Hallo!
Un hasard providentiel - ou plus exactement, le désoeuvrement nocturne - me fait passer sur ce forum où j’ai bien dû m’inscrire deux fois déjà et où je n’ai jamais posté, mais certains me connaissent « d’ailleurs »… Au passage : les modos, si jamais ma précédente inscription n’a pas été supprimée, désolé pour ce doublon
Je pense avoir quelque légitimité pour répondre dans la mesure où je suis : a) prof de banlieue et heureux de l’être depuis déjà un certain temps (pas en allemand), et b) formateur dans le cadre d’un master MEEF (dans une autre matière, donc, ceux qui me connaissent devineront, mais je préfère garder une certaine discrétion…).
Ce qu’il faut garder à l’esprit, je crois, c’est que la législation exige désormais un master pour passer les concours, peu importe qu’il soit MEEF ou recherche. Or, mon conseil sur ce point est toujours le même, bien que je suis formateur en MEEF : le master MEEF vous enferme et vous contraint à passer le CAPES et rien d’autre, un master recherche vous ouvre des portes, dont celle du CAPES si c’est finalement votre vocation. Si vous avez les moyens économiques de vous payer un an d’étude en plus, n’hésitez pas, et fuyez le MEEF !
Il faut en effet considérer un détail administratif que je trouve particulièrement salaud : si vous passez par la case « MEEF », il vous sera pratiquement impossible de présenter l’agrégation dans la foulée !… En effet, si vous passez un master « recherche », puis que vous vous inscrivez aux deux concours, et que vous réussissez le CAPES et pas l’agrégation (cas de figure assez traditionnel…), vous pouvez toujours demander un « report d’intégration » (pas automatique, mais quand même assez facilement attribué) et retenter l’agrégation au moins une fois. En revanche, si vous vous inscrivez en MEEF et réussissez le CAPES en M1, à ce stade, vous n’avez légalement pas de master, donc vous ne pouvez pas vous inscrire à l’agrégation ! Donc, vous êtes automatiquement en stage en M2, et donc pour le rectorat, vous êtes déjà « versé » dans le système, vous êtes un « moyen d’enseignement », autrement dit déjà un numéro, et il est très difficile d’obtenir à ce stade une disponibilité. Bref : une fois le master légalement en poche, vous êtes coincé(e), impossible de sortir du système… Il vous faudra des années avant d’avoir une chance de présenter l’agrégation, et encore, interne.
Le seul mérite du master MEEF, c’est d’obliger les candidats à fréquenter un peu la réalité du monde scolaire à travers les stages avant de se décider, et éviter ainsi quelques « erreurs de vocation » assez dramatiques (rares en fait, mais pénibles ensuite pour tout le monde parce que les profs qui ont cru que l’enseignement ressemblaient à ce qu’ils ont vécu dans le Ve arrondissement de Paris sont ensuite coincés dans la machine pour quarante ans). Mais si vous avez été EAP, vous avez déjà une bonne approche des collèges ou des lycées…
Enfin, sauf à être une bombe on n’a clairement pas le niveau en sortant de L3 pour réussir l’agrégation ; d’autant que si vous êtes EAP depuis deux ans, j’en déduis que vous n’êtes pas allé au bout d’une classe prépa ou que vous n’y avez jamais mis les pieds, et - je sais que c’est assez désagréable à lire, parce que cela donne l’impression d’être discriminé a priori mais il est de votre intérêt que je sois très franc - le passage par une khâgne donne un sacré boost initial (on la droit aux anglicismes sur un forum germanophile ? ) à ceux qui veulent tenter l’agreg (ce qui ne signifie pas que l’on ne puisse pas la réussir sans, mais il y a un chemin à parcourir plus long). Donc, mieux vaut se donner le temps, dans le cadre d’un master scientifique qui vous forcera à vous améliorer sur le plan académique (choisissez bien le sujet de mémoire : un truc un peu plan-plan qui vous fasse bûcher langue, littérature ou civilisation) ; et éventuellement, passer une année en terre germanophone. N’oubliez pas non plus que les programmes du CAPES de langues sont renouvelés par moitié (cf. education.gouv.fr/cid100467/ … afep-Capes ); donc, tout en faisant votre mémoire, vous pouvez déjà vous donner les moyens de commencer votre préparation. Le temps, c’est la clef de tout.
Sur la question du double cursus MEEF/Staatsexamen, j’ai plus de mal à me positionner… Mais cela existait déjà « de mon temps », et ce que me disaient alors mes camarades, c’était que de toute façon, aucun groupement d’établissement (il faut se faire embaucher en Allemagne !) ne va embaucher un francophone pour enseigner l’Allemand à côté du français ! Ce double cursus était utile dans le sens Allemagne → France, mais improductif dans l’autre…
Bref : tout est une question de fric, comme toujours. Si vous avez les moyens : fuyez le MEEF, et c’est un meefiste qui vous le dit