méthodes de langues ?

Peut-on parler ici des méthodes de langues ? ou doit-on aller ailleurs ?

je serais pour ma part très intéressé de savoir comment on apprend les LV en Suisse !

j’ai eu une seule fois une grammaire belge de l’allemand, elle était très bien faite.

Quant aux méthodes françaises actuelles, que je redécouvre après 17 ans d’absence (je n’étais qu’en CPGE), hélas, hélas…

Si tu veux parler de méthodes d’apprentissage style « Ass.mil »… vaut mieux éviter les noms :wink:

Pour le reste si les modérateurs jugent que la tournure prise par ce topic, mérite une autre place dans ce forum, nous nous chargerons de le changer de place, … Mach dir bloss keine Sorgen ! :wink: (tiré tout droit de ta liste d’expression… c’est la première que j’ai apprise :laughing: )

Oui en fait il faudrait juste préciser. Si tu veux parler des méthodes de l’apprentissage de l’allemand exclusivement, on déplacera ailleurs (d’ailleurs si ça trouve il existe peut-être déjà un sujet là-dessus).
Si tu veux parler des méthodes d’apprentissage de n’importe quelle langue, on reste ici :wink:

je pensais à l’allemand, même si je vois que mes collègues de 1ère font la même chose dans les autres langues : le maître-mot est communication, avec :

  1. des textes très actuels et très courts ;
  2. des tonnes de sujets de discussion susceptibles d’intéresser les jeunes ;
  3. des documents audios et vidéos authentiques ;
  4. des manuels pleins de photos, très attrayants.

Tout cela sonne très bien, mais :

  1. en fait de communication, on demande aux élèves de pouvoir donner leur opinion juste en quelques mots — de toute façon, avec 34 élèves, on ne peut pas faire plus ;
  2. pour la même raison, l’apprentissage de la prononciation reste sommaire ;
  3. la grammaire est effleurée, il n’y a pas de progression systématique ;
  4. on finit par se contenter de demander aux élèves d’apprendre 5 ou 6 mots par heure ;
  5. les contrôles ne peuvent être que sommaires, le maximum étant de poser 4 questions sur feuille normée, pour que les élèves écrivent 4 lignes par question.

P.S.1 : en 1ère, les élèves ont 2,5h d’allemand ;

P.S.2 : les méthodes des instituts de traducteurs-interprètes n’ont rien à voir avec cela.

Bon, j’arrête là ma vision horrifique, forcément partielle et partiale, et me mets à votre écoute !

Je ne travaille pas du tout dans les mêmes conditions. Je n’ai que des niveaux avancés, des élèves avec allemand langue seconde mais qui vivent ici en pays germanophone. Il n’y a pas de manuels scolaires pour eux. Je fais ce que je veux comme je veux quand je veux. L’école a un cadre pédagogique que je dois respecter mais il est tellement idéologico-baratinant qu’on peut le garnir ad libitum comme une dinde de noël.

Mais pour l’essentiel, je ne trouve pas qu’il y ait de grandes différences entre les manuels que j’ai pu connaitre en Suisse ou en Norvège. Seuls les Néerlandais ont un niveau d’allemand au bac impossible à atteindre dans un autre pays et pour des raisons de proximité linguistiques évidentes. En cours à Amsterdam, je ne prononçais jamais une phrase de néerlandais, juste un mot pour traduire un faux ami de temps en temps.

En Norvège et en Suisse Romande, c’est du grand n’importe quoi. D’abord tout le monde s’en fout de l’allemand, et ensuite, la pénurie de profs d’allemand en général fait qu’on trouve, en partie, les pires connasses à ces postes. Mention spéciale Norvège : à force de dire que la grammaire c’est pas amusant, on finit par avoir des profs qui font autant de fautes que les élèves. Mais c’est encore pire chez les profs de français que les profs d’allemand.

