Motiver les élèves à apprendre l'allemand !

Ah l’informatique… si on veut que les profs en fasse plus, il faudrait déjà qu’il y ait du matériel qui marche, des heures pour préparer tout ça et surtout un budget pour entretenir un technicien à disposition en permanence. Sinon, c’est tout simplement une joke (anglicisme volontaire pour ironiser sur la coolitude ambiante).
Le prof d’anglais adoré cité ci-dessus rassemble les trois conditions, mais regardez-y de plus près: le temps et la formation, c’est sa vie privée, ses intérêts personnels, du coup, le mamouth profite d’une formation et de compétences pour lesquelles il n’a pas eu à se faire un seul cheveu blanc. Transferer cette vie privée sur tous les profs, c’est ubuesque.
Si vous demandez cela à tous les profs comme compétence nécessaire pour être prof aujourd’hui, alors il faut changer le programme des concours pour avoir les compétences recherchées. Quand on veut manger de la viande, on ne va pas au rayon légumes.

Je fais le désabusé, mais c’est que mon expérience est sans appel: la technique, ça n’impressionne pas longtemps. Il en faut toujours plus. Si on fait un film dans une seule matière avec un seul prof alors c’est mega cool. Si c’est la règle et devient une forme d’évaluation standard, alors c’est une corvée. Je l’ai vécu avec les idées théâtre, les présentations powerpoint et les clips filmés. A cet âge, certains adoreront, mais d’autres verront leurs complexes exposés par ces méthodes, la résistance des uns diminuera, mais celle d’autres augmentera. Mon expérience, c’est un jeu de vases communicants, surtout les activités visuelles où ils se montrent. De plus, les grandes gueules sont largement avantagées, pas vraiment le profil de l’élève compétent même si la poudre aux yeux technologique lui permet d’avoir des notes bien meilleures. Le problème, c’est que ceux qui profitent de ces technologies n’ont pas besoin de l’école, ils ont déjà ces compétences. Les autres détestent le prof comme n’importe quel élève qui se sent aculé. Retour à la case départ.

L’espoir, je le comprends bien, c’est de pouvoir transférer des compétences linguistiques grâce à des compétences qu’ils ont déjà dans des domaines qui leur plaisent. En théorie, moi aussi j’applaudis des deux mains. Dans la vraie de vie prof, et je pense en particulier à mes classes à Oslo composées exclusivement d’ados surgâtés suréquipés et surcyberspacisés. Le transfer de la coolitude du média aux contenus n’est pas gagné d’avance: si le prof n’est pas aussi bon qu’eux en informatique, la crédibilité du prof est morte y compris dans le domaine académique. C’est un massacre. Ils ne connaissent que le tout ou rien. C’est normal à leur âge, donc à nous de ne pas tomber dans le piège. Maintenant, évidemment, les profs qui assurent assez bien, dont moi, pour les besoin de l’enseignement ne sont pas trop rares non plus. Mais même là, c’est pas gagné. Le travail sur la langue, le sujet réel de l’enseignement, passe assez vite au second plan, car il ne faut pas oublier le prinicipal : ces méthodes sont très très très lentes. Le temps à investir pour ces projets est énorme. Gigantesque. Il faut y passer ses journées. Or, le temps à disposition est très court. Ces méthodes seraient nettement plus intéressantes et plus efficaces si on avait toute la journée pour nous. Allez dire ça aux autres profs.

Que les parents veuillent des enfants bilingues avec trois heures ou quatre par semaine, passons. On s’en fout de leurs fantasmes. Mais ces méthodes sont largement utilisées en Scandinavie en cours d’allemand et de français et en Angleterre aussi. Et vous les entendez parler ces langues, vous? Moi non, je suis toujours obligé de parler leur langue, moi le petit Français né parmi un peuple nul en langues à l’école archirétrograde.

L’allemand coule parce qu’il n’est pas cool. Point. Les profs n’ont aucune influence sur les fantasmes adolescents et encore moins sur ceux des parents. Les méthodes d’enseignement changent l’ambiance du cours, mais pas l’apprentissage.

