L'allemand (et le français) en Alsace

le latin est oublié depuis fort longtemps !!!
est-ce le lot des langues de finir par mourir ? question hautement philosophique.
Au départ (avant Babel :wink:) était une seule langue.
et à la fin ???

Oh mais là nous allons devenir carrément hors sujet. :smiley: :laughing:
Je veux bien parler philosophie avec toi mais sur un autre post. :wink:

non non, ce n’est pas hors sujet, il ne s’agit que de philosophie des langues.
la philosophie philologue ?
(je guette le pas d’Elie qui va me reprendre sémantiquement sur la formule (et sur le fond), mais tant pis. osons.
mais si la langue redevient unique, qu’en sera-t-il de la pensée ?
non, là on s’eloigne…

A propos de cette « pensée unique » dont tu sembles faire ton cheval de bataille, je citerai l’humoriste Gustave Parking :"Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais aujourd’hui, tout le monde est contre « la pensée unique ».

ce qui nous éloigne du sujet : est-on prêt à revenir à un « avant-Babel » certainement uniquement mythique ?
parce que c’est finalement ce qui s’est passé en France avant l’Alsace !
avec ses avantages (qu’il ne faut pas nier !) et ses inconvénients (la perte du plurilinguisme culturel qui oblige à un plurilinguisme d’apprentissage sans « avantage acquis »)

la moitié des langues et autres dialectes risquent de disparaitre, perso j’aime bien voir les écoles bilingue qui fleurissent par-ci par-là :wink:

par chez moi ce sont les écoles diwan (français-breton) j’aime bien aller dans les régions et entendre le patois local, au collège j’étais à côté de la vendée et des copines nous racontaient des histoire en patois vendéen, on y comprenait rien mais je trouvais ça sympa

je trouve rigolo d’entendre l’alsacien dans les commerces quand je vais par là-bas

Pas trop étonnant, non? Vu que tu ne parles pas le dialecte…

Perso, mis à part quelques bizarreries locales, je comprends très bien les alsaciens et du sud et du nord et du milieu, je peux (pourrais…) echanger sans problemes avec eux et plus encore aved les allemands du pays de Bade.

Et en sens inverse, j’ai discuté avec des Alsaciens de centre-Alsace (région autour de Sélestat) qui m’ont dit n’éprouver aucune difficulté à comprendre le sundgovien et, a fortiori les dialectes suisses.

@ veroa ; moi, ça me réjouit profondément d’entendre des jeunes (disons des 20-30) s’exprimer en Alsacien, même si leur alsacien est loin d’avoir la richesse et la qualité de celui de leurs parents. Cela veut dire pour moi que malgré les efforts des uns (hinaus mit dem welschen Plunder) et des autres (il est chic de parler Français), il reste toujours des gens attachés à leur parler,contre vents et marées, même si pour certains, ce parler n’a plus aucune utilité.
Et un grand coup de chapeau, côté ouest aux écoles Diwan pour lesquelles j’ai beaucoup de tendresse et qui font un excellent boulot.

Les écoles Diwan scolarisent 3 361 élèves de la maternelle jusqu’au baccalauréat.
Il existe également les écoles Div Yezh crées en 1979 et qui scolarisent 5 605 élèves de l’école maternelle au lycée.
Dihun créé en 1990 scolarise 4 425 élèves.
Et pour les enseignants l’assoiciation Unvaniezh ar Gelennerion Brezhoneg . :wink:

diwanbreizh.org/sections.php … e&artid=26
div-yezh.org/
dihun.com/
ugbrezhoneg.com/

quand je dis « je n’ai pas appris », c’est que mes parents ne m’ont jamais parlé en alsacien, que mes grands-parents me parlaient en français, parce que c’est aussi toute une époque (années 60) où l’on se disait que le plus important c’était que les enfants ne soient pas désavantagés à l’école par rapport aux autres petits français.

ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas baigné dans l’alsacien et que c’est une langue tout à fait « étrangère » non plus, entendue quand mes grands-parents parlaient entre eux, au marché, à la campagne et que cela ne me dépanne pas quand je ne sais pas un mot en allemand (seulement avec les badois et encore ceux-ci ne parlent pas tous leur dialecte local, ils se sont tous mis au hochdeutsch).

ceci dit je suis nettement meilleure en allemand que mon mari qui est dialectophone (lui non par choix, mais parce que certaines personnes de sa famille ne parlent pas le français du tout te que pour leur parler il fallait bien s’y coller).

et pour le schwyzerdutsch, même ayant véçu en suisse, je n’arrive pas à m’y faire, comme quoi le bain auditif précoce ne fait pas non plus que des miracles.

je ne dirais pas que j’ai beaucoup de « tendresse » pour les langues minoritaires régionales ou leurs écoles, je dirais plutôt de la curiosité et des questionnements puisqu’en définiive j’ai cotoyé énormément de ces langues « identitaires » et qu’en définitive aucune ne me sert vraiment au quotidien parce que trop localisées géographiquement, quand on s’éloigne on les oublie, surtout quand on a appris la langue « officielle » à côté car elle sert davantage (l’espagnol par rapport au catalan par exemple, quand j’ai commencé à apprendre il a fallu d’ailleurs que je me débarasse de tous mes maigres restes, alors que le catalan n’étant pas à l’époque une langue officielle, je ne savais même pas que ce que j’avais appris ce n’était pas de l’espagnol).

on dit « ah c’est la faute aux français, ils ont voulu éradiquer l’alsacien par jacobinisme » (le mot m’amuse !!!), mais étant attirée comme un aimant par toutes les cultures à cheval entre deux, je peux vous dire que cela n’a rien du tout de typiquement français, que dans les années 60-70, nombre de parents ont dit « mon fils/ma fille, apprends en priorité la langue qui va te servir quand tu vas faire tes études » c’est une question d’époque. l’exemple est valable pour les régions à double (voire triple) culture ou pour les immigrés des années 50-60 qui souvent ne faisaient même pas apprendre la langue de leur pays d’origine à leurs enfants.

je dirais ce phénomène de se « fondre dans la masse » a été particulièrement fort un peu partout en Europe dans les années après guerre, dépasse même le cadre de la langue, mais va jusqu’aux changements de noms, de choix de prénoms « neutres ».

La vraie question qui se pose est qu’est-ce qui a été l’étincelle du retour en arrière ?

j’ai un début de réponse (ou des débuts de réponse), mais avant de l’exposer, j’aimerais avoir VOTRE opinion sur le sujet.

Certes, je prendrais le temps de te répondre d’ici la fin de la journée. :wink:

voici ma petite idée sur la question :

la recherche du passé, de ses origines, avant on vivait avec plusieurs générations sous le même toit, on baignait donc dans le passé

mai 68 a changé beaucoup de chose dans le fonctionnement des familles

dans les années 60-70 ça faisait ringard d’avoir un intérieur vieillot, il fallait du moderne, parler le patois ou le dialecte faisait plouc, je dirai que la liberté obtenue après mai 68, qui a fait voler en éclat les rituels, a fait que nous avons perdu les reperes de nos ancêtres et nous y revenons depuis quelques années déjà

la France est une mosaïque d’us et coutumes et beaucoup arrivé à un certain âge (je dirais la trentaine, quarantaine) souhaitent les faire vivre ou revivre pour leurs descendants

besoin aussi de se sentir appartenir à un groupe social spécifique

le phénomène date d’avant 68, très clairement !!!
c’est vraiment un phénomène qui a commencé peu après guerre.

est-ce que c’est lié à la guerre ?
est-ce que c’est lié au développement économique des 30 glorieuses ?
au développement de l’audio-visuel ?
des voyages (avec le concept de langue « utile »)
à d’autres phénomènes ?

et surtout pour vous quand a démarré le contre-coup, le « retour aux sources » ?
c’est diffus ou il y a un élément déclancheur ?
et le rôle de l’Europe dans tout cela ! Les lois sur la préservation des identités régionales prévue par Maastricht ont donné un formidable coup d’accélérateur à la resurgence des langues régionales, notamment par le financement d’écoles corses, bretonnes, de classes bilingues,…
Le grand paradoxe de l’Europe !!!

pour le dialecte alsacien oui ça date de l’après-guerre comme je l’ai noté sur un post précédent, il fallait faire oublier l’intrusion des allemands et l’alsacien était trop proche de cette langue mais il se parlait dans les familles

il y a eu aussi l’uniformité de la langue française dans les administrations au début du xxeme siècle, la guerre de 14-18 où beaucoup de jeunes français se retrouvaient avec d’autres jeunes français mais pas de la même région et avaient du mal à communiquer, ils parlaient pour la plupart leur patois ou dialecte (la langue française était peu employée)

ce que je note sur le post au-dessus c’est l’étincelle du retour en arrière :wink: (même si c’est un peu brouillon, j’ai noté à la hâte avant de partir faire mes courses :laughing: )

il y a aussi le phénomène « école », « scolarité obligatoire ».

on a souvent dit « ah mais Louis XIV avait foutu une paix (linguistique) royale à l’Alsace, c’est ensuite que cela s’est gâté ».
mais à l’époque ce n’était pas très compliqué de foutre une paix royale aux gens sur la langue : pas d’école obligatoire, pas d’état centralisé.

c’est en 1870 aussi que l’on a pour la première fois imposé l’allemand en Alsace comme langue administrative et d’enseignement comme dans les autres Länder (pas plus ravis pour ce qui est de ceux du sud), sans pour autant interdire le français (les fonctionnaires berlinois envoyés en Alsace étaient même ravis de l’aubaine d’apprendre ce français tellement chic en Europe à l’époque).

ce que je reproche aux écoles Diwan en Bretagne, tout comme aux classes bilingues en Alsace, c’est leur côté totalement artificiel. Combien encore de vrais locuteurs bretons en Bretagne ? La langue enseignée dans ces écoles est une néo-langue que les rares anciens bretonnants ne comprennent pas forcément. à quoi sert alors cette langue ??? sinon à dire « on tient à nos racines » ???
Quant aux classes bilingues en ville en Alsace, elles ne correspondent à aucune « forme écrite de la langue régionale » étant donné qu’il n’y a que 3% de locuteurs alsaciens de moins de 20 ans dans les agglomérations comme Strasbourg et que les parents mettent leurs enfants là-dedans en espérant une espèce de petit mlracle linguistique alors que certains parents ne parlent pas un mot d’allemand ou d’alsacien.)
Même dans les villages, il y a de plus en plus de difficultés à recruter des enseignants de « langue et culture régionale » donc on voit des profs d’histoire-géo « de l’intérieur » parachutés sur ces postes.
cela a le mérite d’exister, mais je m’interroge sur la méthode et le bien-fondé. est-ce qu’il n’y aura pas plus de dégoûtés que de convaincus au final ? et est-ce q’on fait pas plus de mal que de bien ? car du coup il n’y a plus aucune classe LV1 allemand digne de ce nom. on peut tout aussi éfficacement commencer à apprendre une langue en 6e parce qu’à cet âge on peut être vraiement motivé ! et la motivation joue beaucoup plus que la précocité ! sauf qu’on ne peut plus faire ce choix ! effet pervers !

Donc pour résumer ce long développement; laissez mourir les langues minoritaires de leur mort naturelle puisqu’elles ne servent plus à rien.Et toujours ce côté obsessionnel pour toi, semble-t-il de l’utilité d’une langue.Des parents, tant en Alsace qu’en Bretagne où ailleurs, ont fait, à une certaine époque, le choix, en toute bonne foi, de ne pas transmettre leur langue maternelle à leurs enfants. Et je pense qu’ils ont eu tort. En toute bonne foi Ils ont sûrement pensé faire bien.Mais ils ont eu tort.
Maintenant pour ce qui est des écoles Diwan, que je connais assez bien pour y avoir fait des stages de langue bretonne, avoir côtoyé des instits et des élèves des écoles Diwan,avoir lu la presse et la littérature bretonnante et correspondu en langue bretonne avec des amis bretons, je pense qu’ils seraient assez étonnés et amusés d’apprendre qu’ils parlent une néo-langue et qu’en définitive, ils s’en foutraient totalement.J’ajouterai:
« Komzit brezhoneg gant ho pugale,
la culture française , la culture françai-ai-se,
Komzit brezhoneg gant ho pugale,
la culture française passe-ra a-près. »

si tu voyais ma bibliothèque tu changerais d’avis sur ma soi-disante obsession de la stricte utilité des langues. :stuck_out_tongue:
j’ai un intérêt culturel et linguistique pour les langues « menacées », mais toutes les personnes que je rencontre s’interrogent justement sur cet intérêt pour quelqu’un qui n’est pas de leur culture (je ne vais pas leur raconter ma vie à chaque fois et parfois l’intérêt est purement « gratuit »).
donc l’« utilité », ce sont justement les utilisateurs eux-mêmes qui me le renvoient à la figure, encore plus les néo-locuteurs (qui ne sont pas tous bretons :wink:) qui ont appris la langue dans un soucis d’intrégation (pour eux c’était un apprentissage « utile » socialement).
parfois j’ai même l’impression que c’est un peu « touchez pas à notre chasse gardée » (un êu paradoxal quand on veut promouvoir une langue), d’où ce sentiment que c’est un peu aussi le symbole d’un « repli » identitaire (on reste entre nous).
je n’ai pas dit qu’il FALLAIT laisser mourir les langues, mais la réalité est qu’il en meurt de nombreuses chaque année et qu’il est légitime de s’interroger sur les conséquences positives et négatives de cette simplification/apprauvissement de la carte linguistique du monde.

Lalilou je fais de la généalogie, on me demande souvent ce qui me motive, me passionne, m’attire dans ces recherches, mon mari est philateliste, je me demande à quoi ça sert de conserver des bouts de papiers qui coutent cher à l’achat, ils est normal que les gens se posent des questions sur un fonctionnement qui n’est pas le leur, rencontre une personne qui comme toi a un intérêt culturel et linguistique pour les langues menacées et vous pourrez échanger vos idées

pour le repli identitaire je ne suis pas d’accord, le cousin de mon père à Neuwilleur les Saverne a un voisin (de l’intérieur) depuis quelques années, ce voisin lui a demandé de lui apprendre l’alsacien et c’est avec un grand plaisir qu’ils se rencontrent régulièrement pour converser en alsacien (un exemple parmi d’autres)

les langues régionales reviennent en force depuis plusieurs années, d’ailleurs voici ce qu’il en est pour le Bac (obligatoire au bac L)

[i]Pour les épreuves de langue vivante 2 ou 3, les candidats peuvent opter pour une langue régionale. Au choix: le basque, le breton, le catalan, le corse, le créole, les langues mélanésiennes, l’occitan et le tahitien.

Sauf qu’en pratique, chacune de ces langues se décline en plusieurs dialectes… Et donc en plusieurs sujets! On se retrouve ainsi avec une douzaine de sujets de créole, trois de basque. Autant d’occitan[/i].

je ne t’apprends rien en disant qu’en Alsace les noms de rues sont en français et en alsacien, pareil par chez moi mais + en remontant vers la Bretagne, il y a belle lurette que sous la pancarte Nantes il est écrit Naoned

qu’il meure des langues, dialectes, patois tous les jours n’est pas une nouveauté, préservons déjà celles que nous avons en France sans se poser la question du pourquoi :wink:

j’ai toujours entendu dire qu’un patois ou un dialecte ne s’écrivait pas mais se transmettait oralement…

si tu savais le nombre de gamin qui s’en fiche royalement d’une langue étrangère, rare sont ceux qui sont motivés en 6e (mes filles ont 16 et 12 ans et on discute beaucoup d’elles mais aussi des autres enfants de leur classe d’âge)

tu notes « sauf qu’on ne peut plus faire ce choix ! » tu parles de l’allemand 1ere langue en 6 eme ? au collège de ma commune c’est encore proposé :wink:

Pour l’expression écrite des dialectes alsaciens, il existe « l’Orthal », très bien conçu par des enseignants dialectophones .Il suffit de le populariser. Pour exemple: chaque bretonnant qui lit un texte écrit peut le prononcer dans son propre dialecte, la forme écrite étant commune aux 4 dialectes. Ce que les bretons ont réussi, pourquoi les alsaciens ne pourraient-ils pas le réussir ?
« L’alsacien de Wissembourg à Ferrette ».
http://www.orthal.fr/pourquoi_orthal.htm