Adopte un prof d'allemand

Petit reportage FR3Alsace ( c’était dans dans le 12/13 , ce midi.)Emission dialectale rund um sous-titrée en français.
C’est à 12:40 :

Qu’on manque de profs d’allemand…en Alsace ! :open_mouth: . On croit rêver.
Chapeau à la jeune Manon qui manie le dialecte avec autant d’aisance que l’allemand ! :respect:

Envie de reprendre du service ? :wink:

C’est la longue descente en enfer de l’Alsace… qui tourne le dos à l’Allemagne. La fureur à vouloir romaniser l’Alsace est telle depuis la guerre que le tsunami de la romanisation détruit tout sur son passage. Le pire, je trouve, c’est la bêtise béate des franco-francophones arrivés en Alsace ces cinquante dernières années à mépriser sur un même élan tout ce qui est germanique au point de vivre dans le déni géographique et culturel le plus total, alors imaginez l’ampleur du déni linguistique ! La fureur du ministère de l’éducation de faire marcher au pas l’Alsace en l’alignant sur le reste de la France a conduit à saper les connaissances linguistiques du pauvre petit peuple qui ne s’est réveillé trop tard. Et oui, l’Alsace est devenu une Normandie comme les autres. La frontière est le plus gros éléphant de la république dans le plus petit des magasins de porcelaine. Tout le monde fait semblant de ne pas la voir. C’est foutu. L’Alsace est morte. Ils avaient commencé à traduire plus ou moins mot-à-mot les noms de villages après la guerre, vous allez voir qu’ils vont se remettre au travail pour finir leur sale boulot. Putain de bourgeois monolingues élitaires imbus de leur universalisme impérial, ils ont traité l’Alsace comme une colonie, pire que le Kaiser pourtant assez con en la matière lui aussi. Ils ne connaissent pas le pays qu’ils prétendent gouverner et administrer. C’est foutu, j’vous dis.

J’ai échappé au massacre parce que je savais, tout jeune et dès la maternelle, faire la part des choses. Le français à l’école, la « petite » et la « grande », le dialecte à la maison ou dans la rue, et surtout dans notre « ville de référence » (Bâle, qui avait de plus l’avantage de mettre en contact visuel avec le « Hochdeutsch », et de s’habituer à manier une monnaie étrangère). Mon frère, lui, né 3 ans et demi après, a pris la branlée de plein fouet. Il ne s’en est pas relevé, dégoûté à jamais de parler un patois de pouilleux, et mettant carrément l’allemand au rancard (2e langue quand même, mais vraiment du bout des lèvres…). C’est comme ça qu’on divise les familles. Il y a toujours une option pour l’Empire, le Reich ou la romanité, que l’on soit en Alsace ou au Sud-Tyrol, ou ailleurs…

D’accord avec les analyses d’Elie et d’Andergassen.Quel gâchis de la part de l’une et indivisible :confused:
J’étais dimanche dernier au salon du livre de Colmar.
A un stand de la région , je trouve le bouquin de Marie Hart :« Üss unserer Franzosezit » en alsacien et en français. On en avait déjà parlé ici :Allemagne au Max - Marie Hart : Nos années françaises / üs unserer Franzosezit : Les Français et les Allemands. J’achète la version dialectale…Peut-être bien présomptueux de ma part.Mais , bon , je mettrai pour le lire le temps qu’il faudra.
Au même stand , pas loin du bouquin de Marie Hart , un bouquin dont le titre m’interpelle :« une épuration ethnique à la française » - Alsace-Moselle 1918-1922.L’auteur : Bernard Wittmann , historien reconnu de l’Alsace. Wittmann est présenté comme fédéraliste et autonomiste. Autonomiste…quel vilain mot dans la France « une et indivisible ». J’apprends , à la lecture de ce livre , un tas de choses qu’en tant que « français de l’intérieur » d’origine , j’ignorais plus ou moins et je fais une petite recherche sur la toile à propos de l’auteur.
Pour faire connaissance de Bernard Wittmann , une video très intéressante enregistrée avant le vote pour ou contre la « grande région » : on y apprend beaucoup de choses. :wink:
Bernard Wittmann - YouTube

:unamused: Désolé de réagir si tard, mais je suis comme les cigognes : je reviens avec le printemps. Sauf que les cigognes, elles, n’oublient pas leurs mots de passe tous les six mois.

