Licenciée pour 1,30 €

Bonjour

Je viens de lire sur le site internet du journal Libération qu’une caissière a été licenciée en Allemagne pour avoir utilisé deux bons de consigne de bouteilles en verre pour une valeur de 1,30 €.
Je cite : « L’histoire de la caissière a été érigée en symbole des inégalités sociales par les syndicats et par la gauche radicale allemande, sur fond de flambée du chômage et de débat sur le bonus des banquiers. »
Je voudrais avoir votre avis.
Est t’il aussi grave de voler 1.30 € que de faire perdre des milliards d’euros à sa banque ?
:smiley:

Ce n’est pas le montant de vol ou de la soustraction qui importe, mais le fait d’avoir abusé de la confiance de l’employeur. En 1984, il y avait eu un précédent célèbre, le « Bienenstich-Urteil » (le bienenstich est une pâtisserie). Le tribunal fédéral du travail avait confirmé le licenciement sans préavis d’une vendeuse qui avait mangé cette pâtisserie sans la payer. Ces licenciements sans préavis, selon une experte du droit du travail, visent particulièrement vendeuses et caissières, parce qu’elles jouissent d’une confiance particulière de la part de leur employeur.

C’est proprement scandaleux et exemplaire. La grande distribution qui se fait « des couilles en or » comme on dit en français et sur ses fournisseurs et sur sa clientèle et sur ses employés, sanctionne une caissière après 20 ans debons et loyaux services pour avoir « détourné=unterschlagen » un coupon de consigne d’une valeur de 1€30!
Il faut rappeler que cette caissière était syndicaliste; ceci expliquant probablement cela, malgré toutes les dénégations vertueuses!!!
Je ne sais pas si ça vous rappelle quelquechose, mais, moi, ça me fait penser à cet employé d’un fast food dont je ne citerai pas le nom, qui s’était fait licencier parcequ’il avait refilé un sandwich à un SDF.
Il reste des Bastilles à prendre!

:smiling_imp: :smiling_imp: :smiling_imp:

L’affaire a même été évoquée hier soir dur la deuxième chaine de télé.

31 ans plus précisément, michelmau.
Quelques précisions:
La caissière a été licenciée en janvier 2008. Le tribunal du travail de Berlin, saisi en deuxième instance, a confirmé le licenciement, sur la foi de « soupçons qui s’appuyaient sur des faits objectifs et sur des déclarations crédibles de témoins ». Au bénéfice de la demanderesse, son âge (50 ans) et son ancienneté. A sa charge par contre, le fait qu’une caissière doit faire preuve d’une fiabilité et d’une correction absolues. Même s’il s’agit en l’occurrence d’un montant de faible importance (dit la juge), il y a eu une perte de confiance irréparable entre l’employeur et la salariée, préjucice aggravé par les déclarations mensongères ayant compromis une collègue.
Le public a sanctionné le verdict aux cris de « Justice de classe! ».
L’avocat de la demanderesse a fait savoir qu’il mettrait en oeuvre tous les moyens pour obtenir gain de cause. Le tribunal du travail rejette la révision. L’avocat compte faire opposition à cette décision, saisir la Cour constitutionnelle et porter l’affaire devant la Cour européenne des Droits de l’homme.

Pour répondre à fitititi, je dirai que si un trader fait perdre des milliards à la banque qui l’emploie, c’est après tout l’affaire de la banque. Une banque vit de spéculations avec des valeurs fictives, c’est son métier et son risque. Un bon de consigne de 1,30 €, par contre, c’est du réel, du solide, du bon argent sonnant et trébuchant. Cherchez l’erreur…

Il y a des collègues qui ont témoigné contre elle. En France, elles auraient fait la grève pour elle (ou suis-je trop romantique?)! J’ai le soupcon que ces collègues ont été achetées. Ou menacées.

