la mentalité allemande

Novembre, à mon tour de dire bonjour. Ton témoignage est poignant car vécu, et de ce fait il ne s’agit pas du tout de préjugés que tu aurais mais hélas c’est toi qui en victime. Je ne vis pas en Allemagne, j’y suis allée très souvent pour le travail et continue à y aller tout autant pour voir mes amis - et surtout ma meilleure amie de toujours. Ton histoire, il m’est arrivée de la vivre aussi là-bas mais par contre je la vis aussi dans mon propre pays : la France. Tout cela parce qu’il n’y a pas que mes cheveux qui sont bruns. Alors quitte à être prise pour une étrangère, autant l’être vraiment, tout en sachant qu’aucun pays ne fait exception face au racisme ordinaire.

Ce que tu décrits n’existe pas qu’à Berlin. Oui ce genre de situation est possible.

Oui, j’ai vu des comportements inciviques par rapport à des français à Berlin.
Je me suis aussi fait discriminé comme français, mais ici à Kehl (et pour d’autres raisons).
Oui, certains allemands ne reculent pas devant ce qu’on appellerai en France du politiquement incorrect pour décrire les sociétés multiculturelles et les quartiers de mixité. Ou parler des joueurs de l’équipe de France.
Ce ne sont pas obligatoirement des nationalistes.
Oui, il y a des allemands qui ne s’adressent pas aux dames quand le compagnon est la.
(D’ailleurs il y a des allemands qui préfèrent dans l’ordre leur voiture, leur chien, leur fille et ensuite leur femme.)

Mais il y a beaucoup d’allemands sympathiques et même francophiles et ‹ normaux › dans leur tête.
J’ai d’ailleurs l’impression qu’il y en a plus à Wedding qui est un quartier assez populos et proche de l’ancienne quartier français que par exemple à Rathaus Schöneberg.

Perso quand je me fais moucher par des allemands je me dit que c’est bien fait pour moi,
je ne suis pas au niveau et je n’ai qu’à mieux comprendre leur langue et les comprendre.
Si c’est un cas de discrimination, je me dits « verd@mmte verf@ckte Deutsche »
et je change de magasin (si possible) en tous cas je n’y reviens pas.
Mais je suis toujours enthousiaste. Pour aller en Allemagne 2 heures ou 15 jours.
Et de faire de nouvelles connaissances allemandes.

Mais je sais que je n’y vivrais pas (surtout à cause du lohnsteuer.)
(Je pense d’ailleurs que le système social allemand, et l’administration en général, est trop souvent brutale).

Ce fil me fait vraiment penser à un autre sur l’« arrogance » prétendue des Allemands. Bien sûr qu’il y a des gens arrogants en Allemagne…comme en France , en Italie, en Papouasie centrale, en Ingouchie orientale ou ailleurs. Bien sûr qu’il y a des gens indélicats en Allemagne…comme il y en a d’ailleurs également en France, en Italie, en Papouasie centrale, en Ingouchie orientale ou ailleurs. :open_mouth:

Valdok, tu as raison, le racisme existe partout, c’est sûr, mais là tu m’accorderas qu’il est très étendu.
Par racisme, on entend en général une forme de haine inter raciale, ce qui est déjà abject en soi. No comment, c’est un autre débat. De là à se mépriser entre Européens… Bref, je vois que tout est possible. Surtout à Berlin.
Je ne sais pas, c’est nouveau pour moi. A Paris, le plus pourri des Parisiens va râler, n’accordera pas spécialement de temps, certes, mais n’ira pas jusqu’à montrer ouvertement une réticence nette envers un espagnol ou un italien où je ne sais quel autre touriste, parce qu’il n’est pas d’ici, ça n’existe pas. Certes, il y a une raison à cela: c’est qu’à Paris, tout le monde est de nulle part de toutes façons, et je trouve ça plutôt fantastique au fond… À Londres, c’est pareil, soyons clair, il n’y a pour ainsi dire que des étrangers, c’est ce qui fait en partie le charme de cette ville vive et incroyable, et jamais on ne fait sentir mal les étrangers. La politesse des Anglais n’est pas feinte, elle existe, dans les actes.

