Voilà que Frauke Petry , l’une des dirigeantes de l’AfD tente de « détabouiser » l’adjectif « völkisch » ; dont le Duden dit dans sa définition :qu’il est , entre autres , un terme « national-socialiste » figurant dans " l’idéologie raciste du national-socialisme."
Pour ma part , c’est ce que j’ai toujours entendu dire.Pour rappel , l’organe de presse du parti nazi ( NSDAP) s’appelait le " Völkischer Beobachter" , organe raciste s’il en fût.
Elle dit ne pas l’employer elle-même , mais…
Petit histoire juive :
" 1946 ; un juif entre dans un café:"Josef , apportez -moi un thé et le « Völkischer Beobachter ». Mais monsieur , je vous ais déjà dit cent fois que le « Völkischer Beobachter’ n’existe plus. " Je sais bien , mais je n’arrive pas à me lasser d’entendre ça. »
Ca rappelle un peu le sketch de Fernand Reynaud :« Garçon , apportez-moi un café…avec deux croissants. » ( Du moins pour ce qui est du début.)
Völkisch était à l’origine un dérivé de Volk, le peuple dans son sens noble, je dirais. Son sens a été clairement dévoyé par les nazis pour se réclamer du « peuple » et asseoir la légitimité du nazisme. Il fallait donc se poser la question : « Qu’est-ce que c’est que le peuple ? » « Mein Kampf » et le « Völkischer Beobachter » fournissaient les réponses adéquate et permettaient de faire le tri.
C’est comme « populaire » en français : « démocratie populaire » était un terme qui s’appliquait à des régimes totalitaires satellites de l’Union soviétique, pour légitimer un pouvoir émanant théoriquement « du peuple ».
Dédiaboliser le terme « völkisch » pour revenir au sens premier est très louable en soi, mais aujourd’hui, malheureusement, ce terme est trop lourdement connoté pour retrouver la blancheur Persil.
Naturellement, il ne faudrait pas tomber dans l’excès contraire en bannissant à vie, par exemple, des termes comme « Führer » parce qu’il y a eu une période où… Il faudrait dans ce cas être conséquent et remplacer « Führerschein » par « Fahrerlaubnis », vraiment le « permis de conduire ». Et tout le reste à lavement, comme dirait Bérurier…
Petry est une nazi, tout simplement. Elle ne peut pas dédiaboliser le mot, c’est ce mot qui diabolise le reste de phrase dans sa bouche. Ne me demandez pas pourquoi elle n’est toujours pas en prison, cela dépasse l’entendement.
Content de constater que les déclarations de Petry ont suscité une certaine opposition au sein de la classe politique allemande , mais aussi ( ce qui m’intéresse davantage) chez des linguistes.
Heidrun Kämper , 62 ans , linguiste et politologue, prof à l’institut pour la langue allemande de l’université de Mannheim réagit :le mot « völkisch » doit rester à l’index tant il est connoté nazi .
Son explication:
Hier , au centre du résistant déporté , situé sur l’emplacement de l’ancien KZ du Struthof , pour écouter une lecture édifiante ; des lettres anonymes de dénonciation du temps de la dernière guerre, dénonçant , des juifs , des tsiganes , des communistes…lues par deux excellents comédiens.Titre de la lecture : « de bon Français » , signature fréquente à la fin de ce genre de lettres
Content d’entendre madame Neau-Dufour , jeune directrice du centre, historienne de formation ( germaniste) évoquer les dérives sémantiques de Frauke Petry à propos du terme "völkisch"en relation avec la campagne haineuse de l’AfD envers les réfugiés , dans sa rapide présentation de la lecture.
Pour moi, il n’y a eu pire ennemis de langue allemande qu’Hitler et ses sbires, après tous les mots ont perdu leur sens. Je pense dans ce sens partager l’avis d’Andergassen
A l’heure actuelle en France aussi les médias emploient de plus en plus le mot populiste pour ne pas dire « extrême droite ». Populaire/Populiste; et le Front populaire n’a rien à voir avec le Front National…
Campagnes haineuses envers les réfugiés, à vrai dire je ne peux m’empêcher de voir le phénomène de l’AfD en Allemagne comme indissociable de la montée des parties extrémistes dans toute l’Europe, et la France est loin d’être épargnée. 10% de chômeurs en France contre 5% en Allemagne en gros grossier, mais cela ne veut pas dire que nous avons reçu moitié moins de réfugiés, non on est loin du compte, et pourtant l’accueil des réfugiés fait aussi débat.
Ceci dit cela m’amuse encore de voir que nous utilisons encore dans notre vocabulaire des mots comme « ressources humaines » qui sont tout droits issus de la terminologie nazie.
Je n’aime pas du tout la Petry, mais pour des sujets aussi sensible, il est toujours bon de rappeler qu’il s’agit avant tout d’un contexte européen dans un contexte de flux migratoire non maitrisé.
Quant à Kinder-Küche und Kirche , cela me rappelle certains mouvements extrémistes terroristes actuels mais il semblerait qu’ils aient rajouté Kalachnikow aux devoirs de la femme convertie à leur idéologie meurtrière.