Oh, comment peut-on formuler de pareilles accusations, cri-zi? :open_mouth:
Regardez mes livres de comptes: y voyez-vous une quelconque mention d’un « achat » de témoignages? Les gens sont méchants, quand même… :frowning:

Si cette affaire, somme toute bénigne, arrive à ce niveau, c’est, à mon sens, que le patron voulait se débarrasser à bon compte (1,30€) d’une syndicaliste génante.
Il me semble que, vu le montant minime de la somme, l’affaire aurait pu s’arranger à l’amiable entre le magasin et l’employée.
Ce genre de chose est déjà arrivé récemment en France à propos de ces bons de réduction qu’on nous donne à la caisse sur tel ou tel article et que l’on (moi le premier) laisse trainer sur le comptoir. Des caissières en avaient récupéré pour leurs propres achats et avaient été sanctionnées lourdement par le direction. Personnellement, je ne vois pas où est le mal.
Il m’est déjà arrivé, en mettant mes bouteilles vides à la consigne automatique, de récupérer un ticket que quelqu’un avant moi, avait oublié de prendre… Fallait-il le rapporter à la réception du magasin?
Pas besoin d’être membre d’un quelconque parti d’extrème gauche pour s’indigner et parler de justice de classe. Je connais pas mal de ces filles qui font des boulots de merde, répétitifs, avec les clients qui ne les gratifient même pas, ne serait-ce que d’un « bonjour! » ou tout simplement d’un sourire ,qui sont soumises à des horaires de travail complètement anarchiques et qui font cela parcequ’il faut bien payer le loyer et nourrir la famille…non, non, je ne vais pas vous refaire du Dickens…D’accord, il y a des lois , des juges etc…mais, il me semble que dans une justice digne de ce nom, la sanction doit être adaptée à l’importance du délit. (Si je me fais flasher par un radar à 52 km/h, alors que la limitation est à 50 km/h, il est, me semble-t-il ,normal que je paie moins que celui qui se fait flasher à 150 km/h au même endroit.)
Il sera interessant de suivre les dévelopements de cette affaire devant la justice européenne.(Mais à mon âge, on ne se fait plus trop d’illusions sur ce sujet.)
:wink:

Tout à fait.
Mais on ne peut pas dire que 1.30, ce n’est pas grave. C’est plus une question de principe que de somme. A partir de quel montant serait-ce grave ? Et puis, qui vole un oeuf, vole un boeuf. Si on ferme les yeux sur 1.30, alors 1.30 par caissière de temps en temps, ça finira par faire beaucoup.
Cela dit, la sanction est complètement disproportionnée… mais bon, qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage…

C’est un vrai problème de société.
Je cite le journal : Selon la DGB, un doute sérieux plane sur l’enseigne Kaiser’s, pour qui existerait « un fort intérêt a punir quelqu’un qui s’était engagé comme syndicaliste. » Car à la fin 2007, Barbara E. avait mené un mouvement de grêve dans son supermarché pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Il ne s’agit ni plus ni moins que de la répression syndicale exercée dans un pays démocratique. Kaiser’s ne pouvais bien entendu pas utiliser ce pretexte. Ils ont trouvés la petite faute qui « protège » leur image auprès de l’opinion publique allemande.
N’y avait’il pas de la part de l’employée une perte de confiance vis à vis de son employeur concernant ses conditions de travail qu’elle jugeai (à tort ou à raison) comme indigne ? Mais les juges n’ont pas souhaités se pencher sur cette délicate question qui aurait pu remettre en cause la demande de l’employeur.
Pour ce qui concerne le trader qui a fait perdre deux milliards d’euros à sa banque il ne s’agit pas d’argent « virtuel » car cette perte a eu des conséquences directes sur la rentabilité de la banque et donc sur son Produit Net Bancaire et donc sur ces bénéfices et donc sur les dividendes versés aux actionnaires (pour faire simple).
D’autre part il y a bien eu perte de confiance car il a été viré. Je vois mal son employeur lui dire : « Vous nous avez fait perdre deux milliards d’euros mais nous avons toujours confiance en vous. Vous pouvez recommener quand vous voulez. »
Pour terminer je vous signale que cette caissière bénéficie désormais de l’aide sociale et réprésente donc un coût beaucoup plus considérable pour le contribuable allemand que la somme dérisoire de 1,30 € sans même parler du salaire des juges, des avocats, des policiers (car je suppose qu’on la jeté en prison) alors qu’en gardant son travail elle aurait contribué indirectement et pour une petite part a soutenir la consommation.
Par cette exemple, nous nous rendons donc de l’inhumanité de notre société qui pardonne beaucoup aux riches mais très peut aux pauvres.
J’espère n’avoir pas été trop long.
:smiley:

Ce qui est choquant, c’est que le moindre problème conduise à un licenciement sec. Il fut un temps où il existait des blâmes et des avertissements, et on licenciait avec un dossier en conséquence. Maintenant, c’est vraiment de l’ordre du prétexte. La mauvaise foi de cet employeur est sans borne.