Wilfried, oui, j’ai noté que Wedding est très sympa. C’est vrai que j’ai noté que beaucoup de gens à Berlin font la grimace quand ils entendent que j’habite Neukölln. Il est officiel de déclarer tranquillement qu’on aime pas ici les quartiers multi-culturel. Je trouve ça choquant. Comprend-moi, je viens de Paris, de déclarer une chose pareille ici déclenche une foudre. On est immédiatement perçu comme « facho », et si on insiste, les gens se détournent, et c’est normal, c’est un manque de respect envers les autres et ça ne se fait pas, point final.
Moi j’ai choisi Berlin parce que c’est sensé être la ville la plus cosmopolite d’Allemagne. Et bien sûr parce que j’y ai des amis, tous très « internationnaux ». Mais je me rends compte progressivement que les Berlinois n’aiment pas ça en majorité, ce n’est pas un champ d’ouverture pour eux, c’est une invasion.
Mes amis ici sont Allemands et Américains. Ce sont des professionnels dans l’art contemporains et la musique. Ils me parlent de ces Allemands en question comme de la pourriture, me disant que je dois absolument faire abstraction, que je dois ignorer totalement tous ces détails.
Je leur dis que je n’y arrive pas. En fait, pour moi, ce ne sont pas des futilités, c’est grave et j’en suis heurtée.
J’espère sincèrement que je vais passer un cap, mais je ne sais pas, car se taire, c’est aussi adhérer.
Je pense que je vais faire un effort pour contrôler mon émotion lorsque je me sens agressée sur mes origines, et que je vais désormais ouvrir ma bouche. Face à cette autorité naturelle qui inscrit ces personnes dans un droit assuré, je peux aussi réagir, après tout rien ne me l’interdit. D’ailleurs, à la mairie, une fois, un employé extrêmement impoli m’avait littéralement expédiée dans la salle d’attente en la montrant du doigt et en grognant: « warten raum! ». On se serait cru à l’armée, je ne le croyais pas, alors que je voulais poser une toute autre question! J’ai dû lutter pour la poser! C’était inouï. À la fin, lorsqu’il a enfin fait son travail, soit de me répondre, je lui ai dit sèchement (comme lui) dans mon mauvais allemand, mais bien assez clair: « Il faut attendre que la personne ait formulé sa question avant de répondre. Vous sortez d’où? Vous n’avez aucune éducation ». Je suis ensuite partie, autoritaire, sans lui donner la moindre possibilité de répondre, et me suis dirigée vers le bureau où je devais aller. Il était soufflé, le visage décomposé. Je l’ai vu.

Dois-je en arriver à ce stade? Répondre constamment pour me faire respecter de ce type de personne?
Qu’en pensez-vous?
Sincèrement, je ne sais pas si c’est une manière de vivre. Quelle hostilité… J’ai horreur de ça.
À votre avis, que faut-il faire?

Ce n’est pas de l’arrogance, c’est de la discrimination.
Je ne pratique pas ce genre de sport. Je devrais le supporter?
Au nom de quoi?
Le simple fait de déclarer que cette saloperie existe partout suffirait à le justifier?
Personnellement, après avoir beaucoup voyagé et vécu dans divers pays, je n’ai pour ma part jamais rencontré ce genre d’attitude.
J’en déduis que c’est une spécificité Berlinoise, ou Allemande (j’en sais rien).

C’est ce que novembre dit dans son premier message et je vous donne raison.
En Allemagne, plus qu’en France, ce qui sort du domaine du cas normal dans l’administration, c’est la catastrophe. Il faut que ce soit dans les règles, et si ce n’est pas le cas, ils ne peuvent plus rien pour vous. J’en ai fait les frais à la pharmacie, alors qu’en France on aurait surement fermé les yeux sur mon ordonnance manquante en me rappelant de mieux prévoir la prochaine fois, en Allemagne, on ne m’a pas filé mon médicament alors que j’étais au bord des larmes. Pas de pitié pour les cas spéciaux, aucune spontanéité comme l’a écrit novembre. Ca m’est arrivé plusieurs fois donc oui, vous avez malheureusement raison.

