Les Allemands en Suisse

[i]Deutsche Einwanderer in der Schweiz

Immer mehr Deutsche arbeiten in der Schweiz. Allein im letzten Jahr wanderten 30 000 Menschen aus dem nördlichen Nachbarland ein. Zurzeit leben etwa 200 000 Deutsche hier, damit sind sie (demnächst. ndr)* die grösste ausländische Bevölkerungsgruppe.

Warum die Deutschen kommen
Hauptmotiv für einen Umzug in die Schweiz sind neben den höheren Löhnen und tieferen Steuern auch das «schöne Land» und die «netten Leute», wie eine Umfrage des Vergleichsdiensts comparis.ch zeigt. 43 Prozent der befragten Deutschen gaben an, sie könnten sich vorstellen, in die Schweiz zu ziehen. Vor allem bei Jüngeren und bei gut Ausgebildeten ist die Affinität, ins Ausland zu wechseln hoch, wie die Umfrage zeigt.

Alte Ängste werden wach
Die Einwanderungswelle aus Deutschland hat hierzulande aber auch Abwehrreflexe ausgelöst, begünstigt von alten Klischees. Die Angst, dass die Deutschen den Schweizern die guten Jobs und Wohnungen wegnehmen könnten und dass Hochdeutsch das Schweizerdeutsche verdrängen könnte, ist weit verbreitet.

Gut für die Wirtschaft
Die Zahlen des Staatssekretariats für Wirtschaft (Seco) strafen die Vorurteile Lügen. Die Zuwanderung aus Ländern wie Deutschland habe sich äusserst positiv auf den wirtschaftlichen Aufschwung ausgewirkt. Es seien auch keine Schweizer aus dem Arbeitsmarkt verdrängt worden. Eher sind die ausländischen Erwerbstätigen laut seco eine willkommene Ergänzung angesichts des chronischen Mangels an höher qualifizierten Berufsleuten. [/i] source: drs

*chiffres: bfm.admin.ch/etc/medialib/da … 1207_d.pdf

Les allemands seront bientot la nationalité étrangère la plus importante en Suisse (comme d’ailleurs en Autriche, je crois). Les derniers chiffres pour la Suisse +30’000 (+17%!) en 2007 = 200’000 personnes en tout actuellement. Leurs raisons (d’après un sondage): Les salaires plus hauts, les impôts plus bas, la beauté du pays, le fait que les suisses seraient sympa.

« Techniquement », la récente hausse est surtout dûe aux accords avec l’UE sur la libre circulation des personnes qui a largement ouvert le marché du travail suisse aux étrangers union-européens. Et cette nouvelle immigration commence déjà à faire peur aux suisses. :unamused: Il y en a qui craignent une « germanisation » de la langue, des coutumes…que les allemands prennent les meilleurs emplois etc… - ce qui ne serait pas le cas: d’après le secretariat d’Etat à l’économie (seco), l’immigration (allemande) aurait au contraire fortement contribué à la conjoncture économique excellente des dernières années.

Ce n’est que mon avis, ne prenez pas cela pour une parole de vérité métaphysique :

Les Allemands mettent les Suisses au pied du mur. Ils ont tout ce que les Suisses demandent aux autres immigrants : maitrise parfaite de la langue nationale (qui est l’allemand et non le schwiizerdüütsch, je vous le rappelle), diplômes, amour des règlements intérieurs et extérieurs en tous genre, regroupement famillial minimal, aucun besoin spéciaux pour les enfants à l’école, impôts du culte pour les deux religions locales… et en plus, sans eux, la proportion de germanophone diminurait dans la confédération.