P.S. Et puis j’en ai marre qu’on sous-estime le goût pour la lecture qui n’est pas mort chez la jeune génération, contrairement à la légende. Simplement, les gens aiment faire ce qu’ils savent faire, c’est tout. Par définition, apprendre, c’est passer outre ce confort. Ce que relativement peu de gens acceptent, y compris adultes.

Pour les motiver dites leurs qu’ils peuvent gagner de l’argent avec l’allemand.

le niveau B2 en terminale ???
le niveau attendu ou le niveau réelement obtenu ??? :blush: :S
j’ai des doutes sur le fait que tous les élèves de terminale aient un niveau B2 réel dans leur LV1.
d’ailleurs l’autre question c’est qu’est-ce qu’on peu vraiment faire dans la vraie vie avec un niveau B2 dans une langue ?
à mon avis insuffisant pour aller bosser ou suivre des études à l’étranger.
tout au plus pouvoir passer des vacances et apprendre ce qu’on ne sait pas sur le tas.
mais pour cela il faut un minimum de curiosité intellectuelle, que l’on a … ou que l’on a pas.
alors le rôle des profs c’est peut-être surtout d’aider à faire naître cette étincelle.

Il me semble qu’Elie a très bien résumé le problème et qu’il n’y a pas grand chose à rajouter.

@ Lalilou : quel est le pourcentage de terminales qui iront étudier ou bosser dans un pays non francophone ? Très peu de gens ont réellement besoin d’une langue étrangère.

c’est peut-être là, la raison profonde du désintérêt pour les langues étrangères.
quel intérêt de maitriser une langue que l’on n’utilise jamais ???

On ne doit jamais dire « jamais ». Si on ne va pas à la montagne, il y a de grandes chances, aujourd’hui, que la montagne vienne à vous.
Souvent l’intérêt vient sur le tard, au fur et à mesure qu’on mûrit et qu’on s’aperçoit qu’en fin de compte, plus on acquiert des connaissances et de l’expérience, et moins en en sait. Et si on est d’un naturel curieux, on aimera toujours en savoir plus, et surtout on aimera savoir comment ça marche. Il est bien possible que l’abandon de l’acquisition des bases de la grammaire dans la langue maternelle compromet l’apprentissage d’une langue étrangère, surtout si elle implique la connaissance de déclinaisons. Mai 68 est passé par là, et à 10 ans de différence, il y a un gouffre entre ceux qui ont été scolarisés dans les années 60 et ceux qui ont été scolarisés après 68. Dans l’apprentissage des langues, l’accent était mis sur la grammaire, au détriment du parler quotidien.

mais je suis une convaincue de l’utilité des langues !
même si je conçois que dans le fin fond du Vercors, il y a statistiquement moins de touristes allemands qu’autour de la cathédrale de Strasbourg (encore que…) et que les habitants du Vercors ce disent que les touristes ils peuvent faire un minimum d’effort (après tout quand on va dans le Tyrol du Nord, les habitants ne font pas beaucoup d’efforts avec les non-germanophones).

quant à la grammaire, 1968 correspondant grosso modo à mon arrivée dans le système scolaire français, je ne dirais pas que c’est un grand cap. Si, si, on avait encore BEAUCOUP, ENORMEMENT de grammaire, que ce soit en français ou dans les langues étrangères (d’où une des raisons de mon rejet de l’allemand, vu côté grammatical, rébarbatif et tout, j’ai en plus eu la « chance » de commencer l’allemand avant l’écolier français moyen, tout pour que je dise en 6e que jamais je n’apprendrais cette langue barbare et tout, si, si, j’ai fini par guérir). j’ai appris l’anglais aussi en méthode « directe » comme on disait à l’époque (sans écrit, ni grammaire, ni rien) et cela a bien failli me dégoûter à tout jamais. le romanche et le catalan ont eu plus de succès mais j’ai tout oublié. faut dire que c’est vachement utile au quotidien.