:mm: Bon, loin de moi l’idée d’amoindrir en rien la portée du talent pamphlétaire bien connu de notre Elie :mrgreen: ; mais avant d’accuser l’Etat colonial envoyant au bagne les Hans im Schnöckeloch et shoatisant sur son passage les brädele, vous oubliez une donnée de base : il y a un déficit dramatique de profs d’allemand sur tout le territoire !

Tout simplement parce qu’il n’y a plus assez de candidats au CAPES lui-même ! L’an dernier, il y avait 345 candidats présents pour… 345 postes exactement (ah! La rectitude germanique :smiley: )… Et au final : 125 admis :crazy: (oui, parce que le niveau compte quand même un peu).

Donc :dans un pays qui connaît le chômage et le sous-emploi des diplômés de fac et qui offre la garantie de l’emploi à ses fonctionnaires, on ne veut plus devenir prof même quand le concours est à portée de main ! :astonished:

Le phénomène touche tous les concours : on ne veut plus devenir prof. On se demande bien pourquoi. :S

Le phénomène touche encore plus le CAPES d’allemand : un germanophone a des tas d’autres voies pour s’employer. Et pourtant, les classes d’allemand ne sont pas les pires (par contre, les réflexions lancinantes des collègues à l’égard de la langue/culture/histoire allemande, ça, ça peut jouer :stuck_out_tongue: ).

Le phénomène touche encore plus le CAPES allemand depuis la réforme du collège : les gens suffisamment crétins pour devenir profs ne le sont pas au point de s’imaginer un avenir sur trois établissements avec la moité d’un service dans une (non-)matière autre que l’allemand.

:mm: Alors franchement, là-dedans, l’alsacicide orchestré n’y est pas pour grand-chose.

:arrow_right: J’ajouterais un dernier argument, plus technique : jusqu’en 1998, les mutations des profs étaient totalement nationales : on mutait d’un poste en Champagne à un poste en Vendée puis d’un poste en Vendée à un poste en Isère et ainsi de suite. Les gens sans enfants, et les couples de profs de la même matière pouvaient faire des carrières en « sauts de puce » (on restait trois ans sur un poste et on avait assez de points pour obtenir un poil mieux mais à l’autre bout de la France). Ceux qui avaient un but « géographique » plutôt que « de carrière », typiquement les Alsaciens voulant à tout prix retrouver leur choucroute réussissaient à le faire assez vite et n’en bougeaient plus. Aujourd’hui, les mutations sont « déconcentrées » : on est d’abord muté dans un région et ensuite sur un poste. Ce qui rend le mouvement beaucoup plus difficile : les gens tendant à rester sur la région où ils ont été nommés la première fois.

J’ai dans l’idée que les gens qui ont muté pour la dernière fois avant 1998 (en gros, la fin des boomers) sont en train de partir en retraite. Donc avec un peu de malchance, il y a un gros appel d’air de profs d’allemand en Alsace, même sur des « beaux » postes, mais le système est bloqué : la Seine Saint Denis restera mieux lotie que l’Alsace en profs d’allemand. :frowning: Libre à chacun d’y voir un complot brétzelophopique).

Y-a-t-il un cliché que j’aie oublié ?

Mon opinion est très simple: l’allemand est mort en Alsace avant même toute considération scolaire. L’alsacicide, ce n’est pas la question des profs d’allemand mais de la culture quotidienne dans son ensemble. Elle n’était déjà plus dialectophone/germanophone avant le manque de profs. L’école est une immense machine à mettre au pas… mais les petits alsaciens sont parfaitement volontaire pour marcher dans les clous depuis longtemps. En fait, ce sont plutôt les mères de famille qui sont la cible de mon ire. On parle français aux enfants… c’est foutu. Point. Peu importe qu’il y ait des profs d’allemand ou pas. C’est déjà trop tard. Les Alsaciens ont voulu faire profile bas, être de bons français… et bien maintenant, ils n’ont plus de profil du tout et ils sont tellement français que l’Alsace y a disparu.

