J"ai toujours été frappé par ces lettres qui figurent dans l’alphabet et qui , pourtant, sont très très peu utilisées. Je pense en français à la lettre k que l’on ne trouve que très rarement , principalement dans les substantifs et dans les noms propres d’origine étrangère; entre autres, pour les substantifs :képi, kyrielle, knock out,kilomètre…etc et pour les noms propres; Keller, Kaufmann, Kilimandjaro,Kurdistan…etc.
On observe en allemand, le même phénomène avec la consonne q (également sous sa forme qu :quer, quasseln, Quark, bequem, Quecksilber, etc…etc.) A noter que l’allemand, plus fidèle à la prononciation d’origine écrit souvent Iraq, là où, en français on trouve Irak, ces deux consonnes occlusives n’ayant pas exactement la même prononciation.
Un sort particulier est toutefois reservé, en allemand , à la lettre x qu’on ne trouve, me semble- t-il, qu’assez rarement
-1°)Dans une forme de simplification graphique du groupe chts donnant à l’expression un côté un peu populaire, p-e nix pour nichts (Dans un fil sur la Volksküche posté par Sonka , on trouve également ce mot orthographié Volxküche.
-2°)Dans un vocabulaire plutôt moderne, venant très souvent des langues anglosaxonnes; je pense principalement à des verbes comme faxen, fixen, boxen, mixen…etc
Par contre, j’ai été très étonné de le trouver récemment dans une phrase d’un article de journal suisse en ligne dans lequel il était question d’une course poursuite entre la police et un individu qui s’était « ausgebüxt d’une JSV ». Le contexte m’a permis de comprendre qu’ausbüxen était un synonyme "umgangsprachlich " de ausbrechen= s’évader, donc en français, dans le même contexte, « se faire la belle » JSV=Justizstrafvollzugsanstalt=établissement pénitentiaire.
Ce qui m’a surtout frappé, c’est la séquence voyelle infléchie + x, que je n’avais jamais rencontrée dans mes lectures auparavant.J’ai cherché en vain l’étymologie de büxen. Büchse ??? la boite de conserve qui symboliserait ce qu’on appelle en français la taule ??? Existe-il d’autres exemples de voyelles infléchies + x?
Cette question peut paraitre stupide, mais elle m’intrigue.
En tout cas, ce sont des lettres qui valent toujours très chères au scrabble
Mais il est vrai qu’elles sont très difficiles à caser, pour le x, hormis « nix » qui n’est pas vraiment un mot (en tout cas orthographiquement parlant), je ne l’ai jamais vu en allemand. Peut être que des linguistes pourraient expliquer pourquoi certaines lettres de l’alphabet sont aussi rares dans une langue. Je dirais, sans grande conviction, que cela vient du fait qu’on a, en Europe de l’Ouest, tous le même alphabet.
Il faut dire que la codification de l’orthographe est, somme toute, assez récente, surtout en ce qui concerne la transcription, souvent orale, des noms propres, et qui a connu ses temps forts aux temps du despotisme éclairé, soucieux d’unifier la langue de ses sujets. On en a un bon exemple au Tyrol, où les noms de familles rhéto-romans ont été germanisés à outrance sous Joseph II, soit par déformation d’un nom de lieu-dit (Alarei devenant Agreiter) ou par simple traduction (Soratrù devenant Obwegs ou Obwexer, puisque nous parlons justement du x).
Quant au verbe « ausbüxen/ausbüchsen » (l’orthographe n’est pas formellement établie), il signifie bien « s’évader », et, en Autriche notamment, aussi « sortir », dans le sens de sortir quelque chose d’une boîte (de « Büchse », boîte; pensez à l’anglais « box »).
A noter que la lettre « q » se dit « kveh » dans l’alphabet autrichien (de même que le « j » (Jott) se dit « jeh » (ah, la ligne de tramway « J » de Vienne, avec l’annonce sur le Ring "Umsteigen zur Linie « Jeh ». C’était le bon temps!)
A propos de Justizstrafvollzugsanstalt, le dénomination officielle en Allemagne et en Autriche est Justizvollzugsanstalt, JVA.
Tu as raison, c’est moi qui me suis trompé en écrivant l’acronyme de mémoire l
Il faut quand même rappeler que le q et le k procèdent d’un besoin intrinsèque des langues germaniques alors que le x n’est qu’un racourci graphique latin repris en suédois et en anglais seulement.
Le q correspond à /kw/, phonème qui n’est attesté maintenant que dans la séquence que, comme bequem, quer etc. Ce sont des mots germaniques. On retrouve aussi un reste en néerlandais: kwam, devenu kam en allemand, car c’était le verbe quomen, kwomen. La latin ancien avait exactement le même besoin.
Le k répond au besoin d’avoir un son /k/ devant voyelles antérieures, car le latin et les langues néolatines avaient palatalisé les ci et les ce, parfois même les ca. La lettre étant nécessaire à la transcription du grec, elle a vitre trouver sa fonction en opposition au c latin qui se palatalise en /ts/ et les langues germaniques n’auront qu’à se servir.
Le X latin semble avoir une histoire complexe, qui le lie aussi au X (khi) grec. L’allemand a établit le chs pour noter cette affriquée pour des raisons étymologiques, c’est une logique interne. Le x est ressenti comme étranger, mais passe justement bien dans des mots étrangers ou resentis comme tels. Et puis les pseudo-modernismes font le reste. En tout cas, Büchse et ausbüchsen sont les termes orthographiquement logiques, en faire une ausbüxen me semble maladroit. On dirait un verbe formé sur Bux, bas-allemand pour pantalon.
Si tu l’as vu, mais dans des mots où on ne le remarque pas car dérivés du latin et donc similaires au français : axial, exact, exaltiert, Examen, Exkommunikation, exekutiv, Exemplar, Exil, existieren, exklusiv, exotisch, Expedition, Oxidation, etc. Bon je m’arrête là, mais y’en a quand même une petite floppée. Mais c’est vrai que ça reste peu sur le total !
En y repensant, on a aussi la famille de Hexe, hexen, Hexerei…
Que peut on dire de Cuxhaven?
Le nom vient de Koog, terre entourée de digues. Après des orthographes variables comme Kuckshafen ou Kuxhaven, voire en reprenant l’étymologie Koogshaven, la forme Cuxhaven a fini par s’imposer, avec un C pour faire bon poids (Cottbus est dans le même cas, ce qui fait que l’on a une Kottbusser Platz à Berlin avec l’ancienne orthographe, le C (Carlsruhe, Cassel, Cöln se transformant en K, tandis que Kuxhaven et Kottbus prenaient un C, histoire de rigoler un peu et de faire ch… le monde).
C’est vrai que le x est peu employé en français mais ce n’est pas la seule lettre. En y regardant de plus près les dernières lettres de notre alphabet (w-x-y-z) sont peu utilisées.
J’aurais une autre question sur la fréquence des lettres dans une langue. En allemand le ess-tset ( β ) est , selon moi, peu employé. Quelle en est la raison?
Ce n’est pas une lettre, le ß est une ligature de deux -s en imprimerie. C’est d’ailleurs uniquement une ligature miniscule, il est faut de garder un ß dans un mot tout en majuscules d’imprimerie. Donc FUSSBALL, pas *FUßBALL qui est faux mais courant quand même.