Le 8 septembre dernier, c’était la journée de la langue allemande, passée quasiment inaperçue au milieu des journées nationales , européennes ou mondiales du patchwork, du chien de traineau, de l’astronomie, de la cuisine végétarienne…J’en passe et des meilleures.
Un article, sous forme de liste de mots classés par ordre alphabétique attire notre attention sur quelques termes malheureusement en voie de disparition. Les mots sont comme les vins ; il y a ceux que l’on aime garder longtemps en bouche pour en dégager toute la saveur, ceux que l’on crache rapidement tant ils irritent nos papilles, ceux qu’on laissez glisser doucement entre nos lèvres, etc, etc , etc… Voici donc quelques exemples de mots « en voie de disparition »
ABERMALS:un mot que l’on doit à Martin Luther « inventeur de l’allemand moderne » grâce à sa traduction du Nouveau Testament. Ce mot est de plus en plus souvent remplacé par « erneut ».(En français : une fois de plus.)
BLÜMERANT: voilà un terme dont l’emballage est bien trompeur. On pense tout de suite à des fleurs (Blumen).Or, nous explique l’article, rien à voir avec la flore, mais plutôt avec une couleur qui , en français, s’appelait « bleu mourant ».(Mir wird blümerant = mir wird flau= je me sens tout chose, tout bizarre.).
CHOSE: eh oui, il s’agit du mot français.Référence à l’"art de vivre " français,sensément plus détendu, pus « cool » dirait-on de nos jours. Référence à l’opérette "la princesse czardas " de Kàlmànn :« Ganz ohne Weiber geht die Chose nicht = sans les femmes, rien ne va plus. ».
DORT: le bon emploi de ce mot de lieu tend à se perdre.
Exemple d’un flash circulation à la radio:« Vorsicht auf der A5 zwischen Freiburg-Süd und Freiburg-Mitte. Hier kommt Ihnen einen Falschfahrer entgegen= Attention sur la A5 entre Freiburg-sud et Freiburg-centre, ici un véhicule circule en sens inverse! »
« Hier » ist stets da, wo sich Hörer oder Leser gerade aufhalten= hier s’emploie toujours pour parler de l’endroit où se trouve le lecteur ou l’auditeur.Donc, hier est très souvent employé à mauvais escient.
ETEPETETE:qui fait beaucoup de chichi, difficile, chochotte.(Français ;être-peut-être.)
FROHLOCKEN: (avec les lèvre arrondies): jubiler, laisser libre cours à sa joie.
GARSTIG: un adjectif auquel Goethe a donné ses lettres de noblesse ein garstig Lied; pfui, ein politisch Lied !) Vilain, affreux, répugnant.)(In Auerbachs Keller.)
HANEBÜCHEN: énergiquement accentué sur le a.(Inouï ; tout ce qui vous hérisse le poil).(Vient de l’arbre ;« Hainbuche » : le charme commun, qui possède un bois très dur à travailler.)
INGRIMMmême famille que Grimm ; la fureur à l’état pur, comme , p-e, celle des éléments déchainés.
JUBELPERSER : lié historiquement à un fait précis; la violence des (Prügelperser = Perses cogneurs) désignant les nervis de la SAVAK, la police politique du schah d’Iran.Jubelperser; c’est « la claque » ; ceux qui sont payés pour applaudir.
KNORKE: détrôné par l’insipide et stupide « cool ».Pour certains de mes anciens élèves de 3ème, le monde se divisait en deux parties ; ce qui était cool et, à l’opposé, ce qui était nul.
LABSAL: du verbe laben (même origine que le verbe français laver ; un rafraichissement (syn: eine Erfrischung.)
MESCHUGGE; emprunté au yiddish : fada, cinglé.
NUCKELPINNE: une teuf-teuf, une petite bagnole qui fait beaucoup de bruit et n’avance pas vite.
OHRENSCHMAUS; discours, poëme, musique : un vrai régal pour les oreilles.
POUSSIEREN; celui-là, je l’adore; un bon exemple de ce qu’il fait toujours se méfier de ces verbes en -ieren qui ont souvent une sonorité familière à nos oreilles de Français, mais signifient rarement ce que l’on imagine ; ici: flirter, conter fleurette, faire la cour.
QUASSELSTRIPPE: un des premiers mots d’argot allemand que j’ai appris : die Strippe= die Schnur= le cordon…quasseln : bavarder, papoter. Die Quasselstrippe : le téléphone.Mais c’est également celui ( ou celle) qui est toujours pendu au téléphone ; la pipelette.
RATZEFUMMEL:= Radiergummi = gomme.(régionalisme, à ce qu’il semble.)
SOMMERFRISCHE; il n’a pas le côté guindé et convenu de Ferien. Il s’agit de ces moments privilégié de l’été où l’on recherche le frais, soit dans les montagnes, soit au bord d’un lac, d’une rivière ou de la mer.
SCHURIGELN:enquiquiner quelqu’un en passant son temps à contester tout ce qu’il dit.
TÖRICHT:syn de dumm, mais aussi de unvernünftig ; bébête, simplet, mais aussi déraisonnable.
UNHOLD: « Mama, da liegt ein Unhold unter meinem Bett. » Un être effrayant, qui fait peur aux enfants ; « maman, il y a un monstre sous mon lit ! »
VETTER: syn. de « der Cousin » ne marquant pas le même degré de familiarité, semble-t-il.
Der Namensvetter : l’homonyme; celui qui porte le même nom que vous. Die Vertternwirtschaft : le népotisme, le favoritisme, le copinage.
WENDEHALS:celui qui tourne le cou pour voir ailleurs ; utilisé particulièrement, après la réunification, pour désigner ceux qui avaient été de fidèles et loyaux serviteurs du régime est-allemand et tournaient opportunément leur veste ;( girouette ?)
XANTHIPPE:connu , bien sûr, aussi en français. Xanthippe était l’ épouse acariatre , mégère et revêche du philosophe Socrate ; elle lui aurait un jour, dit-on, renversé un pot de chambre sur la tête. L’archétype de la mégère, du dragon, de la harpie.Ce type de personnage n’existe plus, cela va de soi, de nos jours.
YUPPIE: origine anglosaxonne ; (Young Urban Professional) le jeune ambitieux, avec toute la panoplie qui le caractèrise; attaché-case noir, chemise bleu clair, brushing impeccable.Remplacés, par ces temps de crise par la « Generation Praktikum » qui navigue de stage en emplois précaires.
ZIERRAT; l’ornement, l’embellissement, la décoration.Tout ce que le rationaliste strict.considère comme brimborion et colifichet inutile
Pour plus de précisions et d’anecdotes sur ces mots bien sympathiques:
http://www.badische-zeitung.de/bedrohte-woerter