Le 31 mars 2012
-A metz pour les dialectes allemands de Lorraine :
de la gare de Metz jusqu’au parvis de la cathédrale en passant par la Préfecture pour la défense des langues de Lorraine: (francique mosellan, francique rhénan, et alémanique du sud-est mosellan) egalement pour l’allemand standard et le luxembourgeois.
-A strasbourg pour l’Alsacien.
deux revendications communes à toutes les régions de france:
une loi pour que l’accès aux langues régionales, notamment dans les médias et l’éducation, devienne un droit des citoyens.
que la France ratifie enfin la Charte européenne des langues minoritaires qu’elle a signée sans la ratifier.
C’est une zone dans laquelle on parle alemanique/alsacien, on pourrait appeler ca « la minorité alsacienne de lorraine ».
D’ailleurs quand on parle des dialectes de lorraine dans les medias, on oublie souvent d’evoquer cette minorité,
tout comme il y a L’alsace-bossue qui etait un territoire Lorrain jusqu’a environ 1770, il fut rattaché a l’Alsace pour cause de religion protestante.
voila pourquoi on parle Lorrain-Rhénan en Alsace-bossue et pas Alsacien.
En effet la France n’a pas encore ratifié la Charte européenne des langues minoritaires qu’elle a signée.
Il s’agit d’une pure hypocrisie du type « faite ce que dit mais ne faite pas ce que fait ».
Je constate les dégâts provoqués par l’hégémonie écrasante du français sur une autre langue latine : En l’occurrence le Franco-provençale qui a quasiment disparition dans l’indifférence générale ( 1000 locuteurs dans le Rhône pour 1 708 000 habitants).
Étant un Français « de l’intérieur » je me pose cette question : Avons-nous peur à ce point du retour en force de l’alsacien ou du francisque mosellan dont nous avons si largement contribué à la disparaition que nous ne soyons même pas capable de ratifier un texte aussi important ?
Soyons sérieux cinq minutes.
La France ne ratifiera jamais la Charte des langues minoritaires. Le français est clairement considéré comme supérieur à tout le reste. C’est un jugement de valeur qui s’est installé et il est largement repris par l’élite, qui rencontre en cela aussi un certain peuple qui a intériorisé ce jugement.
Il n’y a qu’une seule arme: parler ces langues et faire une nouvelle génération de locuteur à la maison.
Quand je pense que même le Liechtenstein a ratifié cette charte et que nous n’en sommes même pas capables.
Alors ce n’est pas la peine de tenir sans arrêts des grands discours sur les droits de l’homme et de donner des leçons aux autres pays.
C’est toujours beaucoup plus facile pour les pays sans minorités de ratifier cette charte. Dans certains pays, il y a des régimes autonomes en place, et dans d’autres, le minimum est fait ne serait-ce que des mesures cosmétiques comme le fait l’Allemagne pour les Sorabes et les Frisons. L’Europe ne demande pas grand chose, vraiment. A la limite, même le symbolique suffirait à faire passer la couleuvre. Même ça, c’est trop pour le nationalisme français. La république a bon dos. Je ne me fais aucune illusion.
en clair ils veulent que ces langues soient enseignés à l’école ? L’éducation nationale n’a pas à jouer ce role , c’est comme ma nièce qui apprend l’occitant à 7 ans au lieu de l’anglais , nous marchons sur la tete , tous ces passéistes m’exaspère , nous pouvons très bien promouvoir ces langues par l’intermédiaire d’association , mais l’éducation et les médias n’ont pas à diffuser des langues du passé alors qu’il faut se projeter dans l’avenir. Le monde est assez complexe comme ça , ne nous mettons pas des complications supplémentaires.
Parlons dèjà correctement le français et l’anglais , pour le reste …
Je crois qu’il s’agit seulement de préserver un héritage culturel comme la gastronomie ou un paysage.
Certaines de ces langues existaient même avant le français, l’anglais ou l’allemand (comme le basque, le gaélique, le francique ou le breton parmi d’autres).
Elles n’ont seulement pas eu la chance d’avoir un État national qui les soutiennent. Si l’Alsace était devenu un pays indépendant je suis certain que l’alsacien serait encore très enseigné dans les écoles.
De plus une langue du passée peut très bien redevenir une langue d’avenir. Le meilleur exemple est l’hébreu qui était devenu une langue morte depuis des siècles et qui est redevenue une langue vivante avec la création de l’État d’Israël.
Il est absolument indispensable que les langues régionales soient enseignées à l’école. En plus l’éducation nationale a largement contribué à leur disparation donc qu’elle fasse un petit effort pour les enseigner de nouveau ne me paraît pas être une idée complètement hérétique.
Elles n’ont pas vocation à disparaitre simplement parce qu’elles ne sont plus à la mode. De toute façon je ne vois pas comment elle pourraient concurrencer l’anglais.
Serions-nous heureux si sur notre table nous ne trouvions plus qu’une seule sorte de bière ?
Et bien pour les langues c’est la même chose. Leur diversité contribue à notre enrichissement culturel est n’est seulement un désagrément pour passer obligatoirement au « tout anglais ».
