Sans être bilingues (l’accent allemand et les germanismes sont facilement décelables pour une personne avertie), il y a manifestement plus d’Allemands qui parlent l’anglais que de Français. Mais je pense que c’est aussi dû en partie à la réputation de la langue allemande soit disant difficile à apprendre. En effet, comme les Allemands pensent souvent que personne ne peut apprendre leur langue alors ils apprennent l’anglais qui sert à présent de langue internationale. De plus l’allemand contrairement à l’anglais et le français ne s’est pas ou très peu exporté par la colonisation, et ne fait pas l’objet d’enjeu politique. Par contre, je pense aussi que les jeunes générations de Français parlent de mieux en mieux l’anglais. D’ailleurs de plus en plus de chanteurs français n’hésitent plus à chanter (avec plus ou moins de bonheur) en anglais. Il s’agit pour moi plus d’une évolution générationnelle que réellement liée à un pays.
Valdok. Il y a certes moins eu de colonies allemandes (4 pays d’Afrique seulement), mais surtout cela fait beaucoup plus longtemps que leur influence a cessé (officiellement 1918 en réalité déjà un peu avant), de plus il n’y a pas eu une politique d’alphabétisation intense. En Namibie restent quelques toponymes germaniques, mais sinon on a presque oublié sur le terrain le passé germanique de ces colonies (au contraire des colonies françaises et anglaises où l’influence a perduré au delà de l’indépendance dans beaucoup de domaines).
Mais est-ce que c’est vraiment ce qui fait que les allemands sont plus ou moins bilingues ? qu’ils n’aient pas de « colonie » où passer leurs vacances ? Ils ont la Suisse et l’Autriche (où l’usage des langues étrangères est très peu développé par rapport à toutes les autres régions touristiques à mon sens) s’ils ne veulent pas se dépayser linguistiquement !!!
Je pense qu’il y a une raison physiologique. La bande passante de la langue allemande est plus large que les fréquences du français, donc à l’oreille c’est beaucoup plus facile d’apprendre d’autres langues. Après c’est une question de volonté, mais il y a une plus grande prédisposition pour celui qui veut bien faire l’effort.
Et puis aussi peut-être tout bonnement un plus grand sens du commerce et des affaires. En France, le monde des affaires est connoté « sale », alors que la culture germanique a moins de soucis avec le business.
Le simple fait que même chez les locuteurs de langues ayant cette réputation, il y a suffisamment de nuls en langues pour reléguer ce genre d’argument dans les limbes du mysticisme statistique.
Si des gens comme Sonka et moi sommes de bons polyglottes, c’est qu’on a bossé. Point. Je n’oblige personne à bosser sur les langues plutôt qu’autre chose, mais il est inutile de se donner bonne conscience en invoquant les dieux de la science pour soigner son ego.
LALILOU, merci sur tes infos sur l’apprentissage de la langue allemande dans les ex-colonies allemandes. D’ailleurs dernièrement c’est amusant, mais dans le bus car une dame camerounaise d’un certain âge m’a pris pour une de ses compatriotes parce que je lisais un livre en allemand.
Sur la bande passante allemande, par contre j’émets des doutes, j’ai fait quelques recherches sur internet et ai trouvé ce site qui appuie ta théorie
Ce pendant je me rallie au point de vue de Sonka et rajoute les arabophones ainsi que les pays de l’Afrique subsaharienne ayant l’habitude de s’exprimer en deux langues suite au colonialisme. Mais bon, là, non plus je ne pourrais apporter de chiffre réel, mais juste un ressenti de mon expérience assez longue dans ce domaine.
Si pour Elie Deleuze un
se définit comme une personne ayant atteint le niveau C1du cadre européen pour l’apprentissage des langues, je partage entièrement ce point de vue. En effet a bonne volonté et le travail, suffisent pour maitriser plusieurs langues, mais il faut en avoir le temps et /ou le métier, tout comme la petite poignée de « privilégiés » dont je fais partie.
Bon, j’ai horreur de jouer les anciens combattants, mais je me souviens qu’il y a de cela bien 30 ans sinon plus (eh oui ! ), la théorie à laquelle LALILOU fait allusion, avait été évoquée par des personnes « sérieuses ». En disant sérieuses, je pense à des IPR de langues.Il fut même, à un moment donné,question de tester les futurs apprenants de langues à l’aide d’appareils permettant de déterminer quelles fréquences de sons d’une langue étrangère les futurs élèves avaient du mal à percevoir, ou même ne percevaient pas, afin d’éduquer leur oreille. Je n’ai entendu parler de cela qu’une ou deux fois à cette époque reculée que j’évoque…et par la suite, plus rien.
La théorie est connue, c’est l’extension des conclusions que l’on peut tirer des faits constatés en phonologie acoustique qui fait débat. Une bonne oreille aide à créer un certain lien avec la langue, c’est à mon avis une conclusion qui se tient. Les profs de langues sont presque toujours des gens très auditifs. Dans les réunions de profs et les conférences pédagogiques, cela me semble très clair.
C’est aller plus loin dans les conclusions qui me pose problème. Il y a tellement de petits handicapes qui disparaissent totalement pas le simple travail et juste le travail. Les jeux ne sont pas faits dès le départ. Je rejette tout déterminisme dans l’éducation. Je me rends compte de plus en plus que le fait que je me suis toujours contre-foutu des maths et des sciences ne veut absolument pas dire que je ne suis pas un être logique et rationnel. Cet aspect de la vie, je l’ai juste développé dans d’autres disciplines, en particulier l’analyse linguistique, rhétorique et littéraire. On prend juste tous des chemins différents, il ne faut pas juger trop vite.
Pour prendre un exemple concret : il y a certains sons typiques du russe que je n’entendais pas aux premières heures de mon apprentissage. Pour certains, j’ai commencé à les entendre au bout de quelques mois, et le dernier, je l’ai vaincu 6 ans plus tard. Par contre, quant à les reproduire, c’est encore une autre paire de manches !!!
Par contre, mes beaux-parents russophones n’entendent toujours pas la différence entre de nombreux phonèmes français (à vrai dire, ils ne distinguent presque aucune voyelle nettement, sauf a - i - o - ou), après pourtant pas très loin de dix ans de vie en France…
Pour aller dans le même sens que ce que dit Sonka de ses beaux parents, la maman de mon corres, ne faisait aucune différence entre les mots « charbon » et « jambon », ce qui, à l’époque, m’avait beaucoup intrigué.
mais est-ce que c’est vraiment qu’elle ne faisait aucune différence… ou bien confondait-elle tout simplement les 2 mots ???
Je suis incapable en allemand, de faire la différence auditivement parlant entre KirSche et Kirche… et je suis aussi incapable de prononcer ces deux mots correctement… Idem pour le « H » aspiré comme dans « Hitze »…
Pour la théorie « de la bande passante »… pour ma part, j’ai toujours pensé qu’une langue étrangère s’apparentait à une musique… on peut être sensible à l’italien… et pas à l’allemand… comme on peut aimer Beethoven et détester Gerschwin (cet avis n’engage que moi, je pense qu’il est plus question de musicalité et de perception de la musicalité plutôt que d’une « largeur » de bande passante)…
Au passage… mes amis allemands appellent toujours ma nièce CHALENE au lieu de CHARLENE…
Étant donné le système phonologique de l’allemand ce n’est pas étonnant qu’elle confonde ces deux mots (pas de j ni de nasales, et comme tu dis ils ne prononcent pas forcément tous les r français). Mon mari, qui est pourtant très auditif, n’arrive pas à distinguer « gâteau » et « cadeau », erreur typique des sinophones. Et je vous ferai grâce de tous les sons qui m’échappent en thaï et en chinois, sinon on y est jusqu’à la fin du mois !
Rigolo tous ces témoignages
j’ai une amie japonaise qui confond « brun » et « blond » très logique pour un japonais.
et une amie allemande qui m’a déclaré qu’elle aimait mon parfum « poisson » très logique pour un germanophone natif. Et mes fautes de prononciation dans ces deux langues, sont aussi très logiques pour une française native. Quant à la théorie tant affirmée que l’oreille musicale facilite l’apprentissage des langues étrangères, certes mais il y a aussi de nombreuses exceptions qui confirment la règle.
Les fautes de prononciation sont bien naturelles et témoignent de l’effort bien louable d’apprendre une autre langue que la sienne.
Pour certains Allemands (notamment ceux travaillant dans les emplois du Web, publicité, communication, métiers du spectacle, publications scientifiques), je regrette qu’ils soient si persuadés que personne ne parle leur langue qu’ils font tout en anglais, et plus rien dans leur propre langue. Parler l’anglais c’est bien, mais comme dans tout avec modération, c’est encore mieux. Je suis contente qu’il y aient des chanteurs allemands d’origine turque qui eux au moins n’ont pas peur de chanter dans leur langue : l’allemand.
et puis pour les turques, chanter en allemand permet de faire « intégré ».
je pense que pour certains, c’est vraiment important, surtout dans cette mouvance actuelle où la mode est à la non-intégration pour garder leurs spécificités.
tu trouveras les bandes passantes des langues ici.
cela ne fait qu’une prédisposition plus forte, cela n’exclue en aucun cas le travail.
moi j’y crois.
même avec beaucoup de travail certains sons sont imprononçables pour quelqu’un qui n’a pas « entendu » ces sons dans sa plus tendre enfance.
bien entendu cette personne pourra apprendre la langue, mais ne pas se débarasser d’un accent.
une bonne oreille musicale peut peut-être y remédier, mais elle s’acquiert aussi dès le plus jeune âge.
et cette théorie se confirme en regardant les différences que mettent les enfants à apprendre une langue étrangère en immersion.
les petits slaves y arrivent très vite, alors que d’autres locuteurs mettent 2 à 3 fois plus de temps pour le même résultats, sans préjuger de leurs capacités intellectuelles.
Je suis 100% de cet avis. Par contre en tant que Française ayant vécu l’expérience, j’ai l’impression qu’en France lors de colloques franco-allemands les Français ne sont guère encouragés à parler l’allemand. J’ai aussi l’impression que les Français ont peur de parler dans une langue étrangère? Une des raisons pourrait être que nous sommes les premiers à critiquer l’un de nos compatriotes qui se risquerait dans cette aventure . L’accent « Frenchie » d’un Français qui parle anglais est facilement décelable par un autre Français. Mais « franchement » pour une personne habituée, l’accent allemand se détecte tout aussi facilement, trop amusant . L’important n’est pas l’accent en soi mais de réussir à communiquer de manière agréable avec son ou ses interlocuteurs. Sans faire de cocorico, un joli petit accent français (pas l’artillerie lourde) a la côte aussi bien Outre-Rhin qu’Outre Manche ou Outre-Atlantique. Alors pas de complexe à avoir par rapport à nos cousins germains :