Crimée

A mon avis, c’est pas elle ni personne ici qui te dira qui aimer ou pas, on s’en fout, de tes goûts. Il te reste la Bulgarie pour les slaves, et tu peux même militer pour garder le cyrillique en Mongolie. Le combat d’une vie, héroïque ! J’ai découvert que je reçois une chaine télé kazakh, tu veux que je t’enregistre des trucs, c’est en cyrillique aussi ? :laughing:

Pour le pinyin, ça fait partie du plan de lutte contre l’analphabétisme en plus de l’ouverture à l’international. Bref, c’est pas en regardant les lettres du pinyin que vous saurez prononcer le chinois, ce sont des conventions.

Pour l’Ukraine, tout le monde ne sera pas d’accord avec moi… je ne suis qu’une source de réflexion parmi d’autres. :respect:

Je me passerai de la télé Kazakh, merci.

Pour répondre à ta question Mislep (et Elie a raison, c’est une question « épineuse » pour le moins) : il y a plein de façon de translittérer le russe. Il existe une translittération officielle, sous forme de norme ISO : elle est parfaite et répond très précisément aux besoins de la translittération, mais personne ne l’utilise jamais. A commencer parce qu’elle utilise des signes diacritiques disponibles sur aucun clavier occidental (sauf Tchéquie, etc.) Or, évidemment, le but d’une translittération, c’est de rendre les mots utilisables dans la langue d’arrivée, donc but raté.

Après, chaque langue translittère phonétiquement. Je ne connais que trois grandes tendances : allemand, anglais, français, mais on peut dans l’absolu imaginer que n’importe quelle langue translittère à sa sauce.

Et ce que veut dire Elie de façon peut-être un peu embrouillée, c’est que les langues d’arrivées vers lesquelles on translittère n’ayant pas toutes les mêmes caractéristiques phonétiques, on obtient forcément des résultats différents. Très bon exemple du J (je parle du son J français), qui n’existe ni en anglais, ni en allemand, d’où des translittérations différentes.

Ca pose de vrais problèmes. Mon mari ayant émigré à la fin des années 90, il a comme le dit très justement Andergassen, un translittération anglaise. Ce qui ne nous arrange pas du tout vu que nous vivons en France. Et encore moins du fait que nous avons justement un J et des I dans notre nom, qui sont parmi les lettres les plus problématiques. Résultat, notre nom est imprononçable. Enfin, il serait déjà difficile s’il était correctement orthographié, mais là il est juste impossible.

Ca me pose aussi des problèmes en traduction. Je translittère toujours à la française, car mon lectorat est français, mais je précise toujours au client que les noms peuvent être modifiés pour correspondre à ce qui figure sur les passeports en cas de besoin.

Pour en revenir à ta question. Dans ce cas précis, le problème vient de ce qu’il y a plusieurs I en russe (deux principaux И Ы et un « demi-I » Й). Donc à nouveau, à chacun sa politique : en principe les anglophone translittèrent И = I et Ы = Y. Personnellement, je translittère toujours tout en I : en effet, il n’y a de toute façon qu’un I en français, donc je ne vois aucun intérêt à compliquer au lecteur une lecture souvent déjà ardue.
En l’occurrence, Timochenko et Ianoukovitch n’ont l’un et l’autre que des И dans leur nom en russe, donc si l’on translittère du russe, il n’y a vraiment aucune raison d’y voir le moindre Y.
Mais c’est oublier qu’on peut translittérer de l’ukrainien et non du russe. Si tu regardes leurs noms en russe et en ukrainien, tu verras qu’ils sont orthographiés exactement de la même façon en cyrillique. Mais le cyrillique ne correspond pas à la même phonétique en russe et en ukrainien. Autrement dit, ils s’écrivent pareil mais se prononcent différemment. En l’occurrence, ce qui se prononce I en russe se prononce Y en ukrainien. Donc, si on translittère de l’ukrainien, le Y est tout à fait logique (sauf si comme moi on considère qu’on s’en fout :wink: )

Vu la situation actuelle, c’est quasiment un choix politique : doit-on translittérer le nom d’untel ou d’untel depuis l’ukrainien ou depuis le russe ?

