Crimée

Tu vas rire, Kissou, je n’ai jamais appris l’alphabet cyrillique, du moins systématiquement. Je serais incapable de l’énumérer dans l’ordre, sauf le début, a, vé, gué, dé, et pourtant, c’est instinctivement que je consulte le dictionnaire.
A l’époque, notre professeur était contre l’apprentissage de l’alphabet par coeur, nous avons appris les lettres progressivement avec chaque mot nouveau. Mais bien entendu, l’alphabet figurait au début du manuel, et on pouvait toujours s’y référer. Le professeur pratiquait la méthode associative du son et de sa représentation. Une seule lettre pour chtch (щ), c’était le pied ! :smiley:
Dans cet ordre d’idées, un Allemand de Bohême avait pensé, histoire de rigoler, d’économiser les lettres en allemand en adoptant l’orthographe phonétique du tchèque, langue qui attache comme l’allemand beaucoup d’importance à la longueur des voyelles. Par exemple, Schlittschuh (patin à glace) devenait Šličů, avec un i bref et un u long. Rapportée à l’alphabet cyrillique, cette transcription d’un son complexe par une seule lettre avec un signe diacritique se fait encore mieux comprendre dans l’ex-Yougoslavie, où l’on utilise les alphabets latin et cyrillique. (Milošević = Милошевић)

Et sinon, la Crimée…vous en pensez quoi ?

Personne ne veut constituer une milice en uniforme sans marque d’identification pour « libérer » la Wallonie à mes côtés ?

Ah Kissou, tu veux dire, apprendre le nom des lettres ? A mon avis, ça n’a aucun intérêt ! Moi non plus je ne les sais pas toutes, ça peut poser problème quand tu épelles, mais c’est très rare et avant d’avoir le niveau d’épeler des choses en russe, tu as le temps d’apprendre tout le reste !
Et comme Andergassen, moi non plus je sais pas l’alphabet dans le bon ordre, et contrairement à lui, ça me pose problème quand je cherche un mot dans le dictionnaire (mais heureusement ça ne m’arrive pas souvent !)

@x-ray : je n’en pense presque rien. Tout ce qui se passe en Ukraine est d’une absurdité sans nom, et les commentaires ici à ce sujet encore pire.
Tout ce que je peux dire, c’est que tous nos amis de Crimée sautent de joie de devenir Russes. Et que mon mari regrette bien de n’avoir pas pensé plus tôt à se faire domicilier chez une de ses amies en Crimée, parce que lui aussi il aimerait bien échanger son passeport ukrainien contre un russe !

(merci pour les conseils concernant l’apprentissage du russe !! )

mais pour quelles raisons Sonka ton mari préfèrerait être russe que ukrainien ???

On va pouvoir faire un groupe de soutien pour l’apprentissage du russe si je m’y remets bientôt aussi ! :smiley:

Le Yiddish , ses sonorités , sa musicalité me donnent toujours des frissons.
Quelques chansons yiddish d’Odessa . Les interprètes ne sont pas jeunes …d’autant plus émouvant.
J’ai toujours ressenti , une certaine fascination pour ce petit monde des gens simples des shtetel d’Europe de l’est .

comme je te comprends Michelmau… j’adore aussi !

C’est pas les raisons qui manquent. D’abord et surtout, c’est son pays de cœur. Ensuite, c’est plus intéressant à l’international d’avoir un passeport russe qu’ukrainien, ou ça va le devenir (je ne sais pas où ça en est, mais il était question d’instaurer des visas entre la Russie et l’Ukraine). La double nationalité franco-russe ne pose aucun problème, contrairement à la franco-ukrainienne. Et enfin, même s’il le dit peu, il est persuadé que la Russie va (et est en train de) redevenir une très grande puissance, et que dans 10, 20, 30 ans, il fera peut-être meilleur vivre en Russie qu’en Europe.

L’Ukraine est un pays mal né. Le nationalisme de l’après URSS est un modèle balte. On en voit les ravages quand il est appliqué ailleurs, et un peu dans les pays baltes aussi.

L’Ukraine bilingue dans les faits et largement biculturelle dans un rapport intime avec la Russie ne peut pas se définir comme une nation rassemblée dans le mythe national unique. C’est pourtant exactement ce qu’ils ont fait. La tresse folklorisante d’une Timochenko en est la manifestation la plus délirante et pourtant justement la plus symbolique aux yeux des occidentaux qui ont décidément besoin de lunettes triple foyer.

Ceux qui parlent russe en Ukraine peuvent être très anti-Moscou. Or, les nationalistes qui rêvent de prendre Kiev mais qui viennent plutôt des Carpathes (j’exagère, je sais…) ne leur laissent aucune place depuis vingt ans maintenant. L’impatience voire l’éner ement et la rencœur sont compréhensibles, il me semble. En Crimée, c’est plus simple, personne parmi la société russe ne s’est jamais senti ukrainien. La céssession est une illusion d’optique, la colle n’a jamais pris.

