L’Allemagne de Merkel/Schäuble et la question grecque

J’ai de la famille en Allemagne, des cousins, des oncles, etc… (ma mère était allemande) ; depuis une douzaine d’années je travaille sur l’histoire de ce pays à travers la saga familiale dans la période 1940-1948 (mon père prisonnier dans ce pays pendant la guerre a connu ma mère en captivité), bref je suis donc un germanophile.Mais depuis quelques années (allez, vers 2010/2011) ce pays commençait à m’inquiéter en tant que grande puissance européenne et mondiale ; beaucoup de postes-clés des institutions européennes sont aux mains des Allemands ; nous sommes dans ce qu’il faut bien qualifier d’Europe allemande. Et maintenant pour couronner le tout, depuis fin janvier 2015, et la victoire de Syriza en Grèce, l’Allemagne me fait vraiment peur.

Cette intransigeance à faire respecter des règles rigides en Europe sur les dépassements budgétaires, sur les dettes, etc… qui fait désormais rendre vains les choix démocratiques des pays ; cette position butée de l’Allemagne (et pourquoi ce pays dans l’Eurogroupe doit-il s’exprimer le plus fort ?) à dicter sa position de fermeté face à un tout petit pays, la Grèce, qui ne représente que 2,3% du PIB de l’Europe (ses dettes représentant 3% de la totalité des dettes européennes) ; ce sinistre Schäuble (voir ses casseroles « caisse noire de la CDU ») qui donne des leçons de morales à la Grèce et bientôt à la France ; etc…etc…

Bon je me disais, ça ne concerne que la CDU et son électorat (population vieillissante donc de droite, etc…) mais je tombe sur cet article du Monde du 26/2 qui parle d’un sondage de Bild (je sais bien que ce n’est pas une référence mais quand même) et qui donne seulement 21 % des Allemands favorables à l’approbation du plan d’aide à la Grèce. Même pour les électeurs de Die Linke ce n’est que 36% ! Alors que l’on sait bien que même les Allemands ne rembourseront pas un Euro (j’allais dire un Mark !) pour ces dettes. Ce peuple, qu’on suppose éduqué, a-t-il vraiment compris ce qui se passe en Europe, et qui dépasse manifestement un petit pays du sud ? Dès avril 2015 la France devra encore montrer des gages sur le plan financier.

lemonde.fr/europe/article/20 … _3214.html

Même un Guillaume Duval d’Alternative Economiques, pourtant un « très modéré », dans une vidéo récente d’Arrêt sur Image précise que les Allemands ont été responsables de deux évènements tragiques au XXème siècle, il n’en faudrait pas un 3ème… Dans la même émission, Romaric Godin, journaliste à la Tribune (pourtant pas un journal de gauche !) disait avoir été effaré de voir des articles en Allemagne (et pas que dans Bild) sur le mépris affiché par ces journalistes vis-à-vis des Grecs… Et je ne parle pas des relents xénophobes (Pegida, travailleurs étrangers,….)

Qu’allons-nous devenir en Europe dans les années à venir ? Dans la montée des extrèmes droites un peu partout, à commencer par la France, l’Allemagne, compte tenu de son poids hégémonique et de son égoïsme économique devant lequel en particulier la France se couche, a une responsabilité écrasante.

Je ne demande qu’à être contredit (mais avec des arguments valables).

La dette, c’est le mal. Voila l’essentiel du fond de la pensée allemande. Même avec une carte de credit VISA, la banque allemande ne vous fait crédit que jusqu’au mois suivant… avec ma VISA suisse, je paye rembourse ce que je veux quand je veux.
Les budgets allemands sont équilibrés, mêmes les budgets malhonnêtes de Bavière ou de partis politiques. Comme c’est ce qui est imposé aux citoyens allemands, voir Schröder et compagnie, il est hors de question que les autres soient moins serrés dans leur caleçon. C’est une réaction humaine, rien de politique er encore moins d’économique.