Cela dit en ce qui concerne le racisme, la France n’a aucune lecon à donner ces derniers temps. Ce qui m’intrigue par contre: j’ai des origines algériennes (que certains pourraient prendre pour des racines italiennes, je suis pas si typée que ca mais en tout cas pas Norvégienne) et je n’ai jamais été victime de comportements aussi désagréables que dans le dernier message de novembre. Un ami, encore plus typé que moi, lui a connu la meme chose que novembre.Peut etre est-ce parce que je parle couramment allemand… cette explication est aussi plausible. En attendant novembre c’est dommage de se focaliser sur ces quelques mauvais exemples, tu as des amis allemands, alors pourquoi ne pas se focaliser sur ces amis qui t’acceptent comme tu es et faire abstraction de cette minorité mal élevée?

Moi aussi, laisse tomber, j’étais en panne d’Avlocardyl, c’est un médicament pour le coeur. Je suis restée à Berlin plus longtemps que prévu et du coup je n’en avais pas assez. Je n’ai pas du tout paniqué, sûre qu’on m’en donnerait à la pharmacie. Après tout, c’est de l’Avlocardyl, pas du valium ni du xanax… J’ai écumé 4 pharmacie. Refus net car pas d’ordonnance. J’avais pourtant ma plaquette d’Avlocardyl avec moi. J’ai fini en sanglot, toute seule dans un café au hasard, désespérée et pleine de palpitations. J’ai téléphoné à ma fille qui m’a fait un chronopost et voilà. C’est dommage que je me sois écroulée psychologiquement, si j’avais été plus forte, j’aurais eu le réflexe d’aller tout simplement voir un médecin et je pense qu’il m’aurait immédiatement fait une prescription. Je regrette qu’aucun de ces pharmaciens ne m’aient rappelé cette option. Tant pis pour moi.

Oui, c’est peut-être que je ne parle pas assez bien l’Allemand… Mon dieu mais comme on doit être punie pour ça, comme c’est dur. Pourtant je progresse. Je fais ce que je peux. Dernièrement, à la suite de ces « détails » accumulés, je rentrais chez moi à Neukölln, et je me regardais dans la glace, longtemps. J’essayais de me voir comme on me voyait, je voulais savoir quel visage j’avais vraiment, pour être si non-conforme, pour attirer autant de résistances à mon égard. Je voulais savoir ce qui clochait. Un ami allemand, désespéré de me voir pleurer comme ça, me répétait qu’il fallait arrêter de me laisser affecter comme ça, qu’il faut s’en foutre. Je voudrais avoir le mode d’emploi. Je regarde tous ces « multi-kulti » dans les terrasses de café de Neukölln, parmi toutes ces nationalités, plein d’allemands, autant détestés que moi. Ils le savent, ils me le disent, ils ont accepté, pas moi.

L’Allemagne semble exister sous forme de catégories très fixes. Il faut trouver la sienne.
Je veux bien essayer, je comprends bien que où que l’on soit, l’on ne peut pas aimer tout le monde, c’est sûr.
Mais c’est comme si d’un coup il fallait développer des facultés d’adaptation que je n’ai jamais eu à développer dans les autres pays où j’ai vécu. Ce sont des facultés qui relèvent d’une résistance hors norme à toute forme de spontanéité humaine, de compassion. Il faut faire croître en soi une logique humaine, juste, mais arithmétique et non émotionnelle. Tout ceci s’inscrit dans un univers où l’intuition et le réflexe compassionnel relèvent de l’ordre de l’ennemi, ou de la panique. La clarification, hachée, détaillée, est sans doute rassurante pour l’esprit allemand. J’essaie de voir les choses ainsi pour rationnaliser et ne pas tomber dans la bêtise du rejet-défense-haine. Mais tout ceci manque tellement de poésie, j’ai du mal. Avec mes rares amis, tout est naturel et simple, et en dehors de ce cercle - il faut pourtant vivre en société -, souvent je supporte en silence et je paie pour quelque chose que je n’ai pas commis.

