Désolé de réagir si tard, mais je suis comme les cigognes : je reviens avec le printemps. Sauf que les cigognes, elles, n’oublient pas leurs mots de passe tous les six mois.
Bon, loin de moi l’idée d’amoindrir en rien la portée du talent pamphlétaire bien connu de notre Elie ; mais avant d’accuser l’Etat colonial envoyant au bagne les Hans im Schnöckeloch et shoatisant sur son passage les brädele, vous oubliez une donnée de base : il y a un déficit dramatique de profs d’allemand sur tout le territoire !
Tout simplement parce qu’il n’y a plus assez de candidats au CAPES lui-même ! L’an dernier, il y avait 345 candidats présents pour… 345 postes exactement (ah! La rectitude germanique )… Et au final : 125 admis (oui, parce que le niveau compte quand même un peu).
Donc :dans un pays qui connaît le chômage et le sous-emploi des diplômés de fac et qui offre la garantie de l’emploi à ses fonctionnaires, on ne veut plus devenir prof même quand le concours est à portée de main !
Le phénomène touche tous les concours : on ne veut plus devenir prof. On se demande bien pourquoi.
Le phénomène touche encore plus le CAPES d’allemand : un germanophone a des tas d’autres voies pour s’employer. Et pourtant, les classes d’allemand ne sont pas les pires (par contre, les réflexions lancinantes des collègues à l’égard de la langue/culture/histoire allemande, ça, ça peut jouer ).
Le phénomène touche encore plus le CAPES allemand depuis la réforme du collège : les gens suffisamment crétins pour devenir profs ne le sont pas au point de s’imaginer un avenir sur trois établissements avec la moité d’un service dans une (non-)matière autre que l’allemand.
Alors franchement, là-dedans, l’alsacicide orchestré n’y est pas pour grand-chose.
J’ajouterais un dernier argument, plus technique : jusqu’en 1998, les mutations des profs étaient totalement nationales : on mutait d’un poste en Champagne à un poste en Vendée puis d’un poste en Vendée à un poste en Isère et ainsi de suite. Les gens sans enfants, et les couples de profs de la même matière pouvaient faire des carrières en « sauts de puce » (on restait trois ans sur un poste et on avait assez de points pour obtenir un poil mieux mais à l’autre bout de la France). Ceux qui avaient un but « géographique » plutôt que « de carrière », typiquement les Alsaciens voulant à tout prix retrouver leur choucroute réussissaient à le faire assez vite et n’en bougeaient plus. Aujourd’hui, les mutations sont « déconcentrées » : on est d’abord muté dans un région et ensuite sur un poste. Ce qui rend le mouvement beaucoup plus difficile : les gens tendant à rester sur la région où ils ont été nommés la première fois.
J’ai dans l’idée que les gens qui ont muté pour la dernière fois avant 1998 (en gros, la fin des boomers) sont en train de partir en retraite. Donc avec un peu de malchance, il y a un gros appel d’air de profs d’allemand en Alsace, même sur des « beaux » postes, mais le système est bloqué : la Seine Saint Denis restera mieux lotie que l’Alsace en profs d’allemand. Libre à chacun d’y voir un complot brétzelophopique).
Y-a-t-il un cliché que j’aie oublié ?