La corruption finit aussi par énerver tout le monde, ukainophones compris. Tous les politiques sans exception sont en Ukraine au niveau de corruption où était la Russi sous Eltsine. Pas étonant que certains regardent vers la Russie avec une certaine admiration pour avoir mis au pas les oligarques mafieux. La corruption russe est ce qu’elle est, mais il existe un état russe qui ne se confond pas avec elle. La limite état/corruption en Ukraine est plus floue qu’un ricard dans le brouillard.

Les Ukrainiens russophone mais aussi une partie des de la population largement bilingue aimerait bien une économie et un ordre dans les affaires publiques à la Poutine, tout simplement car entre l’efficace et le délirant, l’homme de la rue préfère l’ordre. Les journalistes occidentaux ont d’ailleurs bien vite oublié que les manifrstations de Kiev, aussi financées par Washington soient-elles, visaient à condamner létat mafieux, pas un parti en particulier. Les factions nationalistes, nazies ou pas, ont fait le reste. D’où un beau bordel.

Pas étonnant qu’un russophone ukrainien ne se sente pas concerné par le nationalisme fascisant antirusse. Pas étonnant qu’il se sentent attiré par une politique des mains propres qui a le mérite d’exister malgré ses échecs et ses limites (j’aime pas trop la Russie, en fait, n’oubliez pas). Pas étonnant qu’un homme culturellement russe et ukrainien à la fois refuse de rejeter l’un pour l’autre puisque c’est l’héritage normal de ces populations. Pas étonnant non plus qu’un homme ni nazi ni adepte du folklore carpathico-galicien voie en ces nationalistes des extraterrestes antipathiques. Pas étonnant non plus qu’un russophone qui sait lire se rende compte du petit jeu géopolitique des Américains avec l’OTAN et le condamne car il n’a aucune raison d’adhérer à la mythologie russodiabolisatrice des fanatiques américains qui ne supportent pas l’idée d’un monde multipolaire…

Que cet homme là soit le mari de Sonka ou un autre, c’est un autre débat. Je ne connais pas le monsieur.

Qui d’ailleurs, d’après lui, ne parlent même pas bien ukrainien.

Oui oui, très bien vu, comme toujours, Elie.

Ah si, il y a quand même quelque chose encore, c’est la génération. Mon mari est un homo sovieticus. Sa soeur, née en 1986 pourtant au même endroit et dans la même famille, soutient Maïdan à fond et interdit à ses parents de lui parler en russe…

D’ailleurs Timochenko aussi… elle vient d’une famille russophone. Le reste est de la mise en scène. Le nationalisme ukrainien a été instrumentalisé à la balte par des Ukrainiens moyennement voire très médiocrement ukrainiens, en tout cas sans aucun rapport avec les fossiles vivants de l’ouest qui correspondraient en France au mieux à la paysannerie des hautes-Alpes. Imaginez les dégâts s’ils s’emparaient en dix ans de l’académie française, l’assemblée nationale et la France télévision… aïe. N’oubliez pas que vu de Kiev, l’indépendance version nationalisme a surtout l’avantage de ne pas partager le fric de la corruption avec Moscou. Le cynisme des « oranges » me faisait déjà froid dans le dos, mais la bêtise et l’inculture des médias occidentaux a de quoi faire sauter l’ange Gabriel en personne par la fenêtre et sans ses ailes…

Les divisions familiales prouvent une chose : c’est politique donc artificiel, pas culturel et encore moins national ou ethnique. D’après les échos que j’en ai, la langue branchée est l’ukrainien, le russe est un stigmate populo-prolo-soviético-vieillot. C’est un principe strictement sociologique. De plus, c’est justement dans le groupe dénigré que les revirements sont les plus absolus car c’est eux qui ont le plus à perdre à faire dans la nuance : leur imaginaire coolitude. La propagande habituelle des lendemains capitalistes qui chantent fait le reste. C’est pour l’exacte même raison que les lorrains germanophones ont des enfants qui leur parlent en français.

Ça, c’est très con.

Ces idiots d’Ukrainiens auront fini par me faire passer pour un amoureux de la Russie, pays en fait ô combien sclérosé dans la bêtise machisto-putassière d’une société qui se fait baiser devant par l’église et derrière par l’armée. :imp:

Interessant ce que dit Sonka à propos de sa belle-soeur. J’ai vraiment été frappé , dans tous les reportages que j’ai pu voir à la télé par le jeune âge des manifestants de la place Maïdan. Par contre , les manifestants pro-russes semblaient appartenir à une autre génération et manifestaient leur attachement à l’ancienne Union soviétique.
Ca me fait penser un peu , toutes proportions gardées , à ces jeunes bretons acculturés par toute une génération qui leur qui leur rebattait les oreilles de " ne servij da netra = ça ne sert à rien" ( d’apprendre le breton) et qui , d’eux-mêmes s’y sont mis et revendiquent à présent , haut et fort, leur particularisme.
Ce que j’en dis n’est pas à prendre comme une affirmation , mais plutôt comme une interrogation.

Ben oui, d’autant plus que pour mes beaux-parents, c’est tout sauf naturel de parler en ukrainien, ça leur demande vraiment un effort. Ils parlent surtout « sourjik » (sabir), mais ça ne permet pas de tenir une conversation entière. Je les ai entendus l’autre jour lui répondre au téléphone : ils tiennent 2-3 phrases, puis repassent au russe.

Timochenko, oui carrément, la reine des hypocrites, mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour avoir un poste et des sous-sous !

michelmau, en partie oui, même s’il y a aussi pas mal de jeunes qui manifestaient à Donetsk l’autre jour :wink:

J’aurais une petite question aux nombreux russophones de ce forum: y a-t-il des règles de transcription des noms de l’alphabet cyrillique en français ?
Je vois par exemple que wiki en français écrit Ianoukovytch, alors que dans la presse française, il semble que Ianoukovitch domine. D’ailleurs, wiki écrit le nom des parents avec un I. Pareil pour Timochenko, on trouve I ou Y.

Pas russophone , mais il me semble qu’il existe un ( et même plusieurs) codes de translittération du cyrillique au français .

P…., t’as décidé de faire péter la planète, toi… :astonished: C’est la question qui tue, et on ne compte plus les morts. Sonka, ne pleure pas, il est méchant le monsieur Mislep (ou madame, j’ai jamais suivi), nous on t’aime Sonioutchka nacha.

Pour les y intempestifs de l’ukrainien, c’est à cause du yoyo. Un nom avec un и sera un i russe mais un y ukrainien, car la même graphie correspond à deux nuances de i différentes dans ces deux langues. Au lieu de changer l’orthographe ukrainienne de ces noms écrits en fait à la russe, ces idiots les prononcent à l’ukrainienne, ce qui torpille toute tentative de transcription. Bref, ils font passer sur wiki pour ukrainiens des noms qui sont écrits à la russe en cyrillique. D’ailleurs, le nom de son père est transcrit en -itch, à la russe. D’où la connerie.

Procédure standard pour transcription cyrillique=>latin :

  1. On prend une grande respiration, on a besoin d’un cerveau très bien oxygéné.
  2. On ne lit pas la presse. Jamais. Sous aucun prétexte.
  3. On regarde calmement les lettres du nom d’origine en cyrillique et on contemple. Longuement.
  4. On réfléchie bien avant de se lancer si ça vaut vraiment la peine.
  5. On se lance. Parachute et casque obligatoire.
  6. On ne change pas les voyelles sinon on meurt. Même les différents i, on s’en fout.
  7. On regarde les consonnes une à une calmement.
  8. On peut encore reculer, il est encore temps.
  9. On choisit une langue de référence en prenant bien soin de ne pas choisir une connerie.
  10. On transcrit les sons de chaque consonne sans rien oublier et on se détourne de tout nom avec un Ж.
  11. On se relit pour être sûr d’avoir pas mélanger plusieurs langues de référence.
  12. On s’attaque au Ж : Amis polonais et croates, vous pouvez rire, c’est facile pour vous. Francophones, soyez forts, la lettre J existe, profitez-en. Germanophones, laissez tomber, vous n’y arriverez jamais, garder le SCH on n’entendra pas la différence dans votre bouche de toute façon. Reste du monde : bien fait pour vous, vous n’avez que ces nazes d’Anglais pour vous, hahaha, donc ZH inepte et laid pour tout le monde. Bien fait, z’aviez qu’à apprendre le français.
  13. Les plus intelligents d’entre vous apprennent les diacritiques ČŠŽ et vous éteignez la lumière en partant.

Et voila.

Bon , allez , les chinois ont bien réussi à transcrire le mandarin en caractères latins (pinyin) universellement reconnu ; ça ne devrait pas être beaucoup,plus compliqué pour le russe , non ?

Merci pour tes explications sur le fond du problème ukrainien Elie. J’ai appris beaucoup.

Pour le cyrillique, ma profonde detestation de la Russie me rend totalement hermétique…désolé Sonka.

J’ai toujours eu l’impression que ce pays et ses avatars ont toujours ignoré ce qu’est le droit…les amerloks font au moins semblant !!!

Mais je me trompe peut-être.

Le pinyin est le pinyin, et c’est uniforme pour le monde. Le problème, c’est que personne ne se donne la peine, surtout en France, de savoir comment ça se prononce, et on prononce à la française. Et on est tout surpris d’apprendre que le pinyin a été surtout créé pour rendre les nasales, et qu’il y a des nasales en chinois (par exemple le Mao Tsé Toung en français de la belle époque est devenu Mao Zedong, prononcé Mao Tsédon, nasal.)
Pour le russe, il faut savoir où l’on met les pieds. Comme nous l’avons vu, il y a plusieurs manières de transcrire, plus celles en signes diacritiques utilisées pour les langues slaves, qui sont utilisées pour la transcription des actes officiels. J’ai eu dans les mains des passeports soviétiques et russes avec la transcription « française » jusque vers le milieu des années 90, et maintenant, c’est la transcription anglaise qui prévaut.
Il en résulte par exemple qu’un Soviétique ou un Russe qui émigrait en Allemagne n’avait pas un dossier avec son nom transcrit en allemand, mais écrit à la française, conformément au libellé de son passeport à son arrivée.

x-ray, la Russie n’est pas le seul pays qui utilise l’alphabet cyrillique.