Le dernier survivant des «Triangles roses» décoré

Pas loin d’un Subway ? :wouaw:
J’irais voir cette boite à Berlin rien que pour avoir le plaisir de manger un Meatball Marinara, un Poulet Tikka ou Subway Melt. :smiley:
Mais le monde est bien fait : je dispose d’un Subway près de chez moi. :mrgreen: :top:

Ouais, je sais. Je pense qu’a bouffer. :mouaif:

Je t’aime…moi non plus.
Serges Gainsbourg :laughing:

C’est une sujet très complexe. La loi qui envoyait les homosexuels dans les camps a été abrogée… en 1994. Après une réforme notable en 1973, il est vrai. Il y a eu des condamnations dans les années 50 et 60 pour rapport homosexuel entre adultes consentant. A méditer. Après 1973, la seule différence notable était que la majorité sexuelle (Schutzalter)était de 18 ans pour les homos alors qu’elle était à 14 ans pour les hétéros et les lesbiennes. Le problème était surtout une question de principe et le fait que certains tribunaux appliquait la loi strictement et sans dissernement, même en cas de différence d’âge minime.

Le problème pour un nazi de l’époque, c’est qu’il fallait y réfléchir à deux fois avant d’envoyer un futur soldat allemand dans les camps plutôt qu’au front. Ceux qui avait des activités politiques, même si ce n’était que du simple cabaret, ont été condamnés pour cela, on ne rajoutait pas le triangle rose en dessus du triangle rouge ou noir de l’autre condamnation. Il existait cependant la combinaison rose-jaune. Ceux-là n’avaient aucune chance de survie, donc tout le monde a oublié et ne comptez pas sur Israel pour les rajouter dans leurs musées.

En fait, jusqu’en 1935, il était assez difficile de tomber pour §175, la loi en question. Car il fallait prouver le fait. Et oui, même les nazis ne voulaient pas risquer d’envoyer un hétéro aux fréquentations ambigues dans un camp. A partir de 1935, la [i]Verschärfung /i de la loi permet de passer de 6 mois à 5 ans de prison et de faits avérés à de simple rapports de nature sexuelle (beischlafähnlich). Bref, c’était liberté totale pour les juges, et les interrogatoires pour dénoncer ses ex-amants et autres connaissances ont donné des vagues d’arrestations successives dans toutes les grandes villes. Dans les régions rurales et les petites villes, la denonciation faisait son office.

A noter que la cours suprème de RDA, Oberstes Gericht, cassa en 1987 toute condamnation impliquant une différence de traitement entre les homos et les hétéros. Toutes les lois relatives à l’homosexualité ont été abbrogées en 1988. Juste avant la chute du mur. Mais même avant, la condamnation n’était prononcée que si la relation homosexuelle représentait un danger pour le socialisme, ce qui revenait à une quasi décriminalisation.

La logique reste étrangère au Troisième Reich : alors qu’au début de février 1938, on annonce la démission du faux homosexuel von Frisch, on publie simultanément la nomination au poste du ministre de l’Économie de l’homosexuel avéré Walter Funk.

Streetview

Un lien streetview sur le monument, il faut zoomer sur le fond!
Le subway est un peu plus loin dans la Ebertstraße…

Petite remarque de vocabulaire; il me semble me souvenir que certains désignaient les homosexuels par le terme " Hundertfünfundsiebziger" du n° d’article du St.G.B.

Michelmau, j’adore recevoir des lettres de déclarations, en MP s’il te plaît :mrgreen:
Non vraiment, mes poils hérissent quand j’entends parler de légion d’honneur…

J’ignorais qu’on pouvait être déporté en tant qu’homosexuel ET juif, en même temps, on en parle pas… j’imagine que ça doit être un tabou extrême dans un pays aussi conservateur qu’Israël…

Au fait, l’article Wikipédia donne comme lien cinématographique le film anglais « Bent », je l’ai vu, il est à voir d’urgence. Un film très touchant pour ceux qui s’intéressent à ce sujet pas facile.

Le lien de Google Maps ne fonctionne pas en « lien », il renvoie sur le « Mitte » De Berlin par défaut,

mais si on prend en point de repère la Eberstrasse, entre Potsdamer et Brandenburger Tor, plus près du Mémorial que de potsdamer, on arrive à visualiser le « monument » en question en zoomant au maximum sur le fond de l’écran (quand on se situe dos au mémorial)…

pour ceux qui auraient envie de voir cette représentation (qui n’en est pas une à mon humble avis) de plus près…

et là… j’avoue que je me demande pourquoi on ne l’a pas associé au mémorial de l’holocauste en face… :crazy:

Point trop n’en faut, Kissou. :S

Parce que les victimes ne sont pas partageuses. Pas plus pour ce mémorial que pour les célébrations qui excluent systématiquement à coup de CRS les associations de gays en France ou ailleurs. Le seul pays à avoir été honnète sur le sujet, ce sont les Pays-Bas. Googlez Homomonument Amsterdam.