La mode au tout communicatif est en train de vivre une certaine remise en question. J’ai suivi le débat en Norvège. La fac de Germanistique d’Oslo a rajouté un semestre de remise à niveau avant de commencer le cursus normal l’année où j’étais en formation pédagogique. Les profs de fac ont fait une grosse colère publique car les taux d’échec et de redoublements en douce augmentaient d’année en année. Ce fut l’heure de vérité, où la fac mit le lycée face à ses responsabilités. Les pédagogues se sont insurgés, évidemment, car leurs géniaux programmes et leurs fabulissimes méthodes ne pouvaient être remises en cause, mais les profs de fac avait une stratégie imparable : le vrai niveau de langue des jeunes étudiants. Du coup, cette année-là à la fac de pédagogie pratique pour les futurs profs, la grammaire n’était plus tabou. Tout le monde restait enlisé dans ses certitudes, mais au moins, la question était revenue à l’ordre du jour. Malheureusement, ce n’est pas cela qui a fait bien avancer le schmilblick, mais ça m’a marqué en tant que jeune prof.

Aux Pays-Bas, la grammaire n’a jamais été tabou en allemand, car c’est essentiellement les questions grammaticales qui séparent l’allemand du néerlandais. Du coup, l’enseignement y est sérieux depuis toujours. L’avantage des méthodes communicatives pour un Hollandais germaniste, c’est qu’il développe ainsi tout le potentiel des ponts entre les deux langues. Mais pour ne pas faire une sorte de créole, on était obligé de bien remettre les choses en place par la grammaire. Evidemment, dans la vraie vie, les élèves préfèraient de loin profiter de la proximité des deux langues sans y regarder de trop près, ce qui donne ce drôle d’allemand si typique de la basse contrée.

Le truc qui me fait mourir de rire : les efforts pour moderniser et rajeunir les manuels sont jugés parfaitement riducules par les élèves. Les pédagogues ne sont pas djeunz, alors quand ils jouent aux djeunz, ça sonne faut. Les élèves ne sont pas dupes. En général, mes élèves sont beaucoup plus intéressés par des sujets adultes, des suports adultes à condition de voir un lien avec leur vie ou leurs expériences. Ils veulent grandir, alors c’est ridicule de faire des livres de lycée inspirés de MTV pour collégiennes hurlantes.

Merci, Elie, pour ce bel exposé ! j’ai bien apprécié le « cadre pédagogique idéologico-baratinant ».

Ailleurs, un forumeur a dit que le prof ne faisait (en France) que de la grammaire allemande en cours et ne parlait que français, d’où ses difficultés actuelles en BRD. Je croyais que cela avait disparu depuis les années 60 !

Bref, on va d’un extrême à l’autre. Pour ma part, je mets la phonétique et l’accentuation au premier plan : j’ai fabriqué tout un tas d’exercices pour le labo de langues (dont je suis responsable). La première chose que les élèves apprennent, ce sont les 17 sons inconnus des Français ; ensuite, on labo, ils parlent, devant transformer des phrases de plus en plus longues. En plus, ça leur plaît. J’ai d’ailleurs copié ça de l’ISIT.

Pour les textes, je prends de tout : depuis une Klassenfahrt racontée sur Internet (Handelsschule Brilon, z.B.) jusqu’à Kafka.

J’ai bien lu votre discussion hautement scientifique, et… si je peux me permettre un avis d’une personne qui n’a été qu’élève allemand, et cela… il y a bien longtemps… je voudrais vous dire quelque chose…

j’aurai envie de comparer l’apprentissage d’une langue à l’apprentissage de la musique…
j’ai commencé à apprendre la musique avec des cours de solfège, de dictées musicales, cours plus barbants les uns que les autres, et sans aucun accès à un instrument de musique les premières années…
Résultat… 3 ans de solfège et abandon dès que j’ai touché à un clavier de piano (la prof était la même… Overdose totale).
j’ai repris 4 ans après, avec une prof non-voyante, prof de piano de carrière, qui était à la retraite… J’ai donc réappris toutes les bases MAIS en faisant autant de théorie que de pratique… C’est à dire qu’au lieu d’apprendre que le dièse augmentait la note d’un 1/2 point, nous l’apprenions à l’oreille, en tapant le fa # sur le clavier, au cours d’un morceau simplifié de Lizt, Bach, Mozart, Chopin ou autre ! Cela avait 2 avantages, le premier était que nous ne nous apercevions pas de la théorie, le deuxième était que nous jouions parfois des morceaux connus…
Quel réel plaisir !!.. J’ai fait 8 années de piano avec cette prof !! et je ne les regrette pas !