donc non, niet, nein, ce n’est pas l’apprentissage de la grammaire qui fait la différence.
j’ai même (re-)appris l’allemand le jour où j’ai « oublié » la grammaire et eut une prof qui ne me corrigeais pas chaque micro-faute comme si je prononçais une obscénité.
la grammaire c’est utile, mais un gamin qui apprend sa langue maternelle ne commence pas par savoir ce que c’est un sujet, un verbe, un complément. oh pardon cela ne s’appelle plus comme cela…
cela aide à progresser APRES…

bonjour Chloé et les autres,

le sujet date un peu mais j’interviens quand même.
Chloé, si vous revenez sur le forum faîtes-nous part de la fin d’année scolaire, et de vos projets pour la prochaine rentrée.

Motiver les élèves à apprendre l’allemand !

voici quelques suggestions ou idées, de mes expériences en France et en Allemagne. Je ne travaille désormais qu’avec des enfants et ados allemands et de diverses nationalités. J’interviens presque uniquement en allemand et peu en langue française (sauf demande de la hiérarchie).

1. Tour de table
Pour la prochaine rentrée, si le nombre d’élèves dans la classe vous le permet, vous pourriez dès le premier jour faire une Vorstellungsrunde. Ce tour de table vous permettra déjà de savoir pourquoi les élèves se sont retrouvés à étudier l’allemand et comment les attirer un peu plus vers la langue et la culture.
Préparez 3 à 5 questions auxquels les élèves devront répondre à tour de rôle. Les informations que vous recherchez seront, par exemple : prénom, âge, passe-temps, pourquoi as-tu choisi l’allemand ? Pourquoi en LV1 ou LV2 (Langue Vivante) ? As-tu déjà visité un pays germanophone, … ? N’hésitez pas à prendre quelques notes.
J’ai découvert cette méthode lors de ma formation en Allemagne, et la trouve qu’elle dévoile déjà pas mal de choses sur la relation qu’entretiennent les élèves avec le sujet (ici la langue allemande). N’oubliez pas de participer vous-même au tour de table :mrgreen:

2. Ateliers
(je peux développer par MP si vous le souhaitez)
Vous avez déjà pensé au théâtre et aux sketches et j’espère que vous reviendrez nous en parler. La prof du Goethe Institut où j’ai appris l’allemand nous faisait apprendre de courts textes pré-existants (niveau A1) ou créer nos propres scènes (niveau B1).
Vous pouvez aussi réaliser un roman-photo (ou bien un photo-reportage, ou bien, ou bien…) sur un thème à définir (pourquoi pas à partir des passe-temps évoqués par les élèves lors du tour de table).
Travail pluridisciplinaire avec un prof de musique, de sciences, d’histoire.
Visionner des films en classe.
Participez à un concours vidéo ou d’écriture.
Traduire les paroles d’une ou 2 chansons (et éventuellement faire un clip vidéo, à projeter pendant la fête de fin d’année ou dans l’autre classe d’allemand, s’il y en a une)

3. Sorties scolaires
Il y aura toujours des pantouflards qui ronchonneront à l’idée de quitter la classe, des qui ne veulent pas rater le bus de 16h56 et puis celles et ceux qui découvrent lors d’une sortie que la prof n’est pas le monstre qui vient quotidiennement à l’école pour les persécuter, mais un être humain qui fait son boulot et aime travailler avec plaisir et avec ses élèves. Et qui du coup, mettent un peu d’huile de coude dans leur travail.
Mais ça ne fonctionne que si vous n’êtes pas le monstre décrit ci-dessus :stuck_out_tongue:

Quoiqu’il en soit, merci pour le conseil concernant Didapages, voici un site où vous trouverez peut-être des sites et logiciels qui vous inspirent Framesoft.net.
Il me semble aussi que l’échange scolaire soit « l’idéal », par courrier, par méls ou par Skype, mais pour celles et ceux qui ne veulent ou ne peuvent partir, ces quelques lignes seront peut-être utiles.

Merci et à bientôt,
kiepenkerl

PS : il reste la méthode de motivation à la chinoise, mais je crains que nos petits européens ne survivent pas :bad: