Comme nous allons, en Allemagne, vers un système: un cours= deux heures (1,30 exactement), il faudra être plus tolérant. Comme ce n’est plus permis de fumer sur le trrain de l’école, on a beaucoup moins de fausses demandes. Et les filles, pendant les règles, ont parfois de troubles sérieux. Depuis que j’ai vu une camarade de ma fille dans la cour de l’école avec une couverture autour des hanches parce qu’elle avait mouillé son pantalon, je me suis juré que jamais dans mes cours un/e élève soit tellement humilié/e.
Avoir ses regles en cours, je crois qu’on a toutes connu ca, sauf que les Allemandes ont le droit de se lever et partir souffler un peu comme elles en ont envie, les Francaises doivent demander comme a la primaire, voire serrer les dents et attendre la fin du cours…
Je ne peux que plaindre les pauvres Allemands qui vont connaitre l’immense joie des cours l’apres-midi, commencer a 8h et finir a 17h, comment c’est genial… (je comprendrai jamais pourquoi le systeme francais marche comme ca depuis longtemps. Ca fait autant chier les eleves que les profs…)
Moi, je suis plutôt pour la Ganztagschule, je trouve que c’est moins stressant d’avoir 6-7 cours répartis sur toute la journée que des les faire à la chaîne pour être sorti à 13.30. De plus, pour avoir été quelques semaines élèves dans un lycée allemand, crois-moi, certaines après-midi sont bien longues… [Au passage, en Autriche aussi, ils introduisent progressivement les cours l’après-midi, et ils nous copient au point de mettre en place un bac national !]
Cela dit, d’après mes courtes observations, ce qui manque aux systèmes allemand et autrichien, ce n’est pas forcément plus de cours, mais plus d’exigence.
Je ne vais pas dire le contraire, mais je vais nuancer.
Le développement personnel fait partie intégrante de l’éducation dans la sphère culturelle germanique. C’est un obsession tout aussi profondément ancrée que le culte de la culture générale en France. Ainsi, il était logique pour un système éducatif cohérent de donner les heures nécessaires à cet épanouissement : les célèbres après-midis libres. D’un point de vue du developpement personnel, c’était tout de même assez réussi. Mais cela correspondait plus à la réalité des trente glorieuses qu’à la crise qui s’éternise depuis les années 80.
Cependant, la concurrence sur critères purement scolaires a toujours été infiniment plus sévère en Allemagne qu’en France. En effet, le collège unique français repousse de quatre ans l’orientation par les notes. Les élèves allemands et suisses doivent faire attention à leurs bulletins dès la deuxième partie du primaire. Les ponts entre Gesamtschule/Hauptschule et Gymnasium sont entièrement basés sur une appréciation des notes. Du coup, on se retrouve avec une absence de sélection vers 14-15 ans car elle a déjà été faite alors qu’en France, elle est d’autant plus rude qu’elle est structurellement nécessaire pour ne pas faire exploser les lycées d’enseignement général.
L’impression de laisser-aller, voir de dillettantisme, dans les lycées allemands est en partie due au fait que la sélection n’a plus lieu d’être. Les profs convaincus d’une certaine forme de pédagogie font le reste et on se retrouve avec des lycées allemands absolument imprévisibles. J’ai le souvenir d’une classe de français à Hamburg avec un niveau exceptionnel alors que leurs dissertations en allemand étaient nullissimes de chez nullissimus maximus (dialektische Erörterung pas maitrisée du tout). Et c’étaient les même élèves !! A qui la faute ? A personne. Ce sont les élèves qui donnent le ton dans la plupart des lycées allemands, alors les profs font avec ce qu’ils ont. Si le développement personnel de ma classe de français passait plutôt par Paris que par les classiques allemands, et bien c’est leur choix. Les profs suivent.
Evidemment, on peut accuser les profs allemands de suivisme béat. On peut. Mais le doit-on ? Après tout, on fera un cours pour les mouches si les élèves ne suivent pas. D’un autre côté, pas sûr que les élèves soient toujours capables de se rendre compte du niveau demandé après le bac, et surtout de ce qu’ils pourraient obtenir s’ils intégraient l’idée de travail dans leur concept de l’étude. PISA l’a révélé, mais c’est une étude idéologiquement très marquée, avec des critères profondément biaisés par la perspective culturelle et pédagogique des concepteurs. En appliquant des critères qui leur sont étrangers, il est donc naturel que les salles de classes allemandes apparaissent comme des halls de gare en courant d’air. Idem si on fait l’étude inverse : avec des critères pédagogiques allemands/scandinaves, les lycées français sont des cages à poules pondeuses et avec des critères français, les lycées scandinaves sont des écoles primaires.
Je ne vous ai jamais dit que les soi-disants super élèves scandinaves étaient des moulins à parole qui moulent du vent ? Mais alors, quels magnifiques moulins !!!