Non ce n’est pas grave.
Il faut savoir garder le sens de la mesure.
Il est beaucoup plus grave de conduire en état d’ivresse (par exemple).

@ mislep : je ne dirai pas « qui vole un oeuf vole un boeuf », mais je citerai plutôt (de mémoire) la conclusion de la fable de Lafontaine:« Les animaux malades de la peste »:
Selon que vous serez puissant ou misérable,
les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

:wink:

J’ai lu ça dans la rubrique « insolite » du journal Ouest-France ce matin. C’est quand même choquant !

il est arrivé une chose similaire dans un magasin de bordeaux (celui à l’enseigne avec un A rouge)… les caissières ont été licenciées, car elles avaient utilisés… Les bons de réduction que les clients ne voulaient pas !! (les bons de réduction s’imprimaient avec le ticket de caisse, et les clients les leur laissaient en disant « gardez-le, ce produit ne m’intéresse pas »)…

il me semble qu’à la fin de l’histoire, elles ont été réintégrées… mais au départ, c’était un licenciement pour faute grave !!!

du grand n’importe quoi… 1,30 € dans ce cas allemand… pffffffffff y’a des patrons qui n’ont que ça à faire ???, (c’est vrai que c’est la CRISE… on l’entend partout… mais… pour 1,30 € ce n’est pas une bonne raison).

Ca me rappelle aussi cette caissière récemment qui avait été licenciée parce qu’elle volait de la viande, parce qu’elle ne gagnait pas assez pour s’en payer. Ou quelque chose dans le genre.

Dans la grande distribution on fait du chantage,en allemagne,le tribunal du travail est constitué de juge professionelle,par des gens qui n´ont jamais travaillés dans le milieux professionelle.Les syndicats allemands ont critiquer cette decitionendisant"c´est une justice de classe qui tire aux canons sur des moineaux"Les cliens de cette chaine de magasin ont reagit vivement provoquant des degats immences en terme d´image. Les allemands ne comprennent pas. j´etais menbre de la C G T commerce,responsable d´une permanence juritique.

 jean  luc :wink:

Il faut taper là où ça fait mal donc sur l’image de l’entreprise.
Si les gens font le lien avec IG FARBEN les conséquences seront catastrophiques et coûteront beaucoup plus d’argent que le « simple » licenciement d’une employée.
Les dirigeants devraient savoir que tout fini par se savoir, surtout à l’époque d’Internet.
Il y a quelques semaines j’avais vu sur M6 un reportage sur les conditions de travail prochent de l’esclavage (et je pèse mes mots) chez LIDL en France. La manière dont ils exploitent, en particulier, les femmes.
C’est non seulement honteux mais parfaitement inadmissible. Et que l’on ne viennent pas me dire que les employeurs ne peuvent pas faire autrement. Les entreprises ne peuvent pas se permettre certains pratiques qui date d’une autre époque que même elles ne voudraient pas revivre.
La crise et la mondialisation n’excusent pas tout.
Il y a une limite.

On a également cité, dans le même ordre d’idée une chaine de drogueries présente en France aussi, et dont je ne citerai pas le nom pour ne pas lui faire de pub.

Sur le droit et la morale, un excellent article du non moins excellent blog de maitre Eolas.

Tout comme Michelmau je ne pense pas être un Guesdiste tendance « pendons les par les boyaux, ces gougnafiers c’est tout ce qu’ils méritent », je fais même une école de commerce, mais je suis d’accord avec vous, l’entreprise réagit de manière disproportionnée. Je pense aussi que la direction a voulu « faire un exemple » et que les autres caissières vont maintenant filer doux. C’est tout benef’ pour l’employeur, voire la branche de la distribution toute entière.

Tu as raison. Il ne faut pas leur faire de publicité.