Et voilà, il fallait bien que ça arrive…
Une collègue (tiens, pour une fois, ce n’était pas notre collègue à la condition féminine, mais aux affaires européennes) vient de soulever un lièvre énorme, ça va fumer dur chez les féministes, alarme, branle-bas de combat!
Donc, la collègue en question s’est aperçue que si l’on parlait du « Neandertaler » (l’homme de Neanderthal)*, en revanche, sa femelle passait à la trappe. Et pourtant, il a bien fallu qu’il ait une compagne, le Néandertalien, sinon je ne serais pas là à distraire l’assistance ou à la plonger dans des abîmes de réflexion. Eh bien, non, nulle part il n’est question d’une « Neandertalerin » quelconque…
Et la voilà, l’horrible évidence: si l’on se transpose à notre époque, l’Allemande n’existe pas non plus en allemand!
Chaussons nos bésicles pour examiner la chose de plus près…
« Françaises, Français », ça sonne gaullien, dans la lignée de la « Marseillaise », la patrie en danger, etc. etc, et la parité est sauvegardée. Les successeurs du Général ont calmé un peu le jeu par un « Mes chers compatriotes » plus civil, mais la parité et le politiquement correct prennent de la gite, là…
Le « Care italiane, cari italiani » de Napolitano ou Berlusconi va dans la même direction, rien à redire sur le plan de la parité.
Quid de l’Allemagne? Si l’on veut dire « Allemandes, Allemands » ou « Chères Allemandes, chers Allemands », on arrive au bout de son latin, c’est le cas de le dire. Car en fin de compte, il n’y a pas de désinence particulière pour le pluriel féminin de « Deutsch ». C’est Deutsche ou die Deutschen, et là, on ne peut plus se placer sur le même registre que les Françaises ou les Italiennes.
Heureusement, l’allemand est une langue fort ingénieuse, et qui peut rendre beaucoup plus que ses consoeurs en satisfaisant tout le monde.
Que dit un politique allemand en s’adressant aux foules, qu’elles soient communales ou nationales? Tout simplement Liebe Mitbürgerinnen und Mitbürger. Ca dit bien ce que ça veut dire, ça englobe tout le monde, et pas seulement les « chers compatriotes », mais toute la communauté vivant sur le territoire, étrangers compris. Comme ça, tout le monde est content, sauf les Français qui font la gueule quand il s’agit de rendre ça en français, parce que ce terme est pratiquement intraduisible, sauf par « concitoyennes et concitoyens » si l’on reste au niveau de la commune. « Convivantes et convivants » serait en fin de compte plus exact, il ne reste plus qu’à l’inventer et le mettre en circulation… en toute convivialité (ou convivitude, comme on dirait aujourd’hui).
*On a quand même des conversation d’un certain niveau, à l’admistration provinciale!