Wolfgang Niedecken

Wolfgang Niedecken ,quelqu’un d’incontournable dans le monde des artistes de Cologne.
Il est le chanteur du l’illustrissime groupe rock « BAP ». Il est aussi guitariste, et producteur.
Je l’ai connu en 1992.
Un peu d’histoire; novembre 1992, un groupe de néonazis met le feu , à Mölln (Schleswig-Holstein) à un foyer habité par des Turcs. Plusieurs personnes perdront la vie dans cet attentat. Réaction spontanée dans les milieux du spectacle, mais aussi dans la ville de Cologne, réputée pour son sens de la tolérance. A l’initiative de Wolfgang, mais aussi de bien d’autre qui lui apportent leur soutien se crée une mouvance qui prend le nom dialecta! :« Arsch huh zäng ussenander = bougez vous le cul, désserrez les dents. » Un concert mémorable a lieu sur la Roncalliplatz. Cologne aura été la première ville allemande à réagir contre cet acte immonde, suivie d’ailleurs par Francfort, à l’époque la ville allemande avec la plus forte minorité d’étrangers.
Wolfgang, Brings, Zeltinger, Engel,Köster, die « four Reeves », les Höhner und, und, und …collaborent au concert:
Ici, la chanson, hymne du mouvement:

Wolfgang a également adapté, avec bonheur, certaines chansons de Bob Dylan, en dialecte de Cologne.
En 1998, il reçoit la Bundesverdienstkreuz, l’équivalent plus ou moins de notre légion d’honneur.
Verdamp lang her:(ça fait fichtrement longtemps), sans doute une de ses plus connues.

UnpluggedFür 'ne Moment. Les artistes qui accèptent de jouer « unplugged = débranché »…ici guitare acoustique, ne trichent pas.

Niemals geht man so ganz: On ne part jamais complétement; il y a toujours une part de nous qui reste ici.( Avec Trude Herr, icone du théâtre populare de Cologne, et Tommy Engel, l’ancien chanteur des Black Fööss.)

Sa bio en allemand :

Après avoir subi un AVC en fin 2011, (la tournée programmée de BAP a du être annulée), Niedecken s’est peu à peu remis.Il est réapparu sur scène et a pu se rendre à Berlin avec sa femme et ses enfants,pour y recevoir le prix Echo (plus ou moins l’équivalent de notre « Grand Prix du disque »)pour son oeuvre (Lebenswerk-Preis Echo).
La « laudatio » (discours d’usage en ce genre de circonstances) a été prononcée par Campino ,(chanteur des Toten Hosen) ,qui a souligné la disponibilité de Wolfgang pour tout ce qui est du domaine social et politique.et c’est son ami , le cinéaste Wim Wenders ,qui lui a remis le prix.Wolfgang était visiblement très ému.
Echo 2012 - Kategorie Lebenswerk - YouTube Remise du prix
OUtre son implication au sein du mouvement « Arsch huh, zäng ussenander= Bouge- toi le cul et désserre les dents » contre le racisme et la xénophobie, qui lui a valu la « Bundesverdienstkreuz » (plus ou moins l’équivalent de notre Légion d’Honneur) , Wolfgang est depuis 2004, ambassssadeur spécial de "Gemeinsam für Afrika = Ensemble pour l’Afrique " à laquelle sa chanson Bap - Noh Gulu - YouTube « Noh Gulu =Nach Gulu » (Gulu, deuxième ville de l’Ouganda ) est consacrée.
Il a créé, avec l’organisation « World vision », un programme d’aide aux enfants-soldats de l’Ouganda.
Il est membre de la fondation « Bundesliga » à laquelle il a’ entre autres , prêté sa voix off pour des spots dans le cadre de la campagne « c’est en jouant que se réussit l’intégration ».

Ce que j’aime particulièrement chez lui, c’est son profond attachement à sa ville natale Cologne et à sa langue si particulière, le « kölsch », dans lequel il explique avoir ressenti toutes ses émotions depuis toujours. Ce qu’il résume de façon magistrale avec sa chanson :« Für ne Moment », que j’avais déjà mis en lien dans le post précédent et qu’il interprète ici

Pour ceux qui souhaiteraient se mettre au « kölsch », vous trouvez en cliquant sur plus le texte original et une traduction en Hochdeutsch.
Court extrait traduit:
"Dans la vieille ville d’où je viens
dans le village au bord du Rhin avec son million d’habitants
où mes ancêtres vivaient déjà
et où sont nés mes enfants

on parle un langage
qui s’y est développé, et que tout le monde reconnait
qu’ à Dusseldorf , on connait certes sous le nom de « rheinisch »
mais que le reste du monde appelle « kölsch »

