Qui peut m’en dire plus sur le terme « Kiez » utilisé notamment pour désigner un quartier ? Quelle est la différence de sens avec Viertel, par exemple ? Est-ce que le terme est réellement argotique ? Purement berlinois ?
Merci d’avance pour vos éclaircissements,
–Yves
(qui se promène parfois entre Heilbronn et Stuttgart mais rarement dans le Nord)
Je pense que Kiez a une connotation affectueuse et recouvre un territoire un peu plus restreint qu’un quartier. On utilise le terme très souvent à Berlin, en effet, mais aussi à Hamburg pour parler du fameux quartier de Sankt Pauli où se trouve notamment le quartier rouge, mais aussi beaucoup de bars et de resto. Généralement, Kiez est associé à un quartier connu auquel les habitants s’identifient.
Der Kiez (autrefois Kietz, voir le nom de rue fréquent « Am Kietz ») est un terme d’origine slave (chyza = chaumière). On le rencontre généralement dans le nord de l’Allemagne, pour désigner un quartier où habitait une population slave qui servait dans un château. Par exemple, dans la vieille ville de Köpenick, qui fait partie de Berlin, on trouve la rue « Freiheit », où habitaient autrefois les affranchis à proximité du château (qui n’a rien à voir avec le château actuel construit bien plus tard), et le « Kietz », le faubourg, où habitait la population slave, et qui se traduit parfois par « quartier des pêcheurs », car souvent en bordure d’une rivière.
A noter par exemple que dans l’ancienne place-forte prussienne de Küstrin sur l’Oder, totalement rasée lors de l’assaut des troupes soviétiques sur Berlin, la partie restée allemande en-deçà de l’Oder s’appelle Kietz, le reste de la commune devenu polonais ayant été rebaptisé Kostrzyn nad Odr?.
« Viertel » est plus moderne, c’est la traduction littérale de « quartier », un quart. Les arrondissements de Paris, par exemple, sont tous divisés en 4 quartiers.
A propos de St. Pauli, à signaler l’existence de deux rues chaudes perpendiculaires à la Reeperbahn, la Grosse Freiheit et la Kleine Freiheit. Même origine probablement qu’à Köpenick.
P.S. YvesDep, toi qui te promènes entre S et HN, je trinque en pensée avec un Trollinger!
Merci pour cette mise au point, Andergassen. Pour moi « Kiez » avait une très forte connotation de « quartier chaud », sans doute à cause de Sankt Pauli.
Petite remarque (peut-être un peu hors-sujet), j’ai toujours pensé que « Reeperbahn » avait quelque chose à voir avec l’anglais « rope = corde »; il existe peut-être un « reep » Niederdeutsch ? Supputation.
Ce qui m’amène à faire un rapprochement avec un quartier célèbre d’une grande ville portuaire française; "la cannebière " de Marseille. Même origine que cannabis (chanvre), matière première dans la fabrication des cordages.
Reeperbahn = Cannebière.
et pour rester … dans les quartiers… il me semble me souvenir que Schnoor, terme désignant le vieux quartier de Breme, n’est pas utilisé ailleurs… Qu’à Brême… non ??
@ Kissou: à propos de ce que tu dis à propos du « Schnoor » de Brême, je ne connais ni Bremen , ni ce quartier, mais je viens de trouver ceci (en anglais) sur wiki:
. The district owes its name to the old ship trade. The passages between the houses were often associated with occupations or objects: There was an area in which ropes and cables were produced (string = Schnoor) and a neighboring area, where wires and anchor chains were manufactured (wire = Wieren).[/url]
Schnoor est le nom d’une rue du plus vieux quartier de Brême et c’est aussi le nom du plus vieux quartier. Le district doit son nom aux anciens métiers liés à la marine. Les passages entre les maisons étaient souvent associés à des activités ou à des objets.Il existait un secteur dans lequel on fabriquait des cordages et de cables (Schnoor= Schnur en Hochdeutsch, string en anglais.) Non loin de là, on fabriquait des fils (wire en anglais, Wieren en allemand) et des ancres.
Oui, reep veut dire corde en bas-allemand. Je ne pense pas que les vieux baraquements tout en longueur soit préservés nulle part à Hamburg.
La notion française la plus proche de Kiez, c’est faubourg. Ce sont des quartiers pauvres et donc chauds. A Hamburg, le Kiez peut être aussi bien St. Pauli que St Georg. Le premier, c’est lié aux marins, le second, c’est lié au prolétariat industriel. Dans les deux cas, le sexe joue un rôle central. Mais historiquement, le jeu aussi. Ces quartiers sont toujours assez dangereux pour les femmes seules et pour les gens à l’allure frêle dans les petites rues. Je refuserais d’aller rendre visite à un ami habitant kleine Freiheit un vendredi soir. St Georg est plus calme car il y a deux côtés, le long de l’Alster, ça commence même à devenir chic, au moins bobo, et c’est gay depuis longtemps.
Ce doit être une particularité d’Hamburg que le mot « Kiez » désigne les quartiers « chauds ». A Berlin, Kiez s’utilise pour tous ces quartiers à forte identité, même si ce sont en effet des quartiers plutôt populaires à l’origine. Mais ce ne sont pas des quartiers chauds! Il n’y a pas de quartier rouge à ma connaissance à Berlin, et même si les quartiers populaires ont mauvaise réputation chez les Allemands BCBG, ils n’ont rien de dangereux! Ca m’énerve d’ailleurs cette manie de l’Allemand moyen de considérer tous les quartiers populaires comme infréquentables. Il va sans dire que la plupart des gens n’ont jamais mis les pieds à Neukölln ou à Wedding!
En moyen âge un Kiez était un endroit près d’une bourg ou habitaient les servants slaves. En plus c’était une colonie de pêcheurs, toujours à l’est de l’Elbe. « Kiez » vient du mot slave « chyza » = petite maison.
Le Kiez d’Hambourg (St. Pauli) est devenu assez populaire et cherché, c’est presqu’une petite commune, même si on y trouve encore les sexshops et la rue (Herbertstrasse) qui est interdit aux femmes. Tout est devenu de plus en plus positif, personne lêve les sourcils. Notre fille et son mec y habitent en dernière étage d’une maison ancienne avec une vue imprenable sur le port et l’Elbe et le loyer n’est pas du tout bon marché.
Regardez le football - là bas on s’y identifie plus avec le club St. Pauli qu’avec le HSV (Hamburger Sportverein).