Du coup, certains Suisses sont à court d’arguments pour faire la fine bouche. Ils faut que ces certains Suisses se creusent vraiment la tête pour trouver quelque chose à redire. Des immigrés qui ne se laissent pas critiquer facilement, c’est impardonnable. D’où une ingénuité incroyable et une mauvaise foi sans borne des milieux, en particulier zurichois, notamment dans les médias hors télé publique. Ceux qui ont suivi la politique suisse feront le rapport avec un certain parti…

Bref, les Allemands ne sont pas des anges, certains considèrent la Suisse comme un Land allemand, mais aucun des griefs qui servent habituellement de prétexte ne s’applique vraiment. Les vieilles recettes xénophobes sont remises en question, alors forcément, ça ne plait pas à tout le monde. En attendant, ce sont bien des Suisses qui embauchent des Allemands pour augmenter la pression sur les salaires et ne pas avoir à devenir trop généreux.

Parfaitement d’accord!

En même temps il faut garder en tête que la Suisse - contrairement aux clichés - n’est plus depuis longtemps ce petit pays isolé du reste du monde, mais une des nations européennes avec le taux d’étrangers le plus important (1,5 millions sur une population de 7 millions).

Certes, ceci est en partie dû à la politique particulièrement restrictive concernant les naturalisations, mais seulement en partie.

S’y ajoute, en ce qui concerne les rapports avec l’Allemagne, toute une psychologie politique compliquée et complexée… de la « petite » (Suisse) envers la « grande » (Allemagne).
Perso, mon espoir est que les immigrés allemands de cette nouvelle Allemagne « apaisée » permettront à la Suisse alémanique de redevenir petit à petit ce qu’elle a toujours été sans en prendre la mesure, à savoir une partie parfaitement « normale » du monde culturel germanophone (divers, vaste et fascinant).

Mais ne dites surtout pas ça à ce « certain » parti :laughing:

Je suis abasourdi de ce que vous dites, pour moi les Suisses-Allemands sont grosso-modo le même peuple que les Allemands… J’entends par là qu’il n’y a probablement pas plus de différences entre un Suisse-Allemand et un souabe ou un Berlinois qu’entre un Souabe et un Berlinois, et certainement beaucoup plus de différences entre Suisses-Allemands et Suisses romands qu’entre Suisses-Allemands et Allemands !

Je crois que la Suisse me dépassera toujours… :unamused:

EDIT : ah et sinon pour l’ouverture des frontières, j’en ai justement parlé récemment avec des frontaliers côté français. Ils m’ont dit que ça a suscité des inquiétudes au début, mais que finalement la Suisse n’avait pas du tout été si « envahie » qu’elle le craignait et que donc le système allait sûrement se pérenniser…

Justement, pour moi aussi. Mais je me sens un peu seul parfois dans mon pays avec cette idée… :unamused:

… souvent meilleure que les nationaux eux-mêmes, voilà un des problèmes :wink:

de toute façon, la Suisse n’a pas trop le choix, cela faisait partie de tout un paquet d’accords réciproques longuement discuté avec l’Union européenne - avec d’autres mesures, auxquelles la Suisse elle-même tenait énormément. C’était du « donnant/donnant », comme diraient vos (femmes) politiques

Mais Sonka, au contraire, toi, tu as tout compris, ce sont les Suisses qui ne se comprennent pas eux-mêmes. :laughing:

Il faut être à vingt de QI pour croire que la Suisse pourrait se permettre le luxe de se retirer de Schengen une fois qu’elle y est entrée. Berne a simplement su présenter la chose pour que ça passe et que la bêtise alpestre populiste ne créer pas un beau bordel. En Suisse, le peuple vote, certes, mais tout est dans l’art de formuler la bonne question… Admirez le boulot.

Ouf, ça me rassure ! :laughing:

Complément d’info: swissinfo.ch/ger/specials/de … index.html

Ca vaut ce que ça vaut!C’est un petit micro trottoir!Marrant!

:wink:

Sympa le micro-trottoir ! :smiley:

Faut être Hollandais en Suisse, parait que ça passe beaucoup mieux :laughing:

de.euro2008.uefa.com/MultimediaF … 389_w1.jpg

maxifoot.fr/articles/5286/index.htm

Belle illustration de cet « art », actuellement en discussion chez les Helvètes: Le parlement fédéral vient de coupler deux questions techniquement distinctes a) la prolongation de la libre circulation des personnes entre la Suisse et les anciens états membres de l’union européenne (dont l’Allemagne citée plus haut dans ce fil). b) un nouvel accord du même genre avec les nouveaux états membre Roumanie et Bulgarie.

La droite populiste est résolument contre un nouvel accord avec la Roumanie et la Bulgarie. :unamused: Mais elle n’ose pas mettre en cause l’accord existant avec les anciens membres par peur de perdre toute crédibililté de parti « liberal » defendant (entre autre…) les interets de l’économie: les patrons monteraient au créneau contre toute tentative de « voler » leurs avantages liés aux accords avec les anciens etats membres (dont l’Allemagne…)!.

Et puisque les deux accords ont été liés, la droite populiste ne peut pas se permettre de déclencher la procédure de referendum.

Bref, Blocher et les siens piégés par le Parlement…

Bien vu. C’est un truc technique car l’UE a prévenu qu’elle ne pourrait pas accepter une discrimination de certains de ses membres. La Suisse doit décrocher un oui à la Bulgarie/Roumanie coûte que coûte. Les risques sont plus grands qu’il n’y parrait, car la Suisse dépend beaucoup de la bonne volonté de l’UE sur le chemin tortueux des bilatérales (accords spéciaux pour chaque domaine d’activité).

Des cercles « proches » du parti de Blocher l’ont quand-même fait.

Mais sans succès: Aujourd’hui, le « peuple souverain » :wink: (et la grande majorité des cantons) a dit oui à la reconduction et l’élargissement de la libre circulation des personnes, et massivement!
Infographie avec les résultat du référendum par Canton: nzz.ch/nachrichten/schweiz/

Désolé, mais en tant que suisse, je suis totalement abasourdi par votre message :open_mouth: :open_mouth: , ainsi que par celui d’Nebenstelle, et me dois d’y réagir. Et je précise en préambule que je suis socialiste et non de l’UDC/SVP. C’est vraiment connaître très mal la Suisse qu’affirmer que « il y a certainement beaucoup plus de différences entre Suisses-Allemands et Suisses romands qu’entre Suisses-Allemands et Allemands ! ».

Il existe en réalité de très grandes différences entre suisse-alémaniques et allemands, tout autant d’ailleurs qu’entre suisses-romands et français, ou tessinois et italiens. Et c’est vraiment ne pas connaître la Suisse que d’ignorer ces différences. Je précise que je suis moi-même suisse-romand 100% mais que je travaille en Suisse-alémanique où j’ai eu l’occasion de m’initier avec plaisir au Schwyzerdütsch (plus précisément au Bärndütsch).

A l’inverse, les particularités qui unissent les suisses face à leurs voisins sont nombreuses et existent à de très nombreux niveaux. Je n’ai pas fait d’études à ce sujet mais je peux en citer pêle-mêle quelques-unes :

  • la réserve en public :les suisses, nous sommes très réservés et discrets, et nous percevons cette manière d’être comme un savoir-vivre. A l’inverse, en France et en Allemagne, les gens ont l’habitude de se mettre en avant et de s’imposer en public, ce qui nous paraît très « gonflé » à nous suisses et heurte notre sensibilité. Ces différences posent parfois des problèmes dans les entreprises engageant des frontaliers.

  • La recherche du consensus et l’allergie aux conflits : les suisses ont horreur des conflits ouvertement déclarés. On a horreur des disputes sur la voie publique. En cas de désaccord avec une personne, on l’exprime de manière détournée, sans se fâcher ouvertement, et on cherche à régler le problème de manière consensuelle.

  • Le système politique suisse se fonde sur un certain nombre de principes : le consensus entre les différentes parties, l’adhésion volontaire, la recherche de solutions en commun, la consultation de tous les intéressés, la démocratie participative. Or ce système, commun aux différents cantons, façonne et influence profondément la mentalité suisse, la manière de percevoir les problèmes et de les résoudre.