Toutes mes pensées, tous mes sentiments
autant que je me souvienne,
je les ai vécus ou subis dans notre langue bien à nous

Ubiens, Romains et Français
et Dieu seul sait qui, ont laissé ici quelque chose
nous sommes des batards
et sommes fiers qu’on ne comprenne rien à nous.
« Nous sommes des bâtards et fiers de l’être me fait immanquablement penser au magnifique « monologue d’Harras » dans « Des Teufels Generals » de Carl Zuckmayer » sur le « melting pot », die"Völkermühle" que constitue la ville de Cologne.
J’aime également le petit clin d’oeil à Dusseldorf qui appelle son dialecte (le même que celui de Cologne :« rheinisch » et non « kölsch ». On s’en serait douté !
Que Wolfgang nous écrive encore de magnifiques chansons comme il sait le faire ! :smiley:

Herzlichen :youhou: :lol :bomb: Geburtstag , Wolfgang :heart: :heart: !!! . Sinon, rien à rajouter à toutes ces infos, je ne savais pas pour l’AVC :frowning: . Mais bon le petit bout de peu que je puisse en dire c’est que Wolfgang est effectivement un super mec.

On sait que Wolfgang a adapté en Kölsch (dialecte de Cologne) le répertoire de Bob Dylan :
Un excellent exemple (avec Clueso) Forever young / Für immer jung.
Clueso & Wolfgang Niedecken "Für immer jung" - YouTube (Il me semble que c’est Götz Alsmann à la « pedal steel guitar » - un instrument pas facile à maitriser.)
Les paroles en Kölsch

Quelques points de comparaison:
Par Bob Dylan :

et , très émouvant , par le remarquable Pete Seeger (94 ans) ; la voix faisant défaut , il "parle " la chanson :frowning:pour moi , la version la plus émouvante !)

Je vous le souhaite à tous :« May you stay forever young! »

(Modération ; la pub n’est pas bienvenue ici. Merci d’en prendre note.)Sujet intéressant. :wink:

A propos des adaptations du répertoire de Bob Dylan en allemand ( ou , du moins en Kölsch - dialecte de Cologne) , " Hey Joe " de Jimmy Hendrix ( en anglais) suivi de " Like a rolling stone" en Kölsch.
Wolf considérait que musicalement parlant le Kölsch était plus proche de l’anglais que le Hochdeutsch.

L’anglais est à l’origine une langue germanique de toute façon.

Ce que j’aime bien dans la démarche de BAP, c’est ce que leurs albums étaient toujours traduits en allemand standard… Et si je ne me fais pas d’idée sur l’homme et son groupe que j’apprécie depuis près de 30 ans, ce qui m’étonnerait fort, le Kölsch n’est pas pour lui/eux une barrière mais plutôt une rencontre… Et lui l’exclusion c’est vraiment pas du tout son truc!!!

Comme le disait l’abbé Grégoire du temps de la Révolution :

Qui exclut qui ? Les langues dominantes " standard" ou bien les parlers minoritaires ( j’emploie ce terme à dessein). Faudrait peut-être pas inverser les rôles.
http://brezhoneg.gwalarn.org/istor/gregoire.html

Effectivement je me pose la question. Quand je vois que les langues régionales sont devenues aujourd’hui l’instrument préféré des politiques d’Extrême droite… : un bel outil d’exclusion du nouveau venu . Dommage :neutral_face:

Pas mal de mes anciens potes néobretonnants seraient très étonnés , voir très amusés de se voir catalogués à l’extrème-droite. :wink:

Je ne parle pas de tes vieux potes bretonnants!!! Mais de tous ceux qui se servent du régionalisme pour mieux exclure les autres!!!

Retrouvé ce document datant de 1984 : le moyen-âge pour beaucoup !
Wolfgang , alors âgé de 33 ans , s’entretient avec Heinrich Böll , 67 ans , prix Nobel de littérature . Tous deux parlent de leur ville ; Cologne . C’était un an avant la mort de Böll.
Je retiendrai une phrase de Böll ; " Köln hat eine Tradition der Rebellion!"
Les extraits de chansons en « Kölsch » de Wolfgang , sont sous-titrée en Hochdeutsch.
http://www.vidinfo.org/video/54100753/kolner-erinnerungen-aus-vierzig-jahren-hein