Zollfreie Straße

Voici une spécialité de mon nouveau petit coin d’Allemagne : la route franche (traduction maison, je ne sais pas quel serait le terme officiel en français).

C’est un problème qui traine depuis le XIXe siècle. Entre les deux villages/villes de Weil am Rhein et Lörrach, il y a une colline pas très haute mais bien raide. Au pied de cette colline, c’est la Suisse. La frontière empêche toute route directe par le bas de la colline, il faut passer par dessus pour éviter de traverser la frontière pour quelques dizaines de mètres seulement. Les tractations se heurtaient à la règlementation des douanes suisse qui ne bougent pas d’un iota jusqu’à ce que les accords binationaux au niveau fédéral de 1977 permettent de faire les premiers plans. Les histoires de démocratie directe helvétique expliquent le reste de cette longue attente, car ne comptez pas sur les Suisses pour accepter par votation un projet dont ils ne profitent pas.

L’inventivité des Suisses pour stopper le projet est impressionnante : ils proposent un référendum cantonal pour protéger la forêt des bords de la rivière, ce qui de facto empêche de construire quoi que ce soit. Face aux accords entre canton et Allemagne, la malice a eu le dernier mot : en rasant les arbres juste avant le référendum, celui-ce devenait sans objet et ne pouvait plus rien protéger du tout, donc plus rien stopper non plus. Avouez que la démocratie directe recèle des trésors de mauvaise foi et de manipulations en tous genres… bien loin de l’image consensuelle calme et raisonnable que ceux qui ne connaissent rien à la démocratie directe veulent bien vendre dans d’autres pays, notamment dans les médias français, par pur populisme.

La géographie a donc joué un sale tour aux Allemands de ce petit coin de la république fédérale. Le dialogue passe heureusement relativement bien entre les Bâlois et les Badois, malgré les obstacles populistes. La route est ouverte depuis quelques semaines.

La carte vous donne une idée de ce mauvais tour géo-politique :

« Route franche » est effectivement le terme consacré. C’est le cas de la route qui relie directement Bâle à l’aéroport de Bâle-Mulhouse (secteur suisse), en traversant le territoire français par un corridor clôturé. Il en est de même dans le canton de Genève, pour rejoindre le secteur français de l’aéroport de Genève depuis la France.

C’est drôle, ce week end je me suis justement promené sur cette colline, il y a d’ailleurs une belle promenade à faire dans la forêt avec écureuils, biches et autre animaux mais je ne suis jamais fait attention à cette étrangeté…