Hamburgerdeutsch - vocabulaire hambourgeois

La ville de Hambourg a comme toutes les régions germanophones un partie de son vocabulaire qui ne se retrouve pas forcément ailleurs. Il y a deux sources:

  • le platt, ou bas-allemand: C’est la langue du coin, et c’est bien une langue car la ligne de Benrath machen/maken fait la frontière avec le haut-allemand. Chacune de ces deux langues ont des dialectes. En bas-allemand, on suit les fleuves: il y a une région dialectale entre chaque grand fleuve, donc pour Hambourg, c’est le Holsteinois au nord et le Bas-saxon central au sud (connu aussi sous le terme populaire Elbe-Weser-Platt).
  • le missingsch: C’est la tentative hambourgeoise de parler le haut allemand quand on veut faire chic sans vraiment y arriver. Le terme vient de « Meißnisch », possiblement sous une forme mixte « Meißningsch » avec un suffixe -ing assez courant dans le coin.

Dans la vraie vie aujourd’hui, les Hambourgeois parlent un parfait haut-allemand avec un petit accent. Mais on entend encore tout à fait naturellement ce genre de mots, je ne vous donne que ceux que j’ai entendu dans la bouche de gens lambda parlant haut-allemand, donc du vocabulaire courant si on est un vrai hambourgeois :

abkönnen : Das kann ich echt nicht ab! C’est quand vous ne supportez pas quelque chose, comme les épinards, le bruit des voisins…
Altjahrsabend : la Saint-Silvestre.
in die Stadt fahren : aller au centre ville, la Innenstadt historique, même si on le dit quand on est déjà en pleine ville mais pas dans ce quartier.
een Backs kriegen : recevoir une giffle
bannig : viel, beaucoup, très (mot directement pris du bas-allemand)
basch : fort, épicé Nich zu basch der Kebap, bidde.
Brause : toute forme de Limonade, boisson sucrée gazeuse surtout pour les enfants
Buddelschip : terme désignant les petits bateaux dans les bouteilles de verre
bullern : faire du boucan, gueuler des insultes
einholen : ce verbe désigne les petites courses à la place de einkaufen quand on va juste acheter un truc qui manque dans un magasin du coin. Gehssu mol wat Milch einholen, bidde, der Laden schliesst gleich.
feudeln : laver les sols, passer la serpillère.
Fleder / Flieder : il se peut que votre locuteur hambourgeois parle de Surreau (Holunder) et non des lilas, donc attention, surtout si vous trouvez du Fledertee dans une boutique. Je vous aurai prévenu.
Fleet : les petits canaux en ville. C’est en fait comme les grachten à Amsterdam.
fix, flink, gau : trois petits mots pour dire « vite ».
gediegen : il peut vouloir dire étrange, incompréhensible, mystérieux donc attention au contexte.
Höker : synonyme de Krämer.
ne Ische : une pétasse. Mon dico me dit que c’est jiddisch (de l’hébreux isha, femme)
Karbonade : une cotelette. Utiliser un autre mot risque de ne pas être compris par les locaux.
kieken : forme bas-allemande de gucken, voir ou regarder, un incontournable. Verbe fort: keek, gekeken.
klönen : bavarder, jaser, synonyme de plaudern. Incontournable dans tout le nord du pays.
Klump : un tas, synonyme de Haufen, j’ai longtemps cru que c’était un mot standard, les Suisses m’ont appris que non.
krüsch (le üü est long) : difficile avec la nouriture, qui n’aime rien, qui a des goûts culinaires très restraints/particuliers. On me l’a dit assez souvent Wat bissu krüüsch, kein Wunder du kochst sülber!.
der Mors : le cul. Dat war so eisglatt, ich landete aufm Mors.
pieseln : petite pluie fine, le Schietwetter habituel. C’est un verbe.
plätten : repasser (les vêtements). Il faut une grand mère hambourgeoise pour l’entendre encore celui-là, mais si vous le dites, tout le monde le connait encore.
plietsch : malin, intelligent
portemonee : le mot le plus courant pour ce que vous savez. Geldbörse fait très littéraire dans les rues de Hambourg.
Rabaukers : sales gamins qui font des bêtises, du bruit etc.
der Rundstück (prononcé Runnßtück): mot local pour Brötchen, encore tout à fait généralisé
Schietegal : schiet = scheiße, à combiner à volonté avec ce que vous voulez.
scholle : mort de fatique. Nu bün ich aber scholle.
Schnute : la moustache, mais c’est aussi comme Schnauze, ça peut vouloir dire ta gueule! en abrégé.
tutich : naïf mais gentil, simplet, un peu con sur les bords
weggehen : sortir le soir. Je vous assure qu’ils vous regardent comme un martien si vous dites ausgehen.