Je discute avec une personne qui attend comme moi pour visiter une maison. Au bout de 2mn, la personne allume une cigarette et va attendre à 20 mètres de moi, pourquoi? Je ne me suis jamais sentie aussi nauséabonde, désagréable. Je reste là, meurtrie. C’est incompréhensible.

Je veux acheter une maison, je dis « ok, je l’achète ». L’agent me dit « ok, très bien ». Je dis « vous avez un notaire? » « Oui ». « Très bien, demandez-lui de préparer le contrat. Prenez le RV à votre convenance, je m’adapterai ».
Et là, tout se complique. Silence. « Vous savez, Madame, je crois qu’il faut que vous réfléchissiez, c’est une décision importante ».
Je tombe des nues: « Ma décision est prise, pas de souci ».
Lui: « C’est plus compliqué que ça »
Je réponds pour le rassurer: « Ne vous inquiétez pas, je peux acheter cette maison. Je vais vous adresser des justificatifs bancaires. Ceci tranquillisera le vendeur, d’accord? »
Et là, il se tourne vers mon ami allemand et se met à parler avec lui, longtemps, en m’ignorant complètement. Je ne comprends plus rien.
Mon ami, totalement gêné, m’explique au bout de 20 minutes qu’il est peut-être plus prudent que j’achète plus tard, quand je parlerai mieux allemand. C’est bien sûr, c’est pour ma sécurité, comme ça en temps et en heure je serai bien avertie le jour de la signature chez le notaire. Et qu’après réflexion, il est peut-être plus prudent que ce soit mon ami allemand qui l’achète, comme ça pas de souci.
Je tombe des nues. Je sais ce qu’est un contrat, autant que lui, voire mieux, et j’ai l’argent pour payer, mon ami, lui, n’est absolument pas acheteur. C’est juste un ami qui est venu par gentillesse. Et là l’agent me répond en riant: « Mais il pourra vous la revendre par la suite! Allez, pas de souci! »
Nous sommes partis, je suis tombée malade le soir même. Démolie.
Mon ami était effaré. Il traite ces gens de « scheize ». Il m’a dit qu’il n’a pas eu confiance. Et que plutôt que de courir le moindre risque, il préfère éviter la vente. Mais il aurait eu visiblement davantage confiance en mon ami, alors qu’il n’a pas les fonds nécessaires pour cet investissement, c’est ridicule.
J’ai 47 ans. Je suis une femme honnête, me voilà soudain suspecte. L’on se méfie de moi. Je n’ai jamais vécu ça. Que faire?

je t’ai répondu sur le fil de ta présentation… et je viens de lire toute la page 2 entièrement… il y a quand même plusieurs trucs qui me surprennent…

  1. l’histoire avec l’Avlocardyl (je connais… j’en prends !!) … et bien je ne suis pas certaine que même en France on t’en délivre sans une ordonnance… peut-être en montrant la plaquette entamée… et encore… je n’en suis pas si sûre ! c’est un médicament soumis à prescription médicale, et donc obligatoirement délivré sur preuve d’ordonnance à ton nom… donc ce qui t’es arrivé en Allemagne n’a, à mes yeux, pas grand chose de surprenant… (d’autant que j’ai l’impression que les allemands sont encore plus sévères que nous en ce qui concerne les médicaments)…

