Les accents germanophones

A la fin des années quatre-vingt-dix le gouvernement du Land lançait une campagne pub pour mieux faire rayonner le Bade-Württemberg dans le reste de l’Allemagne, campagne qui se déclinait (et décline toujours) autour de la phrase Wir können alles. Ausser Hochdeutsch. :laughing:

Un franc succès, disent-ils.

Comme c’est en effet du bavarois « gentil », les autres germanophones comprennent

Ah oui, ça me rappelle mes premiers moments à Dresde (il y a des siècles…).

On sortait donc du Hauptbahnhof, allait jusqu’à la ruine de la Frauenkirche à la recherche d’un club de jazz qui devait se trouver dans le coin d’après les indications dans notre guide « underground » de la RDA (dans l’éspoir d’y rencontrer des jeunes « indigènes »)
Comme on ne voyait pas le club on demandait à une jeune fille: "Tu connais le club « die Tonne »?

A quoi elle repond seulement: « nu ». :unamused: C’est non, c’est comment?!? N’a-t-elle peut être pas compris notre « bon allemand »?!

On repète donc la question, elle repète aussi, plus déterminée, « nu! » et, cette fois, continue sa phrase en nous indiquant un chemin - comme si de rien n’était…
C’est à ce moment la que j’ai compris: « nu » est la façon saxonne de dire « oui » :smiley:

j’ai habité pendant un ptit moment aux alentour de Berlin, et l’accent la bas n’est pas mal du tout aussi :smiley:

Un petit aperçu de l’accent haut-autrichien :

(l’interview commence vers 1min)
youtube.com/watch?v=M_wQuPbxRiU

Si qqn comprend la phrase entre 1m43 et 1m50… Elle reste pour moi un grand mystère…

PS : vous aurez sûrement reconnus Christina Stürmer, la grande star autrichienne…

Wir sind halt so wie wir sind, und wer mich so mag, der mag mich, und wer mich nicht mag, dann mag der mich halt nicht.

Faut dire que c’est d’une profondeur… On s’en serait pas remis de n’avoir pas compris ! :laughing: :laughing: :laughing:

Petit hommage à Stephan Eicher - et au dialecte alémanique suisse (version bernoise) :wink:

dailymotion.com/Stephan-Eich … mige_music

J’adore Hemmige !!! (et Stephan Eicher ! )

et je voulais justement vous demander quel était ce dialecte, qui ressemble à de l’allemand, sans en être…

j’ai ma réponse, Merci Nebenstelle !!! :wink:

A propos de « Hemmige »,petite question aux connaisseurs de la Suisse;quel est l’impact ,à l’heure actuelle,dans le public suisse alémannique de Mani Matter,l’auteur de « Hemmige »,que certains sont allés jusqu’à baptiser :« le Brassens suisse allemand »?
:wink:

La comparaison n’est pas absurde - toute proportion gardée, bien sûr.

Pour le style déja (« chansonnier-guitare-années 60/70 ») mais un peu aussi pour ses meilleurs textes, qui sont parfois légèrement surréalistes et souvent poétiques et « politiques » en même temps (premier ou deuxieme degré).

Et comme votre Brassens, Matter a laissé de traces dans les générations suivantes - chez les musiciens d’abord, Eicher étant un exemple, il y en a d’autres qui ont puisé dans son oeuvre.

Mais je dirais même que sa musique fait maintenant partie du « patrimoine culturel » suisse-allemand: certaines chansons figurant d’ores et déjà dans les manuels scolaires pour les cours de musique.

Même pour ma génération, qui n’a plus connu Matter « en live », ça peut nous arriver de chanter du Matter lors d’une soirée arosée (ou non) - disons: dans un chalet pendant les vacances de ski, après une bonne fondue (bonjour les clichés :laughing: ), et il y a toujours un qui se souvient d’une chanson entière, d’autres savent au moins quelques lignes d’une autre… et après on se dit, m…, pourquoi je me rappelle plus le reste…, va falloir que je révise pour l’année prochaine… ça aussi ça ressemble à votre Brassens, non?

Mais bon, faut quand-même pas pousser trop loin. Matter est Matter, Brassens est Brassens…

Pour les plus jeunes (en dessous de la trentaine) ça va peut-être se perdre. Mais il y en a quand-même beaucoup qui ont des notions - bien que http://www.youtube.com/watch?v=3QgQt35bUL0 ceux-ci soient encore loin de l’original :unamused:

Sinon, Matter en vrai (le son, pas les images…):
youtube.com/watch?v=mDbOywXYnE8
youtube.com/watch?v=TjQqkg3fjSY

Merci pour les renseignements et les liens,nebenstelle!
J’apprécie particulièrement la voix grave de Mani Matter et je dois dire que j’ai de tous temps été fasciné par ce type d’artiste qui vient,avec une guitare acoustique faire entendre ses productions artisanales,paroles et musique.
J’ai la nostalgie des Guthrie,Seeger,Dylan,Degenhardt,Wader,Mey…et j’en oublie sürement.Tu vois,d’après mes goûts,pas besoin de carbone 14 pour me dater!
Autre surprise pour le francophone de naissance que je suis,peu familier des nombreuses déclinaisons géographiques de la galaxie « Schwyzerdütsch »,le « Bärndütsch » de Mani ne m’est pas totalement incompréhensible.Mais cela tient peut-être aussi à sa diction claire…le souci d’un artiste,c’est d’être compris de ceux auxquels il s’adresse.
Quoiqu’il en soit,pour avoir séjourné,il y a longtemps de cela ,quelques semaines,dans l’Oberland Bernois(Grindelwald,Lauterbrunnen)je ne me souviens pas avoir éprouvé de difficultés majeures de compréhension.
Alors je me pose la question:le « Bärndütsch » serait-il un des dialectes suisses les moins excentrés par rapport à la norme « Hochdeutsch » ou bien les locuteurs suisses,constatant qu’un étranger(ou même un compatriote francophone ou italophone) s’adresse à eux en Hochdeutsch font-ils consciemment ou inconsciemment un effort pour effacer les aspérités propres à leur dialecte? :wink:

:respect: :respect: , michelmau!

