Source : les Nouvelles d’Allemagne du 14.03.06 publiée par le CIDAL
Premier conseil des ministres franco-allemand à Berlin depuis le changement de gouvernement en Allemagne
Les gouvernements français et allemands se sont réunis ce matin à Berlin pour leur premier conseil des ministres commun depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement d’Angela Merkel, dans une « ambiance chaleureuse à tous égards, sous le soleil berlinois », selon les termes employés par le président français Jacques Chirac. A l’issue de la séance, le président et la chancelière ont insisté sur les deux grandes préoccupations communes de la France et de l’Allemagne : l’intégration et l’égalité des chances, d’une part, les efforts en faveur de la recherche, du développement et de l’innovation en Europe, de l’autre.
Priorité à l’intégration et à l’égalité des chances
L’Allemagne et la France entendent poursuivre activement leur coopération sur l’intégration des jeunes défavorisés ou issus de l’immigration et sur l’égalité des chances. Elle constitue une priorité. Les deux pays développeront un forum des « bonnes pratiques ». Ils entendent définir des actions concrètes au niveau bilatéral à partir d’une évaluation commune et d’un vaste échange des expériences acquises de part et d’autre du Rhin. Dans cinq domaines (éducation, formation et emploi, urbanisme, sport, culture et égalité des chances entre hommes et femmes), ils mobiliseront tous les acteurs publics, les collectivités locales, les associations et la société civile actifs dans le domaine franco-allemand. Ces actions pourront avoir des prolongements européens.
Echanges des meilleures pratiques
Concrètement, il est prévu d’organiser une conférence sur les bonnes pratiques et des séminaires ciblés sur les moyens d’améliorer, par exemple, l’accès des jeunes défavorisés aux filières d’excellence ou de renforcer leurs compétences linguistiques. L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), qui a fait de l’intégration des jeunes défavorisés sa priorité en 2006, a également proposé en ce sens de réunir de nombreux acteurs français et allemands de différents domaines pour approfondir le dialogue. En matière d’urbanisme et de politique de la ville, les nouveaux préfets français délégués à l’égalité des chances et les délégués correspondants des communes en Allemagne pourraient ainsi présenter leurs expériences respectives. La chancelière Angela Merkel a, pour sa part, annoncé qu’elle irait à la rencontre des jeunes concernés par les problèmes d’égalité des chances en participant, avec le président Chirac, à un débat avec eux lors du prochain conseil des ministres franco-allemand, en octobre, à Paris.
Les deux gouvernements entendent aussi impliquer les entreprises des deux pays, et favoriser la mobilité des jeunes en Europe. Ils souhaitent organiser des activités communes autour de grands événements sportifs tels que la Coupe du monde de football en Allemagne et le Tour de France. Enfin, ils entendent renforcer la lutte contre les discriminations, via les médias et la culture, mais aussi les échanges scolaires ou les réseaux de chercheurs en sciences sociales. Tous ces efforts doivent aboutir en 2007 à une initiative ambitieuse dans le cadre de l’Année Européenne de l’Egalité des Chances et de la présidence allemande du conseil européen.
Renforcer la recherche et l’innovation en Europe
La recherche, le développement et l’innovation sont l’autre priorité d’Angela Merkel et de Jacques Chirac. La perspective est européenne. Il s’agit de jouer un rôle moteur dans la mise en place d’un espace européen de la recherche et dans la création d’un conseil européen de la recherche, tout en encourageant l’innovation européenne à travers de grands projets d’avenir. Cela passera, dans le domaine de la recherche, par des efforts budgétaires accrus, par le renforcement des coopérations entre les institutions de recherche françaises et allemandes et par le rapprochement avec l’industrie dans une perspective européenne d’ensemble.
Les deux pays soutiennent aussi le développement de grands projets dans le domaine des nouvelles technologies. Ils concernent en particulier l’économie numérique. Tel est le cas de projets comme le moteur de recherche Quaero, mais aussi d’un projet dans le domaine de la biophotonique qui donnera des outils pour améliorer le dépistage précoce du cancer et des maladies inflammatoires de la peau, d’un projet d’imagerie moléculaire à très haut champs en IRM et du projet de « bibliothèque numérique européenne ». Le groupe industriel franco-allemand mis en place en octobre 2004 présentera par la suite d’autres propositions de coopération.
La chancelière allemande s’est, par ailleurs, félicitée de l’ouverture de l’économie française aux investissements étrangers. Elle s’est montrée impressionnée par les chiffres concernant les investisseurs étrangers en France, qui sont plus nombreux qu’en Allemagne ou qu’en Italie.
Pour une politique européenne de l’énergie
Lors de la conférence de presse, Jacques Chirac et Angela Merkel se sont également prononcés pour « le lancement à l’échelle européenne d’une véritable politique de l’énergie ». Le président Jacques Chirac en a cité les aspects essentiels : sécurité de l’approvisionnement, compétitivité et respect de l’environnement. Français et Allemands entendent, par ailleurs, développer leur coopération énergétique sur le plan de la recherche et de l’innovation. Notamment dans les domaines des biocarburants ou des énergies alternatives.
Un pont pour relier les réseaux ferroviaires à grande vitesse
Les priorités accordées à l’intégration et à la recherche n’ont toutefois pas fait disparaître les autres aspects de la coopération franco-allemande. Dans le domaine des transports, les ministres français et allemand, Dominique Perben et Wolfgang Tiefensee, ont signé un accord sur la construction d’un pont ferroviaire pour relier les réseaux à grande vitesse des deux pays. A partir de 2010, les trains TGV et ICE pourront y circuler à 160 kilomètres/heure, ce qui réduira le temps de transport. Ce pont, construit à Kehl, enjambera le Rhin. Les travaux commenceront l’an prochain et coûteront 23 millions d’euros. D’autres projets viendront également approfondir l’interconnexion des réseaux ferrés français et allemand. L’Allemagne a notamment l’intention de développer la ligne ferroviaire qui traverse la Sarre et relie la frontière française à Francfort.
Le manuel d’histoire franco-allemand dans les cartables à la rentrée 2006
Les gouvernements français et allemand ont, par ailleurs, annoncé que le manuel d’histoire commun franco-allemand arriverait dans les cartables des élèves à la prochaine rentrée. Il s’agit, pour l’instant, du premier des trois volumes que comptera l’ouvrage. Dans le respect des programmes scolaires en vigueur des deux côtés du Rhin, il retrace l’histoire mondiale à partir de 1945 et s’adresse aux élèves de Terminale. Les deux autres volumes, publiés en 2007 et 2008, traiteront des périodes allant respectivement de l’Antiquité au Romantisme et du 19ème siècle à 1945. L’ouvrage sera disponible dans les deux langues avec un contenu strictement identique.
L’apprentissage de l’allemand en hausse
Enfin, les dirigeants français et allemands ont pu constater aujourd’hui avec satisfaction que les efforts faits en France et en Allemagne pour relancer l’apprentissage de la langue du partenaire commençaient à porter leurs fruits. En France, le nombre d’élèves apprenant l’allemand en sixième a augmenté de 9 % à la rentrée 2005. Une progression avait déjà été constatée en 2004 au niveau de l’école primaire. L’explication réside notamment dans l’augmentation (+ 40 %) du nombre de classes de sixième bilingues (allemand-anglais). En Allemagne, l’augmentation de l’apprentissage du français est un peu plus faible (+4%) dans le secondaire, mais elle atteint 21 % dans le primaire.