  2. cette phrase là

mais bien sûr que tu es suspecte !! Mets-toi simplement à la place du commercial veut vendre cette maison ! il a un patrimoine à vendre, patrimoine qui ne lui appartient pas, il n’en est que le chargé, et il se retrouve face à face avec une acheteuse potentielle, qui ne parle pas bien l’allemand, et dont il ne peut pas avoir la preuve immédiate de sa solvabilité et de son sérieux… Certes c’est une forme de racisme, je le conçois, mais d’un autre côté… inverse les rôles ! Tu vends ta maison en France, et tu te retrouves face à un chinois fraîchement débarqué en France, qui ne parle pas bien le Français, et qui veut acheter ta maison… tu ne serais pas méfiante toi ?
et bien moi si ! non pas parce que je suis raciste envers les chinois… mais simplement parce que j’aurai peur de me faire arnaquer ! tout simplement !
les gens sont méfiants envers toi en Allemagne ?? bienvenue au Club ! chaque fois que je suis allée en Allemagne, il y a eu une partie des amis de mes amis allemands qui ont été chaleureux, sympa et conviviaux avec moi, et une partie qui m’ont battu froid toute la journée…
j’ai mis du temps à comprendre que … généralement… ce qui les empêchait de m’approcher… ce n’était pas MOI en tant que personne, c’était le fait qu’ils avaient peur que je ne comprenne pas ce qu’ils me disaient… (mon allemand n’est pas très bon non plus)… Alors ils observaient de loin, comment les autres s’y prenaient… et n’osaient pas entamer la conversation…

tu n’est pas habituée à cette méfiance, il est donc logique qu’elle soit difficile à supporter… mais essaie juste de voir « avec leurs yeux » et pas avec les tiens :wink:

parce que tu t’es peut-être trouvée seulement dans des pays qui ont un accueil naturellement plus chaleureux !

Kissou 33 dit

Cela m’a beaucoup amusé cette mise en parallèle. Mais cela m’a aussi rappelé une copine polonaise toute blondinette parlant mieux le français que bons nombres de Français. Elle pouvait aligner les mois de loyers d’avance demandés par le propriétaire et les parents qui se portaient caution. Eh bien le propriétaire exigeait qu’un Français se portent caution pour elle et non des Polonais. C’était tout simplement à Paris, il y a 3 ou 4 ans!!!
Alors Jeune Dame Novembre, car tu n’as que 47 ans après tout :smiley: , il y a quand même des choses très positifs dans le récit de ta nouvelle vie berlinoise : tu vis à Berlin, tu as d’excellents amis allemands, et a aussi trouvé de bons camarades sur ce forum :smiley: :smiley:

et pourtant c’est vrai Valdok !!! Le meilleur moyen de s’intégrer à un pays, est d’adopter de suite les coutumes et les habitudes de ce pays… et de ne plus penser « à la française », mais d’essayer de penser" à l’Allemande" en Allemagne…

A mon niveau… c’est ce qui me permet de dîner à 18 h 00… alors que chez moi… c’est 20 h 00 !! :laughing:

c’est aussi ce qui me permet de zapper mon sacro-saint café du midi… parce que je sais que je le prendrai au Kaffee-Kuchen de 16 h 00 :wink:

et c’est aussi … accepter… que parfois ma g.eule ne revienne pas à tout le monde ! :laughing:

il faut quand même que je revienne sur le coup de la cigarette… franchement… Novembre… et si la personne qui a
allumé une cigarette s’est éloignée pour ne pas t’embêter avec la fumée de cigarettes ??? Et si cette personne s’était aussi éloignée pour réfléchir à son projet de maison, et récapituler dans sa tête toutes les questions qu’elle voulait poser au vendeur ??? tu y as pensé ??

Pour l’Avlocardyl, que veux-tu, j’ai fait une bêtise, au lieu de m’effondrer, j’aurais simplement dû foncer chez un médecin, ça aurait été réglé. Tant pis.
A Paris, avec la plaquette à la main, on me l’aurait donné sans problème, immédiatement, et on m’aurait apporté un verre d’eau pour l’avaler directement dans la pharmacie. On aurait pris tous mes documents et on m’aurait fait promettre de ramener l’ordonnance dès que possible, ce que j’aurais fait, bien évidemment.
En province, j’en sais rien. Je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas.

