Le "délicat" travail des interprètes

Une réunion préparatoire à un sommet politique. Une madame Mergel , représentante du gouvernement allemand , un ministre des finances portugais , un ministre de l’économie espagnol et un ministre de la république populaire de Chine , accompagnés chacun de leur interprète.
Tiré d’une émission de la première chaine allde intitulée « Verstehen Sie Spaß ? ».
Explication à la fin de la video ; « Versteckte Kamera = caméra cachée. » Ca m’a bien amusé. :smiley:

Les pôôôôvres ! J’ai bien ri, mais je compatis pour les consœurs !

Très amusant ces interprètes victimes de la caméra cachée… Un belle démonstration de sang froid dans le professionnalisme.
Sonka, je ne savais pas que tu étais aussi interprète :respect: !!! :wink: Même si on les regroupe souvent sous le même chapeau, ce sont bel et bien deux métiers différents.

Pour ma part je n’ai vécu que des expériences sporadiques d’interprétariat consécutif dans l’armée de l’air… Et souvent aussi dans des situations rocambolesques, même si, heureusement, cela n’avait aucun rapport avec de la drague ou de la grossièreté…

j’ai pas tout compris mais c’est quand même très drôle !!! les pauvres !!!

il n’empêche que, bien que je sois bien loin d’être interprète, le fait que parfois elles se trompent de langue à force de passer de l’une à l’autre, ça m’arrive aussi !!! on se trouve bête… de parler en allemand à un français ou vice versa…

ravie de savoir que ça arrive aussi aux pros de se mélanger les pinceaux linguistiques ! :laughing:

Oui elles se sont un peu emmêlées les pinceaux. Sans qu’il ne s’agisse d’interprétariat, cela m’arrive très souvent ici à Viadrina.
Le pire c’est de répondre en polonais à ma prof de russe, de voir le sourire :wink: de mes camarades polonais et la tête :unamused: de ma prof de russe, ou encore de mettre de mots d’anglais et d’allemand dans une même phrase parce que je dois passer d’une langue à l’autre vu que tous mes amis étudiants ne parlent pas tous allemand.

Cependant pour ces jeunes interprètes, le professionnalisme reste vu ce qu’on leur demandait de traduire (j’aime bien les blondes j’aimerais bien vous inviter dans ma suite d’hôtel, ou encore les relations avec l’Allemagne sont merdiques) :wink: :wink:

Bref c’était bien amusant tout de même.

Je ne peux pas résister à l’envie de vous raconter un des exemples les plus marquants sur le délicat travail des interprètes, qui me soit arrivé.

Lors d’un exercice international en Tanzanie, on m’avait demandé de servir d’interprète face à une autorité tanzanienne sur des problèmes de taxes douanières pour l’importation de matériel. On ne m’a présenté le dossier que le jour même dans la jeep menant à l’ambassade de France en Tanzanie. Heureusement l’autorité tanzanienne est arrivée avec 2 heures de retard, donc j’ai eu le temps d’au moins le survoler avec mon « dictionnaire de campagne ». Je me sentais à peu près prête pour traduire les propos de ce diplomate tanzanien. Seulement voilà, au lieu de me placer près de l’autorité dont je devais traduire les propos pour les autorités françaises, on m’a placé au dernier rang pour respecter la hiérarchie militaire, car je n’étais que sous-officier… Et les autorités françaises n’ont pas réagi.De plus il y a avait un ventilateur qui faisait un bruit énorme dans la salle…et je sus légèrement malentendante…
Inutile de dire que je n’ai rien pu traduire du tout. Mes interlocuteurs français devaient me répéter ce que le diplomate tanzanien avait dit lorsqu’ils voulaient s’assurer d’avoir bien compris.
Mais l’épisode a eu du bon, car le lendemain j’ai été promue capitaine juste le temps de la mission pour que je puisse faire mon travail correctement.

Non, je ne suis pas interprète, mais il ne m’étais jamais venu à l’idée que les interprètes ne soient pas mes confrères… Nous avons les mêmes instances représentatives, le même code NAF, les mêmes études… En fait, les interprètes poussent les études plus loin que les traducteurs. Il n’y a donc pas d’interprètes qui ne soient également traducteurs, même si tous n’exercent pas la traduction. Alors peut-être que les interprètes ne considèrent pas les traducteurs comme leurs confrères, ça ne m’avait jamais effleuré de leur demander, mais les traducteurs considèrent les interprètes comme leurs confrères, ça c’est certain.

Par contre, si tu leur parles d’interprétariat, tu vas te prendre une volée de bois vert :wink:

Oui je comprends ton point de vue, traducteur et interprète appartiennent au même corps de métier, donc ils peuvent se considérer comme confrère. Même si ce sont deux métiers différents.

A la base, un interprète doit produire un résultat, soit en même temps que la personne parle ou juste après qu’elle ait parlé, peu importe la façon dont la personne s’exprime,qu’elle articule mal, qu’elle parle vite ou trop doucement…
Sur le papier ces problèmes n’existent pas, il y a en d’autres aussi compliqués certes, mais différents, le traducteur n’a pas besoin de produire un résultat devant d’autres personnes à l’instant précis où il lit la portion de texte sur la page. Il a la possibilité de gérer son temps, même si il doit passer nuits blanches sur nuits blanches pour fournir les traductions à ses clients dans les temps impartis.

