C’était il y a 17 ans. Le 9 novembre 1989, le Mur de Berlin s’effondrait, et des centaines de Berlinois de l’est se ruaient à la découverte de cette autre Allemagne dont ils étaient séparés depuis 28 ans. Depuis, les deux Allemagne se sont unifiées, suivies par toute l’Europe.
Une cérémonie commémorative était organisée aujourd’hui au mémorial du Mur, sur la Bernauer Straße, à Berlin. Le 9 novembre 1989 fut " l’un des moments les plus heureux de l’Histoire allemande ", s’est souvenu aujourd’hui le délégué du gouvernement fédéral aux droits de l’Homme Günter Nooke. Des bougies et des fleurs ont été déposées sur les restes du Mur. Selon les dernières estimations, 125 personnes auraient perdu la vie dans le couloir de la mort entre 1961 et 1989 en tentant de franchir la frontière.
Un peu plus tôt dans la matinée, le Bundestag s’est penché sur l’ " état de l’unité allemande ". Les députés débattaient du dernier rapport du gouvernement fédéral sur le sujet. Le ministre des Transport Wolfgang Tiefensee, en charge de la reconstruction de l’est, a tiré un bilan nuancé des 16 ans écoulés depuis l’Unification, le 3 octobre 1990. " Beaucoup de choses ont été réalisées, mais il reste encore beaucoup de travail ", a-t-il constaté.
Il suffit d’observer le paysage urbain dans les villes de l’ex-RDA pour se rendre compte de ce qui a changé depuis la chute du Mur de Berlin. La rénovation a tourné à plein régime pour améliorer le cadre de vie, les infrastructures ou encore pour redonner leur éclat aux monuments historiques. Sur le plan économique aussi, les progrès sont visibles. Les nouveaux Länder affichent un taux de croissance industrielle, une augmentation de l’emploi soumis aux charges sociales et des exportations plus importants que les Länder de l’ouest. Des entreprises étrangères ont pleinement réussi leur implantation. Elles ont participé à la création de pôles industriels et technologiques particulièrement dynamiques et créateurs d’emploi. Le gouvernement allemand souhaite d’ailleurs relancer la promotion du site est-allemand hors d’Allemagne.
Ces réussites ne suffisent toutefois pas à cacher la longueur du chemin qui reste à parcourir. M. Tiefensee a souligné la nécessité de stabiliser la croissance à l’est afin que les nouveaux Länder puissent vivre de manière autonome d’ici à l’arrêt des aides financières, prévu en 2019. A l’heure actuelle, le principal problème reste le chômage de longue durée. Il entretient une série de peurs et d’inquiétudes. Pour les combattre, M. Tiefensee a souhaité qu’on rende possible l’accès à un " emploi digne " pour ceux qui n’ont plus de perspective de retrouver un emploi sur le marché du travail conventionnel.
17 ans après la chute du Mur, d’autres problèmes, peut-être plus inattendus, surgissent aussi. La mémoire est toujours un sujet complexe. Mais aujourd’hui, il semble se doubler d’un oubli de l’histoire. L’historien berlinois Hubertus Knabe, qui dirige le mémorial de Berlin-Hohenschönhausen, tire la sonnette d’alarme. Il faut renforcer le travail d’éducation, faute de quoi grandira " une génération d’analphabètes de l’Histoire ", estime-t-il. De même que les traces physiques du Mur se sont effacées, " les jeunes de 17 ans, ceux qui sont nés l’année de [sa] chute, savent souvent peu de choses de ce qu’était la RDA ", s’inquiète également M. Tiefensee. Le ministre s’est adressé ce matin aux écoles, aux bibliothèques, aux universités et aux fondations en appelant à un vaste dialogue à tous les niveaux sur la mémoire de la RDA.
Date historique, le 9 novembre l’est à plusieurs titres, lumineux et sombres, pour les Allemands. Outre la chute du Mur, elle marque aussi le triste anniversaire de la Nuit de cristal, le 9 novembre 1938, où les nazis incendièrent les synagogues et pillèrent les magasins juifs, et celui de la proclamation de la République lors de la révolution de 1918.
Comme pour souligner le caractère symbolique du 17ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, on apprenait ce matin le décès de l’un des espions les plus célèbres de la Guerre froide, Markus Wolf. Cet ancien espion de la Stasi, disparu à 83 ans, avait dirigé quelque 4000 agents étrangers et recruté le célèbre espion Günter Guillaume, dont la découverte avait abouti à la démission du chancelier Willy Brandt en 1974. Six mois avant la chute du Mur, il avait publié un livre dans lequel il exprimait sa sympathie pour la politique de " Perestroïka " de Michael Gorbatchev.
Pour en savoir plus sur les traces et sur la mémoire du Mur de Berlin, vous pouvez consulter l’article " Sur les traces du Mur de Berlin ", publié sur notre site à la rubrique " Grands thèmes ".
Source: www.amb-allemagne.fr