article intéressant paru dans les DNA su 1/08/06…
ps : on peut faire des propositions sur ce site :
www.deutscher-sprachrat.de
Monde
« Vasistas » à Paris, « Butterbrot » à Moscou : les mots allemands s’exportent « Vasistas » ou « loustic » en français, « Butterbrot » en russe, «arubeito» en japonais : l’allemand a aussi ses mots voyageurs. Ils ont su s’exporter vers d’autres langues parfois de manière inattendue, révèle une étude menée actuellement.
Courants, insolites ou branchés, plus de 850 mots originaires d’Allemagne ont déjà « émigré » vers les quatre coins du monde, selon le recensement lancé le 1er juin par le Conseil de la langue allemande, un organisme chapeautant plusieurs instituts publics spécialisés.
Les pays voisins de l’Allemagne, comme la France, l’Italie, ou la Grande-Bretagne, mais également des contrées plus lointaines, comme l’Australie, l’Uruguay, l’Argentine, la Russie ou l’Arménie, ont ainsi intégré, parfois sans le savoir, des mots de la langue de Goethe.
Ces échanges linguistiques s’expliquent par « les vagues d’émigration des populations allemandes à travers l’Histoire, en Europe de l’Est ou en Amérique », indique Rolf Peter, responsable de l’initiative « Migration des mots ». Autre facteur important : « La richesse de la culture allemande, sa philosophie, sa musique, sa littérature ainsi que l’évolution technique des industries du pays ont également permis d’exporter du vocabulaire ».
En tant que voisine, la France a évidemment intégré quelques termes à son vocabulaire. Un « vasistas », ce petit vantail mobile pouvant s’ouvrir dans une porte ou une fenêtre, vient tout droit de l’expression allemande « was ist das ? » (« qu’est-ce que c’est ? »). Le mot a été importé en France dans le courant du XVIIIe siècle pour désigner une question posée à travers un guichet.
Autre exemple, celui du « loustic », ce garçon drôle et sympathique, cousin de l’adjectif allemand « lustig » (« amusant », « rigolo »). Son apparition dans la langue française remonte également au siècle des Lumières où il désignait les bouffons qui accompagnaient les gardes suisses.
Enfin, le « hand-ball » n’a pas traversé la Manche ou l’Atlantique mais bien le Rhin. C’est pour cela qu’il se prononce à l’allemande, « balle » et non « bôl ». Aucune trace de beurre dans le Butterbrot russe.
Mais les mots d’origine allemande se retrouvent plus cou! ramment encore en Russie, Grande-Bretagne, Pologne ou Hongrie. A Moscou par exemple, un « Butterbrot » (« pain beurré ») signifie un sandwich garni, mais bizarrement sans la moindre trace de beurre. En Angleterre, le verbe allemand « glitzern » a donné naissance à l’adjectif « glitz » pour désigner un objet qui scintille.
Plus loin encore, au Brésil, la « chope », désigne, comme en France, un récipient pour boire une bière. Il vient du nom commun « Schoppen », qui signifie « verre de vin ». Au Japon, un « arubeito », petit job d’étudiant, s’est développé à partir de « Arbeit », mot allemand pour « travail ».
Enfin en Turquie, la présence allemande dans les chemins de fer du pays au début du XXe siècle a laissé derrière elle l’expression « fertik » (du mot « fertig » qui signifie « terminé »), utilisée par les chefs de gare au moment des départs.
Ce recensement insolite n’est pas achevé. Les férus de linguistique qui voudraient encore signaler leurs trouvailles ge! rmaniques peuvent le faire jusqu’à fin septembre sur le site internet du Conseil de la langue allemande (www.deutscher-sprachrat.de). Les mots ayant les histoires les plus intéressantes seront rassemblés dans un ouvrage en novembre.
© Dernières Nouvelles d’Alsace - 1.8.2006