévitablement « Que fais-tu dans la vie ? ». J’ai toujours entendu cette question dans des repas d’amis, avec des amis d’amis, etc, pas vous ?

A la maison, mon père se plaint généralement, parce que être patron, c’est pas tous les jours facile, surtout quand on est un patron réglo. Il gère un restaurant dont il est propriétaire, mais ne fait qu’apporter son aide pour placer les clients, prendre les commandes et servir de temps en temps (assiette par assiette :wink:). Le problème est qu’il devient de plus en plus difficile dans la restauration de trouver des employés réglos. Comme il dit « on leur donne un doigt et il réclame le bras entier ». Etant donné que le nombre d’employés n’est pas régulier - en fonction des saisons - il faut s’attendre à de mauvaises surprises, et il constate que les jeunes ne veulent pas travailler. Ils prennent aucun plaisir à venir travailler, c’est plus la sale corvé de la journée et/ou soirée, et il faut bien garder sa croute. On voit que le patron est sympa et flexible, et bah on en profite pour le bananer jusqu’au bout. :imp:

Quand je lis ça, je ne peux pas m’empêcher de penser à mes parents, et pourtant ils ont leur propre activité. Ils conduisent une exploitation horticole en Italie, en conformité avec les règlements de l’agriculture biologique. Non seulement ils m’ont toujours beaucoup parlé de leur métier, mais j’ai aussi beaucoup travaillé avec eux, comme cela arrive souvent à la campagne. D’ailleurs, ça m’arrive encore des fois de leur donner un coup de main quand je suis en vacances.

Dans leur travail ils n’ont pas obtenu les résultats espérés, malgré de grands (parfois trop grands) efforts, vanifiés tantôt par les aléas du climat, tantôt par le marasme, dans lequelle sombre le secteur agricole. Mon père m’a dissuadé, si besoin en était, de reprendre l’activité, une fois que lui et ma mère l’auront abandonnée. Il est vrai qu’en tout cas j’ai d’autres projets, mais je vois très bien pourquoi il ne veut pas.

Malgré leurs déceptions et l’amertume des dernières années, mes parents m’ont transmis la passion pour le travail responsable et bien fait, qui nous accompagne toujours, eux et moi.

Mes parents sont enfants d’agriculteurs, donc comme Pottasleikir, ils ont toujours aidé à la maison, ou plutôt dans les champs. Et pas qu’un peu, ils savent bien ce que c’est de travailler.

Ils parlent régulièrement de leur travail à la maison. C’est d’autant plus évident qu’ils bossent dans le même hôpital, et connaissent donc leurs collègues respectifs, les nouvelles consignes, etc… Ils sont infirmiers psychiatriques tous les deux. Un métier pas facile, et depuis toujours nous sommes, mes soeurs et moi, bien au courant des contraintes de la profession. Profession qu’ils ne nous ont jamais poussées à embrasser, mais qu’ils n’ont jamais dénigrée non plus. Je crois qu’ils font leur travail avec conscience et courage, sans se plaindre (du moins, pas plus qu’il n’est sain de le faire :wink:. Ils nous ont toujours poussé à travailler autant qu’on pouvait, et surtout à nous investir dans ce qu’on fait.

Maintenant, je ne dirais pas que la valeur « travail » est la plus importante pour moi, j’attache aussi beaucoup d’importance à ma vie personnelle, mes activités. Mais je m’implique beaucoup à la fac et auprès de mes étudiants, et je fais mes cours, et le reste à côté, sérieusement et de bon coeur (la plupart du temps :wink: ). Et puis j’aime ce que je fais, et je n’envisage pas d’arrêter de travailler.

Moi mes parents sont informaticiens et occupent un poste d’ingénieur. Mon père en parle souvent dans les repas de famille, surtout parce que dernièrement son ancienne entreprise, une entreprise de service informatique, a essayé d’exercer des pressions sur lui pour qu’il démissionne. La raison en est qu’ils préferent embaucher des jeunes diplomés payés au lance-pierre et formés aux dernières technologies plutot que de garder les anciens et de devoir les former et les payer plus cher (en 20 ans il n’a eu presqu’aucune formation). Finalement il a réussi à se faire licencier (ce qui implique une grosse prime), et son ancienne entreprise a négocié avec une autre pour qu’il se fasse embaucher, donc il n’a pas été au chomage. En tout cas, il n’apprécie que moyennement son boulot, alors il se rattrape en faisant des activités qui lui plaisent en dehors.

Tu veux dire ton père. :wink: Car tu parles d’abord de tes parents et ensuite uniquement de ton père semble-t-il.

D’un côté, il a encore eu de la chance à double titre : d’une part parce que les « Abfindungen » (indemnités lors des licenciements) sont de plus en plus rares, d’autre part parce que son ancienne boite l’a aidé à trouver une place ailleurs.
D’un autre côté, je comprend qu’il n’apprécie que moyennement son boulot car les sociétés de service (surtout en IT) ne sont pas tendres avec leurs employés. Les juniors sont pressés comme du citron et exploités en leur payant des salaires de misère mais en les vendant très cher chez les clients. Et pour les séniors c’est encore pire : beaucoup d’entreprises exercent une pression insoutenable sur eux, parfois pour les pousser à partir (quand ils ne les licencient pas, simplement, en les traîtant comme du bétail), en ne leur proposant aucune formation, etc.

