« Yiddish iz toch daitsch! » C’est ce que déclarait un rabin d’Israël à un jeune Allemand qui voulait se familiariser avec cette langue.
Tout le monde connait en français , la chanson des patates:« lundi, des patates , mardi , des patates. »
Je lui préfère nettement son pendant yiddish:pour apprendre les noms des jours de la semaine.
J’aime beaucoup ce mélange d’hébreu et de slave pour désigner les repas: (varimes et vetschere). Le nom des jours en yiddish est d’ailleurs très proche de l’alémanique et du bavaro-autrichien!
J’ai trouvé cette vidéo interessante ; une phrase lancée en anglais, traduite dans leur langue respective par un germanophone et par un yiddishophone :
Bulbe, bulba étaient employés en Galicie (Ouest de l’Ukraine) pour désigner la pomme de terre.
Et pour la cave d’une maison, le mot « Loch » était utilisé (le mot allemand, en quelque sorte !).
J’ognore par contre si Loch était utilisé en yiddish.
Belle langue apprise il y a 17 ans. Rien que d’y penser, me revient en mémoire la chanson « Dona, Dona », dont au moins l’air est largement connu (Claude François ou Joan Baez).
Tiens , au fait , relation avec un autre fil dans lequel j’avais évoqué la communauté yiddishophone de Crimée ( hélas reduite , par les alea de la guerre et du stalinisme à sa plus simple expression ) , je viens de trouver un texte dont j’avais entendu parler il y a longtemps et que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire.
Il est de Franz Kafka (excusez du peu) et s’intitule , en allemand :« Rede über die jiddische Sprache » et en français : " Discours sur la langue yiddish".
Une des plus chouettes chanson en yiddish que je connaisse , dans une version tout à fait sympa due à un groupe danois ( Klezmofobia.) Die grine Kusine = la cousine verte
J’adore.
Pour vous montrer que le yiddish est proche de l’allemand , comme le dit le titre du fil:
La traduction en allemand moderne , suivie de la translitération en caractères latins ( le yiddish s’écrivant en écriture hébraïque.) http://www.klesmer-musik.de/grine_kusine.htm
Le yiddish n’est pas proche de l’allemand, c’est au départ le dialecte moyen-allemand du « Schum » (Spire, Worms, Mayence) où vivaient d’importantes communautés juives au Moyen-Age. Quand ils ont été chassés d’Allemagne, ils se sont réfugiés à l’Est, généralement en Pologne (et elle était grande, la Pologne, à cette époque… ça allait jusqu’à Jitomir, une des plus grandes communautés juives de l’empire russe) Le dialecte rhénan s’est enrichi alors de termes hébreux et slaves.
???
Quelqu’un qui a quelques notions d"allemand est plus apte à comprendre le yiddish , non ? Bon , en plus de la base allemande , il y a des éléments slaves ( évident ) et aussi des éléments venant de l’hébreu et de l’araméen ( influence de la religion.)
J’ai étudié cette langue pendant deux ans environ , ( cassettes et manuel) , avec une dame originaire de Lublin (Pologne) qui m’avait dit dans un échange de courrier n’avoir parlé , avec sa maman , que le yiddish.
J’ajouterai que la sonorité de cette langue me réjouit les oreilles.
Je voulais dire que le yiddisch était à la base l’un des nombreux dialectes allemands, vu que l’allemand tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas, pour des raisons évidentes. Si Luther avait été originaire des bords du Rhin, nul doute qu’il aurait traduit la Bible dans ce dialecte. C’est la même chose en Italie, pays d’unification tardive, où c’est le dialecte le plus présent dans la littérature qui a donné naissance à la langue nationale (le toscan).
Merci pour ces précisions , Andergassen ; là, je comprends mieux ta remarque.
J’avais , quant à moi , utilisé le mot allemand dans son sens le plus général et non dans celui , plus restrictif , de Neuhochdeutsch.
Il me semble que, pour des dialectophones alsaciens ( alémaniques ou franciques ) le yiddish doit être plus facile à comprendre que pour des locuteurs Hochdeutsch.
Pour corroborer tes informations , il m’est arrivé plusieurs fois , de discuter avec des dialectophones cultivés, qui ne manquaient jamais de me dire , et ceci avec une fierté légitime , que leur parler était bien plus ancien que le Hochdeutsch.
Je ne rajouterais que les remarques de mon petit prof de russe de Nanterre d’origne Biélorusse et m’avaient bien surprise… Il m’avait plusieurs fois dit d’un air fort convaincu que l’allemand venait du yiddisch… Je n’ai pas chercher à poursuivre le débat mais ces propos m’ont énormément surpris.
C’est vrai, si on y réfléchit bien. Les Juifs qui habitaient dans la région du Rhin supérieur, dans les grands centres qu’étaient Bâle, Strasbourg, Spire, Worms, Mayence, et aussi Francfort, étaient des gens en général cultivés et voyageurs, du fait des professions qu’il leur était permis d’exercer (la finance, le négoce principalement). Malheureusement, ils ont été chassés très tôt et ont trouvé refuge à l’est. Il faudra attendre Luther et sa Réforme pour voir la première codification d’une « koiné » panallemande. Sinon, si les Juifs étaient restés, on aurait très bien pu concevoir l’allemand commun à partir du dialecte parlé dans ces contrées.
C’est un raccourci faux mais qui repose sur une simplification d’amateur pas très rigoureux.
Le jiddisch est linguistiquement formé sur une base de moyen haut allemand dialectal. Or le moyen haut allemand est antérieur au nouvel haut allemand qu’est le Hochdeutsch en question. Cette antériorité a été mal interprétée par le prof en question comme une linéarité, ce qui est faux.
Pour moi, il faut voir dans le jiddisch et l’allemand deux langues sœurs siamoises. L’une n’est pas vraiment l’autre mais elles n’existent pas vraiment l’une sans l’autre. C’est linguistiquement une situation assez rare, donc personne n’y comprend rien. Rajoutez les questions politico- affectives issues de l’histoire et vous obtenez le gros bordel que vous savez.