Nous savions déjà que l’Allemagne est depuis toujours le plus grand contributeur du budget de l’Union Européenne, très loin devant la France, et que le poids de l’Allemagne dans les décisions communautaires était très important (en termes de nombre de voix et des instances dans lesquelles ses voix comptent), et même souvent plus grand que le poids de la France.
Mais jusqu’à présent, je dirais jusqu’à Schröder, l’Allemagne a toujours cédé la place lors de certaines décisions sensibles à la France. Alors qu’en théorie, elle aurait pu ne pas le faire. Mais Schröder ou Kohl l’ont souvent fait. Ce qui fut bien sûr une chance innouie pour Chirac et avant lui Mitterrand.
Situation inédite, car nouvelle : l’Allemagne est entrain de reprendre du poil de la bête, et depuis l’arrivée d’Angela Merkel, l’Allemagne est entrain de reprendre sa place dans les grandes décisions européennes, quitte à faire plus que de l’ombre à la France, en prenant tout bonnement la place de moteur centrale de l’union européenne.
C’est ce que l’on vient de constater lors du dernier sommet européen au cours duquel ont été discutés des sujets aussi essentiels que la futur constitution européenne, le sujet de l’élargissement à 27 et à plus encore, et d’autres sujets très importants.
Ce sera sous la présidence allemande (premier semestre 2007) que va s’ouvrir la discussion sur l’avenir du Traité Constitutionnel Européen.
Ceci est tellement inédit comme situation qu’il vaille la peine de le signaler.
Mieux encore : Merkel a insisté pour dire qu’elle veut que des décisions concrètes soient prises à ce sujet durant la présidence de l’Allemagne en 2007, que Chirac et les Français le veuillent ou non. C’est donc une preuve de plus que l’Allemagne est entrain de revenir sur le devant de la scène dans les Institutions européennes.
On savait déjà que la France avait beaucoup perdu depuis le rejet du TCE en mai 2005, et qu’au sein de la Commission, la voix de la France jouait un rôle de moins en moins important, mais là les signes se multiplient. On assiste de plus en plus à un retour en force du poids de l’Allemagne en Europe.
Et, contrairement à ses prédécésseurs, Angela Merkel a bien l’intention de faire jouer à l’Allemagne un rôle central et moteur en Europe.