Tout cela pour dire que, dans l’apprentissage d’une langue étrangère, il est parfois, en france, donné trop d’importances à la grammaire, et pas assez à l’expression, et au vocabulaire !! La grammaire, c’est comme le piano, ça s’apprend en pratiquant… pas en apprenant bêtement sur un cahier le tableau des déclinaisons !! (je sais… je hais les déclinaisons !! :laughing: )

Les élèves ont de plus en plus besoin de pratique, et de ne pas voir où se trouve la théorie ! Si la théorie se mélange à la pratique, l’élève apprend sans le savoir, mais ce qu’il apprend, il le gardera toute sa vie… et c’est bien cela l’essentiel du prof non ?? :wink:

cet avis n’engage bien sûr que moi, j’ai de bons souvenirs de certains profs du collège jusqu’au Bac, et de mauvais souvenirs d’autres… sans doute parce que leur passion pour la matière qu’ils enseignaient ne se voyait pas vraiment… (un prof qui s’emmerde… c’est une classe entière qui s’emmerde ! )

Les méthodes qui marchent, y’en a AUCUNE.
Des trucs qui marchent, y’en a DES TAS !!

Il faut savoir s’accomoder des cadres administrativo-pédagogiques imposés. D’abord, c’est pas la direction qui fait cours mais bien un vrai prof, et ensuite, c’est à eux d’argumenter si ça ne leur plait pas. Devant un prof qui sait ce qu’il fait, je vous assure que les directeurs à oser le duel sont rares. Le mien me fait marrer, il n’a toujours pas compris nos critères de notation. C’est pourtant lui qui les impose, hiérarchiquement parlant. :laughing:

Mon seul cas de conscience… à ne pas m’en tenir à un seul livre scolaire, je ne suis pas sûr de ne faire que des photocopies légales. Internet permet de trouver bien des choses effectivement en libre accès, mais pour les petits mélanges de bouquins, c’est autre chose. Si on veut vraiment adapter son enseignement à la classe qu’on devant soi, il faut pourtant bien y passer. Messieurs les éditeurs, nous sommes profs, on nous change les élèves régulièrement… :unamused:

merci pour ce témoignage, kissou33 ; on a rarement l’occasion de savoir ce que pensent les (ex-)élèves ! la comparaison avec la musique est bienvenue : la langue, c’est aussi une musique ?
l’excès de théorie a toujours été une des faiblesses françaises, mais j’ignorais qu’il y avait une sorte de pérennité dans ce genre de perversion pédagogique…
En tout cas, je n’ai jamais enseigné un seul tableau à mes élèves, ça n’a pas d’intérêt — déjà que passer après deux heures de maths n’est pas facile…
C’est le bon côté des manuels « modernes », mais à part cela, quel vide !

:laughing: Après 2 heures de math… c’est la galère ! c’est certain !! :laughing:

Quant aux manuels modernes, je ne sais pas trop à quoi ils ressemblent… Pour ma part… j’ai fais 5 ans de collège (oui… bon… un redoublement ça arrive !! :laughing:)… en compagnie de bouquins écornés, passés de mains en mains, avec les aventures extraordinaire de …

Rolf et Gisela !!! :laughing: :laughing: :laughing: :laughing: (ça te martyrise un élève germaniste jusqu’à la fin de ses jours !!!:lol: )

pour les photocopies, il y a eu accord en France avec les éditeurs : on leur verse des royalties pour un forfait de 10% de photocopie d’un manuel… évidemment, ça reste très théorique : je vois mes collègues d’anglais et d’espagnol photocopier à tour de bras. Pour ma part, j’ai de vieilles réserves en plus d’internet. Et puis, comment photocopiller ce qu’on trouve nul ? bête à manger du foin = dümmer, als die Polizei erlaubt ?