Cela ne servirait à rien de te contredire, car en lisant ton article, il est clair que tes idées sont très affirmées. Moi ce qui me fait peur, c’est lorsque l’on généralise que l’on ramène l’Allemagne à son gouvernement et aux fantômes de l’époque hitlérienne ou prussienne. Cette Allemagne-là existe, je ne la nie pas, mais ce n’est pas celle que je connais le mieux: moi c’est plutôt les gens du Tacheless, des mouvements contre le racisme, les écolo, mes amis. Puis des sourires et des aides rencontrées par ci par là, un beau petit jeune homme aux oreilles trouées rencontrés deux fois, dans une conférence internationale à Paris sur les écrivains baltes et dans une librairie de Munich , les étudiantes en foulard d’Humboldt lisant le coran en allemand parlant dans un haut allemand très distingué, le commerçant bavarois germano-turc qui connaissait l’histoire des costumes de la Bavière sur le bout des doigts, etc, etc…,
Bizarre mais les Allemands que je connais bon on va pas généraliser pour peut-être une petite cinquante de personnes, ne se reconnaissent pas dans la politique de Merkel.
Je ne vis pas en Allemagne, mais mes séjours dans ce pays sont réguliers et ont été plus ou moins longs en presque 40 ans!!!
Bon je termine, mais honnêtement tu ne crois qu’à l’heure actuelle où des trésors historiques sont détruits, des populations entières dévastées par des soi-disant musulmans qui en fait ne sont qu’une version encore plus inhumaine du Nazisme (contente que Jack Lang, aujourd’hui patron du prestigieux institut du Monde Arabe de Paris les ait aussi qualifiés de nazis!!!), l’Allemagne en tant qu’entité politique (non par les personnes qui la composent) soit vraiment préoccupante???
Entre parenthèse, l’Allemagne fait beaucoup mieux que la France pour ce qui est de l’accueil des réfugiés des pays dévastés par daech ou bokoaram (les fautes d’orthographe sont assumées!!!)… La France entité politique a d’ailleurs été montrée du doigt pour la faibesse de sa politique envers les migrants.

Je comprends que la renaissance de la grandeur de l’Allemagne te pose question, mais l’Allemagne d’aujourd’hui est différente de celle de Frédéric II, de Bismarck ou celle sanguinaire psychopathe moustachu , tout comme la France n’est plus la France raciste et colonialiste d’autre fois. Je te prie de garder les yeux grands-ouverts sur les préoccupations les plus importantes
du monde actuel :wink: :wink: !!!

Les articles antiallemands en France sont à usage interne uniquement : les politiques français savent parfaitement qu’ils ne peuvent pas suivre une politique de type rigoriste, donc il leur faut absolument casser le modèle allemand pour ne pas se le voir opposer quand ils augmemtent les déficits. Cela n’a strictement rien à voir avec la vraie Allemagne et encore moins avec les vrais Allemands.

Je n’ai , personnellement , aucune sympathie pour le tandem Merkel-Schäuble ! Ni d’ailleurs pour tous les gouvernants européens qui s’alignent derrière eux à des degrés plus ou moins différents et je ne comprends d’ailleurs pas pour quelles raisons un pays européen devrait dicter sa loi aux autres.
J’espère que Syriza en Grèce et Podemos en Espagne réussiront à faire passer un peu d’oxygène dans ce monde poussièreux et oppressant de la haute finance et des ses valets politiques.

A mon humble avis ce n’est pas tant les valets européens qui ont rendu la Grèce malade, que la situation de corruption de la Grèce où plus personne ne voulait payer d’impôts vu que les plus riches comme les armateurs s’en dispensent impunément … Je souhaite à la jeunesse du nouveau gouvernement grec de pouvoir se débarrasser de cette gangrène qui paralyse depuis trop longtemps ce pays.

Quel dommage qu’un tel gouvernement ne soit pas arrivé au pouvoir dès l’entrée de l’Europe dans l’Union Européenne.

Une politique générale européenne contre la corruption et l’évasion fiscale au sein de l’Europe, voilà ce qu’il faudrait. Mais ce ne sont que des velléités, c’est le réel reproche que je ferais à l’Union Européenne face à sa politique financière. Mais bon, je serais curieuse de savoir jusqu’où pourrait aller les éclaboussures si une telle politique était mise en œuvre.

Et il y a aussi cette déclaration qui me chagrine, qui serait à peu près « l’Allemagne n’a pas remboursé ses dettes de la seconde Guerre Mondiale » sur lequel le nouveau gouvernement grec a basé une partie de sa politique… Une stratégie interne certes, mais insensée.
Ou dans ce cas il faudrait faire le compte de ce que chaque pays ou continent doit aux autres pour les dommages subis et je ne suis pas si sûre que beaucoup de pays européens même la Grèce d’ailleurs en sortiraient indemnes.

Mais qu’est-ce que tu as contre la Prusse, valdok ? C’est une obsession !
En 1870, on s’est fait craquer la charnière par nos voisins aussi bien prussiens que bavarois… :bad:

Alors je te réponds mon cher. Je n’ai absolument rien contre l’histoire de la Prusse, au contraire je me passionne pour l’histoire des Hohenzollern, d’un stratège comme le vieux Bismarck etc… Et en tant qu’ancienne de l’Armée de l’air je ne cache pas m’être intéressée à l’histoire de ce jeune as de l’aviation de la première guerre mondiale, Manfred von Richthofen. Il me semble d’ailleurs avoir écrit ici plusieurs contributions sur ces sujets.
Puis je ne vois vraiment pas en quoi l’Allemagne prussienne serait pire que la France napoléonienne. :question: :question:
Cependant, pour en revenir au cœur du sujet, après le nazisme c’est généralement cet ancien territoire qui symbolise l’empire allemand et le militarisme à son paroxysme que l’on prend comme exemple pour décrier l’Allemagne.
Et désolée pour son auteur Djoss, mais je sens à travers ce sujet une légère pointe de germanophobie, et je me le permets de le dire, mais c’est cela je n’aime pas.