Les mots et expressions « abkönnen, in die Stadt fahren, Brause, fix, flink, pieseln, schiet-/scheißegal » sont connú et utilisé dans grands parts d’Allemagne, pas seulement à Hamburg et la region.

Très chouette liste, merci Elie !

Je connais également weggehen dans cette acception sans avoir jamais mis les pieds à Hambourg…

On va éviter les malentendus, mais cela va obliger le lecteur à lire et à comprendre le français correctement, ce qui n’est pas forcément le cas de toute le monde, je le comprends mais ce n’est pas une excuse : Je n’ai jamais dit que c’était des mots exclusifs, sinon, je vous aurais sorti des dötsch, Reihe ou Peterwagen. Mais ce ne sont pas des mots d’allemand standard, et c’est la langue de Hamburg, tant mieux si ces mots ont une diffusion plus grande, mais il faut les connaitre pour ne pas avoir à trop demander de définitions quand on fréquente des Hambourgeois. Cela me semblait évident, surtout qu’il y a des mots de platt donc la langue qui englobe cinq Länder au moins. :unamused:
Cette réaction me déçoit un peu. Vous vous en foutez mais c’est le cas quand même.

P.S. Merci à Sonka, elle me calme un peu.

Je savais pas que le mot Brause venait du nord.
Je le vois partout.
Merci pour la lecon :sunglasses:

Je ne suis pas súr que Brause vienne du nord, je voulais juste dire que c’est un mot un peu traditionnel qui n’a jamais été remplacé par Limonade à une grande échelle. Encore une fois, ce n’est pas une liste de mots exclusifs mais un liste de mots préférentiels dans l’usage de Hambourg.
Je commence à regretter d’avoir ouvert ce sujet.

Pas de regrets, Elie. C’est très intéressant, surtout pour quelqu’un qui vit dans l’aire « sudiste ». J’ai remarqué au passage une formation intéressante de double pluriel, il me semble, avec « Rabaukers ». Je connaissais la forme simple « Rabauken » (singulier Rabauke). Ainsi que la prononciation de « Rundstück » runnstück, similaire à l’usage dans les langues nordiques qui escamotent le « d » final.

Non, non, surtout pas. c’est très intéressant. Merci d’avoir pris la peine de faire cette liste.

Je crois que Rabauker est ressenti comme un singulier. Le pluriel en -s est donc ici normal pour un cerveau bas-allemand. Mais le -ers pluriel est courant aussi. Donc comme tu dis, c’est ambigu. Il faudra que je demande comment utiliser le mot au singulier, si c’est possible.

La prononciation de Rundstück m’a étonné un peu: c’est très plattdüütsch, mais je l’entends de la part de gens qui ne parle pas le platt. Surtout que le sssst- au lieu de scht- en début de mot est en voie de disparition en ville. Rundstück est presque un mot d’emprunt avec prononciation non conforme à la règle haut allemande même si le locuteur ne parle que le haut allemand. En plus, les mots en -nd perdent leur -d final en platt, on entend encore « Kinners! » pour Kinder, aussi dans le sens « eh les gars », bref, pas forcément avec de vrais enfants.

Au fait, je n’ai pas mis moin,moin - je ne doute pas un instant que personne ici n’ignore cette expression maintenant bien connue.

Je connais seulement Brause, kieken, plätten et Buddel (dans Buddelschip). Il me semble avoir entendu , dans le sud (dans des chansons principalement) ce mot « Buddel », apparenté d’ailleurs au français bouteille.
Pour isha, féminin de isch (en hébreu), ce mot a posé un problème aux premiers traducteurs de l’ancien testament, vu qu’en hébreu, il est évident que le isha découle du ish…Les traductions latines, essayant de s’adapter à cet aspect des deux mots hébreux auraient donc créé de toutes pièces le mot « virina » à partir de « vir » (Mes excuses pour ce court HS)

