Pour répondre à ta question Mislep (et Elie a raison, c’est une question « épineuse » pour le moins) : il y a plein de façon de translittérer le russe. Il existe une translittération officielle, sous forme de norme ISO : elle est parfaite et répond très précisément aux besoins de la translittération, mais personne ne l’utilise jamais. A commencer parce qu’elle utilise des signes diacritiques disponibles sur aucun clavier occidental (sauf Tchéquie, etc.) Or, évidemment, le but d’une translittération, c’est de rendre les mots utilisables dans la langue d’arrivée, donc but raté.
Après, chaque langue translittère phonétiquement. Je ne connais que trois grandes tendances : allemand, anglais, français, mais on peut dans l’absolu imaginer que n’importe quelle langue translittère à sa sauce.
Et ce que veut dire Elie de façon peut-être un peu embrouillée, c’est que les langues d’arrivées vers lesquelles on translittère n’ayant pas toutes les mêmes caractéristiques phonétiques, on obtient forcément des résultats différents. Très bon exemple du J (je parle du son J français), qui n’existe ni en anglais, ni en allemand, d’où des translittérations différentes.
Ca pose de vrais problèmes. Mon mari ayant émigré à la fin des années 90, il a comme le dit très justement Andergassen, un translittération anglaise. Ce qui ne nous arrange pas du tout vu que nous vivons en France. Et encore moins du fait que nous avons justement un J et des I dans notre nom, qui sont parmi les lettres les plus problématiques. Résultat, notre nom est imprononçable. Enfin, il serait déjà difficile s’il était correctement orthographié, mais là il est juste impossible.
Ca me pose aussi des problèmes en traduction. Je translittère toujours à la française, car mon lectorat est français, mais je précise toujours au client que les noms peuvent être modifiés pour correspondre à ce qui figure sur les passeports en cas de besoin.
Pour en revenir à ta question. Dans ce cas précis, le problème vient de ce qu’il y a plusieurs I en russe (deux principaux И Ы et un « demi-I » Й). Donc à nouveau, à chacun sa politique : en principe les anglophone translittèrent И = I et Ы = Y. Personnellement, je translittère toujours tout en I : en effet, il n’y a de toute façon qu’un I en français, donc je ne vois aucun intérêt à compliquer au lecteur une lecture souvent déjà ardue.
En l’occurrence, Timochenko et Ianoukovitch n’ont l’un et l’autre que des И dans leur nom en russe, donc si l’on translittère du russe, il n’y a vraiment aucune raison d’y voir le moindre Y.
Mais c’est oublier qu’on peut translittérer de l’ukrainien et non du russe. Si tu regardes leurs noms en russe et en ukrainien, tu verras qu’ils sont orthographiés exactement de la même façon en cyrillique. Mais le cyrillique ne correspond pas à la même phonétique en russe et en ukrainien. Autrement dit, ils s’écrivent pareil mais se prononcent différemment. En l’occurrence, ce qui se prononce I en russe se prononce Y en ukrainien. Donc, si on translittère de l’ukrainien, le Y est tout à fait logique (sauf si comme moi on considère qu’on s’en fout )
Vu la situation actuelle, c’est quasiment un choix politique : doit-on translittérer le nom d’untel ou d’untel depuis l’ukrainien ou depuis le russe ?
Et enfin pour l’anecdote, je reviens à mon nom de famille : il contient (en français) un I et un Y, ce que j’ai mis un peu de temps à comprendre, vu qu’en russe il ne contient que deux I : c’est qu’en ukrainien, il contient un Y et un I. Et cela devrait d’ailleurs en théorie être la même chose en russe, si n’était les exceptions orthographiques à coucher dehors du russe, qui rendent certaines combinaisons de lettres impossibles (Y impossible derrière certaines lettres). Tout ceci est d’autant plus « amusant » que notre nom n’est de toute façon ni russe ni ukrainien, mais probablement d’origine turco-kékchose, ce qui signifie qu’il résulte déjà à l’origine d’une translittération vers le cyrillique !
PS : euh, ça va, je t’ai pas perdu, Mislep ?