Heureusement ce n’est pas le cas de toutes les sociétés de service (IT ou autres), mais c’est souvent, très souvent le cas.
Les boites comme Andersen et autres sont pareilles. Et je sais malheureusement trop bien ce qu’il en est là-bas, dans ces sociétés de conseil… On fait miroiter des merveilles aux jeunes qui arrivent avec des tas d’ambitions (souvent des jeunes loups avec les dents qui raillent le parquet…), mais on exerce une pression pour qu’ils fassent rentrer énormément d’argent dans la société, donc on les surfacture parfois (auprès de clients qui jouent le jeu en plus, vu que ça fait bien d’avoir des conseillers d’un grand cabinet sur leurs projets…), et au bout de quelques années, quand ces pauvres jeunes sont épuisés de passer leur vie dans les avions/aéroports, fatigués de faire des journées de 12 heures voire des semaines de 70 ou 80 heures (dans la plupart des cabinets de conseil il est même plus que conseillé de venir au bureau le week-end, sans quoi on passe pour un faignéant et tôt ou tard on prend la porte…), et qu’ils voient au bout de 2 ans, 3 ans, parfois plus (pour les plus courageux) que leurs espoirs ont fondu comme neige au soleil, ben ces pauvres jeunes partent et trouvent une place plus tranquille ailleurs, avec moins de stress et de pression.

Quand on est jeune, c’est encore plus ou moins supportable car on a encore suffisamment d’énergie et de force. Mais quand on arrive, comme ton père à un âge où on fatigue plus vite, où la vie nous a marqué et laissé des traces, que les enfants et les soucis du quotidien prennent beaucoup de place dans la tête (et puis, concrètement aussi), un employé de 40 ou 50 ans est naturellement beaucoup moins bien placé qu’un jeune qui n’a pas encore de soucis à se faire pour arriver à payer le crédit de la maison, l’école pour les enfants, et tout le reste, bref pour faire vivre sa famille. Dans ces conditions, il est plus difficile aussi de s’attendre à ce que quelqu’un de 40 ou 50 ans s’engage autant dans son travail que quelqu’un qui en a 20 ou 30. Conséquence : cela gène certaines entreprises que leurs cadres ou leurs séniors ne soient plus aussi compétitifs et ne passent plus 15 heures par jour au bureau. Donc on commence par ne plus les former, ensuite on restreint de plus en plus leurs tâches et leurs champs de responsabilités, on remet en cause leurs méthodes de travail (alors que des méthodes qui ont 20 ou 30 ans sont souvent éprouvées et fonctionnent très bien), pour finalement les pousser dans une impasse. Et sortir de cette impasse est quelque chose d’extrêmement dur pour les séniors qui en sont arrivés là : avec beaucoup d’expérience mais plus aucune formation récente, beaucoup de savoir-faire mais trop chers, et surtout plus personne qui n’est intéressé par leurs savoir-faire, alors qu’ils pourraient transmettre plein de connaissances aux plus jeunes et les aider. Mais ça ni les jeunes ni les entreprises ne veulent en entendre parler. Enfin pas tous non plus. Mais l’immense majorité c’est certain. Et cela donne des milieux de carrière (car à cet âge-là on est encore relativement loin de la retraite) qui ressemblent à une sorte de « on survit mais on n’avance plus » et surtout : « on prit tous les jours pour ne pas être foutu dehors, car retrouver du boulot quand on est sénior, c’est pas facile du tout »… Quel gachis pour notre société.

Donc je comprend très très bien ce que peut ressentir ton père.

Mes parents ont tjrs travaillé à leur compte, et depuis mon enfance, ils ont travaillé ensemble, de surcroît. Donc, forcément, le travail occupait une place prépondérante dans notre vie, non pas forcément que mes parents m’en parlent spécialement à moi, mais simplement je vivais leur travail avec eux, comme a pu le faire pottasleikir je pense : moi mes parents étaient dans le commerce, mais ça revient au même, du matin au soir, tous les jours de la semaine, le travail est présent, petit on est sur le lieu de travail des parents après l’école, etc. Donc, on est forcément très au courant ! et moi aussi j’ai pas mal bossé avec mes parents, pour toutes les fêtes, les dimanches, etc.

Oui, c’est par exemple le cas de mon amie allemande : même à l’heure actuelle, elle ne sait pas vraiment ce que fait son père, si ce n’est qu’il est ingénieur. Mais bon, je pense que ça dépend des métiers aussi. Moi, mes parents étaient fleuristes, donc fleuriste, c’est facile, tout le monde voit bien ce que c’est : tu achète des fleurs, tu les nettoies, tu fais des bouquets, tu les vends. Et au cas où j’aurais pas compris, je voyais de toute façon mes parents travailler au quotidien. Tandis que quand les parents exercent une profession intellectuelle abstraite, genre calculer l’épaisseur que doit avoit une feuille de métal pour optimiser la pénétration d’un véhicule dans l’air (je dis ça complètement au hasard), bon ben c’est nettement plus difficile à expliquer à ses enfants. Et comme dans ce cas de figure, on voit seulement papa partir le matin et rentrer le soir et qu’entre les deux, c’est le grand mystère, ça n’aide pas non plus à comprendre.