Bon, le manque de profs, ça n’arrange rien, évidemment.

L’allemand est peut-être mort en Alsace, par contre il est en petite recrudescence dans d’autres régions françaises…
Je ne trouve pas cela forcément négatif me concernant.
Je trouve parfois assez présomptieux de la part de certains Alsaciens de se croire meilleur en allemand que les autres Français de part leur proximité avec l’Allemagne. Heureusement cela n’est pas le cas de tous, et on peut même assister au contraire!!
Mais ce sentiment ait du à une mauvaise expérience dans ma jeunesse. Je passais l’examen militaire d’aptitude à la langue allemande et dans le couloir d’attente, un autre candidat (un blond aux yeux bleus d’origine alsacienne comme les autres candidats pour cet examen, sauf une jeune femme au type asiatique mais qui aussi venait d’Alsace) m’a dit d’un air presque méprisant « l’examen d’anglais c’est l’étage au dessus ». Et moi de lui répondre avec le même mépris, que l’examen d’anglais je l’ai déjà c’est celui d’allemand que je veux passer…
Je ne sais pas si cette personne a eu son examen.
Par contre mon examinateur a été tellement impressionné du fait que je n’ai aucune origine alsacienne ni ne sois mutée dans une base alsacienne, que non seumement j’ai été reçue à cet examen car mes compétences pour ce type d’examen étaient plus que suffisantes mais avec un +1…
Pour moi, le lien privilégié (plus ou moins forcé) entre l’Allemagne et l’Alsace fait partie du passé…

De toute façon je pense que pour la majorité des Alllemands ou des gens non allemands vivant en Allemagne de ma connaissance, l’Alsace est autant allemande que Breislau ou Dantzig à l’heure actuelle, l’Alsace c’est certes l’architecture du passé à l’Allemagne, un peu d’alsacien par ci par là mais c’est surtout la France, et une France non loin de l’Allemagne… J’ai l’impression que c’est surtout les Français qui mettent en avant les souches allemandes de l’Alsace-Lorraine, et pas du tout les Allemands et ce ressenti, je les eu aussi en lisant les articles de nos camarades allemands sur l’Alsace sur Bonjour Frankreich.

Mon prof de polonais - un polonais germaniste et germanophile - m’a dit avoir visité seulement l’Alsace en France et avoir fait l’effort d’apprendre quelques mots de français mais en cas il ne voyait en les villes alsaciennes quelque chose de vraiment allemand, malgré le passé germanique de cette région.

Si je devais adopter un prof d’allemand non allemand pour m’aider dans mes cours d’allemand, me concernant cela serait la réussite au C2 et l’aide à la rédaction d’article scientifique en allemand ,en priorité je ne prendrais pas un Alsacien et de toute façon pas un Français de quelque région qu’il vienne , mais un Polonais ou un Ukrainien…

Eh oui, la vieille Autriche et la vieille Allemagne renaissent de leurs cendres en Pologne, en Ukraine et en Allemagne.
C’est sans complexe, désormais, que l’on me propose un billet d’avion Kiev-Czernowitz. (On ne m’a pas encore proposé un pour Stanislau, j’aurais bien aimé, surtout pour des raisons pratiques d’horaire, mais je ne désespère pas… En attendant, ça sera encore Ivano-Frankivsk. :mrgreen: )
Et j’ai réservé aussi un vol Lemberg-Breslau (en allemand dans le texte). J’aurais pu tout aussi bien me rendre à Posen, Stettin, Danzig, Krakau… Comme quoi…
Non, ce sont les Allemands qui sont prisonniers du politiquement correct. Ils ont tellement peur de marcher à côté des clous… Ils avaient commencé après St-Germain, quand le Sud-Tyrol était perdu, et pour ne pas avoir d’histoires quand ils touristiquaient dans les Dolomites, ils employaient scrupuleusement les noms de lieu italiens créés de bric de broc. Et de nos jours, il a bien fallu une dizaine d’années avant que la télévision allemande, pour la retransmissions des championnats de monde de biathlon, comprenne enfin qu’ils avaient lieu à Antholz, et non pas à Anterselva, et que l’allemand était langue officielle au Sud-Tyrol, et le nom « Antholz » pratiquement marque déposée. Ca finissait par être d’un ridicule…