Personnellement je connais une personne qui bien que selon ses pairs (mon japonais ne me permettrait pas de porter un jugement) fasse d’excellentes traductions du français vers le japonais, son domaine de spécialité étant l’histoire de l’érotisme, elle s’exprime difficilement à l’oral…, En effet elle a tellement de travail dans ce domaine, qu’elle n’a plus le temps ni de rencontrer des francophones ou ni de prévoir un voyage dans un pays francophone pour rafraichir son français oral… Lorsque je suis allée la voir au Japon il y a quelques années, nous n’avons finalement principalement parlé qu’en japonais. Certes cela m’a été très profitable, mais j’ai été surprise par son français oral très hésitant… Après, je suis persuadée qu’il aurait été capable de de parler de son domaine de spécialité dans un excellent français grammatical et lexical…Mais bon, la traduction érotique :wink:
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Tu sais, j’ai toujours eu envie de traduire des dialogues de films porno, histoire de relâcher un peu la pression et tirer (ou pécher) à la ligne… :mrgreen:

hors sujet total mais…
??? depuis quand il y a des dialogues dans les films érotiques ??? :stuck_out_tongue: :mrgreen:

Attention, il ne faut pas confondre érotisme et porno ! Prends par exemple Cyrano de Bergerac. Avec Roxane, c’est pas boum-boum tout de suite, faut y mettre les formes ! C’est tout un art, de séduire par la parole ! Il y a 40 ans, on faisait aussi des films porno qui tenaient la route, de vrais longs métrages, avec un vrai scénar, de vrais dialogues, pas un montage à l’emporte-pièce où l’on va tout de suite au coeur des choses !

"Un Allemand fait , en Asie , un discours traduit par une interprète.Il fait plusieurs déclarations non dénuées d’humour.L’interprète traduit apparemment ce qui est dit et tout le monde rit.
Après l’exposé , l’orateur remercie l’ interprète :« J’ai beaucoup voyagé à travers le monde et la plupart du temps mon humour ne faisait pas mouche comme ici.Vous avez réussi de façon géniale à faire apprécier mon humour au public et je vous en remercie. »
L’interprète rougit , prend son souffle et prend la fuite en avant :« votre humour est vraiment allemand et le jeu de mot que vous avez fait proprement intraduisible dans notre langue. Mais un des commandements de la politesse étant de faire en sorte que chacun se sente à son aise , j’ai dit: l’orateur fait une blague malheureusement intraduisible.Je vous prierai donc aimablement de rire à trois : un , deux , trois… » :mrgreen:

Excellent, Michel ! :laughing:

Val, oui les traducteurs ne savent pas nécessairement parler, d’ailleurs ils n’en ont pas besoin. Il y a les gens qui n’ont jamais su, et ceux qui ont oublié comme ton ami. Mon prof d’allemand automobile à la fac (qui était d’ailleurs traducteur plus que prof) nous avait annoncé tout de go qu’il était incapable de tenir une conversation en allemand - et pourtant ce n’est pas faute d’occasions de pratiquer puisqu’il était marié à une Allemande ! Ce ne l’empêchait pas d’être extrêmement compétent dans son domaine. Quant à l’oubli faute de pratique, ça concerne tout le monde et pas seulement les traducteurs. La prof de français de mon mari en Ukraine était dans sa jeunesse une interprète de haut vol, elle accompagnait les officiels et célébrités en visite en Ukraine (pour le français, et l’anglais aussi il me semble). Quand je l’ai rencontrée il y a quelques années, elle pouvait à peine aligner trois mots en français, ou du moins ne le voulait pas, bien consciente de son niveau au ras des pâquerettes. Il faut dire qu’entre temps elle s’était installée en Grèce et s’était entièrement consacrée à cette langue.

je copie Sonka… Excellent Michelmau !! j’adore !! c’est un super sens de la répartie… et d’un professionnalisme de haut vol ! :laughing: :mrgreen:
(et je compatis, mon père excelle dans l’art du jeu de mot, mais à traduire, c’est d’un casse-tête incroyable !!! )

J’ai du la raconter il y a très longtemps , mais je n’arrive pas à la retrouver.
Dernière guerre , rencontre entre une autorité française ( Pétain ?) et de dignitaires nazis.
L’autorité française :" j’estime ( j’apprécie ) le Führer et le Reichsmarschall Göring."
Et l’interprète de traduire :
" Ich schätze den Führer und den Reichsmarschall Göring"
Sauf que , au lieu de prononcer le ö de Göring , il prononce un « e »…ce qui donne « gering » particule séparable dépréciative. La phrase veut donc dire : " je méprise le Führer et le Reichsmarschall."
On peut imaginer la mine gênée des gens présents. :mrgreen:

C’est fréquent, la prononciation du « ö » comme un « e », surtout dans le sud. Evidemment, chez un interprète officiel, ça fait tache… :confused:
Par exemple, le hameau de Flöss*, ou le nom de famille homonyme, dans les Dolomites, je le prononce « Fless ». Question d’habitude.

  • Le nom originel est « Fles », devenu « Flöss » lors de la germanisation des noms de lieu et de famille sous Joseph II (histoire de marquer le coup pour se démarquer de la langue locale). Mais la prononciation restait la même : « Fless ».

alsacien : böse >>>bees. :wink:

Quand Poutine joue les interprètes ( allemand-russe ).Poutine parle couramment allemand ; il a habité et travaillé un certain temps en Allemagne du temps de la RDA.

Je n’aime pas beaucoup le bonhomme , mais , belle performance , faut reconnaitre. :wink:

je n’aime pas non plus le personnage, mais tu as raison, l’exercice n’est pas forcément évident, surtout au pied levé ! et de par sa position, il uarait aussi pu simplement s’abstenir… ce n’est pas ce qu’il fait et le geste est appréciable ! (j’ignorai totalement qu’il parlait allemand couramment)

Il a été pendant 10 ans résident du KGB à Dresde. Par la suite, il a ajouté un « p » à sa fonction.

:laughing:

ceci explique donc cela… :mrgreen: (je comprends mieux pourquoi j’ai toujours pensé qu’il avait une tête à avoir joué dans « La vie des autres »… )