Arte vient de diffuser un docu-film « Allemagne 1918 », qui retrasse les conditions de la rédition de l’Allemagne, les négociations du Traité de Versailles, les troubles politiques dans la fragile République de Weimar.
Tilla Durieux était alors alors l’actrice la plus en vue. Sa présence dans le film symbolise le monde du théâtre de l’époque. (Elle avait d’ailleurs posé pour Renoir à Paris avant-guerre).
Quoique, au fond, pas tellement, si l’on considère la façon dont il a traité l’Autriche allemande… surtout après avoir passé sa première rogne contre les Allemands à Versailles…
En fait, c’est lui le grand responsable de la Deuxième Guerre mondiale… et de mon passeport italien (si j’aurais su j’aurais pas v’nu).
Quand même le film évolue beaucoup dans les milieux bourgeois et repus alors que le peuple crevait de faim. J’y ai plutôt vu des socialistes de salon non ??? L’œuvre romancé m’a semblé quand même trop caricaturale à mon goût.
Par contre le rôle des militaires qui tiraient les ficelles de toute cette affaire me semble bien rendu d’un point de vue historique.
En effet, ce Clémenceau était bien un homme de « guerre » voulant anéantir l’Allemagne et l’Empire des Habsbourg, il a donné le signal de guerre dès 1913, il a fait capoté des négociations de paix en 1917, et en 1919 il était encore partisan pour reprendre la guerre et occuper l’Allemagne…
A ce sujet, vous pouvez voir une émission de France 3 sur le « rôle » de Clémenceau: L’Ombre d’un doute
J’ai appris beaucoup de choses sur Clemenceau avec ce documentaire. Je ne savais pas qu’il avait été très proche de l’extrême-gauche et qu’il avait fait tirer sur les mineurs lors des grandes grèves du début du XXé siècle.
Il a largement contribué à faire durer la guerre en rejetant les propositions de paix de l’Autriche.
Il a été intraitable avec l’Allemagne au point d’être à deux doigts de relancer la guerre.
En conclusion il s’agit d’un militariste qui aurait très bien pu conduire la France à la ruine en cas de défaite et il a en effet préparé le terrain à la revanche allemande à cause de son intransigeance.
Il a bel et bien considéré le traité de Versailles comme un diktat à imposer à l’Allemagne.
Donc nous pouvons dire qu’il a largement contribué à façonner le monde que nous connaissons aujourd’hui par ses positions pour le grand malheur de tout le monde.
Faut pas non plus tout lui mettre sur le dos, à ce pauvre Georges. Une paix séparée avec l’Autriche, ça n’aurait pas été la fin de l’a guerre. Il restait encore l’Allemagne. De même, il était loin d’être le seul à souhaiter une guerre avant qu’elle ne se déclenche…
De toutes façons, quelque soit le camp, chacun souhaitait la victoire totale. Un « match nul » n’était dans l’intérêt de personne. D’où cet acharnement des deux côtés.
Il faut aussi faire attention avec les notions d’extrêmes à l’époque. L’échiquier politique était encore en formation. Disons que Clemenceau a suivi un chemin idéologique assez classique : plus il vieillissait, plus il penchait à droite.
Quant à ses relations avec l’Autriche, il faut savoir qu’il aimait beaucoup ce pays avant 1908. Il y a séjourné, y avait des amis (comme Moritz Szeps, dont la fille a épousé le frère de Clemenceau), a rencontré le prince héritier Rodolphe avec lequel il partageait des points communs, politiquement parlant. L’annexion de la Bosnie par l’Autriche l’a déçu, et l’a convaincu que l’Autriche n’était qu’une monarchie conservatrice, autoritaire et impérialiste. D’où sa volonté de l’anéantir à la première occasion.
Le problème c’est que nous connaissons la fin de toute cette histoire et que nous jugeons cette période en fonction de nos connaissances actuelles.
En 1918 personne ne pouvait prévoir Hitler, personne ne savait si les Bolchéviques finiraient par l’emporter en Russie etc…
… et principalement axée sur la prépondérance de l’élément allemand*. D’où le démantèlement de cet élément, en créant notamment la Tchécoslovaquie, Etat de bric et de broc fabriqué pour enfoncer un coin entre ce qui restait de l’Autriche « allemande » (l’Autriche actuelle) et l’Allemagne, avec une minorité de 3 millions d’Allemands sur tout le pourtour (Sudètes), et surtout, interdiction à l’Allemagne et à l’Autriche allemande (Deutsch-Österreich) de se réunir, alors que le nouvel Etat croupion autrichien, coupé de ses bases économiques et industrielles en Bohême et dans les Sudètes, et réduit pratiquement à ses territoires alpins et à une capitale excentrée et hydrocéphale, n’était absolument pas viable. Ce qui ouvrait la voie à toutes les tentations nationalistes.
A noter que le principe d’autodétermination énoncé dans les 14 points de Wilson s’applique, dans les faits, uniquement aux nationalités non-allemandes.
En 1918, non. Mais les traités de paix ont été signés en 1919 et en 1920, et le démantèlement de l’Autriche, et surtout de la Hongrie, s’est fait en connaissance de cause, les nationalités émergentes s’étant stabilisé et ayant fait valoir leurs revendications territoriales, surtout après l’échec de la République des conseils en Hongrie. Là aussi, on laissait des plaies cruellement ouvertes…
Oui, selon le principe que c’est celui qui gagne la guerre qui décide pour les autres.
Dans le cas contraire ni la France, ni l’Italie n’auraient récupérés des territoires peuplés de germanophones.
A noter dans ce documentaire sur Clemenceau une inexactitude de l’historien.
En effet il dit : " En 1871 la France a été obligé de céder à l’Allemagne l’Alsace et une partie de la Lorraine dont la population parlait français. Il dit cela pour justifier l’esprit de revanche qui a animé par la suite les Français vis à vis de l’Allemagne (on y voit une carte ou se trouve annexée l’Alsace et toute la Lorraine).
Or seule une petite partie de cette population était de langue française. L’immense majorité parlait l’alsacien. Même chose pour la partie annexée de la Lorraine dont la population était également germanophone.
Donc ce n’est pas pour cette raison que les Français voulaient récupérer l’Alsace etc.
mais parce qu’ils pensaient que cette population voulait redevenir française.
Or, dans la réalité, après plus de trente de « germanisation » la grande majorité de la population s’était accommodée de cette situation et y trouvait même des avantages au moins économiques.
D’où les problèmes rencontrés par ces mêmes Français quand ils se sont aperçus plus tard, dès 1919 que cette population ne les accueillait obligatoirement avec un immense enthousiasme. La francisation forcenée qui s’en suivit par la suite explique bien des rancœurs.
En réalité nous avions bel et bien annexés un population germanophone.
C’est d’ailleurs encore tellement vrai que quand je me rend en Alsace j’ai l’impression de me trouver en Allemagne sauf que désormais je n’y rencontre que des francophones.
Petite précision sur la terminologie,qui a toutefois son importance. En « France de l’intérieur », on parle d’Alsace- Lorraine, par contre , en Alsace, on parle d’Alsace- Moselle, ce qui n’est pas tout-à-fait la même chose, des villes lorraines telles que Nancy, Bar-le-Duc, Epinal…etc, n’étant pas (et n’ayant jamais été-du moins à ma connaissance-), germanophones.
Il existe d’ailleurs dans la petite ville de Schirmeck un très interessant « Mémorial d’Alsace-Moselle. »