Quelqu’un aime Georg Trakl ? C’est un des très rares poètes qu’on puisse lire encore aujourd’hui, il me semble (avis personnel, bien sûr : les grands alexandrins de la poésie française du XIXème sont tout bonnement insupportables).
La poésie de Trakl n’est pas toujours très gaie : c’était un alcoolique, un cocaïnomane, un incestueux, et il s’est suicidé d’une overdose de cocaïne après le déclenchement de la Première guerre mondiale. Mais il y a des choses vraiment magnifiques : « Helian », « Elis », etc.
Victor Hugo et Charles Baudelaire et les autres doivent se retourner dans leurs tombes s’ils te lisent !!!
je ne connais pas le poète dont tu parles, mais rien ne t’empêche de nous citer quelques passages des poèmes que tu préfères (puisque… c’est moins long que des alexandrins…)…
Mais de quoi parlez-vous? Le siècle de l’alexandrin, c’est le 17e! Dans le 19e, il n’y a plus d’alexandrin! Il y a Mallarmé, Rimbaud, Verlaine p.e. Montre-moi un seul alexandrin écrit en 19e! Bon, c’est 19e/20e, mais tout de même. Et les romantiques n’ont plus écrit en alexandrins, Lamartine etc.
N’empêche que Trakl soit un poète qui vaut la peine d’être lu.
J’ai lu des poëmes de Trakl il y a très longtemps, quand j’étais très jeune (peut-être trop jeune) et il ne m’a pas laissé de souvenirs impérissables. Il faudrait peut-être que je m’ y remette.
Côté biographie, il était une rock star avant l’heure!
Charles Baudelaire (1821- 1867)… 19ème siècle non ???
(pour faire aussi allusion à Hugo, et s’il en restait qu’un, ce serait ce poème là … )
extrait de l’Albatros :
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
Alexandrins non ??
je verrai ce soir pour le lien vers les poèmes de cet auteur
Perso, je suis assez d’accord avec Liebezeit sur les alexandrins.
Mais le sujet du topic,c’est trakl. Il avait déjà été évoqué sur allemagne au max, parce que je crois bien que c’est comme ça que je l’a connu.
Tu nous mets tes préférés, liebezeit qu’on puisse en parler sur pièce ?
Pour ce qui est de les avoir en ligne, je vous rappelle qu’on peut trouver en ligne tout ce qui est assez vieux pour être domaine public et qui a un peu de notoriété sur le projet gutenberg (là aussi ma source est allemagne au max ) :
Bon, je me rends. Je ne compte pas toujours les syllabes. En allemand, de toute facon, il n’y a plus d’alexandrins après l’époque baroque, on les trouve lourd. Après, on ne compte plus les syllabes, mais les accents (Hebungen).
Bien vu. En français, on compte les syllabes, car les accents ne laissent pas une impression impérissable. Un alexandrin français peut facilement se retrouver avec deux accents seulement, chose fort improbable en allemand. Du coup, on a vite oublié comment scander un vers. Tu as mis le doigt sur quelque chose : le français supporte des vers plus longs, je dirais même qu’il en a besoin.
Je garde un souvenir assez vague de la poésie expressioniste (pourtant étudiée en licence) , j’associe Trakl à Gottfried Benn et j’avoue à avoir eu les plus grandes difficultés (et même être dans l’incapacité totale) de compter les Hebungen et Senkungen dans la poésie allemande.
que veux-tu dire par « on compte les accents » ?? tu parles de l’accentuation que l’on met sur certaines syllabes des mots allemands ??
Elie n’a pas tort quand il dit que le français supporte très bien les vers longs, c’est peut-être pour cette raison que l’on a gardé longtemps les alexandrins (au contraire des allemands)…
et s’il m’arrive de faire des vers pour un poème à l’occasion d’un anniversaire, ce sera toujours en alexandrin, c’est finalement les phrases les plus faciles à faire
Exactement. Chaque mot allemand a son accent qu’il garde dans la phrase. Et dans les poèmes réguliers, tu trouves trois sortes d’accent (ou quatre, mais la quatrième est rarissime): Jambus: xX, Trochäus Xx, Daktylus: Xxx. (Anapäst: xxX)
« Sah’ ein Knab ein Röslein stehn » Xx Xx Xx X Ca donne: quatre accents et Trochäus. Fin: une syllabe. Comme ca, le vers est défini.
Ces termes d’origine grecque définissaient les différents pieds dans la versification de la poésie antique grecque et latine.
Iambe : pied de deux syllabes, la première brève, la seconde longue (xX)
(dans un sens moderne, l’iambe est une pièce de vers satiriques, cf. les Iambes d’André Chénier)
Trochée : pied formé de deux syllabes, une longue et une brève (Xx) (du grec trokhaios, coureur)
Dactyle : pied formé d’une syllabe longue suivie de deux brèves (Xxx) (par allusion au doigt qui a une grande phalange et deux petites)
Anapeste : pied composé de deux brèves et une longue (de anapaistos, frappé à rebours)