Pas d’accord du tout avec toi sur ce point ; je ne vois pas en quoi critiquer la position de l’Allemagne en raison de la volonté d’hégémonie financière de ses dirigeants actuels serait faire preuve de germanophobie.
Il s’agit bel et bien d’un simple constat et non d’un jugement de valeur.

ce qui est difficile avec ce sujet c’est que, un peu comme le dit Michelmau, si on veut critiquer un système ou un mode de gouvernement ou une approche politique ou une posture internationale ou etc… vis-à-vis de l’Allemagne, on se fait taxer de germanophobie et d’Israel, d’antisémitisme. Donc c’est difficile de dire quelque chose sur ces 2 pays.

Cependant pour Valdok si on veut jouer sur les mots, xxxxphobie signifie peur de… et comme je l’ai écrit, l’Allemagne est un pays qui commence à me faire peur mais pas au sens « je déteste » (j’ai dit que j’ai de la famille là-bas et plusieurs contacts et amis) mais au sens de « où est-ce que ça va nous mener, nous Européens, cette politique qui semble (semble est à souligner et à démontrer) soutenue par une majorité de la population de ce pays ? »

Allemagne = germano
peur = phobie
CQFD.

Absolument d’accord avec ton paragraphe, surtout avec la phrase en gras.
La presse allemande est d’une violence inhabituelle envers la Grèce. Malheureusement, on ne peut même pas dire « envers le gouvernement grec » (ce qui serait moins choquant et plus légitime): avez-vous entendu de l’action du Bild Zeitung des « selfies » contre l’aide envers le gouvernement grec? A lire ici en français. Nous sommes à la limite de la Volksverhetzung… car non, il n’est pas question du « gouvernement grec », là on s’attaque bien aux « gierigen Griechen », tous les Grecs. On se demande ce que le Grec moyen a à voir là dedans…
Vous me direz certes que c’est la Bild, et qu’il ne faut pas en attendre quelque chose de bien pertinent, bien sûr - toujours est-il que ce journal est le plus vendu du pays et rend compte d’un ras le bol dans la société allemande qui, lui, existe bien. Ajoutez à cela une formulation raciste (appelons un chat, un chat), et voilà.
La presse plus traditionnelle n’est pas en reste: fidèle lectrice du « Spiegel » (magazine de qualité bien supérieure), j’ai lu leur article consacré à Tspiras, qu’ils ont nommé « Europas Albtraum »… le cauchemar de l’Europe. Non, pas du gouvernement, de l’Europe entière. Un cauchemar. Oui, oui. Le ton adopté était violent, un portrait sans concessions de Tspiras.
Je n’y connais pas grand chose en économie et suis donc très peu informée sur la situation, mais beaucoup plus en rhétorique et sur le poids des mots, qui eux aussi valent le coup d’être analysés. Et pas besoin d’avoir une grande intelligence pour voir que la Grèce occupe les médias allemands d’une façon majeure, quasi à l’obsession (alors que les élections européennes n’intéressent aussi peu de gens en Allemagne, qu’autre part).

J’ai vécu 6 ans au total en Allemagne, où j’ai été heureuse, mais lire leur presse me donne de plus en plus souvent des boutons, car j’ai fait les mêmes constats que toi, djoss. Il n’y a rien de germanophobe à répugner cette partie du pays (qui existe bel et bien), aimer un pays ne veut pas dire tout accepter. Si je répugne une germanophobie primaire comme on peut la voir quand certains médias, peu renseignés, parlent de Merkel par exemple ou tentent de démonter le modèle allemand (ce qui part d’un bon sentiment, mais qui finit souvent dans le point Godwin), je répugne tout autant une admiration sans bornes et une défense coûte que coûte de l’Allemagne. Elle a autant a être critiquée que tout autre pays - surtout quand les faits sont là. Ce n’est pas la peine de sortir les arguments « mais l’Allemagne est un pays tolérant!!! », nous le savons et c’est vrai, mais ce n’est pas représentatif à 100%, tout comme il est idiot de montrer que le FN en France.