  • Le respect des minorités linguistiques: si les alémaniques sont majoritaires, les romands, les italophones et les romanches sont néanmoins reconnus à part entière, ce qui n’est pas le cas en France, où le basque/le corse n’est pas reconnu (alors qu’ils possèdent plus de locuteurs que le romanche) et où l’Alsace a été francisée de force. Au-delà de cela, les suisses pratiquent fréquement le billiguisme, ou le polyglottisme. Si vous voulez chercher des allemands qui parlent le français ou des français qui parlent l’allemand, je vous souhaite bon courage !! En Suisse, en revanche, vous n’aurez aucun problème à trouver des personnes bilingues. Cette facilité dans les langues étrangères exprime un intérêt prononcé pour la culture de l’autre qu’on ne retrouve ni en France ni en Allemagne, en tous cas pas dans une telle mesure (ces pays étant très « nationaux-centrés »).

  • La décentralisation du système politico-administratif et les fortes identités régionales qui en résultent : contrairement au modèle français centralisé et au modèle allemand semi-centralisé, le système suisse est fortement décentralisé. Et ceci a permis de maintenir et même de cultiver les identités régionales qui y sont extrêmement fortes, sur un territoire pourtant exigu. En ce sens, on peut effectivement dire qu’il n’existe pas une culture suisse mais des cultures suisses régionales. Toutefois, chaque région/canton a conscience que c’est le système confédéral suisse qui permet le maintien de cette identité régionale, ce qui a pour effet finalement de renforcer l’attachement des différents cantons à la Confédération. L’identité régionale très forte marque profondément la mentalité suisse que ce soit en Suisse-romande ou en Suisse-alémanique et nous unit au-delà de nos différences.

  • L’attachement à la campagne et aux montagnes. Bien que la Suisse soit aujourd’hui un pays fortement urbanisé, elle continue de se percevoir comme un pays rural, de montagnes… Cette image de notre pays, je crois que tous les suisses nous la partageons. Pour nous la montagne est le lieu de notre identité, un univers pur, idéalisé, que nous fréquentons assidument durant nos loisirs. En revanche, la culture française et l’image de la France semblent s’arrêter à Paris, et à Berlin pour l’Allemagne.

  • Sur le plan linguistique, si les alémaniques sont mal à l’aise face aux allemands lorsqu’ils s’expriment en Hochdeutsch, les romands connaissent également une telle situation vis-à-vis des français. En effet, bien qu’on partage la même langue, à l’exception de quelques helvétismes, les romands avons généralement moins de verve et d’aisance verbale que nos voisins français.

La liste pourrait encore s’allonger. Elle montre que nous les Suisses nous partageons énormément de points communs au-delà de nos différences linguistiques, point communs qui nous distinguent clairement de nos voisins, voisins que, soit dit en passant, nous apprécions et nous respectons :slight_smile: :slight_smile: :slight_smile: .

Mais, plus encore, cette proximité entre nous les suisses revête une dimension presque géopolitique. En ce sens qu’elle remet en question ce concept très réducteur et discutable, et qui a fait tant de dégât dans certaines régions du monde, de « nations ». En effet, la Suisse n’est pas une « nation » et ne le sera jamais. Pourtant, n’en déplaise à certains, elle ne s’en porte pas plus mal et possède une réelle cohésion, ce que bien entendu nos voisins Allemagne et France ont beaucoup de mal à comprendre, du fait précisément qu’ils sont issus du concept d’Etat-nation. Votre message est d’ailleurs tout-à-fait symptomatique d’une telle incompréhension, lorsque vous essayez de caser les suisses dans ce fameux concept de « peuples ».

Mais en quoi les suisses alémaniques feraient-ils partie du même peuple que les allemands, et les suisses-romands que les français ??? Je n’en vois vraiment pas de raison. voici quelques arguments qui démontent cette pseudo théorie de l’appartenance à un « peuple ».

Tout d’abord, inspectons l’histoire :

D’un point de vue ethnique, les romands sont constitués de quoi ? d’un mélange de celtes (helvètes) romanisés, de descendants de colons romains et d’immigrants germains (burgondes majoritairement mais également allamans).