je suis une élève de première, et notre livre, même s’il contient c’est vrai certaines pages qui se la jouent djeunz de façon « peinlich », est un bon support. Notre prof travaille uniquement à partir de cette méthode mais on a des cours intéressants. Ce que je trouve bien dans notre bouquin, c’est les documents extrêmement variés : on a récemment étudié un tableau de Otto Dix, dans le chapitre précédent, du Brecht, et il n’y a pas longtemps, un extrait du Vorleser de Schlink. Les débats amenés sont également intéressants : on a parlé des média, de la relation à la technologie, de la pauvreté… des débats assez adultes, et intéressant ! tout cela en partant de textes très variés… franchement, je ne m’en plains pas ^^
C’est peut être un coup de chance d’avoir un bon livre et un bon prof à la fois cette année :slight_smile:

bon, alors je vais réviser mes a priori et voir du côté des autres manuels… et puis, peut-être bien qu’il vaut mieux que je quitte la piste !

cela dit, les élèves qui arrivent du bacc avec des 15, 16, 18 en allemand et auxquels je n’arrive pas à faire dire en septembre : « ferme la fenêtre, j’ai froid » sont fort nombreux en prépa hec, de quoi se poser quand même pas mal de questions…

POur les prépa HEC… Je ne sais pas …

Pour ma part… en classe de première, je ne savais toujours pas dire « couteau, fourchette, assiette »… mais je savais dire… « Kriegdientsverweigerer »… Beaucoup moins facile cependant à placer dans une conversation de base !!! :laughing:

Non, c’est courant, voyons ; on trouve même : « Kriegsdienstverweigererbeschäftigungsdienststelle » :smiley: :smiley: :smiley: ;
dans le genre, on a aussi : Handballweltmeisterschaftsorganisationskomitee…

Petit joueur :smiling_imp:

Donaudampfschifffahrtsgesellschaftskapitänswitwenversicherungsabkommen-unterlagenabbildungsprotokollveränderungsvorschlagskundgebungsversuch

Une question: les labos de langue, ca existe encore? Le notre a été démoli il y a au moins vingt ans. Je le regrette, je trouvais ca très bien parce que pendant le cours au labo, ils parlaient tous (j’ai bien contrôlé!), mais normalement il y en a qui ne disent rien pendant une semaine, et je ne peux rien faire parce que les classes sont trop grandes.
Rolf et Gisela - mais ce sont des noms de ma génération, autour de la soixantaine, je connais deux Giselas, dont une à la retraite, et un Rolf retraité.
Enfin, le mot de mon ancien directeur qu’il m’a dit quand j’arrivai à son école il y a 35 ans, et dis: « Vous avez encore ce vieux livre horrible dans vos classes! »
Il me répondit: « Un bon prof fait des bons cours même avec un mauvais livre. »

dann fasse ich mich kurz, Elie : „gratuliere, Schach und matt!”

Les labos existent encore, heureusement ! mais la classe ne doit pas dépasser 24 élèves, donc le nombre de cabines.
Mais là aussi, des collègues me demandent : « on ne pourrait pas y installer un lecteur vidéo, j’aimerais montrer des films à mes élèves »… Or, c’est le seul endroit où ils peuvent s’enregistrer, s’écouter, se corriger… Ah, le mythe du film en VO comme source pédagogique irremplaçable !

Je souscris totalement aux propos d’Elie !
Le problème des « sujets de discussion susceptibles d’intéresser les jeunes », c’est qu’ils sont peu ou prou les mêmes aux yeux de tous les adultes, du coup les jeunes, ils se farcissent les mêmes sujets tous les ans… Je pense qu’une piste intéressante peut être de suivre l’actualité.
Je me rappelle d’un des meilleurs profs d’anglais que j’ai eu (celui qui m’a fait découvrir l’existence de la phonétique au lycée… il était temps !) : on devait à chaque début de cours être prêts à résumer (en anglais of course) l’actualité du jour ou de la veille. Ca met la pression au début, mais grands progrès en perspective et variété des sujets garantie !

Et sinon, l’année la plus passionnante d’allemand que j’ai passée, c’était l’année de première. On n’a pas regardé grand chose du manuel. Mais on a étudié le cinéma expressionniste, Brecht, la poésie de Heine, Caspar David Friedrich, on est allés au ciné, au théâtre, aux expositions de l’Institut Goethe… Et j’en passe. Des vrais sujets « pas du tout susceptibles d’intéresser les adolescents », mais qui les font entrer dans le monde des adultes.