Un juif homosexuel avait dans les camps une étoile jaune et rose formée d’un triange jaune et d’un triange rose qui se superposent pour faire une étoile à six branches. Il était exclu par tous, vraiment tous. Aucun survivant connu, mais ils n’ont pas dû etre bien nombreux à avoir été marqués doublement explicitement. Les nazis ne prenaient pas forcément le temps de chercher à savoir si un juif était homo ou hétéro. La comptabilité est donc très approximative.

Il est hélas bien connu que les homosexuels ont été exclus des commémorations pendant de nombreuses années.
Un livre a été écrit il y a peut de temps sur ce sujet par Régis Schlagdenhaufen " Triangle rose, la persécution nazie des homosexuels et sa mémoire ".

c’est vrai que l’on voit cela avec nos yeux, et notre acceptation actuelle des homosexuels, et on a aussi peut-être tendance à oublier que dans les années 40 les homosexuels étaient des « pestiférés »…
ceci dit, certains ont peut-être eu de la « chance » de n’être seulement catalogué que « Juif » au lieu d’être marqué « Juif + homo »… Le fait d’être Juif pouvant être constaté visuellement, pas le fait d’être homo…

Cependant, Les mémoriaux de Berlin ont été construits très récemment, et à ce titre, les deux monuments (mémorial holocauste, et mémorial des homosexuels) auraient pu être associés, au lieu d’être dissociés…

Parfois on croit vivre dans un monde évolué… et parfois… on s’aperçoit que non !

Ce n’est pas les homosexuels qui s’occupent de mémoire aujoud’hui qui refusent… ne sous-estimez pas le conservatisme moral des « autorités » juives européennes comme américaines ou israélienne. D’ailleurs, je ne pense pas qu’il existe de mémorial commun des victimes du nazisme, les mémoriaux juifs sont toujours juifs et rien d’autre. J’aimerais avoir tort alors si vous en connaissez un, faites-le moi savoir.

c’est tout de même un peu c-on non ?? les victimes de l’holocauste sont des victimes de l’Holocauste, qu’elles aient été juives, rousses, homosexuelles, françaises, allemandes, espagnoles, communistes, tziganes, russes ou je ne sais quoi encore… :frowning:

en fait je me disais que ce monsieur n’avait justement pas oeuvré sur un travail de mémoire quelconque qui aurait justifié cette légion d’honneur.
il s’est juste fait connaitre en 2008 quand on a dit qu’il n’y avait aucun survivant des triangles roses.
mais en même temps, après une telle épreuve, on peut aussi comprendre qu’on ait envie de se replonger dans un anonymat sécurisant.

Mais il n’a pas reçu la légion d’honneur pour ce qu’il a fait mais pour ce qu’il est. On peut critiquer ce fait, mais il est parfaitement assumé par ceux qui donne le décoration.
Je suis toujours surpris par le manque de dissernement face à la plus simple logique… je ne vois pas ce qu’il y a de difficile à comprendre dans le fait d’honnorer l’être plutôt que le faire. Que l’on soit d’accord ou pas, c’est une autre histoire, et la tradition de la légion d’honneur est ambigue sur ce point depuis trop longtemps pour s’en émouvoir encore. :unamused:
Quant à ce brave homme, il n’en demandait pas temps. Il se souvient, lui, qu’il a été traité aussi mal après la guerre que pendant. Pour lui, 1945 n’était pas vraiment une libération, plutôt un désserrement de l’étau. :frowning:

C’est vrai que ce monument n’est pas vraiment impressionnant. Mais il n’en reste pas moins fort.

J’ai pu le voir lors de mon voyage à Berlin en février dernier et j’étais très touché. La reconnaissance des « triangles roses » a été très longue et même aujourd’hui, il reste beaucoup de travail à faire. C’est déjà une étape importante d’avoir réalisé ce monument.

Ensuite, il y a peut être une dimension qui vous échappe mais qui est tout autant symbolique…

Ce monument se trouve à l’entrée du Tiergarten de Berlin. Le Tiergarten est très connu depuis très longtemps (je crois depuis l’époque prussienne) dans la communauté homosexuelle, car c’est un lieu de rencontre… Alors que l’homosexualité était un crime, des hommes se rencontraient dans le parc en toute discrétion pour pouvoir vivre leur sexualité. Une sorte de zone de liberté dans un monde qui les rejette.

Aujourd’hui encore, le Tiergarten est très connu dans le milieu homosexuel pour ça.

D’où le symbole de ce monument, dans un lieu pas si anodin que ça…

Elie, tu as tout à fait compris mon interrogation.
la légion d’honneur récompense (euh pardon est censée récompenser) les ACTIONS et non l’ETRE.

que cela relève à l’heure actuelle plus du hochet est un autre débat.

Alors avec cette explication je comprends déjà mieux le pourquoi du comment ce monument se retrouve là et pas « en face »… mais dommage qu’il paraisse « caché »…

Le fait qu’il soit caché représente bien un autre élément de la vie des homosexuels, qui même encore aujourd’hui doivent souvent rester caché pour pouvoir vivre leur vie.