En ce qui concerne Pegida, qui a certes disparu aussi vite qu’il est arrivé, il n’est en aucun cas surprenant, quand on connaît un ttant soit peu la région de Dresde…

Sans me lancer dans des discussions linguistiques sur un terme que tout le monde interprète à sa façon, il me semble avoir dit « légère pointe de germanophobie » non ???
Avec un germanophobe je ne prends même pas la peine de discuter. Ensuite, ce n’est que mon ressenti face à ce fil, j’ai exposé mon point de vue, comme d’autres exposent le leurs…
Quoi qu’il en soit Pegida n’a pas encore de députés au Parlement européen, si ??. Puis sérieusement les gouvernements qui soutiennent les positions grecques au sein de l’U.E, se comptent sur le bout des doigts car en fait ils ne soutiennent que leur propre intérêt. L’U.E ne souffre que de l’égoïsme nationaliste des nations qui la composent; et je ne citerais pas que l’Allemagne…
Cependant, il y peut-être un sujet sur lequel la position du gouvernement Merkel me pose question, c’est son engagement militaire frileux face à au terrorisme islamo-faschiste!!! E je suis sûre que sur la question, il y aura encore moins de gens pour partager mon point de vue :bad:

hpics.li/c420614 :mrgreen:

En complément du lien donné par Andergassen , intéressant d’entendre ce que dit Georges Valance , l’auteur du bouquin mentionné.

Oui cette carte se justifie à elle-même.

J’ai presque envie de lire son livre à ce Monsieur George Valance… Clair!!! bien qu’étant un peu en overdose de lecture et d’écoute :wink:
Si les clichés sur les Germains remontent aux croisades, il serait temps d’en changer et de considérer l’évolution de la population!!!
Les architectes et baptiseurs d’origine allemande, en France, il faudrait être de mauvaise foi ou avoir eu un accès très restreint à la culture générale , pour ne pas s’en douter Haussmann, et Eiffel aussi d’ailleurs, etc, etc, ne serait-ce que par le patronyme bien germanique.
La syntaxe allemande différente de la nôtre:
Pas vraiment d’accord sur l’argument du verbe à la fin qui empêcherait d’interrompre le locuteur avant la fin de la phrase.

Puis de toute façon, sans culpabiliser qui que soit sur ce forum, il faut arrêter de croire qu’il y a les méchants politiques allemands contre les gentils politiques français ou grecs ou espagnols et aussi stopper de minimiser la montée de l’extrême droite raciste dans les pays du Sud pour ne retenir que celle de l’Allemagne.

Vu la séquence youtube avec l’auteur du bouquin. Oui c’est intéressant ce qu’il dit, cet homme-là. D’où l’importance de la connaissance historique d’un pays, ce qui donne souvent des clés de compréhension.

Pas vraiment d’accord sur l’argument du verbe à la fin qui empêcherait d’interrompre le locuteur avant la fin de la phrase.

Juste sur ce point : dans mon travail antérieur j’ai eu l’occasion à 2 ou 3 reprises de participer à des réunions en Allemagne. Et ce que j’ai constaté est exactement ce qu’a dit notre auteur. Mais sur la raison exacte de cette constatation je ne sais pas : sont-ce des règles de courtoisie en réunion observées côté allemand qui laissent les gens s’exprimer jusqu’au bout (alors qu’entre Français on n’hésite pas à s’interrompre) ou bien est-ce justement à cause de cette histoire de verbe à la fin ? Je n’ai pas la réponse.

Les verbes à la fin ne m’ont jamais empêché d’interrompre en allemand quand j’en ai envie. En général, ce fameux verbe est prévisible et n’est jamais une découverte fondamentale pour la compréhension de la phrase. On comprend la phrase dans sa globalité avant d’avoir ce verbe final. C’est surtout parce que dans la vraie vie allemande, beaucoup de verbes sont surtout déterminés par des expressions toutes faites, des habitudes de langage et des restrictions sémantiques parfaitement claires en contexte.
Donc non, je ne crois pas une seconde à l’argument du verbe à la fin pour expliquer la courtoisie dans la conversation, c’est purement culturel, on peut obtenir le même résultat avec n’importe quelle langue de n’importe quelle structure si c’est la règle culturelle des participants. Même les Italiens pourraient, s’ils voulaient. Bon, ils veulent pas, mais c’est pas une nécessité linguistique.

Comment les 14 pays de l’UE réagissent au leadership actuel de l’Union.
Sondage du à l’institut US « Gallup ».

Bon ben je croyais à la fois qu’il y aurait beaucoup de contributions sur un tel sujet et aussi des contradicteurs. Finalement il me semble que c’est un sujet qui intéresse peu les participants à ce forum et pour lequel les débatteurs sont à peu près d’accord. Alors que faut-il en conclure ?