Moi en tout cas, je ne serais pas du tout tétanisée de vendre à un chinois. C’est bizarre de penser comme ça. Se méfier d’eux, mais pourquoi? Qu’est-ce que tu as de plus d’eux et de plus fiable pour te méfier d’eux à ce point? Ils sont en mesure d’acheter des biens extrêmement onéreux à Paris, à Londres et ailleurs. Cette raison, dans le cadre d’une tractation immobilière, ne devrait pas suffire? Excuse-moi, mais en quoi c’est rédhibitoire qu’il soit chinois? En quoi ça dérange? En quoi devrions-nous nous méfier? J’aimerais que tu me répondes, franchement.
Personnellement, j’ai vendu des biens à des américains, à des arabes, à des français, à des italiens, il faut arrêter, là. Avant signature, on a tous les documents requis d’un point de vue financier. C’est une affaire qui roule, ou bien elle est interrompue et on ne signe pas, c’est très simple!
J’ai proposé d’entrée d’envoyer mes garanties financières pour tranquilliser cet agent immobilier. Que faire de plus??? Mais dites-moi! Des millions de transactions sont enregistrées chaque jour, des biens vendus à des étrangers, touristes, expatriés, investisseurs, ça existe partout, je l’ai déjà fait sans encombre partout et j’étais acheteuse ou vendeuse: jamais de problème! Mais en Allemagne… On se méfie plus qu’ailleurs! C’est ça la réalité: davantage de méfiance. Phobie du risque. Mais là, en l’occurrence: quel risque? J’avoue que…
Dans les autres pays où j’ai vécu des années, il y a les Etats-Unis. Crois-moi, les Américains n’ont pas à recevoir de leçons des Allemands. Ils ont en commun rigueur, sérieux, goût du travail bien fait, rendement et efficacité maximale. Un seul point fondamental où ils divergent radicalement, c’est que les américains sont FAST, réactifs, c’est « rapidité-efficacité »… et les allemands sont LENTS et froids. Faire des affaires avec eux relève du tour de force. Les négociations sont lentes et insupportables. Normal, d’entrée ils ne vous font pas confiance. Et même documents fiables à l’appui (mon cas): c’est non. Avouez qu’il n’y a là aucune explication rationnelle, si ce n’est le racisme. Les Allemands font moins confiance aux étrangers que les autres européens (ne me dites pas que non car à Paris, Londres, NY etc. on vend des milliers de biens à toutes sortes d’étrangers). C’est du racisme, c’est tout. On pourrait également qualifier cet épisode très précis de préférence nationale (il préfère vendre à mon ami allemand plutôt qu’à moi), voilà, c’est clair. Je veux bien faire des efforts pour essayer de penser en Allemande, comme tu dis, mais sur ce dernier aspect, la préférence nationale, je regrette, jamais je ne penserai de la sorte, ni d’ailleurs mes amis allemands. C’est un véritable refus conscient de notre part.
J’ai donné ordre ce matin à la Deutsche Bank de rapatrier tous mes fonds. Ils n’ont pas aimé, ouh la, vent de panique, mais au regard de comme je suis traitée en Allemagne, je n’ai pas fait dans la dentelle. Disons que j’y suis allée poliment, simplement et directement, à l’Allemande, et sans aucune explication. J’investirai ailleurs, il y a des limites à l’insulte.
Je reste en location pour l’instant, c’est plus prudent et au moins ça ne m’engage à rien.
En tout cas, c’est vrai que tu as raison, je ne suis pas habituée, c’est tout, même les Etats-Unis, pays qui peut sembler froid aux étrangers, est un exemple de convivialité et de respect en comparaison.

Valdok, l’histoire de la petite polonaise, c’est écoeurant de traiter les gens comme ça.
Moi j’ai loué il y a un an (à Paris donc) un tout petit appartement à une petite jeune fille russe, étudiante, très bohème, insouciante et mimi comme tout, sans un flèche, ses parents se portaient garants bien sûr, des Russes. Qu’aurais-je dû faire? Les envoyer bouler parce qu’ils étaient russe? C’est un argument suffisant ça, d’être russe, pour être refusé d’entrée? Non mais dans quel monde vit-on? Bien sûr que non, Ils m’ont fourni leurs garanties, impeccable. Et quand bien même il y aurait eu un souci, qu’ils n’auraient finalement pas payé, et bien… j’aurais pris un avocat, comme tout le monde. Où est le problème?
Si on réfléchit en terme de nationalités, on ne vit plus, nous sommes à l’ère de la Mondialisation, il faudrait l’intégrer. Une extrême prudence tue l’initiative et le progrès. Il faut savoir calculer son risque, mais il y a un moment où il faut y aller, russe, chinois, américain ou arabe. Ce n’est pas cet qui doit bloquer les affaires.