Il est clair que comme tu le dis Andergassen, d’après ce que j’en ai vu, le renouveau de la langue allemande passait par ses pays de l’Europe centrale. J’ai suivi un cours destiné aux étudiants voulant devenir « coach » en langues étrangères avec comme exemple la langue allemande. Je ne souhaite pas devenir professeur d’allemand mais par contre l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères c’est ma vie et ce cours était dirigé par mon super prof de polonais… J’étais la seule française de ce cours et il n’y avait qu’un étudiant allemand (un prof de musicologie de mon âge) la majorité des étudiants de ce cours comme le professeur venaient d’Europe centrale, sauf un étudiant brésilien extrêmement francophile … Par contre, je n’ai jamais vu autant d’étudiants motivés par l’allemand, certains avaient déjà enseigné l’allemand dans leur pays, l’étudiant brésilien (un garçon d’une petite trentaine d’années) avait enseigné l’allemand et souhaitait aussi enseigné l’allemand dans son pays .
Bref, des gens qui sérieusement cherchaient à travers des tonnes de théories à dégager des solutions pratiques. Et moi aussi de me rendre compte que certains de ces étudiants avaient aussi cherché à étudier le français, aimaient la culture française mais que la façon dont le français était souvent enseigné en France les avait dérouté…

Oui , cher Andergassen les Allemands sont prisonniers du "politiquement correct", je l’ai remarqué aussi… Mais sans doute aussi parce que le moindre événement à connotation raciste est monté en épingle par les presses étrangère quant il s’agit de ce pays… Les journaux français insistent beaucoup sur la montée de l’AfD en Allemagne et en particulier en Allemagne orientale, sans pour autant prendre compte celle dans nôtre pays,… Dès que l’Allemagne émet une opionion non approuvée par d’autres pays, et hop on remet cela au compte l’histoire nazie de ce pays. (les Polonais ne s’en privent pas d’ailleurs!!!)…Sans compter qu’à présent le couple franco-allemand et sa soit-disant propension à vouloir gouverner le monde et l’association de la France au régime nazi… C’est ce que j’ai entendu de Polonais et cela ne m’étonne pas car le gouvernement de Vichy était alors le seul gouvernement reconnu… De plus en regardant un ancien film de Marcel Olphüs « Chagrin et pitié », il semblerait que tout le peuple Alsalcien n’est pas été défavorable à l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne hitlérienne.

Il ne s’agit ni de rendre des comptes, mais de voir les faits… Et de me dire que chacun doit voir ses responsabilités en face…

Puis pour en revenir à l’enseignement de l’allemand en France, je trouve qu’il faudrait arrêter de n’accorder légitimité à un enseignement d’une langue étrangère que par la proximité d’une frontière et par la nationalité de l’enseignant (par ex en France la priorité est donnée aux enseignants français ou natifs de pays germanophones ) … On est en Europe, on parle d’un cadre européen de l’enseignement des langues et bien justement dans ce contexte, pourquoi ne pas voir plus loin que la France (l’Alsace et la Lorraine en particulier) et les pays germaniques pour enseigner l’allemand à un Français… L’allemand on l’apprend aussi très bien en Pologne et en Ukraine, parce que dans ces pays le nombre de personnes candidats pour vivre en Allemagne ou tout simplement aimant la culture germanique - malgré un passé extrêment plus douloureux que les Français par rapport à ce pays - est en augmentation.

J’espère m’avoir exprimé de manière claire sur ce sujet. Si ce n’est le cas, je serais heureuse d’entendre vos remarques (même réprobatrices) à ce propos