La langue allemande en déclin en Alsace

Le pire, dans cette histoire, c’est que le Schleswig sus-nommé est l’illustration d’une réussite d’un même type, avec comme seule différence l’attitude des intéressés par rapport à la nation.

Les Danois du Slesvig ont largement réappris le danois dans les écoles danoises du Land, avec entrée quasi garantie dans une université danoise après de bac allemand aménagé pour danophones. Leur fierté culturelle est telle qu’ils ont véritablement embrassé la culture nationale danoise, y compris le déni du dialect au profit du danois normé. Contrairement à leurs ancètres qui parlaient le « Sönderjysk », les Danois du Slesvig ont appris le danois officiel.

C’est comme si les Alsaciens se sentaient tellement germaniques qu’ils embrasseraient la culture nationale allemande, y compris le Hochdeutsch. Or, ce n’est le cas du tout : le sentiment national alsacien est à deux étages (alsacien et français), ce qui prive le Hochdeutsch de toute résonnance culturelle. Du coup, c’est l’attache culturelle qui l’emporte, et c’est la France, même au prix d’un sacrifice de l’expression linguistique de l’identité alsacienne. Comme en plus ce mouvement profond rencontre la stratégie de latinisation exclusive de la région. Bref, c’est foutu. :cry:

Les Alsaciens sont un peuple germanique (alémanique) d’origine, on ne peut le nier (même si on apprend à l’école nos ancêtres les gaulois! :laughing:) et ont beaucoup apporté à la culture et la langue allemande, notamment au Moyen-âge (dans les arts, berceau de l’Humanisme rhénan, imprimerie). Même si l’Alsace est devenue terre du royaume de France en 1648, elle n’ a adhéré, dans son ensemble, à la culture et la langue française qu’au début du 19e siècle.
La langue française reste dans les esprits comme la langue des « élites », de prestige, des arts, donc valorisée. Et puis au lendemain de la 2e GM, en plus de la politique de l’Etat pour « refranciser » la région, la population a voulu remplacer l’allemand par le français pour mieux montrer son attachement à la France, et son rejet de sa part germanique, on dit souvent depuis d’ailleurs qu’ils se sentent « plus français que les français de l’intérieur »…
Cette « romanisation » croissante et ce « sacrifice » linguistique sont à regretter. L’Alsace est par tradition bilingue, aux deux influences françaises et germaniques, et le fait de nier cela ne fera qu’« apprauvrir » cuturellement cette région et la France.
Un exemple assez « comique », les jumelages avec nos voisins badois, on peut voir des alsaciens afin de bien montrer leur « francophilie », préfèrant parler français alors qu’ils sont germanophones :open_mouth: mais on a aussi de plus en plus besoin d’interprètes français-allemands lors des rencontres :unamused:
[/quote]

Et voici le lien : FREELANG Recherche - Liste des mémoires publiés

D’ailleurs j’en profite pour faire un peu de pub, si vous avez des mémoires que vous voulez mettre en ligne, freelang vous offre de l’espace. Plus de renseignements sur le site :slight_smile:

Ca me rappelle quand j’étais en prépa au lycée Kleber à Strasbourg au début des années 60, dans la cour les gamins de 6e - 5e parlaient alsaciens entre eux. Maintenant ça n’existe plus, paraît-il.

Plus tard j’ai été marin et ce sont les vieux que j’entendais parler en breton, les jeunes le comprenaient difficilement.

Enfin, j’ai été récemment en Guyane où ce sont des dizaines de langues minoritaires qui essayent de subsister, pour certaines. En particulier les langues amérindiennes. Par contre le créole francophone se porte bien, mais il aurait (peut-être) besoin d’être uniformisé, comme je l’ai lu pour le breton dans quelques messages. Il existe aussi une sorte de pidgin du Maroni, un mélange de plusieurs langues locales, dont le créole. Bref, au niveau des langues ce département est passionnant.

Mais il faudrait une reconnaissance de la France pour les langues régionales, car certaines vont s’éteindre à brève échéance. Et comme disait quelqu’un, lorsqu’une langue meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Je dirais même plus c’est toute une lignée d’êtres humains qui meurent deux fois.

Bel exemple qui témoigne du peu de volonté (réticence?) de l’Education Nationale et l’Académie de Strasbourg en faveur du maintien du bilinguisme français/allemand…
L’enseignante en allemand d’une école bilingue (parité 13h de chaque langue) du Sud de l’Alsace (Seppois-le-bois) avait annoncé à ses supérieurs il y a 4 mois son départ pour congé maternité, afin qu’ils puissent lui trouver une remplaçante.
Oui mais voilà, l’Académie ne lui a pas trouvé de remplaçante et ose proposer aux familles que leurs enfants soient répartis dans les autres classes de CP,CE1,CE2, tandis que les élèves de CM2 devront intégrer le cursus monolingue français :open_mouth: :imp:
Ce sont donc les parents d’élèves eux-mêmes qui doivent se « débrouiller » pour trouver des remplaçants et organiser les cours de leurs enfants dans une salle de la communauté de communes…
Voilà comment le bilinguisme français/allemand est traité par l’Education nationale en Alsace…
Plus rien ne m’étonne de la part de cette Education nationale centralisée (surnommée à juste titre le « mammouth ») « fermée » et sourde aux attentes et enjeux linguistiques dans les régions de France…
Je rêve qu’un jour, à l’image du Land du Baden-Würtemberg, qui décide lui-même de sa propre politique à mener pour l’enseignement du français, l’Alsace (et la Moselle) puisse en faire de même concernant l’enseignement de la langue allemande et du dialecte alsacien et francique…
En attendant, je souhaite aux parents d’élèves et associations de promotion du bilinguisme beaucoup de courage :unamused:

Déjà en 1794,Barrère déclarait au nom du Comité de Salut Public:
« Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton;l’émigration et la haine de la République parlent allemand;la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. »
Nous avons en France ,hélas,une longue tradition de jacobinisme linguistique qui semble bien ancrée dans les moeurs contrairement à nos voisins européens. :cry: :cry: :cry: Malgré les belles paroles,les langues étrangères(je veux dire toutes celles qui ne sont pas l’anglais) sont vraiment le dernier souci des gens en place.Alors ce que tu rapportes ne m’étonne pas du tout.
Il faut toutefois savoir que l’homme qui a qui a parlé du mammouth et dont je préfère taire le nom (ça ne sert à rien de se moquer des cons,ça ne les rend pas moins cons) était sans doute le plus mal placé question politique d’apprentissage des langues étrangères.
Encore une fois,c’est aux parents de se démmerder.Il y a du boulot pour faire évoluer les mentalités en haut lieu!

La langue allemande en fort déclin en Alsace?
Je le déplore fortement
Lorsque j’ai mis les pieds à Strasbourg pour la 1ère fois, j’avais l’impression d’être en Allemagne; une terre, une culture et une langue très différente de mon Occitanie ou de mon Andalousie. L’Alsace? un petit bout d’Allemagne en territoire franc.

C’est comme si on disait que l’Andalousie est castillane et chrétienne; pour moi, l’Andalousie est musulmane et kabyle ou musulmane et arabe : il n’y a qu’à monter sur les remparts de l’Alhambra ou flâner dans les ruelles blanches du quartier de l’Albaïcin. On se dirait à Alger…

C’est comme si on disait que la Catalogne est espagnole et chrétienne. Pour moi, la Catalogne est cathare et occitane. Et encore il faut faire la différence entre la catalogne du nord (assez proche de l’Occitanie) et celle du sud.

C’est comme si on disait que l’Occitanie est française.
Pour moi, elle est quadruple : chrétienne + cathare + juive + musulmane; de langue et de moeurs occitanes et non franques.

C’est comme Nicolas qui dit qu’il est français; oui il est français par sa mère mais il est aussi hongrois par son père.
Pour autant que je sache, « Sarközy de Nagy-Bocsa » ce n’est ni franc, ni mérovingien ni carolingien, ni bourbon, ni corse, ni sarde ni normand, ni alsacien, ni breton ni … ; c’est hongrois
En hongrois, le prénom se met toujours après le nom de famille. Le mot nagybócsai est un adjectif de titre nobiliaire qui indique la provenance et ne fait pas partie du nom de famille proprement dit. Selon l’usage de la petite noblesse hongroise, il est généralement écrit avec une minuscule et se place avant le nom de famille ; il est toujours traduit dans les autres langues (en français et anglais de Nagybocsa, en allemand von Nagybocsa
Alors il aura beau dire et beau faire, il ne pourra tout de même pas renier cette partie de lui-même ou alors je ne donne pas cher de la nouvelle Europe !

Tout à fait d’accord avec toi,ratoncillo,ça a même un nom,ça s’appelle fédéralisme,mais il semble que ce soit un gros mot en Français! :wink:

je me joins à vous ! Mais que faire face à une République une et indivisible dont la langue est le français, à l’exclusion des autres ? :confused:

L’ironie de la chose, c’est que l’Allemagne fête son unification par le fédéralisme… alors une et indivisible, c’est une question d’interprétation. Le problème français n’est pas la constitution mais la mauvaise foi.

Chez nous en Vendée, le patois est le Poitevin.
De mère Vendéenne et de père Parisien, et moi natif d’Algérie, lorsque je suis venu en Vendée dans les années 70, je ne parlais pas du tout le patois.
Lorsque je me suis marié, ma femme et ses parents parlaient patois à la maison et Français à l’extérieur.
Pour ma part, j’ai appris le patois avec ma femme et mes collègues de travail qui en usine le parlaient tous.
L’autre jour, mon fils me disait que ça l’amusait de parler encore patois au boulot avec quelques anciens, mais qu’il était le seul de sa génération à les comprendre.
Beaucoup de jeunes sont originaires d’autres régions et les autres ne le parlent pas.
C’est déjà trop tard, ça s’est fait en une génération.
Dommage, même s’il existe des spectacles en patois, c’est assez édulcoré pour être compris de tous.
C’est comme le Gallo de la région de Rennes… Qui a beaucoup de similitudes avec le poitevin, c’est aussi une langue Romane… enfin, Gallo-Romane… en tous les cas, je comprends un peu le Gallo.