En tout cas kissou, moi que je sois à Londres, Paris, Ibiza ou Berlin, je mange à 20h… ou même plutôt vers 22h.
Jamais je ne mangerai à 18h. Je ne suis pas française ou allemande là-dessus, mais… espagnole! -)
C’est pas grave, mes amis en Allemagne mangent comme moi et vivent encore plus en avion que moi -)
Vive tous les peuples et les villes de toutes les couleurs! Ce sont les plus belles!
Et que le business soit international, soyons au-dessus de ces bêtises nationalistes.

La grosse tristesse au fond, est pour les Allemands, qui se bloquent sur des trucs bêtes, tout ça à cause de craintes infondées.
Sans doute ont-ils de belles choses dissimulées… sous leur aspect psycho-rigide, je n’en sais rien, je n’accroche qu’avec une portion de la population. C’est la vie!

Autant pendant leur temps libre les allemands sont patients, tolérants et curieux quand leur interlocuteur éprouve quelques difficultés à s’exprimer dans leur langue, autant ils sont impatients et intolérants quand il s’agit de faire des affaires. Ils attendent souvent des étrangers qui veulent s’établir une très bonne connaissance de l’allemand.
J’ai eu une mauvaise expérience lors de mon premier entretien d’embauche de groupe pour une entreprise de « fundraising » où pour gagner du temps on a ignoré le francais… Mais cela a bien été la seule fois, le reste du temps toujours bien accueilli même à Rathaus Schöneberg lors des différentes démarches administratives. (Wilfried, a Schöneberg on est autant francophile et ouvert qu’à Wedding :stuck_out_tongue: , au passage Wedding devient de plus en plus « in » puisque c’est un des derniers bastions multi-kultis de la ville, Neukölln étant en pleine Gentrifizierung.)

Ne m’en veux pas de ma réponse, mais je crois que les gens font :unamused: parce que le coup de la francaise, artiste qui s’installe à Neukölln, c’est un peu cliché. Tu n’es pas la première et ne seras pas la dernière. Je ne vois pas un mépris du « multi-kulti » là-dedans. Les berlinois sont d’ailleurs très fiers de leurs quartiers Multi-Kultis.

Berlin est sans aucun doute la ville la plus cosmopolite de RFA, mais il est clair que les « Ureinwohner » qui voient augmenter leurs loyers au fur et à mesure jusqu’à ne plus pouvoir les payer et devoir quitter leurs apparts pour laisser leurs places à des étrangers (francais, anglais… souabes, bavarois ou rhénans…) ne sont pas des plus accueillants et cela se comprend. Et encore les « vrais » berlinois que je connais sont plus que bienveillants vis à vis des francais.

Bref « vergess’ die Spaßverderber! » et profite de l’été pour te refaire une santé et retrouver les bons côtés de la ville… sinon tu ne passeras pas l’hiver gris et gelé de la capitale. :smiley:

Cela s’appelle la Sachlichkeit. Je confirme, personne ne te demandera si tu aimes ou pas.

Ce qui est bien c’est que tu n’es pas susceptible. Tu as raison sur un point: les Allemands ne comprennent pas les problèmes d’ego. Donc ton problème, c’est certain, ça les dépasse. Je vois que tu aimes les Américains, je te souhaite bien du plaisir avec eux. Tout de bon! comme on dit en Suisse. :smiley:

Tu sais, je ne suis pas sûre que ce soit un problème de susceptibilité ou d’ego à proprement parler, mais plutôt de choix concret face à une situation donnée et la perception que j’en ai, qui est ce qu’elle est, mais qui est une réalité vécue par moi, ça c’est un fait.