Franchement, ça m’étonne. Jaurais dit que le Berndeutsch était déjà deuxieme voire troisième niveau de difficulté…

Mais il y a un « balois » sur ce forum qui est mieux placé pour te répondre avec ses connaissances excellentes de nos dialectes et ses oreilles francophones en plus :wink:

Moi, j’aurais eu tendance à dire que le dialecte de Bâle (uniquement la ville) etait le plus facile (avec ses influences -uniques pour la Suisse - du « niederalemannisch » de l’Allemagne voisine), les dialectes « hochalemannisch » - pour faire simple: sur une ligne Soleure, Argovie, Lucerne, Zug, Zurich, Saint Gall déjà plus difficiles*, les dialectes du sud - montagnards « höchstalemannisch » de Fribourg, du Valais, en partie des Grisons, carrément incompréhensibles. Mais avec ton Berner Oberland - tu frises déjà le « höchstalemannisch », si tu n’est pas plein de-dans, bref: monte tranquillement vers le Valais, le suisse-allemand n’a plus aucun secret pour toi!! :laughing:

*dont le bernois fait (en partie…) partie - mais avec quelques spécialités:

  • [i]wir wollen /i, mer wänd (« moyenne » hochalemannisch); [i]mer wei /i
  • immer; immer; gäng
  • warum sind Sie so traurig?; worum send Sie so truurig?; warum syt der so truurig? (chanson de Matter)
  • weil sie Hemmungen haben; will/wöu si Hemmige händ; wil/we-u si Hemmige hei (chanson de Matter/Eicher)

Je retrouve bien le souabe (mon dialecte) dans les dialectes alémaniques (désolé pour l’orthographe, j’écris comme je prononce et mon schwäbisch est un peu rouillé) :

  • [i]wir wollen /i, m’r wellet (schwäbisch)
  • immer (allemand), emmer (schwäbisch)
  • warum sind Sie so traurig?; worum send Se so traurig? (schwäbisch)
  • weil sie Hemmungen haben; Weil Se Hemmunge’ hann (schwäbisch)

Sur y…tube on trouve des extraits droles de series ou films celèbres (James Bond, Star Wars, Harry Potter, 24 etc) re-synchronisé en dialectes allemands, les sens des dialogues complètement changé. http://www.youtube.com/watch?v=rAcGiXXmlXM Voici un exemple, une discussion justement :wink: en schwäbisch « gentil » sur des problèmes d’une colocation avec ses voisins à propos du tri selectif - sur fond de « 24 ».

Un des locataires demande un rendez-vous avec le grand chef « Häberle » de l’agence immobilière pour lui expliquer le problème.

On y voit d’ailleurs bien la dimension « sociale » qui joue - souvent - dans la pratique dialectale en Allemagne: le jeune adjoint « Schäufele », quand il cherche à imposer son autorité, va le plus vers l’allemand « standard », pour souligner le coté « officel » de ses propos.

Sinon, il y a aussi Harry Potter en kölsch (dialecte de Cologne), Star Wars en bayerisch etc…

Ce n’est pas etonnant - nous sommes des cousins :smiley: : de.wikipedia.org/wiki/Bild:Alemannisch.png

A propos, j’allais oublier: si vous ne connaissez pas encore, je vous présente « Kansas vum Elsass ». Viel Spass… :smiley:

http://www.dailymotion.com/visited/kansas/video/x1k0ly_rambo-vom-elsass_fun
http://www.dailymotion.com/visited/kansas/video/x1k0on_matrix-version-alsacienne-suite_fun

Et n’oublions pas le Yiddish (judeo-allemand)

Ici:A hard day’s night,la chanson des Beatles en Yiddish:
http://video.google.fr/videoplay?docid=-1517699323255321290&q=Yiddish&total=1958&start=0&num=10&so=0&type=search&plindex=9
:wink:

Dresden l’insomniaque remonte les vieux sujets, desolee, mais je peux repondre a ces doutes!

En fait c’est pas"nöö" qui disent mais un truc genre « nor ». Enfin, « noaaar » si on le transcrit bien. Et ca veut dire… +roulement de tambour+ « oui » !
Les Thuringeois ont aussi le joli « ge » a la fin de phrase. Ca veut rien dire, c’est la ponctuation je crois. Un truc du genre « n’est-ce pas », ou juste pour finir la phrase.
Sinon je confirme pour l’accent ouvert, c’est tellement mignon… C’est du bas-saxon en fait, du saxon qui s’assume pas. Leur accent est tres clair, tres ouvert, a leur image en fait.

L’accent de Hamburg… j’adoooore

fr.youtube.com/watch?v=4Vl7VQnJn1g