J’ai dans mon entourrage des militants purs et durs pour l’alsacien, style l’alsacien a été la seule langue parlée aux enfants de la naissance à l’entrée à la maternelle.
Résultat : ces enfants qui sont grands aujourd’hui (jeunes adultes ou adultes tout court) ne parlent alsacien que s’ils en ont BESOIN dans leur milieu professionnel, les autres ont oublié (surtout s’ils sont partis dans des endroits où l’alsacien n’est pas du tout utilisé).
Autre constat : une personne très proche de moi est enseignante « langue et culture régionale ». Elle est proche de la retraite et cherche quelqu’un pour la remplacer. Il n’y a personne. Dans le collège de mes enfants ils ont mis une personne … qui n’est pas du tout alsacienne à ce poste !!! (faute d’autres candidats).
Par contre, je vois des personnes non originaires de la région apprendre l’alsacien (pour aller travailler dans le milieu rural par exemple).
D’autres personnes non dialectophones le redeviennent pour des raisons militantes (mais je ne suis pas toujours d’accord avec leurs idées politiques, même s’il ne faut pas faire d 'amalgame, mais bon on ne peut pas dire non plus que cela n’existe pas il n’y a qu’à voir dans la région qui s’est historiquement mobilisé pour la défense des langues régionales ).
La survie d’une langue ne se décrète pas à coup de lois. C’est une question de nécessité et/ou d’envie et aussi d’image que l’on a de cette langue.
Demandez aux jeunes à quoi cela sert l’alsacien. Les réponses sont très diverses : de « cela ne sert à rien » (il n’y a pas de série en alsacien, ni de groupe de rap en alsacien, juste Tintin en alsacien et la choucrouterie) à « cela sert à montrer qu’on est différent » (sous entendu on est mieux que les autres ou que l’on est rebelle ).
Oui et bien ce genre de réponse indique qu’il s’agit d’un conditionnement social.
Mais je suis d’accord avec toi : la survie d’une langue ne se décrète pas.
Et ce qu’il est sûr c’est que rien n’est figé pour toujours.
Il y a des retours en arrière possibles. Regardez ce qui s’est passé avec le français en Louisiane (quasiment oublié à la fin des années 60, il connait un regain, mais avec un intérêt pour le français spécifique à cette région et non le français « international » car le but c’est de retrouver ses racines).
C’est ce qui me gêne un peu dans ces langues minoritaires : il s’agit presque toujours d’un repli identitaire plutôt que d’une ouverture aux autres et à d’autres cultures, ce qui explique aussi certaines crispation sur les spécificités locales d’une langue.
Ma mère (qui ne m’a pas appris l’alsacien, il fallait que je parle français sans accent en entrant à l’école, mes jeunes cousins dialectophones exclusifs jusqu’à 3 ans étaient des illuminés) me dit « oh il faudrait qu’on apprenne aux petits l’alsacien (les petits ont 7 ans !!!) » mais quand elle écoute les news en alsacien sur France 3 dit "beurk, c’est moche la manière dont elle parle cette dame, ce n’est pas du « vrai » alsacien (sous entendu, l’alsacien de son coin à elle). Ce genre de truc me fait doucement rigoler.
Je reconnais que lorsque je vais à la campagne, mon manque d’aisance en alsacien (bonne compréhension mais cela ne sort pas couramment à l’oral) est un handicap. cela fait une intégration à moitié (si on cause alsacien on ne peut pas raconter ce qu’on veut derrière son dos, mais bon elle parle comme à la ville… )
J’ai vraiment trouver ta réponse très intéressante car on sent que tu le vis « de l’intérieur ».
Cela dit nous ne sommes pas obligés d’évoquer des motifs politiques ou nationalistes pour vouloir défendre les langues régionales.
de l’intérieur !!!
(les français de l’intérieur ce sont justement tous ceux qui ne vivent pas en Alsace et en Moselle !!! : j’adore cette expression (qui énervent les français de l’intérieur justement).
sinon, bon, il y a ce que les choses pourraient être et ce qu’elles sont et les raisons plus ou moins bonnes pour que certaines choses évoluent…
citation du CBL Lorraine-16/02/2012:
"Après l’édition bilingue du Républicain lorrain en 1989, c’est maintenant l’édition bilingue des DNA qui a cessé de paraître, victime de 40 ans d’application de l’inique
ordonnance n° 45.2113 du 13 septembre 1945, abrogée seulement en 1985…
Cette ordonnance a interdit jusqu’en 1985 la publication en Moselle et en Alsace de journaux entièrement en allemand et elle réglementait strictement la presse bilingue. En vertu de l’article 11 de ladite ordonnance, 25% des textes de tous les périodiques bilingues publiés devaient être en français. En outre, les rubriques sportives et celles destinées à la jeunesse devaient obligatoirement être publiées en français pour détourner les jeunes de la langue allemande. L’emploi de l’allemand standard et du dialecte pour les publications destinées à la jeunesse était interdit. Dans l’ensemble de la presse d’Alsace-Moselle, sans distinction de public, cette prohibition concernait les pages sportives, les publicités, les titres officiels des personnalités ou des grands commis de l’État. Une véritable atteinte à la liberté de la presse dans la pseudo patrie des droits de l’homme…