En essayant de mettre l’émotion de côté, je peux en effet concevoir que peut-être, ce n’est pas méchant au fond, c’est juste que c’est une manière de fonctionner qui ne correspond pas à mes valeurs, puisque de manière récurrente, ça me fait mal.
Sincèrement, j’essaie de ne plus trop me poser de questions, je laisse passer un peu de temps. Prendre du recul ne me fera pas de mal. J’ai envie de passer un bon mois en Espagne… -) Ensuite, je retournerai à Berlin, si je m’acclimate, tant mieux, sinon, ce n’est pas dramatique après tout.

Les Américains, je ne les « aime » pas spécifiquement. « Aimer » une nationalité me parait tenir de l’ordre de l’aberration.
J’ai juste vécu là-bas quelques années et je n’ai eu strictement aucun problème, voilà tout.
Exigeants, réglos, rapides, respectueux, efficaces… et sympathiques! C’est vrai que j’en garde un bon souvenir, j’avoue.

Bon week end à tous, à Paris comme à Berlin ou ailleurs, et merci encore d’échanger avec moi!

un mois en Espagne… et retour à Berlin…

je me marre… le retour va être terrible !! surtout si tu compares la mentalité Espagnole et la mentalité Allemande !!

au passage…

mais tout le monde a-t-il les mêmes valeurs ?? non !! Ni en Allemagne, ni en France d’ailleurs ! si tu compares à TES valeurs, alors reste là où c’est… chez toi… c’est bête à dire je sais… mais faut être logique parfois…

… Mais arrête donc, tu peux bien aller en Espagne en vacances, profitez du soleil, retourner à Berlin et n’avoir pas forcément envie de retourner t’installer dans le même climat que tes vacances. Faut faire la part des choses, voyons. Ne me fait pas dire ce que je n’ai jamais dit -)
J’adore aller en vacances en Thaïlande aussi… mais j’y vivrais pas!
Je te trouve un peu radicale tout de même. Selon toi, pour te citer: être étranger, et bien c’est normal d’être suspect… vendre une maison à un chinois, alors là, tu ne le ferais pas… et si t’as du mal à t’adapter, et bien en gros, reste chez toi.
Je crois être plus modérée que toi. Je peux être heurtée par certains aspects mais ne pas jeter le projet à la poubelle et me donner le temps de voir, tout simplement. Cette manière de trancher les choses me parait pas seulement radicale mais simpliste. C’est à mon sens plus complexe que ça et ça mérite de prendre un peu de temps, voilà tout, et puis j’ai des copains en Espagne, accessoirement c’est sympa quand même! A moins que pour toi, aimer l’Espagne et avoir des amis espagnols, c’est incompatible avec un projet à Berlin…?
Allez, la vie n’est pas si « carrée », va… heureusement!
La rigidité et le jugement hâtif n’ont jamais rien apporté de constructif pour personne.

Fascinant:
Tu parles de perception, et hop! tu dis que c’est un fait.
Tu parles de laisser les sentiments de côté et hop! tu dis que ça te fait mal.
La logique n’est pas ton fort.

C’est ma description des Allemands et l’exact contraire des Américains que j’ai rencontrés. Remarque, les Anglais, c’était pire. Chacun sa perception, et sa logique.

Je t’explique:
Ma perception est ma réalité, c’est en ce sens que c’est un fait avéré, oui, puisque ça existe pour moi.
ça me fait mal, parfois, oui, même si j’essaie - c’est vrai - de contrôler mon émotion, quand bien même j’ai des difficultés sur ce point.
La logique n’est pas mon point faible, non.

Pour le reste, tu as raison, à chacun son ressenti. Certains aiment les Américains, d’autres les détestent.
Rien de nouveau sous le soleil…

C’est justement la raison pour laquelle ce n’est pas la réalité pour les autres. Le réel n’a de sens qu’en étant extérieure à soi, sinon, la perception de réalité et la réalité ne serait qu’une seule et même chose, ce que personne ne défend plus depuis Platon. Que tu ne sois pas d’accord avec Platon, c’est une autre histoire… ne nous mêle pas à ça. :laughing:

Certains se contentent de dire leur ressenti, d’autres développent des théories, et d’autres chipotent sur les mots. Tu me diras, c’est aussi une manière d’exister.