Mais je trouve aussi très bien Elli de faire connaitre les mots de la langue allemande qui ne sont
pas enseigner a l’ecole…mais utile de connaitre.
Effectivement dans ton tableau se trouvent beaucoup de mots qui sont utilisés non seulement a Hamburg, mais aussi dans la partie «est» et «nord» et d’autre parti d’Allemagne (il y a aussi le mot: Stulle, (belegtes Brot) en France: sandwich (dans le sud on connais pas :smiley: )

je pense «die Brause» und «Brausepulver» fonts partis depuis toujours
de mes souvenirs d’enfant et effectivement, connu partout en Allemagne. On peut même trouver les «redditions » les sachets avec d’emballage comme a l’époque

de.wikipedia.org/wiki/Brausepulver

Ce mot « Stulle », je l’ai rencontré la première fois dans le film M le Maudit de Fritz Lang.
A un moment du film, on voit tous les mendiants, les truands réunis dans une espèce de bouge où ils peuvent boire et manger, et sur un tableau, derrière le comptoir sont affichées les consommations, parmi lesquelles des Stullen. Il me semble bien que le film se déroule à Berlin.Je me suis toujours demandé quelle était l’origine de ce mot; maintenant , je le sais. :smiley:

oui, plusieurs indices dans le film permettent au spectateur de comprendre qu´ils sont à Berlin bien que la ville où se déroule l´action n´est pas nommée…

J’ajoute les autres états de la matièrede la pluie hambourgeoise (les verbes):
pieseln - pladdern - schiffen
D’abord cette pluie fine, puis la pluie persistante et ensuite la pluie torrentielle.

Quatre autres mots/expressions qui me viennent à l’esprit quand je pense aux particularités de la langue hambourgeoise et qui la font riche, sont par exemple:
Les trois grands « P »:
Puschen (f.) - les babouches, Hausschuhe en haut-allemand. Mais plus fréquent que l’usage au sens propre du mot est l’expression « In die Puschen kommen » ou dans la bouche d’une mère enragée: « Kinners, kommt ma inne Puschn! ». Ça veut dire qu’il faut se dépêcher et arrêter de lambiner. Je le connais trop bien…
Plünnen (f.)- les haillons, mais ici c’est un mot familier pour les vêtements. Le verbe est « anplünnen ». C’est un de mes mots allemands préférés. Là aussi il y a une tournure de phrase qui y va avec: « In den Plünnen haben », soit « se disputer » en français. Ma mère criait souvent: « Habt ihr euch schon wieder inne Plünn’?! » quand mon frère et moi nous bagarrions.
[b]Pappen /b- Je ne sais même pas la signification exacte en haut-allemand, mais on trouve ce mot dans l’expression qui brondit une gifle: « Willst du eins an die Pappen?! »/ « Wisst eins anne Pappn?! » (la prononciation hambourgeoise). Une autre expression disant le même est « An die Marmel kriegen », « Marmel » étant le mot de l’Allemagne du Nord pour « Murmel » (la bille en français) qui encore une fois est une désignation familière pour la tête. A noter que dans ces films Jan Fedder, acteur populaire d’Hambourg (« Großstadtrevier »), se sert d’une variation de cette expression qu’il a inventé lui-même, il dit souvent: « Wisst eins anne Marmeladen?! » Ça n’a rien à voir avec la confiture! :mrgreen:

J’adore « schiffen », qui dit bien ce que ça veut dire : les rues sont inondées, et on sort la barque à fond plat. :mrgreen:

Il faut ajouter qu’en fait « schiffen » signifie pisser. Je ne sais pas dans quelle mesure l’origine de cette expression a à voir avec les bateaux. :smiley:

J’allais juste le dire; je le connaissais dans ce sens-là, mais j’étais en train de vérifier! :laughing:

Vous allez rire, mais je pensais que « schiffen » (dans les sens de pleuvoir fort et de pisser) était uniquement autrichien ! Comme quoi… :mrgreen:

La demande de mot exclusivement hambourgeois semble assez forte, mais c’est plus compliqué, car il faudrait vérifier partout ailleurs. Il me vient quelques expressions mais je les soumets à vos yeux et vos oreilles expertes:

Peterwagen - voiture de police
Quiddje - quelqu’un qui n’est pas né à Hambourg (version hard core: à Hambourg hanséatique, avant le Grosshamburg de Bismarck).
Opticker - (op- dans le sens de auf-) nom populaire des gardes de parcs qui ramassaient les papiers qui trainent avec un pic.
Barkasse - les bateaux qui font faire la visite du port, a priori du français « barcasse », de barque.
Deern - une fille, le mot n’est pas uniquement hambourgeois, mais le concept « Hamborger Deern » est quelque peu figé dans l’imaginaire collectif de la ville.
Putzbüdel - en platt uniquement et pas vraiment dans la langue courante des jeunes générations, on peut dire « ik mutt al wedder na’n Putzbüdel » quand il est déjà temps d’aller chez le coiffeur. Je ne le connais que d’un ami qui parle platt dans sa famille.

Opticker, ce sont aussi les gens qui practiquent le marche nordique dans le parc autour de l’Alster.