D’un point de vue ethnique, les alémaniques sont constitués de quoi ?d’un mélange de celtes (helvètes) romanisés, de descendants de colons romains et de germains (allamans majoritairement).

On constate que la composition de la population est quasi la même, sauf que les premiers se sont mis à utiliser des parlers franco-provençaux comme lingua franca, alors que les seconds ont choisi des dialectes alémaniques comme lingua franca. Dans la Suisse orientale, ils ont d’abord appris des dialectes latins (romanches), avant de changer pour passer à l’alémanique.

Pour compliquer le tableau, il faut ajouter que durant les derniers siècles de très nombreux alémaniques se sont installés en terre romande où ils se sont rapidement romandisés. En témoigne, la diffusion des patronymes alémaniques en Suisse romande où dans certains villages ils représentent le 20%-30% des patronymes. Phénomène identique bien que moins marqué en Suisse-alémanique.

Maintenant en quoi le fait de parler divers dialectes alémaniques rattacherait les alémaniques au « peuple allemand » ? Le hollandais est parfois plus proche du haut-allemand que le Suisse-allemand, pourtant on ne considère pas les hollandais comme étant rattachés au peuple allemand.

En quoi le fait de parler divers patois franco-provençaux rattacherait les romands au « peuple français » ? Les patois de Suisse-romande n’étaient pas plus proches du français que de l’italien actuel. Les habitants du val d’Aoste en Italie parlaient le même patois qu’en Valais et pourtant ils sont aujourd’hui italiens !

Bon, même si on admet que le Schwyzerdütsch se rattache à la famille linguistique germanique, donc allemande, en quoi cela ferait-il des alémaniques un peuple allemand ? Encore faut-il prouver que l’identité d’un peuple se construit sur des critères linguistiques et non sur d’autres critères !

Pour moi il est évident que la langue ne constitue pas un critère décisif dans la formation des identités. Et cela est précisément vérifié par l’histoire suisse. En effet, dans le passé, le facteur linguistique a rarement joué un rôle déterminant dans l’identité suisse et la formation de notre pays.

Le meilleur moyen de le comprendre est d’observer le tracé des frontières cantonales : contrairement à ce qu’on pourrait croire, les frontières cantonales se moquent souvent éperdument du facteur linguistique ou même des dialectes. Ainsi 5 cantons sont bilingues : le Valais, Fribourg, Berne, le Jura (qui compte une commune germanophone), et le Tessin (qui compte également une commune germanophone). Et un canton est trilingue : les Grisons. Dans le canton de Fribourg, même les districts sont bilingues, comme le district du Lac ou de la Gruyères. En réalité, ce sont souvent les rivalités religieuses entre protestants et catholiques, très vives au Moyen-Age qui ont dessiné les frontières cantonales (cas de Fribourg). Mais également l’unique géographique d’un territoire (cas du Valais ou des Grisons) ou tout simplement les aléas historiques. Ces facteurs ont donc joué un rôle plus important que le facteur linguistique dans la formation de l’identité suisse. Un autre facteur déterminant est l’opposition ville-campagne (cas de st-Gall et Appenzell). Les villes ont souvent été le foyer de cultures urbaines et de classes sociales qui se sont longtemps opposés aux régions rurales. Et surtout l’opposition vis-à-vis des grandes puissances voisines (Maison de Savoie, Bourgogne, maison des Habsbourgs, dont l’Allemagne d’aujourd’hui semble parfois la réincarnation)

Dans cet imbroglio de vallées alpines enclavées, de villes franchisées et patriciennes, de régions catholiques et protestantes qu’a constitué la Suisse du passé, les langues jouaient un rôle très mineur. Le commun des mortels ne soupçonnait souvent pas le moins du monde que son dialecte local, distinct de celui du village d’à côté, s’insérait dans une famille linguistique beaucoup plus vaste, germanique ou franco-provençal.

Par exemple, un valaisan du XVIIè siècle, partageait déjà bien plus de points communs avec un « walzer » du haut, qu’avec un parisien. Un parisien, il n’avait certainement pas l’occasion d’en croiser un seul de sa vie, tandis qu’un walzer, il en croisait souvent au marché de la ville voisine. Le walzer lui n’avait sans doute également jamais vu et entendu parler un berlinois ou un munichois de toute sa vie. Avec lui, son voisin, il partageait les conditions climatiques et géographiques très durs des vallées valaisannes et auxquelles il fallait faire face pour survivre. Il partageait sa foi catholique et sa conception des affaires politiques : car les deux faisaient partie d’un même ensemble politique : celui de l’Evêché de Sion, secondé par les dizains souvent alémaniques. Pour ma part, je suis convaincu que de tels facteurs sont bien plus décisifs dans la constitution de l’identité que l’appartenance à une aire linguistique.

Il est bien vrai qu’au XXè siècle l’apparition de nouveaux médias, telle la télévision et la radio, l’alphabétisation de masse, ont renforcé l’échange et la circulation des idées à l’intérieur d’une aire linguistique « standardisée » donnée, mais elle ne saurait se substituer aux nombreux autres facteurs identitaires, plus anciens et solidement enracinés.

Donc NON, les suisses alémaniques n’appartiennent pas à un soi-disant peuple allemand, de même que les romands n’appartiennent pas à un soit-disant peuple français. Nous appartenons tous ensemble à la Confédération helvétique à laquelle nous nous identifions.

Quant à l’attachement des suisses-alémaniques au dialecte Schwyzerdütsch, je trouve que c’est une bonne chose, puisqu’il permet de conserver l’identité régionale alémanique. En ces temps de carnaval, pour faire un clin d’œil au carnaval de Bâle, je dirais même que le Schwyzerdütsch est au Hochdeutsch ce que la guggemusig est à la fanfare : il est plus épicé, plus chatoyant, plus rythmé et plus cool que le Hochdeutsch, que je trouve souvent un peu monotone.

Vala, I hoffä dass Ig hä öich chönne häufe, üsi Schwiiz besser z verstah!

Ich hoffu dass Ich hä eiw chenne hälfu, inschi Schwiiz bässer z verstah!(Walliserdiitsch) (mon schwyzerdütsch n’est pas parfait car je suis romand, mais je m’y essaie)

Spero di aver potuto aiutarvi a capire meglio la nostra bella Svizzera!

:veneration:

Tant qu’il y aura des « patriotes » comme toi (et moi :wink: allemagne-au-max.com/forum/a … t3113.html ), la Suisse est sauve!

N’empêche:

C’est très mal connaitre l’Allemagne, pays particulièrement « fédéraliste », dont la « culture » n’a jamais été « centralisé » à Berlin. Au contraire, des villes comme Hambourg, Cologne, Munich, Francfort, Leipzig, Dresden (parofis même des petits bleds comme Weimar, Tübingen ou Baden-Baden après guerre) jouaient (et pour certaines jouent encore) un rôle culturel plus important que la capitale.

Même la France, il me semble - je parle sous le contrôle de nos amis français - a une tradition jacobine très forte, mais des sentiments régionaux (voire « départementaux ») qui persistent.

Je suis loin de tout « romantisme » langue=peuple=nation :smiling_imp: et bien d’accord avec toi, il y a beaucoup qui nous rapproche en Suisse: les institutions, un vécu et une longue histoire commune, une « culture politique » profonde et partagée, et des relations compliqués avec nos « grands » voisins respectifs qui « ex negativo » ne font que renforcer la cohésion et le sentiment d’une identité proprement « suisse ».

Cela dit: la langue (et tout le systeme de penser et la perception du monde qui va avec) reste à mon avis un vecteur très important. Mes références culturelles ne sont pas les tiennes: je ne connais très peu les auteurs francophones, la musique francophone, le cinéma francophone, l’histoire du monde « vue à travers le prisme francophone » etc…

Suffit de comparer les journaux (presse, télé) alémaniques et romands: mis à part le politique fédérale, ils naviguent dans des « mondes » differents.

Et nous sommes combien à vraiment parler la (les) langues des autres? :cry: J’ai fait toutes mes études (primaire jusqu’à l’université) sans jamais croiser un seul romand! La Suisse polyglotte: pour moi, c’est (de plus en plus) un mythe!

Mais tout ça n’était pas le sujet ici. Il s’agissait de comprendre la relation des suisse-alémaniques avec les allemands.

Et je persiste, contrairement à la Romandie, qui s’inscrit beaucoup plus « naturellement » dans « son » univers culturel francophone, une partie de la Suisse alémanique à cru important de se définir complètement à part , sans points communs avec le reste de « son » univers culturel germanophone - qui, par définition, est divers, et vaste et fascinant.

C’est ça que je trouve dommage!

swissguy83,
tu n’es pas le seul à passer ta vie en Suisse, on peut avoir des visions différentes sans trancher par un « c’est bien mal connaitre la Suisse etc ».

D’une part, je suis d’accord avec toi sur le fait que les Suisses se ressemblent tous plus ou moins, indépendemment de la langue. Les Tessinois nous montrent qu’ils ressemblent comme deux gouttes d’eau aux Appenzellois des Rhodes intérieurs à chaque votation. C’est d’ailleurs troublant de voter de façon identique à ce point.

Mais tes commentaires sur les différences entre les Suisses allemands et les Allemand me laissent dubitatif… et je ne suis pas aussi d’accord que toi sur le sujet. Les Allemands sont comme les Suisses allemand, en pire/mieux. C’est cette dernière précision qui fait toute la différence. Les Allemands vont en tout plus loin, mais on retrouve exactement les mêmes choses des deux côtés du Rhin. Et vu de France ou de Genève, les Romands ressemblent d’ailleurs aussi à leurs voisins germains bien plus qu’aux Français. Du coup, on se retrouve sur ce point crutial : la Suisse a une certaine unité culturelle, et l’Allemagne en est la continuité à sa façon.

  • la réserve en public : C’est exactement ce que les Français disent des Allemands. Qui trouve qui plus réservé n’est qu’une question de comparaison. Comparés aux Indiens, je trouve les Français très discrets et très diplomatiques, alors qu’un Français en Suisse est un éléphant dans un magasin de porcelaine.

  • La recherche du consensus et l’allergie aux conflits : C’est exactement la réputation des Allemands du nord. Ils ne pipent pas un mot, s’arrangent derrière ton dos et évite de se retrouver face à leurs détracteurs. Franchement, c’est pas faux.

  • Le système politique suisse se fonde sur un certain nombre de principes : Ceci est en partie vrai, en partie de l’histoire ancienne. Les confrontations sont de plus en plus musclées entre le SVP et les autres partis dans les débats. Il y a une quinzaine d’année, les débats style Aréna à la TSR étaient nettement moins agressifs. Des Freisinger et autres Blocher-chindli ne se gênent pas pour ne pas du tout agir comme des « bons » Suisses diplomates et enclins aux compromis. Ceci rapproche la Suisse allemande de la France, d’ailleurs. D’autre part, l’Allemagne connait régulièrement des gouvernement de grande coalition soit dans les Länder, soit au niveau fédéral… le gouvernement actuel est pratiquement aussi concensuelo-unioniste que le système suisse. Ce n’est pas inscrit dans les textes, je te l’accorde, mais c’est la pratique. Ceci serait impensable en France, ce n’est jamais arrivé. Ceci rapproche l’Allemagne de la Suisse constitutionnelle. Ainsi, les pratiques politiques suisses sont bien plus variées que la simple description du système constitutionnel le laisserait croire, et l’Allemagne peut aussi avoir des pratiques quasi-helvétiques. Cela ne permet pas vraiment de tirer une frontière culturelle sur le Rhin, bien au contraire.

  • Le respect des minorités linguistiques: C’est très relatif aussi. Personne ne respecte les Romanches, et surtout pas les Suisses allemands qui font les yeux doux au français tout en pensant à l’anglais. La mentalité a beaucoup changé, je trouve. Les Alémaniques sont de plus en plus anglophiles et proposent de plus en plus souvent des solutions à l’allemande : le maximum d’anglais et le reste en option. Pour le romanche aussi, c’est maintenant comme pour les Sorbes : ils parlent comme ils veulent tant qu’ils laissent les autres parler allemand. Il n’y a aucune politique de tolérence dans les régions romanches à majorité allemande (Haute Engadine, Basse vallée du Rhin antérieur, Arosa…). Au lieu de préserver les écoles romanches, la pression pour qu’elles deviennent toutes bilingues allemand/romanche est de plus forte. Je lis cela dans la Quotidiana, le quotidien romanche auquel je suis abonné.

  • La décentralisation du système politico-administratif La Suisse est une fédération, comme l’Allemagne. Elle prend le chemin d’une fédération harmonisée, comme l’Allemagne. Le dernier projet en date, c’est HarmoS. Les Allemands ont fait la même chose il y a cinq ans seulement, c’est exactement la même chose. Le mot « confédération » est un héritage historique, la réalité est fédérale, comme en Allemagne, ni plus ni moins. L’identité régionale en Allemagne est largement aussi forte qu’en Suisse. Les Bavarois se disputent même entre eux (Franconie contre Bavière, et Haute conte Basse Bavière). Les Holsteinois et les Schleswichois en sont au même point au parlement de Kiel, simplement, on en entend moins parler dans les médias car c’est trop loin. Quant à Hamburg, ne va surtout pas leur dire qu’ils sont bas-saxons ou holsteinois, ils ne sont rien d’autre que Hambourgeois, distinction d’ailleurs souvent refusée à ceux qui habitent dans le Land de Hamburg mais au sud de l’Elbe.

  • L’attachement à la campagne et aux montagnes. Si tu ne parle que d’image, c’est surtout les montagnes de Bavière qui circulent dans le monde, Berlin est en plaine comme Zürich, quelques kilomètres de plus mais ça revient au même. L’attachement à la nature ou ce qu’il en reste est énorme en Allemagne. Dans le nord, ce ne sont pas les montagnes mais les Brook (marais, milieux humides, tourbières) et le Wattenmeer, mais c’est exactement la même chose que le Cervin mais à plat. L’attachement et l’identité culturelle et régionale est définie et renforcée de la même manière, le relief est différent, c’est tout. Détail amusant: Comment s’appelle un vague relief un peu valloné dans le domaine bas-saxon du nord de l’Allemagne? Schweiz.

  • Sur le plan linguistique, Les Suisses allemand mal à l’aise face aux Allemands en Hochdeutsch? Ca dépend qui. Figure-toi que les Souabes juste de l’autre côté du Rhin sont encore plus nuls en Hochdeutsch que les Suisses. Inversement, les Bâlois ne m’ont jamais semblé embarassés dans mon entourage, idem à Zürich. Mais c’est aussi une question d’éducation… en France comme en Allemagne, les prolétaires et les campagnards sont au niveau zéro de l’éloquence. Leur milieu culturel vit très bien sans, comme en Suisse. De plus, la grande gueule des Zürichois me semble être un contrexemple particulièrement éloquent, pour le coup.

On pourrait alonger la liste, comme tu le dis… mais ma conclusion est simple : On peut très bien être différent et proche de ces voisins en même temps. Ce n’est pas une raison pour mettre tant d’énergie à se convaincre d’une rupture culturelle abyssale au nord du pays comme le font certains Suisses… d’ailleurs, autant d’efforts montrent aussi que la tâche n’est pas facile. Justement parce que ce soi-disant gouffre n’est qu’un fleuve paisible.

Deux petites remarques: à la droite du Rhin, il n’y a pas de Souabes (sauf au lac de Constance), nous sommes Badeois et fier de l’être.
Et en pays de Bade, il y a un tas de gens qui parle francais assez couramment.

Je confirme.
:wink:

Que c’est bien dit :sunglasses: