Yoko Tawada, vous connaissez ?

Yoko Tawada est un auteur japonais dont la particularité est d’avoir l’allemand comme seconde langue d’écriture. Elle vit à Hambourg depuis plus de 30 ans et participe très régulièrement à des lectures rencontres.
Pour une petite rencontre virtuelle avec l’écrivaine
Yōko Tawada — Wikipédia ou encore mieux Yoko Tawada - YouTube

As-tu lu un de ses livres ? Un conseil ?

Hélas pas encore. D’ailleurs j’ai manqué la lecture rencontre avec cette auteure à la Maison Heinrich Heine :frowning: :frowning: Mais lire quelque chose d’elle cela va se faire très, très bientôt., il faut juste que je choisisse parmi les romans qu’elle a écrit et sont plus ou moins commentés sur internet et surtout que ce livre soit à la fois en japonais et en allemand pour correspondre à ce que je recherche chez cette écrivaine. Mes impressions sur le livre en allemand je les donnerai avec plaisir pas de problème Nico. Je l’espère digne du compte-rendu que tu as fait d’un livre de Kristof Magnusson, auteur qui m’est totalement inconnu et rajouterais dans ma liste de lecture :wink: . Et s’il se trouve que le livre de Yoko Tawada que j’ai choisi a été traduit en français, cela sera encore mieux pour nous tous. Ce sujet c’était juste une entrée pour peut-être rencontrer des personnes qui ont déjà lu des romans d’elle sur ce site. Cette femme me semble fascinante dans son aspect bi-culturel.

C’est dommage, car contrairement à K. Magnusson elle n’en est pas au début de sa carrière et a fait pas mal de publications. Mais bon je ferais quelques recherches et si je vois un qui me plait, je le ferais savoir. :wink:

J’ai eu l’énorme honneur de la rencontrer en avril, lorsque j’ai travaillé dans l’organisation de sa lecture pendant mon stage. On a parlé brièvement de notre rapport avec la langue allemande et nos langues maternelles respectives. On la connait en « allemand langue étrangère », car elle est l’une des plus grandes écrivaines de langue allemande, qui n’est pas de langue maternelle.

Je conseille ses essais, tels que « Der Fremde aus der Dose » ou « Von der Muttersprache zur Sprachmutter ». Elle y parle de la langue allemande qu’elle voit avec ses yeux d’étrangère, c’est assez « déroutant » car très fascinant, elle voit ça comme avec des yeux d’enfant, en jouant avec les mots et leur sons. Ca parlera beaucoup à un grand nombre de gens sur ce forum je pense. J’ai l’intention de lire bientôt « Schwager in Bordeaux », je reviendrai.

Je suis pas trop lecteur de romans , alors merci pour cette info sur les essais écrits par cette dame dont les propos m’avaient interessé dans la vidéo mise en ligne par valdok. :smiley:

Quelle étrange lecture que ce Schwager in Bordeaux, comme un ikebana où les mots auraient remplacé les fleurs , la magie des mots, leurs graphies et leurs empreintes sonores racontant une histoire à la fois réelle et imaginaire dans un style dépouillé

Ce livre a été traduit de l’allemand en français "sous le titre de le Voyage à Bordeaux par Bernard Banoun
Yoko Tawada a l’originalité d’être une écrivaine japonaise qui ressent la langue allemande comme son souffle intérieure. Ce qu’elle exprime en allemand, elle n’arrive pas toujours à l’exprimer en japonais et vice-versa, elle s’amuse avec mots, intitule les situations qu’elle fait vivre en allemand à son héroine japonaise avec des graphies sino-japonaises.

Son livre me fait penser à une anecdote vécue.

Lors d’un repas avec mon directeur de thèse, qui est Allemand mais ne parle pas japonais, son épouse, Franco-Taiwannaise, et mon amie japonaise dont le mari est Allemand, professeur de japonais de mon université qui me conseille aussi pour mon doctorat, pour notre projet en commun.
Elle avait aussi invité la coordinatrice des cours de japonais pour les Allemands à Berlin et le Goethe Institut de Tokyo, à se joindre à nous.
En un mot, la langue commune pour la majorité d’entre nous était l’allemand.
Donc naturellement, cette dame coordinatrice des cours germano-japonais et moi, nous sommes mises à nous parler toutes deux en allemand.
Mon directeur de thèse nous a demandé de nous exprimer en français car son épouse ne parle pas l’allemand et nous ne le savions pas, et il croyait que la dame invitée parlait français.
Alors cette dame a essayé de parler français, mais elle avait beaucoup de mal et un très fort accent allemand. Et là mon directeur de thèse :blush: a compris et l’a donc invitée à continuer en allemand.

Cette anecdote juste pour dire que Yoko Tawada et son héroïne sont justement dans ce contexte: jeunes femmes japonaises qui ont fait de la langue allemande, plus que leur langue maternelle mais leur langue de coeur, langue dans laquelle elles donnent libre cours à leur imagination linguistique et leur sentiment, et à laquelle elle se réfère naturellement pour apprendre une langue étrangère.

La Préface en allemand dit

Je ne pense que cette préface en allemand sera difficile à comprendre, pour les germanistes débutants mais avec les compléments d’indication que vous trouverez ci-dessus, tout le monde pourra comprendre

http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-levoyageabordeaux.html

Dans lesquels vous retrouverez cette citation

et vous prie de consulter

Et je vous met aussi un passage en langue originale et traduit en francais :

夢 : ce sinogramme se lit ‹ yume › et veut dire rêve ou illusion en japonais. Et la clé du sinogramme (le dernier signe en dessous) est la graphie du mot soir.

Il y a aussi des anecdotes amusantes, comme celles du stagiaire employé à la gare où l’héroine de va réserver son train qui ne sait pas comment s’écrit Bordeaux, tape BORDO et ne trouve pas cette destination dans sa banque de données.

Voilà Nico, cette fois-ci, je pense avoir répondu à ta demande.

J’espère juste que ce petit commentaire vous donnera à tous l’eau à la bouche pour lire le livre, où même les faux-débutants peuvent se frotter directement en allemand, . Car j’aurais tendance à vous dire de le lire en allemand pour ne rien perdre du rapport que l’écrivaine entretient avec cette langue.

Ou , si vos bibliothèques franco-allemandes sont bien achalandées, pourquoi pas les deux langues???

Ah, Bernard Banoun aussi je l’ai rencontré, vraiment adorable. Pendant la lecture pour laquelle j’ai travaillé, il a lu le passage avec « Bordo ».
Je compte me procurer Schwager in Bordeaux en Allemagne et le lire en allemand. Tu as aimé le livre valdok?

@Dresden : Oui, j’ai beaucoup aimé. Et comme tu vis en Allemagne (ou au Luxembourg?), tu pourras te le procurer gratuitement dans n’importe quelle bibliothèque, pas besoin d’aller dans un Goethe Instut (veinarde!!) et tu as eu la chance de participer à une lecture rencontre avec le traducteur, Bernard Banoun (double veinarde).

J’ai retrouvé des extraits de lecture en allemand, pas très généreux, mais c’est déjà mieux que rien -et très intéressant pour découvrir l’aspect visuel du roman.
http://www.konkursbuch.com/html/net-herbst%2008/leseprobe-tawada-bordeaux.pdf

Heureusement, j’ai aussi retrouvé le passage de B-O-R-D-O dans le livre (page 78), et je le retransmets directement car il n’y a pas de Leseprobe sur ce passage.
Ce petit plaisir est vraiment accessible même aux germanistes faux-débutants et rappellera sans doute des anecdotes à beaucoup d’entre-nous non allemands, quoique germanophones, qui ont dû réserver des trains en Allemagne pour des destinations hors du pays. Donc je ne le traduirais pas ce passage, par respect pour l’excellent travail de Bernard Banoun, comme tu as pu le constater Dresden.

le sinogramme 知 (chi) indique la connaissance, le savoir

Si plusieurs d’entre-nous souhaitent lire ce livre en allemand ou en français, peut-être pourrions nous échanger nos idées? :wink:

Je ne vais pas m’arrêter là pour cette auteure, je compte lire « Sprachpolizei und Spielpolyglotte », et je pense que toi, non plus, Dresden, non ??

Mon stage est terminé, je quitte le Luxembourg demain, donc je le chercherai à la BU en Allemagne. Et le Goethe-Institut le plus proche est quand même loin, c’est à Weimar :wink:

Je n’ai pas lu Sprachpolizei, je voulais déjà lire Schwager in Bordeaux pour me faire une idée de ses romans, s’ils sont dans la même veine que ses essais. Mais si ça reste du Yoko Tawada, ça risque de me plaire.

D’ailleurs valdok, ça va te plaire: elle lit souvent en japonais pendant ses lectures (j’ai cru comprendre que tu comprends cette langue), sans jamais traduire. La dernière fois, elle avait lu un poème dans lequel elle répétait le mot « tobe » (je ne me souviens plus de la signification), n’a traduit que ce mot, avec des mots qui, phonétiquement, ressemblaient à « tobe » mais ne nous disait pas ce que cela veut dire. Elle joue avec le son des mots pour rendre sa littérature universelle, au delà de la barrière des langues. Certes on ne comprend rien, mais on trouve ça beau, ça touche quand même. Cette femme est fascinante.

================Alors tu es bien de Dresde, non?? Avec mes yeux de touriste, bien sûr, j’ai trouvé cette ville magnifiquement reconstruite.

============Affaire à suivre :wink:

============Oui, je me débrouille. D’ailleurs tu ne crois pas si bien dire, après demain, je prend le train pour la DFKI de Sarrebrück (Deutsches Forschungszentrum für Künstliche Intelligenz) pour présenter mes travaux sur cette langue et les annotations automatiques en allemand. Mais cette présentation - comme souvent en Allemagne - sera en anglais :astonished:
=====Le « tobe » dont tu parle, cela doit être 飛べ, cela veut dire « vole » ou aussi « saute ».
Donc en Allemagne elle lit aussi des passages de ses livres japonais non traduits en allemand, ou était-ce en France ou au Luxembourg cette lecture?

En reprenant ton indice « tobe » j’ai trouvé les références de cet essai :

« Le Mari était un chien (犬婿入り), traduit du japonais par J. Campignon in Littérature japonaise d’aujourd’hui n°19.
The Bridegroom Was a Dog (Inu muko iri, 犬婿入り), Kodansha International (September 2003), ISBN 4-7700-2940-3. This edition includes Missing Heels (Kakato o nakushite).
Inu mukoiri (犬婿入り, Erzählungen), 1993 »

Il a été traduit en français et en anglais mais pas en allemand. Il semble que ses livres en japonais, elle ne les écrit jamais en allemand, c’est qui m’avait déçue un peu au début. Mais connaissant un peu mieux l’écrivaine à présent je pense comprendre un peu pourquoi.

De ce recueil le parfait polyglotte qu’est le cinéaste Wim Wenders aurait dit
« As in a novel by Jules Verne, fantastic new spaces keep opening up before your inner eye. »

Voici un petit passage que j’ai trouvé sur Internet, qui fait allusion à ce tobe :

J’ai un chien Rio et un ami Roger. Le jouet préféré de mon ami c’est un dragon en peluche . Lorsqu’il joue avec, il ne fait pas attention à moi. Mais ça doit être bien, un jouet en peluche, et ce n’est pas parce que ses ailes peuvent voler…Lorsque le chien Rio est dans le bain avec le dragon, ils peuvent tous les deux visiter le monde entier. Et pouvoir parcourir le monde, cela doit être une aventure excitante.

==========Je sais, rien à voir avec l’allemand et je ne garantis pas ma traduction.
Mais bon, c’est tellement amusant et une curiosité de plus concernant l’écrivaine.
@Dresden : Même si ce n’est pas le « tobe » dont tu veux parler :wink:

================Je n’aurais pas pu mieux dire!!!

=============Mêler le japonais à l’allemand c’est aussi une belle musicalité et on a le visuel des kanjis, c’est fabuleux. Difficile de ne pas parler du japonais et de l’allemand, ces deux langues et leur association sont passionnantes.

Elément rajouté aujourd’hui le 1 juin
Comme je voulais trouver un passage d’un roman de Y Tawada pouvant éventuellement se rattacher à la phrase impérative « tobe » je n’ai pu trouver qu’un passage en japonais du recueil de nouvelles : "Inu mukoiri " .
Pour la nouvelle elle-même, si vous souhaitez plus d’information voici un lien d’explication en anglais
Review of Japanese Novelist Yoko Tawada's The Bridegroom Was A Dog | PDF.
Mis à part dans sa langue originale, le japonais, ce recueil semble n’être aujourd’hui disponible qu’en anglais, bienqu ‹ il fut aussi traduit en français.
Je n’ai pas fait de nouveau message, car il s’agit juste d › infos supplémentaires sur ce recueil et cela n’a plus rien à avoir ni avec la langue allemande ni avec ma réponse à Dresden.