En regardant les paroles d’un groupe de rap allemand,je suis tombée sur le mot « nix ».Mon professeur d’allemand m’a dit que cétait une « dérive » de « nicht ».Je me demandais alors d’où pouvait venir cette écriture/prononciation.Je ne l’ai pas demandé à mon professeur;Je ne doute pas de ses compétences mais je trouvais plus sympathique de le demander aux grands linguistes d’Allemagne au Max!!!
Puis si vous pouviez aussi me dire ce que veut dire « naja »!Je parle sur msn avec une jeune allemande qui emploie très souvent cette expression!Et je n’ai pas compris ces explications…
Pour « Nix », c’est plutôt « Nichts » (rien). En souabe: I hann nix g’macht (je n’ai rien fait).
Le « Naja » est fréquemment utilisé en début de phrase (langage parlé) pour exprimer que la suite n’est pas forcément simple à exprimer. Le mot n’a pas vraiment de sens en lui-même, mais apporte une sorte de « teinte mitigée » à ce qui va suivre.
Pour nix - ton prof a - presque - visé juste: c’est une contraction - assez « naturelle » de nichts (rien), très répandue en langage familier (tout le monde le dit, pas seulement les rappeurs!).
Voilà, les « linguistes » bougent, tous en même temps
Dans le contexte d’une phrase, pour garder le rythme, surtout si l’on parle assez rapidement dans le registre familier, le « nicht » ou « nichts » se transformera généralement en « nix », ce qui, tu en conviendra, est nettement plus facile à prononcer (surtout pour un francophone! ).
Par exemple: « Wissen ist Macht, nix wissen macht nix » (loin de moi l’idée d’une allusion désobligeante aux ignorants, nous sommes là pour renseigner! )
Quant à « naja »… En gros, il y a deux sens:
La réponse à une question embarassante, en traînant sur le « jaaaa », histoire de gagner du temps pour préparer sa défense, du genre "Warum kommst du so spät? - Najaaaa… " En français, ça donnerait « Pourquoi tu rentres si tard? - Ben ouaaaiiiis… heeeuuuu… »
Avec une connotation de fatalisme: « Na ja, der Oschpele ist halt der Oschpele, gell, mit dem muss man auskommen… » En français, ça donnerait « Tu sais, Oschpele, c’est Oschpele, mais bon, faut faire avec… »
à force de le rencontrer dans les mails et les chats avec mes amis allemands, j’ai fini par le traduire par " bon… de toute façon"… ou par « c’est comme ça »… ou « enfin bon »…
pour moi il a le sens de "on va pas changer le monde " il est ce qu’il est…
Bon, je vais encore ramener ma fraise avec mes élèves, mais trop souvent, je dois les corriger A L´ÉCRIT ! Ils écrivent sans problème « nix » ou « halt » dans des contrôles surveillés.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le « halt », ben c´est un mot « halt » qu´on dit très souvent en Bavière « halt ».
J´ai même lu d´un collègue l´appréciation sur un élève : kann nix, tut nix !
Ce nix est simplement la prononciation avec assimilation partielle de nichts.
Au départ, on a /niçts/ ou /nixts/. Le trait occlusif du /t/ se transmet au /ç/ ou /x/ précédent, et ceux-ci deviennent eux-mêmes occlusifs, donc /k/. Et voilà. La chose s’est produite dans tout le domaine germanophone. La norme écrite a gardé la forme étymologique (quoique, c’était nichtes en mha. - il y a eu apocope du -e)
En néerlandais aussi, d’ailleurs, on a niets ou niks, ce dernier étant familier et tinté « nord ».
ah non, pour ca, on est trop au sud. Ils ne le disent ni ne l´écrivent.C´est plutôt du côté de la Franconie, dans la partie nord de la Bavière. Il n´y a que les Zugeroaste à le dire.
Alors qu’est-ce que je devrais dire, moi! Plus au sud que moi, tu meurs! (voir l’étoile sur l’avatar) Et pourtant, j’emploie toujours net ou netta! (nicht doch) dans la conversation courante!
Bon, avant qu´on en vienne aux mains : en langage parlé « djeune », on ne dit pas « ned », chez mes élèves (ca y est, je recommence), en tout cas, je ne l´entends pas. Mais c´est vrai que j´ai été un peu trop rapide et même carrément inexacte sur ce coup-là. La prochaine fois, je tournerai 7 fois mes doigts avant de taper des bêtises.
Je crois que niveau dialecte, Munich n´est pas vraiment représentatif. Et pourtant, la honte pour moi, car j´ai consacré une partie de mon mémoire de maîtrise au bavarois, allant même jusqu´à faire des interviews de locuteurs âgés de 15 à 75 ans.
Alors oui, c´est vrai qu´on l´entend, mais ce sont les plus âgés qui disent « need », mon chef par exemple (un vieux de 44 ans).
Qui est, rappelons-le, le dialecte le plus sexy d’Allemagne - après tout (les sondages)
Pour l’utilisation du ned chez vous im nahen Osten, ça doit être la bonne influence des alémaniques voisins, car nous l’utilisons aussi - même plus au sud d’une ligne Munich - Colmar ou, disons Memmingen - Tuttlingen - Gundelfingen
Le -ch- de nicht est tombé dans tous les dialects d’Allemagne du sud et le long du Rhin. Même en Suisse, il a disparu, c’est vous dire si c’est une histoire qui a de l’ampleur.
niet - net - neet - nööt
Ca part du néerlandais, passant par le Rhénan et le Mosellan, traversant la Souabe et la Franconie, prenant la Hesse au passage, jusqu’au domaine gigantesque du bavarois à l’est et de l’alémanique suisse.
nicht - nich - nisch(t)
Domaine surtout du bas-saxon et du Mecklenbougeois. La Haute Saxe ayant transformé la chose en nischt ou formes proches. Les nicht et nich s’exportent dans le sud par le Hochdeutsch et les médias en général.
La norma a retenu nicht en allemand et niet en néerlandais. C’est comme ça.