Le Parti socialiste et la social-démocratie allemande

[i]Comme chaque année, la Fondation Jean-Jaurès relance son Prix d’histoire du socialisme, qui récompense un mémoire de niveau master sur l’histoire du socialisme.
Ce Prix permet de mettre en valeur les travaux de jeunes chercheurs en histoire contemporaine, en sciences sociales et en science politique, et propose une meilleure connaissance des différents mouvements ouvriers et socialistes, français et étrangers, depuis leurs origines jusqu’à nos jours.
Douze jeunes chercheurs ont présenté leur mémoire pour l’édition 2005 du Prix de la Fondation Jean-Jaurès : les thèmes abordés allaient de La SFIO face à la question espagnole entre 1944 et 1952 à Léon Blum et la tribune du « Populaire », 1938-1940. >> Liste…
Ce sont deux mémoires de maîtrise d’histoire contemporaine, soutenus au Centre d’histoire sociale du XXe siècle de l’université Paris I, qui ont reçu le Prix 2005, choisis ex aequo par le jury : « Gavroche », anatomie d’un hebdomadaire culturel socialiste, par Bruno Demonsais (maîtrise sous la direction de Pascal Ory), et Approcher la social-démocratie. Le regard du Parti socialiste sur la social-démocratie allemande, 1971-1981, par Christelle Flandre (maîtrise sous la direction de Frank Georgi et de Annie Fourcaut).


Prix 2005 Ex aequo : Christelle Flandre
« Approcher la social-démocratie. Le regard du Parti socialiste sur la social-démocratie allemande »

A l’heure où la social-démocratie européenne traverse de sérieuses difficultés et où le partenariat privilégié entre PS et SPD – à l’instar de l’axe France-Allemagne – suscite de nombreuses interrogations, force est de constater que les historiens ont très peu réfléchi à la relation que le socialisme français a jusqu’ici entretenu avec la social-démocratie européenne, et en particulier allemande. Par ailleurs, au moment où une grave crise d’identité touche le Parti socialiste français – parti toujours un peu en marge de la social-démocratie européenne – il n’est pas inutile de se replonger dans son passé, et plus particulièrement celui qui concerne son rapport à l’idée social-démocrate en général, pour comprendre les problèmes qui se posent à lui aujourd’hui.

De nos jours encore, la tension qui existe entre socialisme et social-démocratie, tout particulièrement dans le cas français, est perceptible. Mais le phénomène n’est pas nouveau. La social-démocratie a souvent provoqué chez les socialistes, de la SFIO ou du PS, des sentiments très mitigés. Plusieurs historiens ont désormais établi que le Parti socialiste français n’était pas, n’est pas, et ne sera probablement jamais un parti social-démocrate du type de ceux que l’on rencontre en Europe occidentale . Les socialistes français, à la différence de ceux des autres pays européens, ne réussissent pas, dès l’origine, à faire la synthèse entre démocratie et socialisme. Le Parti socialiste est d’ailleurs caractérisé par l’absence de structures social-démocrates. Il ne dispose donc pas d’appui solide, électoral et militant, dans le monde ouvrier, ni de base syndicale puissante. Cette spécificité se traduit concrètement par des faiblesses marquantes qui l’empêchent de devenir un grand parti électoral, dominant dans le pays, à l’image des partis sociaux-démocrates européens. Les raisons de ce rejet ont été relativement peu étudiées . Quant à ses manifestations et à la place que le sujet occupe réellement dans les débats du PS, elles n’ont, à ce jour, fait l’objet d’aucune recherche. Il s’agit donc de comprendre quels rapports le PS entretient avec la social-démocratie.

Cependant, dans le cadre d’une maîtrise, l’ampleur du sujet nous a obligé à choisir une entrée particulière pour le traiter : en l’occurrence, la social-démocratie allemande. Ce choix ne relève pas du hasard : dans les années soixante-dix, la social-démocratie allemande, portée par le Parti social-démocrate allemand (SPD), incarne une social-démocratie modèle de puissance et de réussite ; elle est exemplaire de la social-démocratie européenne. En outre, de même que la France entretient une relation singulière avec l’Allemagne, le PS est profondément lié au SPD. Ce cas particulier présente donc un intérêt évident.[/i]

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