Et enfin pour l’anecdote, je reviens à mon nom de famille : il contient (en français) un I et un Y, ce que j’ai mis un peu de temps à comprendre, vu qu’en russe il ne contient que deux I : c’est qu’en ukrainien, il contient un Y et un I. Et cela devrait d’ailleurs en théorie être la même chose en russe, si n’était les exceptions orthographiques à coucher dehors du russe, qui rendent certaines combinaisons de lettres impossibles (Y impossible derrière certaines lettres). Tout ceci est d’autant plus « amusant » que notre nom n’est de toute façon ni russe ni ukrainien, mais probablement d’origine turco-kékchose, ce qui signifie qu’il résulte déjà à l’origine d’une translittération vers le cyrillique ! :laughing:

PS : euh, ça va, je t’ai pas perdu, Mislep ?

pour Mislep je ne sais pas…

mais moi je suis paumée entre l’Ukraine et la Russie…

I…
Y…

de toute façon le deuxième est « grec »… Ni Russe ni Ukrainien… :laughing:

non sans blague… ton explication est très claire… j’apprends plein de choses !

Non, c’est très clair.
Merci à tous d’avoir mis les points sur I :smiley:

Ah mince, j’oubliais encore une chose : en ukrainien, il y a encore plus de I qu’en russe (cinq au lieu de trois !), dont des I avec des points ! :laughing:

Donc…logique… Qu’ils sachent mettre les points sur les I !! :stuck_out_tongue:

Et même les deux en ce qui concerne l’Ukraine ! :stuck_out_tongue:
beastcoins.com/World/Ukraine/E0144.jpg

Petite incise à propos du pinyin : il est certain qu’on ne va pas apprendre à prononcer correctement le mandarin via le pinyin , mais il faut tout de même bien reconnaitre que , par rapport aux systèmes utilisés précedemment (ceux inventés par les Jésuites au XIXème siècle et celui de Wade ), il est nettement plus proche de la prononciation originale ; Beijin et MaoZeDong , pas beaucoup de rapports avec Pékin et Mao Tsé Toung. Fin de l’incise.

Mais quel est ce diable de cinquième i ? j’en trouve quatre: И Й І Ї. Il n’y a pas de Ы en ukrainien.

Je confirme : il y a bien 4 i en ukrainien, ceux indiqués par Elie. Le Ы est russe.

Ah oui, 4 ! J’avais dit ça de mémoire, mais ne le pratiquant pas…

Oh tu n’apprenais pas des rudiments d’ukrainien il y a quelques années? :smiley:
De toute façon, historiquement, les i ukrainiens devraient être inversés. C’est le И qui était mouillé, résultat de deux І liés. Ils font tout de travers… Le Ы russe vient bien d’un signe dur, logique même si on ne le voit plus.

Et à propos des liens historiques et linguistiques entre l’Ukraine et la Pologne, et les khanats tatars de Crimée, je citerai la fin du film polonais « Ogniem i mieczem* » (Par le fer et par le feu), d’après l’ouvrage homonyme de Sienkiewicz :
« Les guerres continuèrent. Une vague de destruction déferla sur la Pologne et l’Ukraine. La haine empoisonna le coeur des deux peuples frères. 150 ans plus tard, Catherine II de Russie conquit les knanats de Crimée, anéantit la Sitch des cosaques et entraîna l’agonie de la République des Deux nations. » (traduction Andergassen)
La musique du générique de fin unit la Pologne et l’Ukraine dans une même chanson « Hej sokoly », qui fait allusion à cette époque troublée de la révolte des cosaques contre la noblesse polonaise.
youtube.com/watch?v=Wd6KEtSrxLY

*Un film avec deux bogoss et une belnana

Wolfgang Schäubele , ministre CDU du gouvernement Merkel compare l’annexion de la Crimée par Poutine à celle des Sudètes par Hitler.
Merkel prend ses distances avec son ministre des finances sur cette affaire.
Source :
http://www.zeit.de/politik/ausland/2014-03/hitler-vergleich-krim-krise-merkel-schaeuble

Sur le point de vue « atlantiste » des medias occidentaux, un article dans le Monde diplo de ce mois
monde-diplomatique.fr/2014/04/ZAJEC/50293

Arf, ne suis pas abonnée, mais peut-être une bonne occasion de l’acheter en papier… Merci x-ray !