Guten Tach?

Salut tout le monde,

Je ne sais pas si je suis dans la bonne catégorie, merci de me le dire si ce n’est pas le cas !
Je suis actuellement en Erasmus dans l’Est de l’Allemagne (Frankfurt/Oder), et j’ai remarqué tout à l’heure que certains allemands disaient « Guten Tach », je savais que c’était utilisé dans certaines régions mais pas dans l’Est. Ma question : c’est utilisé dans quelles régions finalement ? Et d’ailleurs si quelqu’un a une explication pour cette différence de prononciation, je suis preneur, ça m’intrigue vraiment.

Merci d’avance :slight_smile:

Me semble l’avoir entendu un peu partout. Si c’est attaché à une aire linguistique particulière ? Aucune idée.
PS : comme ce serait sympa de passer par la case départ ! Merci d’avance.

J’ai déplacé :wink:

Michelmau, living-poison s’est bel et bien présenté, même si ça date un peu :wink:

Et enfin pour répondre à la question : il me semble que je l’ai plutôt entendu dans le Nord, mais sans certitude…

« Guten Tach », c’est partout, dès qu’on emploie cette expression, ainsi que « Tach », « Tachchen ». Sinon : « Moin », « Moin Moin », « Hallo », « Grüss Gott ».
Moi-même, je le dis ainsi dès que je ne suis plus en zone « Grüss Gott », mais avec un « a » sudiste, pratiquement un « å ».

C’est donc quelque chose de national ? Waw il m’aura fallu 10 ans pour m’en rendre compte :laughing:

Eh oui Michelmau, je me suis même présenté deux fois, désolé de ne pas être très actif cependant…(mais j’avoue que je vous lis très régulièrement)

Grüss Gott est national aussi ? J’étais persuadé que c’était bavarois :open_mouth: Merci pour toutes ces précisions !

Non non, Grüss Gott est bel et bien bavaro-autrichien :wink:
Et Moin-moin plutôt du Nord.

Eh bien, vois-tu, moi aussi j’aurai appris quelque chose grâce à ta question !

Il faut savoir lire : « c’est partout, dès que l’on emploie cette expression. Sinon, c’est… ».
Quant à « Grüss Gott », il n’est pas seulement bajuvare, mais aussi alémanique… et franconien ! C’est pourquoi je parlais de la « zone Grüss Gott ».
Ah, et puis j’avais oublié « Servus », que j’emploie aussi couramment ! Mais pas avec n’importe qui… :mrgreen:

Oui, mais plus aléatoirement ! Est-ce que ça se perd ? Je me souviens pas de l’avoir jamais entendu du côté de Fribourg. Quant à la Franconie, je n’ai quasiment jamais entendu de Grüss Gott non plus ! D’ailleurs, ça avait étonné Christo lorsqu’il était venu nous voir (bien qu’il connût assez bien Nuremberg), ils nous avait dit « ouh la la, mais c’est la Prusse ici ! » :laughing:

Ca se perd dans la mesure où le « Hallo » s’impose de plus en plus dans toutes les générations et toutes les couches de la société. Et il y a aussi une nette différence entre la ville et la campagne.
Quant à Christo, il est évident que pour un « Altbayer », la Franconie, ce sont déjà des « Saupreiss’n ». :mrgreen:

Je pensais aussi que Guten Tach était une particularité colonaise vu que ça ressemble bien aux autres mots de Kölsch, quoique chez nous ça serait déjà plus Juten Tach :smiley:

Toutes mes excuses, je ne devais pas avoir les yeux en face des trous . :mrgreen:

C’est un héritage de la complexité de la prononciation du g dans les domaines bas-allemands et moyen-allemands.

D’abord, il faut savoir que la série /b-d-g/ n’existait pas en tant que telle en germanique commun. Ce devait être plutôt une sorte de /β - ð - ɣ/ qu’on trouve en espagnol dans la prononciation de v, d et g intervocaliques hors accent, comme dans governador.

Ces consonnes ont évolué différemment selon leur position très tôt: en début de syllabes accentuées, on a /b-d-g/ dès la fin de la période proto-germanique. /β/ devient rapidement /f/, une sorte de /v/ ou /b/ selon la position et l’entourage phonétique, assez instable d’ailleurs. Le g reste pour l’essentiel /ɣ/ autour de la mer du nord, se transforme en g à l’initiale partout ailleurs. D’où la prononciation si spéciale du g en néerlandais.

Pour les positions médianes, c’est selon la région. Entre /ɣ/ et /g/, tout est possible. La légende veut qu’à Magdebourg, il y a cinq façon différentes de prononcer le g sauf /g/ justement. Pour les positions finales, le /ɣ/ s’était assourdi comme toute autre consonne sonore finale et a donné un /χ/qui est resté sous forme de ch dans l’orthographe moderne. C’est général dans trois grandes régions linguistiques: le bas-allemand, le moyen-allemand en général et la partie francique du haut-allemand. Donc Guten Tach, c’est juste Guten Taɣ avec assourdissement en Taχ, écrit Tach. On remarquera que dans ce cas, le vieux /a/ court est conservé. C’est soit /ta:k/ long soit /taχ/ court. Le moyen-allemand a pratiquement toujours /j/ pour cet ancien /ɣ/ à l’initiale voire en médiane, de Cologne à Berlin, c’est le même phénomène (En Hesse, c’est plus complexe, cependant).

C’est le destin du g dans la langue courante allemande dans deux gros tiers du pays, où il y a identité entre g et ch sauf à l’initiale. Dans les régions rhénanes ou saxonnes où le ich-Laut est assez chuintant comme un « sch », c’est très déroutant… comme Leepsch - prononciation saxonne de Leipzig.

Ça m’étonne toujours d’entendre n’importe qui dire « Hallo », même à la banque tout à l’heure par exemple alors que j’ai appris, comme un bon petit français, que « hallo » voulait dire « salut », d’un point de vue francophone, c’est limite choquant et très perturbant :laughing:

J’aurais peut-être dû me présenter une troisième fois ? :mrgreen:

Très intéressant Elie, c’est ce genre d’explication que j’attendais, merci !

On croit te faire plaisir en voulant faire « d’jeunn », living-poison ! :mrgreen:

Ahah je vais les réprimander la prochaine fois : « On me la fait pas à moi, madame ! » :mrgreen: